2 - Free



2.

L’Europe et

le « partenariat stratégique »

Europe and

« Strategic partnership »

Le Brésil entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud : les limites d’une relation triangulaire

- European Union and Brazil: Trade and Foreign Direct investment (2003-2005) (document)

- Towards an EU-Brazil Strategic Partnership, 2007 (document)

- Interview collective accordée par le président de la République, Luiz Inácio Lula da Silva,

après la session plénière du Sommet Union Européenne-Brésil, 2007 (document)

- Le Brésil, dixième partenaire commercial de l’Union européenne (2008) (document)

- Remarks by Herman Van Rompuy, at the press conference after the EU-Brazil Summit (2010) (document)

Les projets commerciaux du Brésil dans le cadre du MERCOSUR avec l’Union européenne et les pays en développement : un même contexte des perspectives différentes

Le Brésil au XXIe siècle et le partenariat stratégique avec la France

- Les relations franco-brésiliennes vues par le ministère français des Affaires étrangères (document)

- “Alliance for Change”, Nicolas Sarkozy, Luiz Inácio Lula da Silva (document)

Une relance des relations France-Brésil ?

- Germany and Brazil: Brazil’s representation of bilateral relations (document)

- Brazil-United Kingdom: Brazilian official perspective (document)

- Brazil-United Kingdom: Bilateral Trade 2009 (document)

- Russia and Brazil: BRIC and “Strategic Alliance” (documents)

Le Brésil

entre l’Union européenne

et l’Amérique du Sud :

les limites d’une relation triangulaire

Miriam Gomes Saraiva

Universidade do Estado do Rio de Janeiro[1]

Depuis 1993, la politique étrangère brésilienne porte deux projets simultanés distincts, mais cependant liés : la recherche d’une plus grande influence internationale et la construction de la suprématie régionale du pays, principalement en Amérique du Sud. Ces deux projets vont de pair avec l’effort entrepris pour utiliser la politique extérieure comme instrument de soutien au développement national. Dans cette optique, le Brésil a signé en 2007, en dehors du cadre du Mercosul, un accord de « partenariat stratégique » avec l’Union européenne (UE). Face à l’avancée des deux stratégies brésiliennes que traduisent cet accord, certains analystes de politique étrangère ont fait part de la possibilité que le Brésil en vienne à jouer un rôle de médiateur au sein d’une relation triangulaire du Brésil avec l’UE et l’Amérique du Sud. Afin de mieux comprendre les limites de l’attitude brésilienne dans cette conjoncture, il me semble important de passer en revue le comportement du pays à cet égard au cours des deux derniers gouvernements.

En termes généraux, la politique étrangère brésilienne est marquée par la continuité. Comme toile de fond de cette continuité, l’on peut identifier certaines croyances qui guident son évolution depuis de nombreuses années : l’autonomie du pays, une action universaliste et l’idée de ce que le pays finira par occuper une place de choix sur la scène internationale (dessein de devenir une puissance). De telles croyances peuvent être clairement identifiées au sein du corps diplomatique en place. La forte concentration des mécanismes de formulation de la politique extérieure brésilienne dans les mains de la bureaucratie spécialisée de Ministère des relations extérieures (Itamaraty) a contribué à l’existence d’un comportement stable basé sur des principes à long terme. Une telle concentration rend la politique étrangère moins vulnérable aux ingérences directes de la politique intérieure.

Ces principes sont à la base de comportements organisés autour de prémisses clairement réalistes. Pinheiro (2000) souligne néanmoins que dans le cadre du réalisme, l’attitude brésilienne revêt parfois un caractère principalement hobbesien, dans le but d’augmenter son influence vis-à-vis des autres, tandis qu’à d’autres moments, elle préfère un réalisme de nature grotienne en privilégiant des initiatives dont le but est d’obtenir des gains absolus pouvant aussi bénéficier à d’autres États. Lima (1990) attire notre attention sur le fait que des pays comme le Brésil ont souvent adopté un comportement international aux multiples facettes dans le but de pouvoir profiter des possibilités offertes par le système international, de diriger leurs efforts afin de le remodeler en faveur des pays du Sud et de renforcer leur hégémonie dans le contexte régional.

D’un autre côté, cette perspective de continuité n’en présente cependant pas moins certaines discontinuités. Les choix stratégiques selon une optique grotienne ou hobbesienne, la préférence donnée à une intervention plus autonome sur la scène internationale ou à la direction d’initiatives de pays du Sud sont définis à partir du contexte international, de la stratégie de développement national et des calculs de ceux qui dirigent la politique étrangère, ces calculs variant en fonction de la vision politique et de la perception de ces décideurs quant aux intérêts nationaux, à la conjoncture internationale et à d’autres variables plus spécifiques.

Durant les gouvernements de Fernando Henrique Cardoso et de Luiz Inácio Lula da Silva, d’orientations politiques différentes, les croyances susmentionnées ont été maintenues et ont coexisté dans différents contextes et conjonctures. Par conséquent, les dirigeants de la politique étrangère brésilienne ont adapté celle-ci à ces nouveaux contextes et à différentes perceptions de l’ordre international (Vigevani, Oliveira et Cintra, 2003). Ces questions ont bien entendu un impact sur la vision brésilienne de l’UE.

Aussi bien pour comprendre la vision brésilienne de l’UE, dont fait partie l’accord de partenariat stratégique, que pour mieux préciser les limites du rôle que certains analystes attribuent au Brésil dans le cadre d’une relation triangulaire entre l’UE, le Brésil et l’Amérique du Sud, l’on cherchera ici à examiner, d’un côté, les caractéristiques de base de la politique étrangère brésilienne des gouvernements de Fernando Henrique Cardoso et de Lula da Silva pour l’Amérique du Sud et, d’un autre côté, la perspective d’un partenariat avec l’Europe, principalement dans le cadre du gouvernement actuel.

Le gouvernement Cardoso : expectative de partenariat basé sur la convergence de valeurs

« Nous sommes un grand pays avec une tradition de croissance et une longue histoire de participation, souvent active, à la construction de la coexistence internationale et régionale. Nous sommes engagés dans des partenariats internationaux qui amplifient notre présence dans le monde… Nous sommes un « marchand global » et un « acteur global ». La prééminence sur la scène internationale de valeurs chères au peuple brésilien, comme la démocratie, les libertés individuelles et le respect des droits de l’homme, montre à l’évidence que … le monde est engagé dans un processus de croissance de la civilisation… »[2]

La diplomatie brésilienne de la période Cardoso a été marquée par l’ascension des institutionnalistes pragmatiques au sein de l’Itamaraty. Ceux-ci sont en majorité plutôt favorables à une libéralisation conditionnée de l’économie[3]. Dans le domaine de la diplomatie, ils privilégièrent le soutien du Brésil aux régimes internationaux en place. Ils défendaient l’idée d’une insertion internationale du pays à partir d’une « autonomie par l’intégration » (où les valeurs globales devraient être défendues par tous). Dans ce cas, le choix d’une stratégie de reconnaissance internationale est mis en évidence par le soutien apporté aux régimes internationaux et aux valeurs en cours à cette époque. Cette position n’a pourtant pas signifié une alliance a priori avec les pays industrialisés, mais plutôt l’identification de la réglementation des relations internationales en tant que contexte favorable au développement économique, étant donné que les règles du jeu doivent être respectées par tous les pays, y compris ceux du Nord (Vigevani, Oliveira et Cintra, 2003). Ce contexte a ouvert des perspectives afin que le Brésil – en quête de mécanismes pour augmenter sa capacité d’action internationale – adopte une position qui ne signifie pas son alignement sur les États-Unis, sans pour autant passer pour un électron libre (free rider). Cette attitude a tout d’abord été influencée par la perception de l’existence d’alignements variables permis par le nouveau contexte et ensuite par l’adhésion aux régimes internationaux en place (Fonseca Jr. 1999, 39). Le rôle du Brésil dans une conjoncture à géométrie variable devait être simultanément de « convergence » en termes de valeurs et de « critique » par rapport aux distorsions de l’ordre international (Vigevani, Oliveira et Cintra, 2003).

Dans cette perspective, le concept de souveraineté a été révisé pour donner lieu à l’adoption du concept de « souveraineté partagée » dans le cadre du concert international des nations. Cette vision identifiait un monde marqué par un « concert » de pays au discours homogène en défense de valeurs universelles, ainsi qu’une tendance à la formation de régimes pour les garantir, dont les États-Unis devaient partager la gestion avec des puissances traditionnelles (Europe) ou émergentes (comme c’est le cas du Brésil).

En ce qui concerne l’Amérique du Sud, la mise en œuvre de l’idée de « souveraineté partagée » n’a pas eu lieu. Selon Pinheiro (2000, 323), dans le cas des rapports du Brésil avec les pays voisins, le désir d’autonomie « fait usage de la vision grotienne[4] de satisfaction de sa quête de pouvoir ».

En termes pratiques, durant le second mandat de Cardoso, les pays d’Amérique du Sud ont commencé à être clairement identifiés comme des partenaires importants pour le renforcement du rôle du Brésil en tant qu’acteur global – la consolidation d’un processus d’intégration régionale était vu comme un instrument pour renforcer la force de négociation du Brésil au sein de diverses institutions multilatérales. À partir d’une perspective de soutien aux valeurs et régimes internationaux, la diplomatie a entamé une modeste révision de l’attitude brésilienne traditionnelle face à la région, jusqu’ici guidée par le principe de non-ingérence. Le pays a donc cherché à construire son hégémonie dans la région à partir du binôme sécurité et stabilité démocratique, en nouant des liens étroits avec les pays voisins et en jouant le rôle de médiateur dans des situations de crise où était requise son intervention. À partir d’une perspective de soutien aux régimes internationaux, l’acceptation de l’idée selon laquelle la démocratie constitue une valeur universelle a contribué à ce que la diplomatie brésilienne établisse un consensus autour du lien entre démocratie, intégration régionale et perspectives de développement national[5]. De cette manière, sans pour autant délaisser les principes de non-ingérence, le Brésil a mis la défense de la démocratie et la tentative de résolution systématique des crises à l’ordre du jour.

À cette époque, la vision brésilienne de l’UE était liée, d’un côté, à la reconnaissance des valeurs en vigueur au sein de l’ordre international et, d’un autre côté, à la nécessité reconnue par la diplomatie brésilienne de ce que les États-Unis devaient partager leur gestion avec des puissances de moindre envergure. Néanmoins, les divergences (toujours relativisées) avec les Nord-Américains quant à l’intégration sud-américaine et à la construction de l’hégémonie brésilienne dans la région se faisaient sentir.

La perception qu’avait la diplomatie brésilienne de l’Union européenne n’était toutefois pas aussi claire que celle qu’elle avait d’autres pays souverains. L’Europe communautaire et ses États-membres disposent de trois canaux distincts de relations avec le Brésil : du pays directement avec l’UE elle-même, relations bilatérales avec un (ou plusieurs) de ses États-membres et de l’UE avec le Mercosul. Pour la diplomatie brésilienne de tradition réaliste, certains pays de l’UE, tels que l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, sont souvent considérés comme des partenaires importants, tandis que l’UE dans son ensemble est vue comme un acteur qui provoque systématiquement pour le Brésil des complications dans le domaine commercial. En termes généraux, et principalement lorsqu’il s’agit de négociations difficiles pour l’UE, la Commission européenne dispose d’une marge de manœuvre (winset) limitée, réduisant par là même celle du pays avec qui elle négocie. Pour cette raison, la diplomatie brésilienne préfère clairement les relations intergouvernementales[6].

En ce qui concerne l’UE, sur le plan économique, les domaines de la coopération, des investissements directs et de l’accès à la technologie de pointe ont toujours été considérés comme importants. Les investissements directs ont, quant à eux, augmenté dès le début du gouvernement Cardoso grâce à la stabilisation de l’économie permise par le Plan Real. Lors de sa première année de gouvernement, Cardoso s’est rendu auprès de la Commission européenne afin de renforcer l’image de succès portée par la libéralisation économique et le Plan Real.

En 1995 a été signé un accord phare de coopération entre l’UE et le Mercosul, dont les négociations de fait n’ont commencé qu’en 1999[7]. L’accord stipulait la libéralisation commerciale, la coopération économique et le dialogue politique. Malgré les proximités historiques et culturelles, certains domaines importants de la sphère commerciale ont été source de conflits et ont dressé des obstacles contre l’évolution des négociations. Dans le champ politique, les espaces ouverts par cet accord ont été mis à profit et le dialogue a suivi son chemin malgré l’absence d’institutionnalisation. Pendant cette période, les valeurs partagées défendues au sein des régimes internationaux ont constitué le point fort des relations politiques entre les deux partenaires. L’un des éléments moteurs de l’intérêt brésilien de se rapprocher de l’UE est le fait que celle-ci avait été identifiée par le gouvernement brésilien comme une alternative aux négociations pour la construction de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) avec les États-Unis. Pour une diplomatie dont l’intérêt était de freiner les avancées de ces négociations, le dialogue avec l’UE a été considéré comme un instrument important.

Parallèlement aux discussions dans le cadre du Mercosul, la diplomatie présidentielle de Cardoso a fait le pari d’un plus grand rapprochement avec les pays européens, sur la base d’une vision du monde supposément partagée et d’un ensemble de principes comme la défense de la démocratie, le souci de la paix régionale et internationale, la construction d’un mécanisme d’intégration avec les pays voisins et l’identité culturelle issue du passé historique. La diplomatie présidentielle a été très active dans sa tentative de rapprochement aves les dirigeants européens et de construction d’une alliance sur les principes d’une action internationale visant à la réforme de l’ordre international en vigueur au sein des régimes internationaux en place. L’espoir de recevoir le soutien des pays européens à la candidature brésilienne à un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU a été très grand chez les diplomates brésiliens. La signature par le Brésil du Traité de non-prolifération et du Régime de contrôle de la technologie des missiles a eu, entre autres, comme objectif de s’attirer la confiance des européens quant au rôle grandissant du pays sur la scène internationale. Dans ces cas spécifiques, ces actions étaient orientées vers les pays européens et non vers l’UE en tant que collectif.

La recherche d’un rapprochement bilatéral avec l’UE opérée par l’intermédiaire de la diplomatie présidentielle de Cardoso s’est limitée à l’interaction du Président, en tant qu’intellectuel, avec ses pairs européens défenseurs d’une troisième voie pour le développement de l’économie et de la société capitaliste. Bien que le moment eût été propice à ce que le choix brésilien de soutenir les régimes internationaux permette le renforcement d’une alliance stratégique UE-Brésil en termes d’actions conjointes face aux problèmes de politique internationale et sud-américaine, la politique étrangère européenne prit le chemin de l’inter-régionalisme.

Le Gouvernement Lula : l’ascension du Brésil sur la scène internationale et le rôle de l’Europe

Avec l’arrivée de Lula au pouvoir, les institutionnalistes pragmatiques du gouvernement Cardoso qui présidaient à la formulation et à la mise en œuvre de la polgtique étrangère cédèrent leur place majoritaire au sein de l’Itamaraty au groupe des autonomistes. En termes économiques, les autonomistes sont favorables au modèle développementiste, avec un État plus fort, plus actif dans le cadre de la politique industrielle et à la recherche d’une compétitivité internationale accrue des industries nationales. Dans le domaine de la politique étrangère, ils défendent un rôle plus autonome et actif du Brésil sur la scène internationale, ont des préoccupations d’ordre politico-stratégiques quant aux problèmes Nord/Sud, insistent plus encore sur l’éventuelle participation du Brésil au Conseil de sécurité de l’ONU et cherchent à développer le rôle dominant du Brésil en Amérique du Sud.

Bien que l’on ait pu constater une certaine continuité des principes généraux, les autonomistes ont opté pour une vision différente du monde et des stratégies à adopter, renforçant ainsi la présence internationale du pays et son rôle d’acteur global. Le contexte international multipolaire post-11/09 et la fragmentation encore plus importante due à la crise de 2008 ont ouvert de nouvelles perspectives à l’ascension brésilienne.

La montée en puissance du Brésil sur la scène internationale s’est d’abord fait sentir grâce au renforcement de la candidature brésilienne au Conseil de sécurité. Dans cette optique, la diplomatie a choisi de défendre des aspects plus redistributifs du commerce international et de pointer les problèmes de la faim et de la pauvreté comme étant des obstacles à la stabilité internationale (la lutte contre le terrorisme n’a pas été considéré comme une priorité). Cependant, les obstacles rencontrés par le projet de réforme lors de l’Assemblée générale de 2005 ont ralenti le rythme de la campagne.

Le pays a joué un rôle actif dans la défense des intérêts brésiliens lors des négociations menées avec l’OMC grâce à une action conjointe avec d’autres pays en développement. Le G-20, constitué par des pays comme l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, est devenu un instrument important des initiatives brésiliennes. Le Forum de dialogue IBSA (Inde, Brésil, Afrique du Sud) a été créé dans le but de débattre de questions liées à l’ordre international, aux Nations Unies et à la technologie. Pendant le second mandat de Lula, l’Itamaraty a cherché à profiter de tous les espaces ouverts par la classification du Brésil en tant que partie prenante des BRICs. L’activisme dans le sens d’une plus grande présence internationale a augmenté de façon significative avec la participation dynamique du Brésil aux forums multilatéraux.

La diplomatie de Lula a intégré à l’éventail des initiatives brésiliennes à l´étranger une structure complexe de coopération avec les pays du Sud. Les échanges de technologies et les actions conjointes dans les forums multilatéraux avec des partenaires émergents ont fait que d’autres continents se sont multipliés. La défense du principe de non-ingérence dans les affaires internes a constitué l’un des principaux piliers de ces relations. Avec les partenaires les plus pauvres, la priorité a été donnée à la coopération technique et financière, ainsi qu’au bilatéralisme et à une non-ingérence relative baptisée de « non-indifférence »[8] par le ministre des Affaires étrangères Celso Amorim.

La construction de l’hégémonie brésilienne en Amérique du Sud s’est principalement basée sur ce second type de coopération et sur le pouvoir de convaincre (soft power). L’intégration régionale du Brésil est maintenant considérée comme le chemin vers une meilleure insertion internationale, en ce qu’elle permettrait au pays de monter tout son potentiel en vue de la formation d’un bloc capable d’exercer une plus grande influence internationale. Le gouvernement brésilien a donc pour objectif d’articuler ce processus de coopération/intégration régionale de faible institutionnalité avec le bilatéralisme, et l’Unasul est un mécanisme qui répond bien à cette attente. C’est un canal par lequel la diplomatie brésilienne tend à établir des positions communes avec les pays voisins pour faire face aux situations de crise, tout en cherchant à se réserver le rôle principal en son sein. Parallèlement, le gouvernement brésilien a progressivement accepté de jouer le rôle de bailleur de fonds de la région en assumant une partie des coûts du processus d’intégration. L’aide au développement dans certains secteurs commence à être mise en œuvre avec des pays voisins – il s’agit dans ce cas d’une coopération en tant qu’instrument de politique étrangère. Depuis l’arrivée du gouvernement actuel, la Banque nationale de développement économique et social (BNDES) a commencé à financer des travaux d’infrastructures dans d’autres pays sud-américains, toutefois réalisés par des entreprises brésiliennes.

Le rôle de bailleur de fonds et ce type de coopération avec des pays voisins ne sont pas sans provoquer des résistances internes. Mais, dans la pratique, le débat est désormais passé dans la sphère publique et une grande partie des membres des agences gouvernementales ont déjà fait le lien entre l’hégémonie brésilienne et les coûts qu’elle engendre. Cette situation n’est toutefois pas favorable à l’alliance stratégique entre le Brésil et l’Argentine et provoque un affaiblissement du Mercosul.

Il n’existe pas de convergence avec les États-Unis en ce qui concerne l’intégration sud-américaine et donc aucune possibilité d’établir une démarche commune. Les négociations pour la formation de la ZLEA ont été définitivement bloquées et se sont soldées par un échec. La participation plus autonome du Brésil à la politique internationale et ses élans réformistes ont créé de nouveaux points de friction entre les deux pays, même s’ils ont tendance à être politiquement négligés. Dans ce contexte, le partenariat avec l’UE continue à être considéré comme un instrument important.

La perception de l’UE par la diplomatie brésilienne a toutefois connu une certaine inflexion. Dans le domaine commercial, les négociations en vue de la signature d’un accord d’association UE-Mercosul ont continué leur cours, mais toujours sans succès. En raison des limites imposées par les négociateurs de l’UE, celle-ci n’a toujours pas répondu aux attentes du Mercosul, en particulier en ce qui concerne l’ouverture du marché agricole européen aux exportations du bloc sud-américain, tandis que de son côté, le Brésil ne montre aucun intérêt à donner suite aux revendications européennes.

En termes politiques, la diplomatie brésilienne continue à essayer de se rapprocher des pays européens dans le cadre du projet du Brésil de devenir un acteur global et au sein duquel une alliance avec les États-Unis n’est pas à l’ordre du jour. L’Europe serait considérée par le Président Lula comme « un allié stratégique pour freiner l’unilatéralisme hégémonique des États-Unis » (Ayllón, 2006). L’Europe est donc identifiée par la diplomatie brésilienne comme un allié important dans le cadre de la révision de l’ordre international dominé par les États-Unis. Et selon la perspective européenne, le Brésil serait le « leader naturel de l’Amérique du Sud », moteur du Mercosul et capable de freiner les ardeurs du Venezuela d’Hugo Chavez, contribuant ainsi à une plus grande stabilité du continent sud-américain (Gratius 2008, 116). Cette attitude des deux acteurs a donné des résultats, comme la participation de représentants brésiliens à des réunions avec les Européens dans le but de discuter des thèmes relatifs aux négociations économiques internationales, et a été couronnée par la signature, en 2007, de l’accord de partenariat stratégique Brésil-UE.

Le partenariat stratégique proposé par l’UE inclut formellement le renforcement du multilatéralisme et la recherche d’actions conjointes sur des thèmes comme les droits de l’homme, la pauvreté, les questions environnementales, l’énergie, le Mercosul et la stabilité sud-américaine[9]. Parmi les raisons de cette initiative, l’on peut citer le rôle actif du Brésil sur des questions internationales, comme le Cycle de Doha, ainsi que la recherche par l’UE de partenariats avec les pays émergents et la stagnation des dialogues UE-Mercosul en raison de l’incorporation du Venezuela au bloc sud-américain. Ce partenariat est envisagé par la diplomatie brésilienne comme un instrument capable d’améliorer la reconnaissance et le prestige internationaux, ainsi que comme un important canal en vue du rapprochement du Brésil avec des pays européens. Du point de vue brésilien, le rapprochement en termes bilatéraux semble offrir plus de perspectives dans le cadre de la recherche d’alliés pour l’intégration internationale du pays et le renforcement de son rôle d’acteur global, mais aussi en ce qui concerne les transferts de technologies. En effet, l’UE est un organisme complexe avec lequel le gouvernement brésilien affiche de claires différences, tant en matière de négociations commerciales UE-Mercosul qu’en ce qui concerne les régimes internationaux de commerce.

Le legs de la période

La comparaison des politiques étrangères adoptées par les deux derniers gouvernements confirme, d’un côté, quelques traits permanents d’un comportement brésilien basé sur des principes d’universalisme, d’autonomie et de recherche d’hégémonie. D’un autre côté, l’on peut également constater des divergences quant à la manière pragmatique de mettre en œuvre ces principes et à la place que chacun d’eux occupe au sein des choix de politique étrangère.

Durant le gouvernement Cardoso, nous avons assisté à un effort de rapprochement avec les pays de l’UE dans la sphère politique. De son côté, l’UE a fait preuve d’une nette préférence pour les relations interrégionales dans le cadre de dialogues UE-Mercosul, UE-Groupe de Rio et UE-Amérique latine et Caraïbes. Il n’a par exemple pas été donné suite à l’idée de Cardoso de créer un forum de dialogues permanent UE-Brésil. Dans le domaine économique, jusqu’à la fin de son gouvernement, ont eu lieu de nombreuses négociations en vue d’un accord d’association interrégionale, mais aucune n’a abouti.

Pour ce qui est du gouvernement Lula, le rapprochement avec l’UE en termes bilatéraux a été le fruit d’un nouvel activisme et de l’ascension du Brésil sur la scène internationale, ainsi que du rôle dominant qu’a pu jouer le pays dans les affaires sud-américaines. La nouvelle attitude européenne sur la bilatéralisation de ses relations avec la région a ouvert des perspectives à ce type de partenariat.

Les attentes brésiliennes envers l’UE ne consistent cependant pas à jouer un rôle d’intermédiaire. Même s’il existe une convergence d’intérêts sur certaines questions, l’hégémonie recherchée par la diplomatie brésilienne est individuelle et le rôle d’acteur global que veut jouer le pays est intimement lié aux idées d’autonomie et d’universalisme présentes au sein de la diplomatie brésilienne. Sa vision de l’UE est complexe et souvent identifiée aux difficultés rencontrées sur les questions commerciales, tandis les pays européens sont vus comme des alliés importants avec lesquels les relations sont plus aisées. Quoi qu’il en soit, le gouvernement brésilien continuera à essayer de resserrer ses liens avec l’UE.

Bibliographie

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Ayllón Pino, Bruno (2006). “Querer y no poder”: las relaciones de Brasil con la Unión Europea durante el gobierno Lula. Carta Internacional vol.1 n°1, mar. p.22-33.

Canesin, Carlos Henrique (2009), A influência da Política Agrícola Comum na posição da União Européia nas negociações agrícolas do sistema multilateral de comércio GATT/OMC, Brasília, iREL/UnB (mémoire de maîtrise).

Commission Européenne (2007). Vers l’établissement d’un partenariat stratégique entre l’Union européenne et le Brésil. Bruxelles, Commission Européenne, Communication de la Commission au Parlement Européen et au Conseil, 30 mai.

Fonseca Jr, Gelson. (1999), “Anotações sobre as condições do sistema internacional no limiar do século XIX: a distribuição dos pólos de poder e a inserção internacional do Brasil”, in G.Dupas et T.Vigevani (ed.), O Brasil e as novas dimensões da segurança internacional. San Paulo, Alfa-Omega/Fapesp, pp.17-42.

Gratius, Susanne. (2008), “O Brasil como parceiro estratégico da UE: conseqüências bilaterais, regionais e globais”, in W.Hoffmeister (ed), Anuário Brasil-Europa 2007. Rio de Janeiro, Konrad Adenauer Stiftung, pp.111-120.

Lampreia, Luiz Felipe (1995), « Discours de prise de fonction », Resenha de Política Exterior do Brasil n.76. Brasília, ministère des Affaires étrangeres, 1er semestre, pp.17-27.

Lima, Maria Regina Soares de (1990), “A economia política da política externa brasileira: uma proposta de análise. Contexto Internacional” vol.6 n.12. Rio de Janeiro. p.17.

Pinheiro, Letícia (2000), “Traídos pelo Desejo: um ensaio sobre a teoria e a prática da política externa brasileira contemporânea”, Contexto Internacional, vol.22 n°2. Rio de Janeiro, pp.305-336.

Vigevani, Tullo; Marcelo Fernandes de Oliveira; Rodrigo Cintra (2003) “ A política externa do governo Cardoso: um exercício de autonomia pela integração”. Tempo Social, n°20, nov. pp.31-61.

Villa, Rafael Duarte (2004). Brasil: política externa e a agenda democrática na América do Sul. Travail présenté dans le 4to. Encontro Nacional de la ABCP. Rio de Janeiro, 21-24/jul.

Document: European Union and Brazil: Trade and Foreign Direct investment (2003-2005)

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Source: Communication from the Commission to the European Parliament and the Council: Towards an EU-Brazil Strategic Partnership, Brussels, 30.5.2007, COM(2007) 281 final

Document : Towards an EU-Brazil Strategic Partnership, 2007

Brussels, 30.5.2007

Communication from the Commission to the European Parliament and the Council

1. BUILDING AN EU-BRAZIL PARTNERSHIP

Over the last years, Brazil has become an increasingly significant global player and emerged as a key interlocutor for the EU. However, until recently EU-Brazil dialogue has not been sufficiently exploited and carried out mainly through EU-Mercosur dialogue.

Brazil will be the last “BRICS”[10] to meet the EU in a Summit. The time has come to look at Brazil as a strategic partner as well as a major Latin American economic actor and regional leader[11]. The first EU-Brazil Summit, will take place in Lisbon in July 2007, and will mark a turning point in EU-Brazil relations.

The recent intensification and diversification of bilateral EU-Brazil relations demands a global, coherent and coordinated framework to conduct them. Its emerging economic and political role brings new responsibilities for Brazil as a global leader. The proposed strategic partnership between Brazil and EU should help Brazil inexercising positive leadership globally and regionally and to engage with the EU in a global, strategic, substantial and open dialogue both bilaterally and in multilateral and regional fora. Based on powerful historical and cultural links, the EU enjoys broad relations with Brazil. Over the last few years Brazil has emerged as a champion of the developing world in the UN and at the WTO. The EU and Brazil share core values and interests, including respect for the rule of law and human rights, concern about climate change and the pursuit of economic growth and social justice at home and abroad. Brazil is a vital ally for the EU in addressing these and other challenges in international fora.

A quasi-continent in its own right, Brazil’s demographic weight and economic development make it a natural leader in South America and a key player in Latin America. Brazil is now actively pursuing this role in the Mercosur framework and is at the forefront of the drive to promote the Union of South American Nations (UNASUR)[12] .

Brazil is central to the success of the EU-Mercosur negotiations, an EU priority strategic objective, which have not come to a conclusion due to lack of progress in the trade chapter thus preventing so far the establishment of a wider strategic association between the EU and Mercosur. Positive leadership of Brazil could move forward Mercosur negotiations. In the meantime, the EU remains committed to consolidating a solid political and economic relation with Mercosur as a block and to develop its bilateral relations with the other countries in the region as it is the case for Argentina, another important South American interlocutor (a number of policy dialogues have recently been launched).

Commercially, Brazil is a major EU investment hub in Latin America[13] and a market that will offer major additional openings for EU business, once negotiations in the WTO Doha Development Agenda (DDA) and with Mercosur are completed and trade barriers have been further reduced. Although its growth rates are not comparable with China or India[14], Brazil has huge natural resources, renowned scientific and academic excellence, broad industrial diversity and a vast internal market.

Brazil still has challenges to address: acute income inequalities remain a real handicap and are one of the Government’s main targets for action, particularly through its ‘Bolsa Familia’ programme and a key area for co-operation and dialogue with the EU. These inequalities are also reflected in sharp regional differences within Brazil between the North and the more developed South. Exchanges of good practices on regional cohesion is an area where the EU would like to see closer co-operation with Brazil.

2. SETTING A COMMON AGENDA

A closer, stronger partnership is in the EU’s and Brazil’s interests. In the chapter below the Commission identifies a number of areas and sectors at the global, regional and bilateral levels where it considers that closer cooperation between the EU and Brazil could be mutually beneficial and could form the core of a future strategic partnership.[…]

3. THE WAY FORWARD

The rapidly expanding EU-Brazil relationship is currently based on the 1992 Framework Co-operation agreement, and the 1995 EU-Mercosur Framework Co-operation Agreement. This inevitably restricts the scope and depth of our dialogue.

President Barroso’s visit to Brazil in May 2006 gave a new momentum to our relations, with the recognition of the potential benefits of co-operation in a range of sectoral areas, defined in the Joint Committee meeting in April 2005[15]. A first round of political consultations with Brazil in Troika format has been held in Brasilia in May 2007.

These recent steps have demonstrated a growing enthusiasm on both sides for expansion and strengthening of our co-operation in many areas. Brazil has shown great interest in both the process and in developing a ‘strategic partnership’ with Europe.

The July Summit provides the Union an opportunity to give a strong new impetus to the overall EU-Brazil relationship. A strategic partnership with Brazil, a long standing friend and ally in a region of great importance to the EU, would imply building consensus and agreements on broader political co-operation to promote peace and stability in our respective continents and further afield, and would enable us to pool our efforts to tackle the global challenges that confront us. It would mean assuming a co-operative approach on economic and trade relations and making progress in the sectors identified for cooperation. It would also involve a strong commitment to regional integration, enhancing our co-operation with Mercosur and seeking successful conclusion of the EU-Mercosur Association Agreement. An EU-Brazil strategic partnership would, in conclusion, represent a very positive step forward for the EU, for Brazil and for the region as a whole. In these circumstances, it is the Commission’s view that at the Lisbon Summit, in July, will be the opportunity for the EU to take the first, crucial steps towards offering a strategic partnership to Brazil.

The Commission therefore recommends the following:

- bearing in mind the priorities set out in this communication and, in particular the substantive elements defined under Chapter 2, and

- in order to intensify ties between the European Union and Brazil by widening the political dialogue to include all issues of common interest and global significance,strengthening bilateral co-operation and contributing to the conclusion of an EUMercosur Association Agreement,

the EU should:

• engage with Brazil to launch a strategic partnership at the EU-Brazil Summit in Lisbon;

• invite Brazil to submit its own views on the scope of the strategic partnership.

Source: Communication from the Commission to the European Parliament and the Council: Towards an EU-Brazil Strategic Partnership, Brussels, 30.5.2007, COM(2007) 281 final

Document :

Interview collective accordée par le président de la République, Luiz Inácio Lula da Silva,

après la session plénière du Sommet Union Européenne-Brésil,

Lisbonne, Portugal, 04-07-2007

Traduction : Marie-Josée Ferreira dos Santos

Le Président Lula :

Tout d’abord, je veux vous dire notre joie d’avoir pu mettre en place ce sommet, au moment même où le Portugal assume la présidence du Conseil de l’Union européenne et alors que l’ex-premier ministre, Durão Barroso, est toujours à la barre de la Commission européenne. Coïncidence ou non, il a fallu que le Portugal prenne la tête de la Commission européenne pour que ce sommet puisse se concrétiser.

La deuxième chose que je souhaite préciser est que nous, les Brésiliens, avons parfaitement conscience de la relation qui lie l’Union européenne au Brésil et plus généralement aux autres pays d’Amérique du sud. Il est important de se rappeler que les Portugais ont débarqué au Brésil en 1500, et il est important de se souvenir que, après les Portugais, les Français ont essayé de s’installer au Brésil, mais que les Portugais et les Brésiliens les en ont empêchés. Après, ce sont les Hollandais qui ont tenté de nous envahir mais nous les avons également repoussés. Mais, en 1850, les Allemands ont débarqué au Brésil et ils sont encore là, aujourd’hui, comme le sont les Italiens, qui sont là depuis 1875 ou encore comme les Espagnols, qui sont arrivés au début du 20e siècle. Et aujourd’hui, le Brésil est une nation dont le peuple est, je dirais, le fruit de ce métissage entre Européens, Indiens et Noirs, ce qui nous a permis d’être aujourd’hui tels que nous sommes : avec notre samba, notre carnaval, notre football et notre énorme envie de réussir dans la vie.

Le troisième point que je veux souligner est que ce partenariat stratégique entre l’Union européenne et le Brésil et, certainement bientôt entre l’Union européenne et le Mercosul – d’ici peu, nous allons avancer sur ce projet –, va permettre que les choses qui fonctionnent déjà bien continuent à fonctionner de la même façon et que les choses qui ne fonctionnent pas correctement puissent s’améliorer, afin que nous puissions dynamiser notre économie, afin que nous soyons de meilleurs partenaires pour gommer les petites divergences qui nous opposent encore sur certaines questions.

Par exemple, nous sommes aujourd’hui partenaires sur la question de l’ONU, sur la nécessité d’engager une réforme profonde des Nations-Unies, de son Conseil de sécurité, afin que les autres continents soient représentés, pour que l’ONU soit définitivement une institution multilatérale hautement démocratique et représentative du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, très différent du monde dans lequel nous vivions dans les années 40, quand l’institution fut créée.

De la même façon, nous sommes convaincus que la question climatique constitue un ensemble de devoirs et de droits qui nous concernent tous. Nous savons que les pays qui polluent le plus doivent réduire leur pollution, que les pays qui possèdent encore des bois et des forêts doivent les préserver le plus possible et que, parallèlement, il faut en contrepartie aider au développement des pays les plus pauvres.

L’histoire des relations entre le Brésil et l’Union européenne est une histoire ancienne, comme je l’ai dit au début. L’histoire des relations entre le Portugal et le Brésil est encore plus ancienne, elle commence au moment où le Brésil n’est pas encore le Brésil, où le Brésil n’est qu’un espace géographique perdu au milieu de l’Océan Atlantique. Mais le contexte actuel nécessite aujourd’hui d’améliorer ces relations. Le monde globalisé va exiger de nous tous beaucoup plus de compétence, de discernement, de volonté pour traiter les sujet plus justement que nous ne l’avons fait jusqu’à maintenant.

En ce qui concerne le cycle de Doha, je pense que ce qui est important, si l’on souhaite en terminer avec cette spéculation qui caractérise tous les jours la presse (« Le cycle de Doha a échoué ») - je ne sais pas qui n’a pas souhaité la réussite du cycle de Doha… -, la simple et terrible vérité est la suivante : si l’Europe avait été d’accord avec les chiffres proposés par le Brésil, si le Brésil avait été d’accord avec les chiffres nord-américains, si les Américains et les Européens avaient été d’accord avec nous, le Brésil, si le G-20 avait été d’accord avec les chiffres nord-américains et européens, il y aurait eu un accord ! Maintenant, s’il n’y pas eu d’accord, c’est parce qu’il n’y a pas eu d’entente.

Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que nous devons de nouveau nous réunir autour d’une table, de façon plus mature, afin de déterminer quels sont les problèmes. Il y a toujours des obstacles qui dérangent les acteurs de la négociation, mais tout le monde a toujours une nouvelle carte à jouer dans la poche de son gilet de sauvetage et, certainement, le Brésil en aura une, comme, certainement, les autres pays en auront une également. La nervosité ne sert à rien. Pendant une négociation, cela ne sert à rien d’être tendu, en colère, il faut s’asseoir à table, aplanir les différences et négocier.

Tout ce que je peux vous dire est que le Brésil poursuivra sans relâche ses efforts pour que soient établis des chiffres qui soient applicables pour tous les pays qui font partie de la table des négociations. Et, dans ces négociations, nous aurons pour objectif que ce soit les pays les plus pauvres qui gagnent le plus et que ce soit les pays les plus riches et les pays en développement qui gagnent le moins.

Cela étant établi, nous pourrons parvenir à un accord. Bien sûr, j’imagine que Celso Amorim, Peter Mandelson et Durão Barroso ont tellement travaillé qu’ils aimeraient bien profiter de quelques jours de vacances après cette négociation. Mais, de fait, il n’y a pas eu de négociation et vous devez continuer à travailler dur, pour qu’on réussisse cet accord.

Mon cher Durão Barroso, je pars d’ici, demain, pour Bruxelles, accompagné du Ministre Durão Barroso, du Ministre Sócrates et d’autres compagnons européens, pour discuter de ce qui sera, à mon avis, la révolution énergétique du 21e siècle, à savoir les biocombustibles. J’ai déjà dit qu’il y aurait des personnes contre, des personnes pour, mais, de toute façon, cette révolution est inexorable. Il n’existe pas d’autre façon de mettre un terme au réchauffement de la planète Terre ; nous devons avoir conscience de la nécessité de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, de la nécessité de créer un nouveau combustible, une nouvelle ressource énergétique, afin de résoudre ce problème.

Ce sera inexorable dans un délai de 20 ans. Je ne sais pas si un Brésilien qui a été élu Président de la République à 61 ans sera encore vivant, mais il y a ici certainement beaucoup de jeunes qui vont pouvoir accompagner cette révolution. A mon avis, dans moins de 20 ans, le biocombustible sera la principale ressource énergétique de nombreux pays dans le monde.

Si l’Europe réussit à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée d’ici 2020, à savoir l’introduction de 10% de biocarburant dans le diesel, si le Japon parvient également à faire ce qu’il a promis, si les états-Unis ont la grande intelligence de ne pas utiliser l’éthanol de maïs et de produire d’autres dérivés, nous aurons résolu un des problèmes du monde.

Comme je suis un homme de foi et plein d’espoir, et que j’envisage le futur avec beaucoup d’optimisme, je crois que ce partenariat entre l’Union européenne et le Brésil devrait contribuer à ce que des choses qui nous paraissent aujourd’hui difficiles le soient beaucoup moins demain.

Un journaliste :

Merci beaucoup. J’aimerais vous interroger, de façon plus concrète, sur ces questions et sur ces difficultés du cycle de Doha. En particulier, pouvez-vous nous révéler quelle est la carte à jouer du Brésil. Et si vous me permettez d’en parler, j’aimerais savoir quelle conséquence aura ce partenariat stratégique, cette position stratégique sur les relations entre l’Union Européenne et le Mercosul, sachant que certains journaux émettent des rumeurs sur un certain mal-être, sur une certaine jalousie de la part des pays du Mercosul face à ce partenariat stratégique.

Le Président Lula :

Les deux questions sont pour moi. Premièrement, je ne suis pas à la table des négociations. Le Brésil est représenté par notre ministre des Affaires étrangères, Celso Amorim. Cependant, depuis l’âge de 23 ans, donc depuis 38 ans, je ne fais rien d’autre que d’être assis à une table de négociation, faire la grève d’un côté, négocier de l’autre avec les entrepreneurs, négocier entre les partis politiques ou avec les gouvernements. Il suffit de regarder depuis combien de temps on essaie de trouver un accord pour le Moyen Orient - en vain. Je pense que toutes les négociations sont difficiles. Dans une négociation commerciale, qui implique en même temps de petits pays, qui produisent peu de produits agricoles, et des pays extrêmement développés, ayant une agriculture sophistiquée, utilisant une technologie avancée, les négociations sont toujours très compliquées et très difficiles, parce que chaque participant défend ses intérêts et essaie d’obtenir ce qu’il y a de mieux pour le groupe qu’il représente.

D’après ce que m’en ont dit Durão Barroso et Peter Mandelson, qu’est-ce que j’en pense ? Je crois qu’il y a un désir de reprendre le dialogue et d’identifier si possible les obstacles. Je suis convaincu que nous agirions pour le bien de l’humanité si nous parvenions à un accord, même si cet accord n’est pas celui dont rêve l’Union européenne, le G-20 ou encore les états-Unis ; mais un accord qui offre au moins un petit bénéfice aux pays les plus pauvres. Si cela se produit, nous aurons au moins rempli une des fonctions primordiales de notre charge de gouvernants de nos pays.

La seconde chose que je juge importante de vous dire est que le Portugal a une signification très grande pour l’âme du peuple brésilien. Mon nom Silva n’est ni un Silva anglais, ni un Silva allemand, c’est un Silva portugais. En conséquence, cela facilite nos relations avec le Portugal, qui occupe aujourd’hui une place importante dans la politique européenne, avec deux charges considérables. J’ai poussé les entrepreneurs brésiliens à devenir des entrepreneurs multinationaux, parce que chaque entreprise brésilienne qui s’implante dans un pays devient le porte-drapeau du Brésil à l’intérieur de ce pays. Nous ne sommes qu’aux prémices de cette stratégie. J’ai moi-même, avec le ministre Sócrates, déjà discuté avec quelques entrepreneurs et, en particulier, avec un entrepreneur important, pour qu’il vienne installer une usine ici, ce qui serait décisif pour le Portugal et pour le Brésil. Et je pense que ce partenariat stratégique va faciliter notre collaboration commune. Nous aurons une réunion chaque année, successivement dans un des pays, ce qui constitue déjà une étape importante. Et peut-être que, d’ici quelques années, nous aurons consolidé ce partenariat stratégique, obtenant ainsi de meilleurs résultats que ceux que nous avons aujourd’hui. Pour finir, je dirais que, dans cette relation qui nous unit à l’Union européenne, l’Océan atlantique ne peut être considéré comme un obstacle, mais plutôt comme le chemin par lequel transitent les richesses produites sur nos deux continents.

Un journaliste : (Clóvis Rossi, du journal brésilien Folha de São Paulo)

Une question pour le Président Lula. Président, le Commissaire Européen au Commerce, Peter Mandelson – corrigez-moi si je me trompe – nous a dit cet après-midi qu’il vous a fait un rapport très complet de la proposition agricole européenne, élaborée à la réunion de Postdam, il y a 15 jours.

Je voudrais savoir si, grâce aux conversations que vous avez eues aujourd’hui, il a réussi à vous convaincre que la proposition européenne était parfaitement acceptable et si, en conséquence, le Brésil était disposé à faire les concessions demandées par l’Union européenne dans le domaine des biens industriels et quels types de concessions ?

Le Président Lula :

D’abord, nous n’avons pas négocié aujourd’hui. Notre réunion n’avait pas cet objectif. Cette question, Rossi – je ne pensais pas que vous alliez me la poser – j’ai tenté d’y répondre dans ma réponse à la première question.

Bien-sûr, Durão Barroso, en tant que négociateur de l’Union européenne, Peter Mandelson, en tant que négociateur de l’Union européenne, Celso Amorim, en tant que négociateur du G-20, chacun représente un camp dans la négociation. Bien-sûr, chacun va essayer de défendre les idées qui ont été discutées à l’intérieur de chaque bloc de pays qu’il représente. Celso Amorim doit soutenir les intérêts des pays du G-20, les compagnons de l’Union européenne ceux de l’Union européenne et les négociateurs américains ceux des Américains. Je ne m’attends pas à ce qu’ils s’accordent sur les chiffres. Je ne suis pas en train de juger ce qui a été dit ici, je constate juste ce qui saute aux yeux. Si les chiffres avaient été satisfaisants, il y aurait eu un accord. S’il n’y a pas eu d’accord, c’est parce qu’il y a quelque chose qui ne va pas. C’est juste cela.

Le journaliste :

Une question pour le Président Lula. J’aimerais savoir si le fait que le Brésil soit un partenaire spécial de l’Union européenne peut ouvrir un chemin pour un possible accord entre l’Union européenne et le Mercosul ?

Le Président Lula :

Je pense que oui, que le désir du Brésil est de réaliser un accord entre l’Union européenne et le Mercosul ; et je suis sûr que l’Union Européenne a également l’intention de conclure cet accord.

Notre engagement, au terme d’une réunion comme celle-là, est d’expliquer ce qui s’est passé durant ce sommet à nos partenaires du Mercosul, à nos partenaires d’Amérique du sud, parce que nous devons diffuser cette idée, entre tous les partenaires, que cet accord peut être extrêmement intéressant pour nous tous. Finalement, l’Amérique du sud et le Mercosul sont constitués de pays pauvres qui ont besoin de nombreux investissements, de nombreuses infrastructures et, bien-sûr, de partenariats avec des entreprises européennes, qui peuvent considérablement aider l’Amérique du sud.

Cet accord peut donc être bénéfique pour tous les pays d’Amérique du sud, pour tous les pays du Mercosul. Le Brésil est un partenaire ! Le Brésil ne veut pas être « l’intermédiaire » mais seulement « un » partenaire pour faciliter ces négociations.

Un journaliste :

Une question très rapide au Président Lula. Ces dernières années, en particulier pendant vos mandats, l’Union Européenne est descendue clairement dans la liste des priorités de la politique étrangère brésilienne. Ma question : si ce sommet est motivé par l’intérêt économique du Brésil en matière de biocombustibles, par la nouvelle stratégie énergétique de l’Europe, y-a-t-il aussi des raisons politiques qui expliquent que l’Union européenne soit remontée dans la liste des priorités du Brésil. Ou est-ce que ces raisons politiques n’existent pas ?

Le Président Lula:

Mais l’Union européenne fait déjà partie de nos priorités depuis de nombreuses années ! Si vous regardez bien, le capital européen investi au Brésil dépasse les 150 milliards de dollars. Une grande partie des usines qui fabriquent des produits à haute valeur ajoutée, excepté Embraer, sont des entreprises européennes et non des entreprises brésiliennes. En conséquence, cette interaction est extrêmement importante, non seulement pour le Brésil avec l’Union européenne, mais également pour l’Union Européenne avec le Brésil. Parce que, finalement, je suis convaincu que, dans ce 21e siècle, l’Amérique du sud et l’Amérique latine ne rejetteront pas les opportunités qui ont compté au 20e siècle. Nos possibilités de croissance dépendent aussi de ces relations entre l’Union européenne et les pays d’Amérique du sud.

Nous allons travailler dans ce sens, parce que si l’Amérique du sud continue à se développer, avec des taux équilibrés entre tous les pays, soit une moyenne de 5 ou 6% par an, nous allons avoir besoin d’établir des partenariats, parce que nous serons les meilleurs consommateurs, les meilleurs exportateurs. Et de nombreux pays sud-américains, qui ont déjà une relation privilégiée avec l’Union européenne, ne feront que consolider cette relation.

Un journaliste : (Marcos Losekann, de la TV Globo du Brésil)

Ma question, je pense que vous trois pouvez y répondre, car elle concerne les deux côtés de l’Atlantique et la partie supérieure de notre Amérique.

Le président :

une véritable question en trois temps.

Le journaliste :

Oui, en trois temps. Aujourd’hui, on a beaucoup utilisé un terme que j’ai noté ici : « partenariat ». Quand on parle de partenariat, on imagine des personnes pensant et essayant de penser de la même façon, afin de s’engager sur le même chemin. Nous avons en Amérique latine un Président qui a été l’objet de nombreuses critiques, notamment de votre part, M. Barroso. Je pense, bien-sûr, au Président du Venezuela, Hugo Chávez, qui a été accusé de pratiques considérées comme non démocratiques. Il se bat pour pouvoir entrer dans le bloc latino-américain, dans le Mercosul, il a même été jusqu’à lancer un ultimatum au Brésil hier : si le Brésil n’accepte pas son intégration d’ici le mois de septembre – le Brésil, parce que le Congrès National brésilien doit encore ratifier son intégration –, il retirera la candidature du Venezuela. Un point final, selon ses propres mots. Et vous n’êtes pas très disposés, Messieurs, à avoir des partenaires non-démocratiques. Que se passerait-il si, par hasard, le Venezuela venait à faire partie du Mercosul ? Comment vous y prendriez-vous avec Hugo Chávez ? Et, Monsieur le Président, comment réagissez-vous à cet ultimatum ?

Le Président Lula :

Je peux commencer ?

En réalité, vous servez tous les deux de prétexte pour une question qui s’adresse prioritairement à moi. Maintenant, pour commencer, je mets un point d’honneur à dire partout dans le monde que le Brésil entretient des relations extraordinaires avec le Venezuela, des relations fondamentales qui passent notamment par la construction d’un gazoduc qui traverse pratiquement toute l’Amérique du Sud, qui traverse le Brésil pour arriver en Uruguay, au Paraguay, en Argentine et au Chili. Nous mettons en place ce projet en collaboration avec la Petrobras et la PDVSA, les raffineries brésilienne et vénézuélienne. Au Venezuela, 60 % du Venezuela et 40%  du Brésil, et au Brésil, 60% du Brésil et 40% du Venezuela. Nous avons donc de bonnes relations. J’étais au sommet de Mar del Plata, où a été proposée aux camarades l’entrée du camarade Chávez dans le Mercosul. Bien-sûr, cette intégration nécessite l’approbation des congrès nationaux de chaque pays du Mercosul. Elle a déjà été approuvée en Uruguay et en Argentine et doit encore être approuvée au Paraguay et au Brésil. Bon, pour entrer, il doit y avoir des règles. Mais pour en sortir, il n’y a pas de règles. Il suffit de ne pas vouloir rester et de ne pas rester.

Maintenant, voyez-vous, je trouve très difficile de faire de la politique internationale à partir de l’interprétation de faits commentés en fonction du moment où a été posée la question. Une relation entre deux états nécessite beaucoup de débats. Je pensais que j’irais discuter avec Chávez, maintenant, au Paraguay, mais il n’a pas pu se rendre au Paraguay parce qu’il avait une obligation à l’étranger. Mais nous aurons d’autres opportunités pour discuter et savoir ce qui s’est passé. Parce que nous ne voulons pas seulement du Venezuela, nous voulons aussi l’équateur, la Bolivie, la Colombie, le Pérou – nous voulons tout le monde dans le Mercosul ! Parce que nous trouvons que la participation de ces pays dans le Mercosul leur serait bénéfique, très bénéfique. Il est fini ce temps où nous gagnions plus à rester dos à dos. Face à face, nous avons une chance extraordinaire.

De plus, outre le fait que je sois chef de l’état brésilien et Chávez chef de l’état vénézuélien, nous sommes également amis et vous pouvez être sûrs que nous ne manquerons pas de moments et d’opportunités pour savoir ce qui s’est réellement passé.

Le Président de la Commission Européenne :

Si vous voulez une réponse, je vous dirais que la politique de l’Union européenne n’a pas changé. Nous souhaitons et encourageons tous les foyers d’intégration régionale. Et tout ce qui contribue à ce que le Mercosul soit plus fort est soutenu par l’Union européenne. Et, pour cette raison, si le Venezuela souhaite intégrer le Mercosul et qu’il répond à tous les critères, nous serons satisfaits.

Le Premier Ministre :

Exactement. Comme je le dis souvent, vous m’enlevez les mots de la bouche. Il appartient aux pays d’Amérique latine de définir les intégrations qu’ils souhaitent mettre en place, il n’incombe pas à l’Union européenne de dire quels doivent être les membres de tel ou tel groupement régional. Et notre position traditionnelle a toujours été de soutenir l’intégration régionale. En outre, les Présidents d’Amérique latine eux-mêmes ont souvent dit - le Président Lula l’a d’ailleurs répété aujourd’hui - que l’expérience de l’intégration européenne constituait un exemple pour de nombreux cas d’intégration en Amérique latine.

Mais, en ce qui concerne la question concrète qui m’a été posée, par rapport aux commentaires que j’ai pu faire, notre position est très claire : nous défendons la liberté d’expression dans toutes les parties du monde, que ce soit en Amérique latine, en Europe ou en Asie. Et, à chaque fois que nous constatons une réduction du pluralisme dans l’expression publique, nous avons le droit et, je dirais même plus, nous avons le devoir de manifester notre inquiétude. Monsieur, vous êtes journaliste d’une des grandes télévisions privées du Brésil et du monde : quelle serait votre réaction s’il y avait une décision administrative qui s’opposait au droit de transmission de votre chaîne. Pour cette raison, nous disons que la fonction de la Commission Européenne est d’exprimer son inquiétude, quel que soit le pays ; et, d’ailleurs, parfois nous l’avons même fait en Europe, lorsqu’il nous semble que, d’une façon ou d’une autre, l’espace de liberté, au niveau du droit de la presse, se réduit quotidiennement.

Source: ;

Document : Le Brésil, dixième partenaire commercial de l’Union européenne (2008)

Sommet UE-Brésil 2008

Déficit commercial de 7 milliards d'euros de l'UE27 avec le Brésil sur les neuf premiers mois de 2008

Le Brésil dixième partenaire commercial de l'UE27

STAT/08/185

Le 19 décembre 2008

Entre 2000 et 2007, la valeur des exportations de l'UE27 vers le Brésil a augmenté plus lentement que celle des importations, entraînant une augmentation du déficit commercial de l'UE27 avec le Brésil. Celui-ci est ainsi passé de 1,8 milliard d'euros en 2000 à 11,5 mrds en 2007. Les exportations de l’UE27 vers le Brésil ont atteint 19,5 mrds sur les neuf premiers mois de 2008, contre 15,4 mrds sur les neuf premiers mois de 2007, et les importations 26,8 mrds contre 23,7 mrds. En conséquence, le déficit commercial de l'UE27 avec le Brésil a légèrement diminué, atteignant 7,3 mrds sur les neuf premiers mois de 2008, contre 8,4 mrds sur la même période de 2007.

La part du Brésil dans le total du commerce extérieur de biens de l’UE27 s'est située autour de 2% entre 2000 et 2007. Sur les neuf premiers mois de 2008, la part du Brésil dans le commerce total de l'UE27 a été de 2,0% pour les exportations et de 2,3% pour les importations. Le Brésil a été le dixième plus important partenaire commercial de l’UE27.

À l’occasion du sommet Union européenne-Brésil, qui se tiendra à Rio de Janeiro au Brésil, le 22 décembre, Eurostat, l’Office statistique des Communautés européennes, publie des données relatives au commerce et aux investissements entre le Brésil et l’UE.

L'Allemagne a réalisé un tiers des exportations de l'UE27 vers le Brésil et un cinquième des importations

Au cours des neufs premiers mois de 2008 et parmi les États membres de l’UE27, l’Allemagne (6,6 mrds d'euros, soit 34% des exportations de l’UE) a été de loin le principal pays exportateur vers le Brésil, suivie de l'Italie (2,5 mrds, soit 13%) et de la France (2,4 mrds, soit 12%). Les Pays-Bas1[16] (5,4 mrds, soit 20% des importations de l'UE) ont été le principal importateur, suivis de l'Allemagne (5,2 mrds, soit 19%), de l'Italie (3,0 mrds, soit 11%), de la France (2,6 mrds, soit 10%) ainsi que du Royaume-Uni et de l'Espagne (2,4 mrds chacun, soit 9%).

L'Allemagne (+1,4 mrd d'euros) a enregistré le plus fort excédent commercial avec le Brésil sur les neuf premiers mois de 2008, suivie de l'Autriche (+0,4 mrd). Les déficits les plus importants ont été observés aux Pays-Bas1(-4,5 mrds d'euros), en Espagne (-1,2 mrd), au Royaume-Uni (-1,0 mrd) et au Portugal (-0,9 mrd).

Au cours des neuf premiers mois de 2008, les machines et véhicules ont représenté la moitié des exportations de l'UE27 vers le Brésil, les produits chimiques et les autres articles manufacturés comptant chacun pour un cinquième des exportations. Les matières brutes et les produits alimentaires ont représenté respectivement un tiers et un quart des importations. Au niveau détaillé, les principales exportations de l'UE27 vers le Brésil ont été des véhicules automobiles et pièces détachées, des médicaments, des avions et pièces détachées, tandis que les principales importations ont concerné du minerai de fer, des fèves et des tourteaux de soja, du pétrole brut et du café[17].

Un excédent de 1,6 mrd du commerce de services de l'UE27 avec le Brésil en 2007

En 2007, l’UE27 a exporté pour 6,4 mrds d’euros de services vers le Brésil, alors que les importations ont été de 4,8 mrds, soit un excédent de 1,6 mrd de l’UE27 dans les échanges de services avec le Brésil, contre +0,6 mrd en 2005 et en 2006. L'excédent en 2007 a été principalement dû aux transports (+0,7 mrd), aux redevances et droits de licence (+0,4 mrd) et aux services de construction (+0,3 mrd). Le Brésil a représenté un peu plus de 1% du total du commerce de services de l'UE27 avec les pays tiers.

Investissement net de 5,2 mrds d'euros de l'UE27 au Brésil en 2007

Les investissements directs étrangers (IDE) de l’UE27 au Brésil sont passés de 5,4 mrds en 2006 à 7,1 mrds en 2007, tandis que les investissements directs brésiliens dans l’UE27 ont augmenté de 1,2 mrd en 2006 à 1,9 mrd en 2007.

Échanges de biens de l’UE27 avec le Brésil

en millions d’euros

| |

|Exportations |

|Exportations |

|Exportations |2,0% |2,1% |1,8% |

| |Jan-Sept 07 |Jan-Sept 08 |Jan-Sept 07 |Jan-Sept 08 |Jan-Sept 07 |Jan-Sept 08 |

|UE27 |15 356 |19 547 |23 745 |26 816 |-8 389 |-7 269 |

|Belgique1 |1 132 |1 386 |2 233 |2 130 |-1 101 |-745 |

|Bulgarie |24 |34 |131 |97 |-108 |-63 |

|République tchèque|125 |172 |62 |98 |63 |75 |

|Danemark |198 |255 |214 |246 |-16 |9 |

|Allemagne |5 014 |6 590 |4 546 |5 172 |468 |1 418 |

|Estonie |15 |20 |11 |14 |4 |6 |

|Irlande |115 |135 |121 |115 |-6 |21 |

|Grèce |27 |25 |171 |188 |-144 |-163 |

|Espagne |951 |1 182 |2 144 |2 429 |-1 192 |-1 247 |

|France |2 088 |2 363 |2 200 |2 579 |-113 |-216 |

|Italie |1 819 |2 521 |2 792 |3 015 |-973 |-494 |

|Chypre |0 |0 |124 |64 |-124 |-64 |

|Lettonie |1 |1 |8 |8 |-7 |-7 |

|Lituanie |1 |25 |15 |24 |-14 |1 |

|Luxembourg |26 |18 |17 |10 |9 |8 |

|Hongrie |46 |67 |71 |69 |-25 |-2 |

|Malte |5 |4 |8 |19 |-3 |-15 |

|Pays-Bas1 |881 |985 |4 222 |5 448 |-3 341 |-4 463 |

|Autriche |340 |542 |116 |129 |224 |413 |

|Pologne |113 |262 |186 |221 |-73 |40 |

|Portugal |180 |226 |1 024 |1 148 |-844 |-922 |

|Roumanie |31 |57 |250 |305 |-219 |-248 |

|Slovénie |15 |22 |89 |114 |-74 |-92 |

|Slovaquie |34 |46 |23 |32 |11 |14 |

|Finlande |387 |463 |291 |284 |96 |179 |

|Suède |634 |744 |388 |420 |245 |324 |

|Royaume-Uni |1 154 |1 401 |2 289 |2 437 |-1 135 |-1 036 |

|Total extra-UE27 |914 015 |988 523 |1 056 403 |1 178 513 |-142 388 |-189 990 |

|Brésil/Total |1,7% |2,0% |2,2% |2,3% | | |

Échanges de biens de l’UE27 avec le Brésil par produit (en millions d'euros)

| |Exportations |Importations |Solde |

| |jan-sept 07 |jan-sept 08 |jan-sept 07 |jan-sept 08 |jan-sept 07 |jan-sept 08 |

|Total |15 356 |19 547 |23 745 |26 816 |-8 389 |-7 269 |

|Matières premières |927 |1 117 |14 473 |17 759 |-13 546 |-16 643 |

|Produits alimentaires |356 |441 |6 132 |6 692 |-5 776 |-6 251 |

|Matières brutes |232 |328 |7 477 |9 232 |-7 246 |-8 904 |

|Énergie |340 |348 |864 |1 835 |-524 |-1 488 |

|Prod.manufacturés |13 948 |17 637 |8 866 |8 707 |5 082 |8 930 |

|Produits chimiques |3 166 |3 871 |1 281 |1 523 |1 885 |2 348 |

|Machines & véhicules |7 853 |10 027 |2 702 |2 732 |5 151 |7 295 |

|Autres art. |2 928 |3 739 |4 883 |4 452 |-1 954 |-713 |

|manufacturés | | | | | | |

|Autres |481 |793 |405 |349 |75 |444 |

Échanges de services entre l’UE27 et le Brésil (en millions d’euros)

| |Crédit |Débit |Net |

| |2005 |2006 |2007 |2005 |

|IDE de l'UE27 au Brésil (flux sortants) |5 709 |7 389 |5 373 |7 143 |

|IDE du Brésil dans l'UE27 (flux entrants) |4 018 |2 885 |1 171 |1 948 |

|Flux d'IDE nets de l'UE27 (flux sortants |1 691 |4 504 |4 202 |5 195 |

|moins flux entrants) | | | | |

* Données provisoires

Source : HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=en

Document : Remarks by Herman VAN ROMPUY

President of the European Council

at the press conference after the EU-Brazil Summit (2010)

Brasilia, 14 July 2010

Good afternoon / Boa tarde

I would like to thank President Lula for his hospitality and the organisation of this EU-Brazil summit here in Brasilia. This is the first summit with Brazil under the new Lisbon Treaty but unfortunately the last with President Lula.

On the behalf of the EU, I thank him for his major achievements in Brazil in particular in creating a strong economy and at the same time social justice and less poverty. He has brought Brazil closer to Europe and its social model.

Today's summit is a important opportunity for having a open and fruitful exchange on crucial topics both for Brazil and the EU.

I would like to make remarks on the following two points:

On the global economic and financial situation: it is the highest priority for the EU to safeguard and strengthen global economic recovery and structural economic growth. We treasure our work with Brazil and others within the G20 on coordinating economic policy. As a result, world economy was only for one year in recession. In this regard, we had also some good results in Toronto. We are now looking forward to the financial reform agenda at the next G20 summit in Seoul.

According to some doomsayers, the euro and European banks were at the brink of collapse earlier this year, and European economies rapidly shrinking. Economic data and strong measures taken in most Member States and in the Union are not confirming this pessimism.

Seen from Europe, there has been a series of crises, crisis of private debt - in some way imported from outside-, which then became a economic crisis. And early 2010, we were facing something close to a monetary crisis, which I suppose many of you in Brazil also kept a close eye on.

In retrospect we can now see that the EU is still standing steady and now back on the track to growth. This because:

- The European Union has managed to deal effectively with the euro crisis.

- we are working to avoid repetition, improving our fiscal rules and strengthening our financial sector.

- we are moving forward to improve long term economic growth in a new economic strategy

Lastly, just to remind you that the European Union today has some remarkable assets, unlikely to disappear overnight.

Our single currency, the euro, has for instance strong fundamentals. Since its creation in 1999, we have had eleven years of low inflation; the euro zone is close to equilibrium on the current account of the balance of payments and has an average budget deficit half as important as other main players. The common market has always been Europe's strength. It is the biggest one in the world, 500 million people with a high purchasing power. Now we need convergence in economic development and policies inside the euro zone to underpin the credibility of our common currency.

We will succeed. At the end of October in the European Council we will decide on a new way of economic governance.

We have decided in the EC to publish the results of the stress tests of our main banks. The tests will cover 91 major banks in the EU, representing 65% of the EU banking sector. Results will be disclosed both on an aggregated and on a bank-by-bank basis on 23 July. They will be accompanied - if needed - by a series of measures to strengthen banks. This should bolster confidence by ensuring full transparency and dispel harmful rumours.

As you can see, these measures represent an impressive package and demonstrate our strong commitment to stability and growth. They are already reaping benefits. Markets are gradually stabilising and confidence is returning. This is key because without confidence the recovery faultier.

The best contribution the EU can make for worldwide economic growth is the stability of the euro zone.

The latest economic and financial turmoil did not change these strong fundamentals. Nor did they undermine the strong will of European political leaders to work together. On the contrary. We are convinced that the stability of the eurozone is the best contribution to economic growth worldwide.

To conclude, we are very pleased with the results and the deliverables of this summit. Brazil is a real strategic partner for the European Union. This would not have been possible without President Lula.

Thank you \ obrigado

Source: PCE 164/10

Les projets commerciaux du Brésil

dans le cadre du Mercosur

avec l’Union européenne

et les pays en développement :

un même contexte, des perspectives différentes

élodie Brun

Sciences Po Paris

« Il est fondamental de continuer à dessiner une nouvelle géographie économique et mondiale, qui, tout en préservant les relations vitales avec les pays développés, crée des ponts solides entre les pays du Sud, qui pendant longtemps sont restés isolés les uns des autres ». Tel est l’un des objectifs de politique extérieure du Président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, dont le mandat entamé en 2003 touchera à sa fin début 2011[18]. L’action diplomatique brésilienne s’est surtout fait remarquer dans ce domaine par son action au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), lorsqu’en septembre 2003, sous son impulsion soutenue par l’Inde et l’Afrique du Sud s’est formé le G-20 commercial. Ce dernier s’est rendu célèbre par son opposition aux États-Unis et à l’Union européenne (UE) sur le dossier agricole, entraînant le blocage des négociations lors de la Conférence ministérielle de Cancún[19], processus toujours dans l’impasse en 2010. Les ambitions de la diplomatie économique du Brésil se lisent également dans les orientations des accords commerciaux[20] du Mercosur[21]. En effet, le Brésil est engagé dans ce processus d’intégration régionale depuis 1991, donc tous les projets de libéralisation économique passent par le Mercosur. Cette imbrication justifie le lien Brésil-Mercosur établi ici, excluant toute supposition de mainmise de ce pays sur l’organisation. Chaque projet d’accord étant décidé collectivement, les orientations actuelles de la politique étrangère des autres États membres pourraient tout autant être objet d’analyse. Le Mercosur a initié des négociations à la fois avec l’Union européenne et avec certains pays en développement (PED[22]). Il offre donc la possibilité d’analyser comparativement la stratégie commerciale brésilienne envers ses différents partenaires, et d’apprécier comment le Président Lula a mis en œuvre son souhait de modifier la géographie commerciale mondiale[23]. Dans quelle mesure l’évolution des accords signés par le Mercosur avec ses différents partenaires est-elle le reflet des orientations diplomatiques, assumées par le gouvernement de Lula ? Existe-t-il uniquement des raisons politiques sous-jacentes à cette stratégie ? Tout d’abord, force est de constater la prolifération des projets Sud-Sud face à la stagnation des négociations avec l’Union européenne. Toutefois, cette situation reflète aussi les difficultés que connaît l’avancée de la libéralisation commerciale mondiale. Au final, ces orientations diplomatiques semblent bien répondre à un projet stratégique du Brésil, mais qui trouve ses racines au-delà des motivations politiques des dirigeants actuels.

Prolifération au Sud, stagnation au Nord

Selon les informations rendues publiques par le Mercosur via son site Internet, le projet d’accord de coopération avec l’Union européenne est le plus ancien. Les négociations ont débuté en 1999, mais elles n’ont pas encore abouti. Au contraire, depuis les années 2000 fleurissent les projets d’accord avec des partenaires non traditionnels du Mercosur, en particulier des pays en développement[24].

Les différents accords signés par le Mercosur avec l’UE et certains PED

|Date |Partenaire |Type d’accord |Entrée en vigueur |

|15 décembre 1995 |Communauté européenne |Accord cadre interrégional de |1er juillet 1999 |

| |(future UE) |coopération | |

|15 décembre 2000 |Afrique du Sud |Accord pour la création d’une |15 décembre 2000 |

| | |zone de libre-échange | |

|26 juin 2001 |Communauté européenne |Mémorandum d’entente sur les |26 juin 2001 |

| |(future UE) |orientations pluriannuelles pour | |

| | |la réalisation de la coopération | |

| | |communautaire | |

|17 juin 2003 |République d’Inde |Accord cadre |Manque ratification |

| | | |Inde |

|25 janvier 2004 |République d’Inde |Accord de commerce préférentiel |1er juin 2009 |

|7 juillet 2004 |République arabe d’égypte|Accord cadre |Pas en vigueur |

|26 novembre 2004 |Royaume du Maroc |Accord cadre de commerce |Manque ratification |

| | | |Maroc |

|16 décembre 2004 |SACU (Union douanière |Accord de commerce préférentiel |Pas en vigueur |

| |d’Afrique australe) | | |

|10 mai 2005 |CCG (Conseil de |Accord cadre de coopération |Pas en vigueur |

| |coopération du Golfe) |économique | |

|20 juillet 2006 |République islamique du |Accord cadre de commerce |Pas en vigueur |

| |Pakistan | | |

|24 septembre 2007 |République de Singapour |Mémorandum d’entente sur la |24 septembre 2007 |

| | |coopération en matière de | |

| | |commerce et d’investissement et | |

| | |Plan d’action | |

|30 juin 2008 |Royaume hachémite de |Accord cadre | |

| |Jordanie | | |

|30 juin 2008 |République de Turquie |Accord cadre pour l’établissement|Pas en vigueur |

| | |d’une zone de libre-échange | |

|15 décembre 2008- 3 |SACU |Accord préférentiel de commerce |Pas en vigueur |

|avril 2009 | | | |

|23 juillet 2009 |République de Corée |Mémorandum d’entente pour |23 juillet 2009 |

| | |l’établissement d’un groupe | |

| | |consultatif conjoint pour la | |

| | |promotion du commerce et des | |

| | |investissements | |

|2 août 2010 |République arabe d’égypte|Accord de libre échange |Pas en vigueur |

Source : élaboration propre d’après 13-09-2010.

Trois accords ont même été signés, l’un avec l’Union douanière d’Afrique australe (SACU en anglais[25]) en 2004, approfondi en 2009, un autre avec la République d’Inde signé en 2004 et entré en vigueur en juin 2009 et un dernier avec l’égypte en août 2010. Par ailleurs, il existe six autres projets d’accords dits Sud-Sud - car entre pays en développement - en cours de négociations ainsi que deux mémorandums d’entente en application. Enfin, il convient d’ajouter que depuis fin novembre 2008, le Mercosur a entamé un dialogue avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Une nouvelle dynamique est donc à l’œuvre dans la stratégie externe du Mercosur, renforçant ses liens avec d’autres pays en développement. Ce changement peut s’expliquer à la fois par le blocage de la libéralisation du commerce mondial et par les stratégies diplomatiques des membres du Mercosur, en particulier du Brésil.

Une libéralisation commerciale mondiale en difficulté

Impasse à Doha, blocage interrégional

Actuellement, les négociations à l’OMC sur la libéralisation multilatérale du commerce sont bloquées. Ce constat permet de comprendre pourquoi le dialogue entre le Mercosur et l’Union européenne patine alors que se multiplient les accords du Mercosur avec d’autres partenaires. Après plus de dix rondes de négociations lancées en 1999 entre le Mercosur et l’Union européenne, les pourparlers sont tombés dans une impasse en octobre 2004, à la suite de l’échec des négociations du Cycle de Doha lors de la conférence ministérielle de Cancún de septembre 2003[26], et du blocage sur la question agricole.

Plusieurs analystes ont conclu que cet échec était lié à l’abandon du projet d’Accord de libéralisation des Amériques (ALCA) après le Sommet de Mar del Plata de 2005[27]. En effet, les deux projets ont coïncidé dans le temps : l’Accord de Madrid de 1995 mettant en œuvre les négociations Mercosur-UE a eu lieu un an après le lancement de l’ALCA lors du Sommet de Miami. Cependant, l’UE et les États-Unis ne sont pas les mêmes partenaires économiques pour le Mercosur, le premier étant acheteur de matières agricoles et le second de produits manufacturés. Les enjeux sont donc différents dans les deux processus de négociations et l’échec de l’ALCA ne permet pas d’expliquer à lui seul le blocage du projet Mercosur-UE.

Il convient également d’ajouter que l’immobilisation des négociations à l’OMC, suite à l’action du G-20 constitué en grande partie grâce à la diplomatie brésilienne, est dû au dossier agricole. Or, c’est cette même question qui mine les pourparlers avec l’UE. La pause d’octobre 2004 semble donc fortement liée à l’impasse de Cancún. De fait, la Commission européenne elle-même présente la situation dans ces termes : « L’Union européenne ainsi que le Mercosur reconnaissent qu’un meilleur éclaircissement sur les résultats du Cycle de Doha est nécessaire pour pouvoir conclure un accord entre l’UE et le Mercosur »[28]. L’UE préfère donc avancer le dossier multilatéral afin de faire les mêmes concessions à tous ses partenaires, et ainsi les étendre au cas bilatéral avec le Mercosur. Au niveau multilatéral, l’UE est la cible des critiques du Brésil et de ses partenaires du Mercosur car elle est considérée comme trop protectionniste pour son agriculture, ce qui a des conséquences directes sur les projets bilatéraux relevant du même domaine.

L’obstacle majeur entre l’UE et le Brésil est la Politique agricole commune (PAC[29]), déterminée au niveau communautaire et actuellement programmée jusqu’en 2013. Le Brésil reproche à l’UE de protéger ses producteurs agricoles en subventionnant leurs productions, générant ainsi une baisse déloyale des prix, et d’imposer de nombreuses restrictions d’accès au marché communautaire, notamment via des normes phytosanitaires. Mais l’Union européenne n’est pas en mesure de réformer la PAC avant 2013, et même après cette date, tout dépendra de la volonté des États, en particulier de ceux qui ont de forts intérêts agricoles comme la France. Donc, au moins jusqu’à cette date, les deux partenaires se retrouvent potentiellement dans une impasse.

Pour le Brésil, la question agricole est très importante car le secteur agro-alimentaire représente 32% de son Produit intérieur brut (PIB), 38% de ses exportations et 28% des emplois en 2005[30]. Surtout, certaines années, l’UE peut représenter jusqu’à 80% des exportations agricoles brésiliennes, même si cette tendance est à la baisse avec l’émergence de la Chine comme nouveau débouché. Pour l’UE, le Mercosur ne représente en revanche que 3,8% de ses importations et 1% de ses exportations primaires. Ce partenaire n’est donc pas prioritaire pour les États membres qui préfèrent obtenir des accès aux biens des produits manufacturés et des services.

Toutefois, il existe des signaux prouvant que les partenaires n’ont pas renoncé au dialogue, dans l’attente du déblocage des négociations du Cycle de Doha. Ainsi des réunions techniques continuent-elles d’avoir lieu afin de maintenir des contacts entre les deux entités. Au total, six ont été organisées entre 2004 et 2008, ce qui représente un rythme soutenu. De plus, les négociations officielles ont été relancées lors du sommet UE-Mercosur de mai 2010. La conclusion d’un accord UE-Mercosur se maintient donc à une place importante dans les agendas respectifs, ce qui rappelle que les relations Sud-Sud n’ont pas vocation à se substituer aux relations extérieures traditionnelles du Brésil avec les États-Unis et l’Union européenne. L’objectif du Brésil est de profiter des diverses opportunités qui se présentent à lui pour élargir son insertion dans le commerce international[31].

Ainsi, comme le souligne Olivier Louis, spécialiste de ces questions économiques, le blocage des négociations de l’OMC, plus particulièrement les difficultés à avancer sur la libéralisation des échanges internationaux, est dû plus à une crise du système multilatéral commercial qu’à une opposition Nord-Sud. Cette crise est elle-même provoquée par un manque de volonté politique des partenaires à vouloir résoudre les impasses actuelles. En effet, les résultats du Cycle de l’Uruguay[32] ont été fortement négatifs pour les pays en développement. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Cycle actuel a été nommé « Programme de Doha pour le développement ». Les PED ont accepté de retourner à la table des négociations avec l’idée de retrouver une meilleure position dans le commerce mondial. Ils attendent par conséquent des concessions unilatérales de la part de leurs partenaires plus riches, notamment l’Union européenne. Or, les pays développés ne sont pas d’accord avec cette position et souhaitent obtenir des avantages réciproques.

Le Cycle de Doha a donc deux effets principaux : d’une part, le blocage des négociations avec les partenaires des pays développés, comme dans le cas du Mercosur avec l’Union européenne ; et d’autre part, la prolifération de projets d’accords économiques avec les autres pays en développement, reflétant à la fois une universalisation du commerce mondial et une complexification de son profil.

Une libéralisation Sud-Sud nouvelle et limitée

À la suite du blocage des négociations multilatérales et des grands projets de libéralisation économique tel que l’ALCA, des accords bilatéraux entre États et/ou structures régionales se sont multipliés. Le cas de la signature d’accords entre les États-Unis et plusieurs pays d’Amérique latine[33], tels la Colombie, le Costa Rica et le Pérou, est le plus connu. Or, des accords Sud-Sud se sont également multipliés, comme le cas du Mercosur nous a permis de le constater.

Le Mercosur a déjà conclu trois accords avec d’autres partenaires du Sud, dont deux la SACU et l’Inde dans un temps record de négociations : quatre ans pour la SACU, et sept mois dans le cas indien. Ce résultat est aussi le fait de stratégies différentes de libéralisation entre ces partenaires du Sud. L’Union européenne propose en effet un projet très large appelé « Accord d’association » qui inclut trois volets : le dialogue politique, la coopération et un traité de libre-échange très complet comprenant les biens, les services et les investissements[34].

Au contraire, les accords signés avec la SACU et l’Inde sont d’ampleur plus modeste. Il s’agit d’accords commerciaux se limitant aux échanges des biens, et parfois de certains produits particuliers seulement. Ils sont conçus différemment du projet européen qui vise à englober tous les thèmes dès le départ. Les deux autres accords Sud-Sud sont des processus visant à être approfondis par étapes successives, cette stratégie pouvant être décrite comme progressive. Dans un premier temps il s’agit de signer un document limité afin de lancer un programme de négociations d’élargissement de l’accord de base par la suite. C’est ce qu’il s’est déjà passé avec la SACU : un premier accord sur 958 produits a été signé en décembre 2004 et remplacé par un second document plus large, comprenant plus de 1000 produits, signé par toutes les parties en avril 2009[35]. Ces deux accords nous enseignent que face à la difficulté de concrétiser des projets ambitieux, une stratégie plus prudente et moins présomptueuse, celle des négociations par étapes successives, est peut-être plus efficace dans le contexte actuel. Ceci est d’autant plus important pour des pays dont l’objectif primordial est d’assurer leur développement économique, ce qui implique de conserver une marge de manœuvre permettant d’assister des secteurs prometteurs de leur économie.

Cependant, des sept projets signés par le Mercosur, quatre connaissent des difficultés dans la phase de concrétisation et les négociations n’avancent pas aussi rapidement que dans les cas de la SACU et de l’Inde. Il convient aussi de rappeler que ces accords sont très récents et nécessitent souvent de longues périodes de pourparlers. Ainsi, les Accords d’association UE-Chili et UE-Mexique ont requis plus de cinq ans de discussions, de même que le projet Mercosur-SACU dont le premier accord date de l’an 2000 entre l’entité latino-américaine et l’Afrique du Sud (la SACU étant incluse a posteriori).

Les projets Sud-Sud n’échappent donc pas non plus aux actuelles difficultés de la libéralisation générale du commerce international. Selon les informations disponibles[36], les négociations entre le Mercosur et le Maroc n’avancent que laborieusement. En 2008, des réunions ont repris mais n’ont abouti à aucune signature d’accord. Le cas du projet avec le Conseil de coopération du Golfe (CCG) montre des difficultés similaires à celles soulignées entre le Mercosur et l’UE. En effet, certains secteurs internes s’opposent à l’ouverture des marchés. Le Brésil a été l’initiateur de l’idée d’un accord économique entre le Mercosur et le CCG dans le sillage de la politique du Président Lula de rapprochement avec les pays du Moyen-Orient et du Sommet Amérique du Sud-Pays arabes (ASPA) tenu à Brasília en mai 2005. C’est d’ailleurs lors de cet événement que le texte ouvrant le processus de négociations en vue d’un accord de coopération économique a été signé par les différents partenaires. Or, c’est au sein même du Brésil que les résistances à ce projet sont les plus fortes. C’est le secteur pétrochimique brésilien qui s’oppose à la signature du texte tel qu’il existe actuellement, par crainte de la concurrence des pays du Golfe[37].

Enfin, il existe même des projets pour lesquels les pourparlers n’ont toujours pas abouti à la signature d’un premier document - souvent appelé « Accord cadre » - servant à fixer la date de début des négociations commerciales. C’est le cas d’un projet trilatéral dans le cadre de l’IBAS, forum de dialogue regroupant l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud lancé en juin 2003 à Brasília. Dans la Déclaration finale de la première réunion des Chefs d’État et de gouvernement de l’IBAS en septembre 2006, les trois pays se sont engagés à concrétiser un accord de libre-échange entre le Mercosur, l’Inde et la SACU. Ce projet semble difficile à mettre en œuvre à court terme en raison de la lente avancée des accords aux niveaux bilatéraux ; et ce, malgré les efforts de relance du projet émis par le Brésil fin 2009[38]. En effet, parmi les accords Sud-Sud signés, leur concrétisation aura besoin de beaucoup de temps. Par exemple l’accord avec l’Inde n’est entré en vigueur qu’en juin 2009. Il est plus surprenant de constater qu’aucun des deux accords signés avec la SACU ne sont encore entrés en vigueur[39].

De plus, même s’il est trop tôt pour en analyser les impacts réels, plusieurs spécialistes s’accordent pour conclure que ces premiers accords ne vont pas avoir de conséquences fortes sur le commerce entre le Mercosur et ces pays en développement[40]. Ni l’Inde ni la SACU ne font partie des dix premiers partenaires commerciaux du Mercosur, réduisant les conséquences possibles sur les échanges de l’ensemble latino-américain. Cependant, les défenseurs de ces projets les présentent plutôt comme des accords tournés vers le futur, visant à favoriser le développement des liens économiques lorsque ces pays auront élargi leur intégration dans le commerce mondial.

Les effets potentiels de ces accords suscitent des interrogations parmi les économistes, surtout car les concessions faites par chaque partenaire sont très limitées. Dans le cas de l’Inde, seuls 450 produits ont été proposés par chaque partie, le Mercosur ne concédant le tarif zéro qu’à 13 produits et l’Inde à 21[41]. Selon Pedro da Motta Veiga, les préférences vont s’appliquer à des produits dont les tarifs sont déjà très bas. Pour sa part, Lia Valls, chercheuse brésilienne, remarque la quasi-exclusion des produits agricoles des négociations et des chapitres qui font partie des principales exportations des pays dans le marché mondial, à savoir les véhicules, les textiles et les aéronefs. Les libéralisations consenties sont majoritairement très légères et ne portent pas sur les principaux produits d’exportation de chaque pays. La marge d’évolution pour les négociations d’approfondissement de ces premiers accords est encore grande.

Il n’existe donc pas une formule magique. Les projets ambitieux du Mercosur avec l’UE ont abouti au blocage des négociations et ceux, plus modestes et plus prudents dans leur mise en œuvre, avec les pays en développement, diminuent d’autant les effets escomptés. Comme en conclut un texte de l’IPEA, « pour le Mercosur, les négociations commerciales Sud-Sud ne révèlent pas des difficultés moindres à celles rencontrées dans le cadre Nord-Sud »[42], ce qui appuie l’idée que c’est le système global du commerce international qui connaît des obstacles structuraux et politiques à son intégration progressive, et non uniquement des oppositions entre États développés et pays en développement.

Toutefois, l’émergence des stratégies commerciales Sud-Sud reflètent l’universalisation du commerce des pays membres du Mercosur et l’apparition de nouveaux acteurs sur la scène mondiale. La multiplication des projets de libération Sud-Sud prouvent également les nouvelles orientations politiques de pays comme le Brésil.

L’insertion mondiale du Brésil : entre orientations politiques et changements de fond

Comment expliquer cette nouvelle orientation du Brésil vers des partenaires économiques non traditionnels alors que les négociations avec l’UE n’ont pas encore abouti ? La stratégie Sud-Sud adoptée par le Brésil ces dernières années est très souvent rattachée à la volonté du gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva. Si la variable politique est cruciale dans l’orientation diplomatique du Brésil envers les pays en développement, au moins deux autres critères révèlent des changements structuraux de l’insertion internationale du Brésil : l’évolution de son commerce extérieur et les nouveaux intérêts de la « communauté internationale[43] » du Brésil.

Il est certain que l’idéologie du Président brésilien Lula et le parti auquel il est rattaché, le Parti des Travailleurs (PT- Partido dos Trabalhadores en portugais), ont eu un rôle déterminant dans l’orientation Sud-Sud de la diplomatie brésilienne. Selon Miriam Saraiva et Vicente Palermo, le PT défend une vision dite autonomiste des relations internationales[44], c’est-à-dire qu’il prône une politique extérieure du Brésil indépendante des puissances, en particulier des États-Unis. Cela signifie in fine la diversification des contacts internationaux du Brésil vers des partenaires non-traditionnels, pour la plupart des pays en développement[45]. Ainsi le PT a-t-il entretenu des relations avec des partis politiques en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient[46]. Il s’agit d’une stratégie du gouvernement actuel de signer des accords commerciaux pour faire connaître ces nouveaux partenaires et les opportunités qu’ils créent pour le Brésil, pour des raisons économiques et diplomatiques. Le Président Lula a accordé une grande importance à l’orientation idéologique de ses bases partisanes, ce qui se traduit par exemple par le nombre de ses voyages en Afrique : alors que le précédent Président Fernando Henrique Cardoso s’y était rendu deux fois au cours de ses deux mandats, Luiz Inácio Lula da Silva a visité onze fois ce continent dans le même laps de temps[47].

Durant les deux mandats de Fernando Henrique Cardoso (1995-2002), la situation économique du Brésil n’était pas aussi stable qu’après 2003 et l’agenda des négociations commerciales était en effet dominé par les projets ALCA et Mercosur-UE. Toutefois, dans la deuxième moitié de son dernier gouvernement se profilait déjà une nouvelle réorientation en direction de pays en développement émergents. Ainsi convient-il de rappeler que le premier Accord-cadre avec l’Afrique du Sud fut signé sous la présidence de Fernando Henrique Cardoso le 15 décembre 2000. Les orientations diplomatiques du Brésil semblent donc aussi répondre à d’autres évolutions de l’insertion internationale de ce pays, au-delà des préférences idéologiques de ses dirigeants.

Tout d’abord, ce nouveau dynamisme des projets du Brésil par le biais du Mercosur avec d’autres pays en développement est le reflet de l’évolution de l’insertion brésilienne dans le commerce mondial. Ainsi en 2009, 56% des exportations brésiliennes sont à destination de pays en développement contre seulement 38% en 2002[48]. En outre, le Comité de haut niveau pour la coopération Sud-Sud du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a démontré, en 2007, que désormais les PED contribuent à 40% de la croissance mondiale (surtout en Asie et au niveau intra-régional)[49]. Au mois d’avril 2009, la Chine est devenue, pour la première fois de l’histoire, le principal partenaire commercial du Brésil, détrônant les États-Unis[50]. Si cette donnée est également due à la baisse des importations nord-américaines après la crise financière de 2008, elle a suscité de nombreux commentaires au Brésil et a renforcé le gouvernement dans sa politique étrangère.

De même, avec l’éclatement de la crise des subprimes au cœur du centre économique mondial, l’idée s’est répandue dans les médias internationaux et brésiliens que l’effort de diversification des exportations brésiliennes vers de nouveaux partenaires a permis au Brésil de se trouver dans une situation de moindre dépendance et d’atténuer les effets de la crise par le canal commercial[51]. Autant de résultats et de tendances qui amènent le Brésil et ses partenaires du Mercosur à se rapprocher de pays en développement, quand bien même les dossiers en cours avec leurs partenaires traditionnels ne sont toujours pas conclus.

Un autre indice significatif est la perception qu’ont les acteurs les uns des autres, permettant de mieux saisir la nouvelle stratégie commerciale du Brésil. Ainsi, selon les modes de calculs de l’Union européenne, celle-ci est le premier partenaire commercial du Brésil à hauteur de 22,4% de ses échanges extérieurs (21,4% des importations et 23,5% des exportations) en 2008[52]. Or, le Ministère pour le commerce extérieur brésilien adopte une autre classification[53]. L’UE n’est pas incluse dans la liste des partenaires traditionnels étatiques, mais au sein des ensembles régionaux. Ainsi classifiée, en 2008, l’UE n’est que le second partenaire commercial du Brésil derrière l’Asie pour les importations, avec 27,2% pour l’Asie et 20,9% pour l’UE ; et derrière l’Amérique latine et les Caraïbes (ALC) pour les exportations avec 25,9% pour l’ALC et 23,4% pour l’UE. Par conséquent, l’importance de l’Union européenne dans le commerce brésilien se trouve réduite dans les classifications statistiques du Brésil par comparaison avec la technique adoptée par l’UE. En outre, l’UE-15 a perdu de l’espace dans le commerce du Mercosur également passant de 53% en 1995 à 44% en 2004[54]. Tous ces résultats montrent la diminution relative de l’importance de l’UE et l’augmentation générale, quoiqu’inégale, des pays en développement dans le commerce de l’Amérique du Sud. Ils renforcent les nouvelles orientations diplomatiques pour le Brésil. Mais le gouvernement s’appuie aussi sur un facteur de poids dans un régime démocratique, à savoir son opinion publique.

L’opinion publique au Brésil ne s’intéresse que très peu aux questions de politique étrangère. Toutefois, la position des acteurs qui sont en lien avec l’étranger n’est pas anodine dans la détermination de la diplomatie du Brésil, car il s’agit souvent d’agents importants au niveau interne : des hommes politiques, des entrepreneurs, des dirigeants d’association ou encore des universitaires. Dans un travail d’enquête sur l’évolution des opinions de cette « communauté internationale » brésilienne, A agenda internacional do Brasil, le chercheur Amaury de Souza démontre qu’entre 2001 et 2008, l’opinion publique[55] est plus favorable aux relations avec les pays en développement[56]. Une critique souvent émise à l’encontre de la politique commerciale du gouvernement Lula est la subordination des objectifs de politique commerciale à ceux de la politique étrangère. Les accords Sud-Sud seraient négociés sans préoccupation réelle de créer de nouvelles exportations et la multiplication des accords serait un objectif en lui-même[57]. L’étude d’Amaury de Souza montre que, parmi les personnes interrogées, les négociations Nord-Sud ont perdu de leur attractivité (26%), ce qui signifierait qu’il existe une certaine adhésion à la vision politique qui lie négociations commerciales et objectifs permanents de la politique étrangère du pays. Inversement, on peut en déduire que le gouvernement brésilien doit également prêter attention à son opinion publique lorsqu’il détermine ses orientations diplomatiques. L’enquête montre de plus une progressive diminution de l’importance attribuée aux pays développés comme l’Allemagne qui passe d’un taux de 76% à 59% entre 2001 et 2008, la France de 64% à 50%, ou encore de l’Espagne de 63 à 46%. Au contraire, l’Inde augmente de 62 à 71% et l’Afrique du Sud de 0% à 54% sur la même période.

Lorenzo Fioramonti et Arlo Poletti démontrent dans la même perspective qu’il y a un décalage entre ce que l’UE croit que les autres acteurs pensent d’elle, et ce que ces autres – dans cette étude l’Afrique du Sud, le Brésil et l’Inde – pensent réellement à son égard. Pour ces pays, l’UE n’est finalement pas un thème essentiel du débat public[58]. Les élites politiques brésiliennes reconnaissent l’importance de l’UE en tant que marché pour les exportations et principal fournisseur d’investissements donc une opportunité pour l’économie brésilienne. Mais elles la perçoivent aussi comme une forteresse dotée d’un pouvoir économique énorme caractérisé par une attitude protectionniste. Ces perceptions ne les empêchent pas pour autant de la considérer comme un modèle d’intégration et d’apprécier son appui au multilatéralisme. Dès lors, la diplomatie du gouvernement Lula trouve un certain écho et s’appuie sur les positions de la communauté internationale brésilienne[59].

Il existe donc une volonté politique déterminante au Brésil pour donner un nouveau dynamisme à sa diplomatie commerciale. Mais dans un régime démocratique, elle ne saurait se suffire à elle seule. Si cette tendance Sud-Sud fleurit aujourd’hui, c’est également car elle suscite l’intérêt d’une partie des élites brésiliennes, notamment en raison de l’évolution structurelle des échanges extérieurs brésiliens. Des tendances de fond sont nécessaires aux pulsions conjoncturelles pour inscrire ces politiques dans la durée, mais aussi pour comprendre l’essence de celles-ci.

Pour terminer, l’évolution des accords signés par le Mercosur avec ses différents partenaires est bien une preuve de la volonté de la part de ses États membres de modifier leur insertion dans le commerce mondial. Trois conclusions se dégagent des nouvelles orientations stratégiques du Brésil. Tout d’abord, il est impossible d’analyser la diplomatie commerciale de ce pays avec certains de ses partenaires sans évoquer l’ensemble de ses relations commerciales tels les cas des échanges avec les États-Unis, mais aussi de la situation des négociations multilatérales. Il s’agit d’une preuve de la plus grande interdépendance du commerce international. De plus, il ne ressort pas une simple dichotomie de la situation des négociations commerciales mondiales, opposant un Nord-Sud bloqué et un Sud-Sud florissant, mais plutôt la complexification de la libéralisation des échanges économiques internationaux. Dans tous les cas, la signature de projets entre le Mercosur et d’autres pays en développement est le signal de l’universalisation du commerce mondial. Enfin, face aux blocages des pourparlers sur la libéralisation des économies nationales, une forte volonté politique est nécessaire pour arriver à des concessions sur les principes directeurs de l’économie mondiale.

Finalement, le moment est peut-être arrivé pour l’Union européenne de faire le premier pas vers ses partenaires pour relancer les négociations avec le Mercosur. L’UE reste un partenaire essentiel pour cet ensemble sous-régional au niveau agricole, mais aussi parce qu’elle est le premier investisseur étranger dans ces pays. D’ailleurs, l’étude d’Amaury de Souza montre que la majorité de la communauté internationale brésilienne est favorable à une combinaison des stratégies Sud-Sud et Nord-Sud. Toutefois, face à l’émergence de nouveaux partenaires pour les membres du Mercosur, Chine en tête, mais aussi Inde ou Afrique du Sud, voire la Fédération de Russie, l’UE a intérêt à dynamiser sa stratégie pour maintenir sa position dans la région. Ceci d’autant plus que l’UE a dernièrement pris des orientations risquées : tout d’abord lors du Sommet UE-Amérique latine et Caraïbes (ALC) de Lima de 2008, le gouvernement français qui présidait le Conseil européen n’a été représenté que par le Premier ministre et non par le Chef d’État, subtilité qui a provoqué la déception des délégations latino-américaines[60]. Au contraire, lors du Sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC en anglais) qui s’est également tenu dans la capitale péruvienne la même année, le Président chinois Hu Jintao n’a pas manqué pour sa part de faire le déplacement en personne. De plus, pour pallier le blocage des négociations de l’accord d’association UE-Mercosur, l’UE a lancé un partenariat stratégique avec le Brésil, seul, lors du Sommet de Lisbonne Brésil-UE de 2007. Les rencontres n’ont pas permis de résoudre la question agricole – les questions économiques étant exclues du partenariat – et ont pu vexer les autres pays membres du Mercosur, dont certains défendent aussi d’importants intérêts agricoles, comme l’Argentine. De plus, cette stratégie semble aller à l’encontre des principes défendus par l’UE dans le monde, dont l’un des plus importants est celui de l’intégration régionale[61]. Ce serait donc bien au tour de l’Union européenne de courtiser le Mercosur. Si cela arrivait, il s’agirait d’un autre grand changement dans les relations internationales.

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Le Brésil au xxie siècle et

le partenariat stratégique avec la France

José Mauricio Bustani

Ambassadeur du Brésil en France[62]

Les profondes transformations du Brésil ces deux dernières décennies et, de façon plus évidente et accélérée, ces dernières années, ont éveillé un intérêt sans précédent pour le pays. De cet intérêt provient la hausse des investissements étrangers, mais aussi une curiosité légitime pour les réalités et les défis qui se posent à une nation dont Stefan Zweig disait, en 1941, qu’elle était destinée à être « l’un des plus grands facteurs du développement à venir du monde ».

Le Président Lula da Silva a l’habitude de dire que le xixe siècle fut le siècle européen par excellence, que le xxe siècle fut modelé par les États-Unis, et que le xxie appartiendra dans une grande mesure aux puissances émergentes du monde en développement : la Chine et l’Inde bien sûr, mais aussi d’autres pays qui, par leur masse territoriale, leurs ressources naturelles, la taille de leurs marchés intérieurs et, surtout, le dynamisme de leurs économies et de leurs sociétés, joueront un rôle de plus en plus décisif dans l’évolution de l’économie mondiale et la gestion des problématiques globales.

Un nouveau développement

Rappelons que le Brésil s’étend sur un territoire de 8,5 millions de km2 ; qu’il compte une population de près de 190 millions d’habitants; qu’il possède la plus grande réserve d’eau douce (12 % du total mondial), et plus de 20 % des espèces existantes, soit la plus large biodiversité de la planète. Selon les chiffres de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (Food and Agriculture Organisation, FAO) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Brésil est le troisième producteur agricole mondial et le premier parmi les pays émergents. Il est aujourd’hui le premier producteur mondial de viande bovine, de café et de jus d’orange; le deuxième producteur de soja et de sucre, le troisième producteur de fruits. Il est également le principal producteur de minerai de fer et possède la deuxième réserve mondiale de bauxite. Il est en neuvième position parmi les producteurs d’acier et travaille à devenir, dans la prochaine décennie, l’une des trois premières puissances sidérurgiques du monde.

Dans les 60 dernières années, le Brésil a développé le plus grand parc industriel d’Amérique latine – son secteur automobile figure parmi les plus avancés et compétitifs du monde –, et s’est affirmé comme une référence internationale dans plusieurs segments des technologies de pointe, tels que l’industrie aéronautique ou la prospection en eaux profondes. Dans le cadre d’une politique de développement actualisée, appuyée sur une capacité de planification stratégique, des instruments de financement à long terme, et un partenariat entre secteurs public et privé, le pays a connu un bond économique, qui s’est traduit par le renforcement de grands groupes d’entreprises nationales dotées de stratégies internationales.

Dans certains domaines des services – dont les télécommunications, les technologies de l’information –, le Brésil se trouve parmi les marchés les plus dynamiques du monde. Selon les dernières données disponibles, le pays se place au 5e rang en nombre de connexions Internet, derrière la Chine, les États-Unis, le Japon et l’Inde. En seulement trois années, de 2005 à 2008, le nombre d’usagers d’Internet a augmenté de 75 %, tandis que la progression du commerce a atteint entre 30 % et 50 % par an.

Du point de vue énergétique, le pays jouit de l’une des matrices les plus propres et les plus durables de la planète, compte tenu de son grand potentiel hydraulique et des capacités développées dans le domaine des biocarburants, en particulier l’éthanol à base de canne à sucre. Selon les dernières estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le Brésil, grâce aux nouvelles découvertes de réserves de pétrole sous la couche pré-sel, en sera en 2030 le 6e producteur mondial, avec 3,4 millions de barils par jour (b/j), derrière l’Arabie Saoudite, la Russie, l’Irak, l’Iran et le Canada. Le pays a, de plus, renforcé ses capacités nucléaires civiles, et fait partie, avec les États-Unis et la Russie, du groupe restreint des pays maîtrisant l’intégralité du cycle du carburant nucléaire, tout en possédant des réserves d’uranium.

Selon les estimations récentes de la Banque mondiale, s’il maintient un niveau de croissance annuelle d’environ 5-6 %, le Brésil devrait devenir, d’ici 2014, la 5e économie mondiale et, plus important, réduire ses inégalités de revenus. Tous ces résultats ne sont pas un don d’une nature pourtant luxuriante, mais le fruit de décisions politiques, de la mobilisation de l’opinion, bref d’une construction collective du peuple brésilien. Au moins quatre mouvements récents témoignent de cette évolution globale. Tout d’abord, la croissance de l’économie dans la stabilité macro-économique. Puis l’expansion du marché intérieur, à partir de politiques sociales redistributrices. En troisième lieu, la redéfinition des priorités des dépenses publiques : projets d’infrastructures, élargissement des services publics, partenariats avec le secteur privé grâce au financement à long terme du secteur productif. Pour donner une idée de ce financement, on mentionnera que les remboursements de la Banque nationale de développement économique et social (Banco Nacional de Desenvolvimento Econômico e Social, BNDES), qui étaient de l’ordre de 37 milliards de réals en 2003, ont atteint, en 2009, 140 milliards. Enfin, la redéfinition de l’insertion internationale du pays.

Après une longue période de faible croissance, les dernières années ont été marquées par l’expansion accélérée du produit intérieur brut (PIB) et par l’accès de millions de citoyens à la classe moyenne, c’est-à-dire à l’économie formelle et au marché de consommation de masse. Cette accélération du développement économique et social est due, en partie, à la stabilité macro-économique découlant du contrôle de l’inflation, de la réduction de l’endettement du secteur public et de la diminution de la dette externe du pays. Elle s’explique aussi par des politiques actives de redistribution des revenus. Depuis 2003, on estime que près de 23 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté et ont désormais accès à la consommation d’aliments et de biens de base. Environ 30 millions de personnes sont parvenues à la classe moyenne, dans un environnement marqué par une politique d’expansion du crédit qui a produit une nouvelle dynamique de la consommation intérieure. La classe dite « C » est passée de 37 % de la population en 2003 à 64 % en 2008, ce qui indique la maturation sociale et économique du Brésil.

Il s’agit là d’un des plus grands moments de mobilité sociale de l’histoire du pays, qui va dans le sens d’une correction des énormes disparités régionales qui y existent encore. Dans cette période, les taux de croissance des régions nord et nord-est du pays – les plus démunies – ont représenté plus du double de la moyenne de croissance nationale. Certes, un fort taux d’inégalité sociale persiste, l’un des plus élevés au monde : les 10 % les plus pauvres de la population n’ont accès qu’à 1 % du PIB, quand les 10 % les plus riches concentrent 44 % de la richesse nationale. Il faut toutefois souligner que, pour la première fois dans son histoire moderne, le Brésil tend vers la diminution des disparités sociales et régionales.

Dans le même temps, le pays doit faire face à d’autres grands défis: la généralisation d’une éducation de qualité, la lutte contre la criminalité et le crime organisé dans les grands centres urbains, la modernisation de son appareil de défense. En matière économique : la diversification de la production, pour limiter le poids du secteur primaire dans les exportations; la surévaluation de la monnaie, qui réduit la compétitivité des exportations ; l’amélioration des infrastructures pour acheminer la production ; la réduction des coûts de production ; le renforcement de pôles d’excellence dans des secteurs de pointe, de façon à diffuser l’innovation à l’ensemble de l’économie.

Pourtant, quand survint la crise économique et financière internationale, le pays se trouvait dans une tout autre situation que celle qu’il avait connue lors des crises précédentes. Le Brésil a été l’un des derniers pays à être affecté par la crise de 2008, et l’un des premiers à montrer des signes de reprise. Malgré un résultat légèrement négatif – recul de 0,2 % du PIB –, l’économie brésilienne a affiché en 2009 une des meilleures performances des membres occidentaux du G-20.

Pour certains, le Brésil aurait eu, face à la crise, « les qualités de ses défauts », protégé par une économie relativement fermée, son commerce extérieur ne pesant que 25 % du PIB (contre 40 % au Mexique, 50 % en Corée du Sud, et 70 % en Chine). D’autres soutiendront que ce sont les vertus du modèle brésilien qui ont compté. Sa solidité macro-économique, la persistance dans des politiques responsables en matières monétaire et fiscale, entamées au milieu des années 1990 sous les Présidents Itamar Franco (1992-1995) et Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) et maintenues – avec quelques inflexions – pendant les deux mandats du Président Lula (2003-2010). Puis, face à la crise, l’existence d’un système financier assaini, transparent et avec des mécanismes de contrôle ; l’existence de banques publiques solides qui ont pu garantir l’offre de crédit aux entreprises et aux particuliers. Par ailleurs, les surplus commerciaux des années précédentes ont permis de réduire l’endettement du secteur public, avec l’accumulation de réserves de près de 240 milliards de dollars (Md$), d’où un éloignement du risque de déstabilisation monétaire.

Vices et vertus mis ensemble, en plus des politiques anticycliques (stimuli fiscaux, hausse des investissements publics, renforcement du crédit), c’est la vitalité de l’économie et de la société brésiliennes qui s’est imposée. Deux exemples illustrent cette réalité. Tout d’abord la vente d’automobiles qui a connu, en 2009, une augmentation de 12 % par rapport à l’année précédente, plaçant le Brésil au 5e rang pour les ventes mondiales de véhicules. En 2010, le pays devrait parvenir à 4 millions d’unités vendues, dépassant l’Allemagne. Un autre résultat extraordinaire en 2009 a été la création d’un million de nouveaux emplois. En janvier dernier, le chômage touchait 7,2 % de la population active : le meilleur résultat pour un mois de janvier de toutes les statistiques du pays.

Pour 2010, les dernières évaluations d’augmentation du PIB se situent dans la tranche des 5-6 %, très au-dessus de la moyenne de la croissance mondiale. Les estimations suggèrent, pour les six prochaines années, un cycle de croissance de l’ordre de 5 % par an en moyenne, fondé sur l’expansion du marché intérieur et des investissements, en particulier dans les infrastructures et la construction civile. Aux grands projets d’infrastructures en cours dans le pays, entrepris dans le cadre du Programme d’accélération de la croissance (PAC), s’ajouteront les extraordinaires opportunités découlant de la Coupe du monde de football de 2014 et des Jeux olympiques de 2016. Dans une vision encore plus optimiste, le président de la Société générale au Brésil, François Dossa, traçait récemment un parallèle entre la situation brésilienne et la période des Trente Glorieuses pour la France de l’après-guerre, soulignant : « le Brésil a devant lui 20 à 25 ans de croissance quasi assurée ».

Une nouvelle position internationale

Cette situation économique et sociale se traduit évidemment dans l’action diplomatique du pays. Bien que les principes qui ont historiquement guidé la politique étrangère brésilienne aient été maintenus, l’action internationale du Brésil a connu ces dernières années un changement d’horizon, et une redéfinition de ses paradigmes. Le gouvernement et la société brésilienne voient de plus en plus la politique étrangère comme un élément à part entière du projet national de développement et comme un vecteur qui contribue à la réduction des vulnérabilités externes du pays et au dépassement de ses défis intérieurs de croissance et de justice sociale.

L’intégration de l’Amérique du Sud est devenue une priorité centrale de la politique étrangère du gouvernement Lula. En 2008, après un intense travail diplomatique, l’accord constitutif de l’Union des nations sud-américaines (UNASUR), premier organisme international exclusivement sud-américain, a été signé. Il s’agit d’une intégration qui dépasse les aspects commerciaux, et ouvre la voie à une coordination politique inédite entre des pays qui se sont historiquement tourné le dos. En dépit de sa jeunesse, l’UNASUR fait preuve d’efficacité croissante dans la gestion des rapports entre les pays de la région.

L’établissement du Conseil sud-américain de défense constitue une avancée notable, non seulement pour l’intégration opérationnelle des forces armées des pays de la région, mais pour la construction de confiance, l’échange d’informations, le développement de pratiques conjointes et l’harmonisation progressive des bases industrielles de défense. Dans un proche avenir, il sera peut-être possible de penser une doctrine de défense à partir d’éléments communs à l’ensemble des pays de la région.

Ces dernières années, des progrès significatifs ont pu être obtenus en matière d’intégration des infrastructures en Amérique du Sud, à l’aide de projets concernant des secteurs stratégiques : énergie, transports, communications. Ces chantiers auront un impact économique considérable pour le développement de l’intérieur du continent sud-américain, le rapprochement entre le Brésil et les marchés asiatiques du Pacifique, ainsi que le renforcement de la dimension atlantique de l’ensemble du continent sud-américain.

Les résultats économiques et commerciaux de ces efforts sont clairs. La croissance des échanges brésiliens avec l’ensemble des pays sud-américains et, plus généralement avec l’Amérique latine et les Caraïbes, est spectaculaire. Les exportations brésiliennes vers l’Amérique latine représentent aujourd’hui pratiquement le double des ventes brésiliennes aux États-Unis, bien que ces dernières aient aussi atteint un niveau record.

Il y a moins de 10 ans, les exportations brésiliennes vers l’Amérique latine représentaient un peu moins de la moitié des ventes aux États-Unis.

Pour le Brésil, le Mercosur reste le moteur et l’avant-garde de l’intégration en Amérique du Sud. L’union douanière en cours de consolidation est encore imparfaite, mais elle dispose d’un tarif extérieur commun, et de mécanismes de compensation. Pour augmenter la compétitivité du bloc, et attirer de nouveaux investissements, il faut approfondir l’intégration productive et avancer dans la planification de politiques industrielles communes. L’entrée du Venezuela donnera une dimension continentale au Mercosur qui s’étendra des Caraïbes à la Patagonie, représentant dès lors 80 % du PIB, 72 % du territoire et 70 % de la population de l’Amérique du Sud.

Comme l’ont déjà signalé nombre d’analystes internationaux le Brésil est, parmi les grands pays émergents, le seul à être activement engagé dans un effort d’organisation politique et d’articulation économique de son contexte régional. Les conséquences stratégiques à long terme de cet effort seront significatives, mais l’horizon brésilien s’étend bien au-delà des alentours régionaux. Le Brésil est un pays à vocation universaliste. Il œuvre à renforcer la coopération Sud-Sud et à diversifier ses partenariats, tout en maintenant ses relations traditionnelles avec les pays développés.

La « diplomatie présidentielle » a joué son rôle dans l’augmentation des flux de commerce et d’investissements. Les nombreuses visites du Président Lula, souvent accompagné de nombreux chefs d’entreprises, dans plusieurs pays d’Afrique, ont transformé en réalité le souhait brésilien de mener une politique cohérente sur le continent noir. Les échanges du Brésil avec l’Afrique sont passés, entre 2002 et 2008, de 5 milliards de dollars à 26 milliards de dollars. Si l’on considérait le continent africain comme un partenaire unique, il serait aujourd’hui notre 4e partenaire commercial, derrière la Chine, les États-Unis et l’Argentine. Au-delà des intérêts croissants des entreprises, les actions de coopération technique sont de plus en plus nombreuses dans les domaines de l’agriculture, des énergies renouvelables et de la santé publique, en particulier dans la lutte contre le VIH-sida.

Dans ses relations avec les pays en développement, le Brésil a travaillé à la consolidation du Forum IBAS, mécanisme articulant les objectifs qu’il poursuit aux côtés de l’Inde et de l’Afrique du Sud. Pour la première fois, trois grandes démocraties, trois économies émergentes, trois acteurs de poids dans leurs régions respectives, trois sociétés pluriethniques luttant pour surmonter d’importants problèmes sociaux, ont créé un forum de concertation sur des questions décisives pour la paix et le développement économique.

Le Brésil œuvre également au renforcement du dialogue politique et de la coopération économique, scientifique et technologique entre les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). Ce concept, créé par une banque privée d’investissements, s’est finalement avéré être un véhicule important de coordination entre le Brésil, la Chine, l’Inde et la Russie, quatre économies émergentes représentant 22 % de la superficie, 42 % de la population, plus de 30 % des terres cultivables, et presque 20 % du PIB du monde. Certaines analyses récentes soulignent que le centre de gravité de l’industrie mondiale a déjà basculé, 52 % de la production industrielle étant désormais localisée dans les pays émergents. Des réunions de chefs de gouvernement et de ministres de l’économie ont confirmé les BRIC comme espace de coordination politique et d’échange d’expériences. Le récent deuxième sommet des BRIC qui s’est réuni à Brasília a traité de questions allant de la réforme de la gouvernance mondiale et des stratégies de sortie de crise jusqu’aux problématiques financières et monétaires globales.

Toujours d’un point de vue de relations Sud-Sud, le commerce brésilien avec les pays arabes est passé de 6 Md$ à près de 20 Md$ dans les six dernières années. Les contacts politiques avec ces pays, attachés au Brésil par des liens historiques, culturels et affectifs, sont nombreux, tant au plan bilatéral qu’interrégional, comme le démontrent les sommets, inédits, entre l’ensemble de l’Amérique du Sud et les pays de la Ligue arabe. Le Brésil compte près de 10 millions de ressortissants d’origine arabe, intégrés à part entière à la société et à l’ethos même brésilien, qui vivent en harmonie avec une vaste et influente communauté juive. Le Brésil est d’ailleurs de plus en plus présent dans les efforts de la communauté internationale en faveur d’une paix durable au Moyen-Orient. Il a participé à la conférence d’Annapolis en 2007, et il peut apporter une contribution au dialogue entre les parties sur la base des valeurs brésiliennes traditionnelles de tolérance et de diversités culturelle et religieuse. C’est le message qu’a délivré le Président Lula da Silva lors de sa récente visite en Israël et en Palestine – première visite officielle d’un chef d’État brésilien dans la région.

Plus récemment, la diplomatie brésilienne a affirmé la nécessité d’aller jusqu’au bout du dialogue entre la communauté internationale et Téhéran, avec la participation de l’AIEA, avant l’adoption de nouvelles sanctions contre ce pays. Celles-ci ne feraient que pénaliser le peuple iranien, en créant un sentiment d’isolement peu souhaitable, et contribueraient à insuffler une logique de conflit dans la région. Le Brésil a clairement affirmé qu’il défendait le droit au développement et à l’usage pacifique de l’énergie nucléaire, mais qu’il ne tolérerait pas, et ne soutiendrait jamais la prolifération nucléaire militaire. Le Président Lula l’a souligné voici peu : « Ce que le Brésil peut faire, l’Iran doit aussi pouvoir le faire […], mais vouloir faire davantage, l’Iran ne devrait pas le vouloir ». La position brésilienne s’efforce ainsi d’être équilibrée et ferme : elle correspond à notre tradition diplomatique, à notre expérience nationale de développement du nucléaire, à nos positions en matière de désarmement et de non-prolifération et à nos obligations vis-à-vis de la communauté internationale, et en particulier du monde en développement.

Il est important de souligner que toutes ces nouvelles dynamiques diplomatiques ne se sont pourtant pas développées au détriment des relations du Brésil avec ses partenaires du monde développé. Les échanges commerciaux avec les États-Unis se sont aussi accrus ces six dernières années. Le dialogue politique entre Brasília et Washington est solide. Quant à la relation avec l’Union européenne (UE), elle a été hissée au rang de partenariat stratégique – un choix que Bruxelles n’a opéré qu’au bénéfice d’un nombre limité de pays –, et se concrétise par des projets très variés : énergie, éducation, environnement, coopérations techniques, etc.

Pour une nouvelle gouvernance mondiale

L’ensemble de ces développements, ainsi que la crise mondiale, ont renforcé une perception brésilienne : le monde connaît un changement profond, qui appelle une réforme de la gouvernance mondiale, pour conférer plus de représentativité et d’efficacité aux instances internationales de décision. Le Brésil parie sur l’émergence d’un monde multipolaire où les pays en développement feraient valoir leurs intérêts légitimes. Dans le contexte de la crise, les réunions du G20, notamment à Londres et à Pittsburgh, ont justifié l’élargissement des instances de décision, avec une participation élargie des pays en développement à l’architecture financière internationale. Le Brésil s’est ainsi prononcé pour une réforme urgente des institutions de Bretton Woods, notamment du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, créés voici plus de 50 ans dans un contexte historique très différent.

Il faut reconnaître que les institutions de gouvernance internationale n’ont pas suivi l’évolution économique et géopolitique du monde. Ceci n’explique certainement pas la crise internationale mais constitue une donnée importante du problème. Il est, par exemple, clairement admis que les organismes financiers internationaux n’ont ni la volonté politique ni la capacité de réguler l’économie, en particulier dans sa composante financière. La crise a montré que les forums de coordination restreints qui, comme le G-8, ne prennent pas en considération les grandes économies en développement, sont destinés à disparaître ou à tomber en déshérence. Le Président Nicolas Sarkozy a été l’un des dirigeants mondiaux qui ont démontré le plus de sensibilité à cette nouvelle donne : « Le G20 préfigure la gouvernance planétaire du xxie siècle».

Dans cette même logique, le Brésil souhaite une réforme qui confère aux Nations unies plus de représentativité, d’efficacité et de légitimité. Il n’est pas acceptable que le Conseil de sécurité compte aujourd’hui les mêmes membres permanents qu’en 1945. Le Brésil compte sur le soutien réitéré de la France pour obtenir un siège permanent dans un Conseil de sécurité élargi.

Quant aux négociations commerciales multilatérales, à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), le Brésil souhaite que le cycle de Doha soit repris et achevé à partir des propositions qui se trouvaient sur la table en juillet 2008. Un accord aiderait à la reprise de la croissance économique mondiale, surtout au moment de la récupération de la crise. Le cycle de Doha, quel qu’en soit le dénouement, est intimement lié à l’évolution du rapport des forces internationales que symbolise la création du G-20 commercial, pour laquelle la diplomatie brésilienne a joué un rôle déterminant.

En somme, la politique étrangère brésilienne est devenue mondiale, à la mesure des ressources et aspirations du Brésil, et des attentes de la communauté internationale. Il peut y avoir, surtout en période de polarisation électorale, quelques expressions divergentes quant à la politique étrangère – encore que l’intérêt de l’opinion publique brésilienne pour ces questions soit une saine nouveauté – mais il existe aujourd’hui au Brésil une convergence sur les grandes questions nationales et sur les défis internationaux posés au pays.

Selon une récente enquête menée dans la « communauté brésilienne de politique étrangère » par le Centre brésilien des relations internationales (Centro Brasileiro de Relações Internacionais, CEBRI), 91 % des personnes interrogées jugent que le Brésil jouera un rôle international croissant dans les dix prochaines années ; 65 % soutiennent une intégration renforcée avec l’Amérique du Sud et 91 % jugent positif l’impact du Mercosur sur le Brésil, 54 % souhaitant son élargissement.

Parmi les objectifs de la politique étrangère brésilienne, les réponses à l’enquête classent par ordre d’importance : la garantie de la démocratie en Amérique du Sud, l’intégration des infrastructures régionales, le renforcement du rôle régional du Brésil, l’action en faveur de l’environnement, la lutte contre le trafic de drogue, l’élargissement des accords de coopération scientifique et technologique, les partenariats pour la défense et la protection de l’Amazonie, le renforcement du Mercosur, la production et la consommation des biocarburants, la défense des droits de l’homme, le renforcement du système de défense, ou l’encouragement à un nouveau cycle de libéralisation du commerce extérieur. Toutes ces questions sont déjà au cœur de l’action diplomatique brésilienne et y resteront, quel que soit le résultat des élections présidentielles du mois d’octobre prochain.

Le partenariat stratégique avec la France

La nouvelle position internationale du Brésil se reflète dans des relations de plus en plus significatives avec Paris. Ces relations ont pris un nouvel essor ces dernières années, sur la base d’un dialogue suivi entre les Présidents Sarkozy et Lula, et l’année du Brésil en France en 2005, comme l’année de la France au Brésil en 2009, ont constitué des occasions exceptionnelles de renforcer la connaissance mutuelle et les échanges.

En décembre 2008, les deux Présidents ont signé le plan d’action d’un partenariat stratégique : dialogue politique et gouvernance internationale, coopération économique et commerciale, coopération dans les domaines de la défense, de l’espace, de l’énergie nucléaire, du développement durable, coopération dans les domaines éducatif, linguistique, scientifique et technique entre autres. La visite d’État du Président Sarkozy de septembre dernier a permis d’ouvrir de nouveaux domaines de coopération en matière de technologie de pointe, comme celles des superordinateurs, ou lanceurs spatiaux.

Les deux pays ont des visions proches sur des thèmes tels que le développement durable ou la lutte contre le réchauffement climatique : ils sont d’ailleurs parvenus à une position commune pour la conférence de Copenhague du mois de décembre dernier. Pour le Brésil, et contrairement à une perception répandue, la conférence de Copenhague ne fut pas un échec total, bien qu’elle ne puisse être qualifiée de succès... L’engagement des chefs d’État et de gouvernement dans les négociations fut un élément positif, et on peut malgré tout relever quelques progrès. Le document franco-brésilien a eu une grande valeur symbolique, en exprimant une volonté de rapprocher les visions et les engagements des pays en développement et des pays industrialisés. Grâce à cette convergence, les perspectives de coopération bilatérale sont prometteuses dans des domaines comme les mécanismes innovants de financement, la coopération trilatérale au bénéfice de l’Afrique, la non-prolifération et le désarmement, l’énergie nucléaire et l’éducation.

Le Brésil voit sans aucun doute aujourd’hui la France comme un partenaire stratégique d’exception. Notre association dans le domaine de la défense est l’une des facettes les plus visibles de la nouvelle relation entre les deux pays. L’année passée, ont été lancés de grands projets : pour la construction et le développement de sous-marins – y compris la coque d’un sous-marin nucléaire –, et d’hélicoptères, dont la production sera progressivement transférée à Helibras, au Brésil. Ces partenariats, loin du modèle d’« achat sur étagère », valorisent les transferts de technologies et de capacités industrielles, dans la ligne de la nouvelle stratégie nationale de défense brésilienne. Le dialogue stratégique franco-brésilien s’est de plus renforcé, via un échange régulier entre les ministères des Affaires étrangères et de la Défense.

La France est un allié privilégié du Brésil sur des questions internationales essentielles. Paris et Brasília sont conscients que seul un monde multipolaire, avec des institutions multilatérales renouvelées, peut se mesurer aux défis de notre temps. C’est ce message que nos Présidents ont transmis dans un article conjoint de juillet 2009, qui appelait la communauté internationale à s’unir en faveur d’une réforme ambitieuse des institutions de gouvernance mondiale. Nous savons en outre que les relations entre les deux pays peuvent servir de base à un élargissement des relations transatlantiques d’une UE qui trouve dans le Brésil – et donc dans l’Amérique du Sud – un allié stratégique, géopolitiquement et commercialement. C’est dans cette logique d’un « nouvel atlantisme » que les négociations Mercosur-UE doivent être reprises, et conclues. Le Brésil et la France ont ici une responsabilité particulière dans l’avancée des concessions nécessaires, de part et d’autre, pour arriver à un accord équilibré et avantageux pour chacune des deux régions.

En dépit de progrès significatifs, nos échanges économiques et commerciaux ne sont pourtant pas encore à la hauteur des potentiels des deux pays. Au plan commercial, les exportations brésiliennes vers la France ont presque atteint en 2008 les 4 milliards d’euros. Les importations brésiliennes de produits français étaient d’environ 3,5 milliards d’euros, avec un solde déficitaire pour le Brésil d’environ 500 millions d’euros. Les résultats de 2009 ont été un peu plus faibles, du fait de la crise.

Le Brésil était, en 2009, le 4e partenaire commercial de la France hors Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et Maghreb, derrière la Chine, la Russie et Singapour, son 24e client et son 23e fournisseur, mais son principal partenaire en Amérique latine, contribuant à hauteur d’environ 36 % aux flux commerciaux français dans la région – loin devant le Mexique (13,7 %), le Chili (10,1 %), ou l’Argentine (8,7 %). Bien que significatifs, ces chiffres du commerce bilatéral ne représentent que moins de la moitié des échanges entre le Brésil et l’Allemagne.

La vigoureuse croissance de nos relations ces dernières années, en termes d’investissement et de commerce, est pourtant de bon augure. Plus de 400 entreprises françaises sont aujourd’hui installées au Brésil, et les investissements brésiliens en France ont fortement augmenté. L’intérêt pour le Brésil ne cesse d’augmenter en France, ainsi que, réciproquement, l’intérêt pour la France au Brésil.

La concrétisation des synergies existantes entre les deux pays est-elle à portée de main? Paris et Brasília ont scellé une nouvelle alliance. D’amis cordiaux, ils sont devenus partenaires stratégiques. Dans un monde toujours plus interdépendant et mondialisé, ils partagent les mêmes valeurs de démocratie politique et de justice économique et sociale. Le capital mutuel de sympathie, d’influences croisées, d’admiration et d’intérêts communs, constitue un riche soubassement pour nos relations bilatérales.

Pour le Brésil, l’avenir n’est plus abstrait ni intangible, comme le suggérait Stefan Zweig : il est devenu possible. La rencontre du Brésil et de son destin prometteur ne peut attendre : désormais, le futur est pressé.

Document : Les relations franco-brésiliennes

vues par le ministère français des Affaires étrangères (2010)

Relations politiques

Depuis plusieurs années, la France développe un partenariat stratégique avec le Brésil reposant sur un dialogue politique approfondi, une coopération très riche en matière culturelle, scientifique et technique et la présence des grandes entreprises françaises dans des secteurs-clés de l’économie brésilienne. Quatre visites présidentielles, en 2005, 2006, 2008 et 2009, ont témoigné du renforcement de ces relations.

Relations bilatérales et partenariat stratégique

Les liens étroits d’amitié entre le Brésil et la France reposent traditionnellement sur des valeurs que les deux pays partagent : promotion des principes démocratiques et des droits de l’Homme, renforcement du droit international et du multilatéralisme, promotion du développement et respect de la justice sociale, défense de la paix et de la sécurité, attachement à la non-prolifération des armes de destruction massive et au désarmement, protection de l’environnement et de la diversité culturelle.

Depuis 1995, la volonté d’établir un « nouveau partenariat » politique avec le Brésil s’est traduite par des visites régulières au plus haut niveau. L’Année du Brésil en France, dont la visite du président Lula, du 12 au 15 juillet 2005, a constitué le point d’orgue, a permis d’accroître encore les contacts au niveau ministériel. Le partenariat stratégique avec le Brésil a été lancé en mai 2006 lors de la visite d’État au Brésil du président Chirac, puis a connu une impulsion décisive lors de la rencontre des présidents Lula et Sarkozy à Saint Georges de l’Oyapock (Guyane) le 12 février 2008, sur notre frontière commune. Il s’est traduit par l’adoption d’un plan d’action ambitieux et la signature de nombreux accords lors du sommet bilatéral de Rio le 23 décembre 2008 (organisé avec le Sommet UE-Brésil). La visite du président Sarkozy le 7 septembre 2009, premier chef d’État non latino-américain invité d’honneur à la fête nationale brésilienne, a permis de dresser un bilan de la mise en œuvre des projets mis sur les rails et d’ouvrir des pistes nouvelles d’approfondissement d’une relation exceptionnelle. L’Année de la France au Brésil, du 21 avril au 15 novembre 2009, aura permis d’intensifier tous ces échanges et de présenter aux Brésiliens une France moderne, ouverte sur le monde, à la société diverse. Depuis lors, de nombreuses visites de haut niveau ont eu lieu dans les deux sens, dont les principales sont les suivantes :

[pic] visites en France :

- Lula da Silva, président de la République, le 16 novembre 2009 à Paris en amont du sommet de la FAO ;

- Celso Amorim, ministre brésilien des Affaires étrangères, le 7 janvier et le 15 juin 2010 à Paris ;

- Michel Temer, président de l’Assemblée nationale, le 16 juin 2010 à Paris ;

[pic] visites au Brésil :

- Hervé Morin, ministre de la Défense, le 3 novembre 2009 à Brasilia et Rio ;

- Nicolas Sarkozy, président de la République, le 26 novembre 2009 à Manaus dans le cadre du Sommet des États amazoniens ;

- Jean-Marie Bockel, secrétaire d’État à la Justice, les 24 et 25 février 2010 à Brasilia.

Notre partenariat est à la fois global, fondé sur la réciprocité et équilibré dans ses différents volets. La France entend penser avec le Brésil les réformes de la gouvernance mondiale et des institutions financières internationales et préparer de concert les grandes échéances de l’agenda international. C’est dans cette perspective que les présidents Sarkozy et Lula ont publié une tribune commune dans la presse internationale à la veille du Sommet de l’Aquila, proposant une « Alliance pour le changement ». Lors du sommet de la FAO le 19 novembre dernier, le Brésil et la France se sont également exprimés d’une même voix en promouvant un texte conjoint en faveur d’une réforme du système de gouvernance de la sécurité alimentaire. Dans le domaine stratégique des questions climatique et environnementale, la création d’un groupe de travail conjoint a permis d’aboutir à une position concertée à la conférence de Copenhague, promue par les deux présidents eux-mêmes lors du Sommet des États amazoniens de Manaus puis au Sommet du Commonwealth à Trinité-et-Tobago, et reprise par le Groupe de haut niveau sur le commerce et l’investissement (créé en septembre 2009). Le Brésil et la France sont ainsi engagés dans une démarche inédite de dépassement des oppositions Nord-Sud traditionnelles. En outre, avec ce partenariat stratégique, la France s’engage à accompagner le Brésil dans son ambition à devenir un acteur global sur la scène internationale, et à en assumer les droits et les responsabilités. Elle entend donc l’aider dans cette perspective à se doter, grâce à d’importants transferts de technologie, des instruments qui fondent une grande puissance mondiale dans les domaines militaire, spatial, énergétique et technologique. Le spectre de notre partenariat, même s’il ne prétend pas à l’universalité, est particulièrement étendu et concerne des domaines aussi variés que la biodiversité et le développement durable amazoniens, les transports durables et la croissance verte, la formation professionnelle, les relations transfrontalières autour des régions Guyane et Amapa, l’aide au développement en pays tiers, les questions migratoires, des projets de coopération en commun en Afrique...

Relations économiques

Le Brésil est notre premier partenaire commercial en Amérique latine et notre troisième partenaire hors OCDE et Maghreb, derrière la Chine et la Russie. La France est le huitième fournisseur du Brésil, avec 2,8% de parts de marché, contre 6,9% pour l’Allemagne et 14,8% pour les États-Unis. La France achète traditionnellement au Brésil des produits agro-alimentaires (huiles brutes et tourteaux de soja), et de plus en plus de biens industriels. Elle exporte vers le Brésil des biens d’équipement, notamment des avions, des équipements pour l’automobile et des automobiles, des préparations pharmaceutiques.

Exportations de la France vers le Brésil en 2009 : 2,6 Md € ;

Importations en provenance du Brésil en 2008 : 2,9 Md € ;

Solde : - 312 M €.

Les relations économiques entre la France et le Brésil ont progressé ces dernières années. Les grandes entreprises françaises poursuivent leur développement dans ce pays (35 entreprises du CAC40 y sont implantées). Plus de 400 entreprises françaises emploient plus de 400000 personnes au Brésil. En matière d’investissements directs étrangers (IDE), la France est le cinquième partenaire du Brésil en termes de stock (environ 10 milliards d’euros), avec une part de marché de 7%. Sur l’année 2009, le flux des investissements directs français a atteint 3 Md $, soit le double de l’année précédente. Le Brésil est, en termes de stock, la première destination de nos IDE parmi les pays émergents. Nos investissements ont été principalement réalisés dans les secteurs de l’énergie, des télécommunications, des services financiers et de l’agroalimentaire. La France est présente sur quelques projets phare du développement du pays : construction de la centrale nucléaire « Angra III » avec Areva, tramway et métro de São Paulo et Brasilia, hydroélectricité avec Alstom... Elle cherche actuellement à se positionner sur la construction à venir de la première ligne de TGV du pays, qui devrait ouvrir en 2014 entre Rio et São Paulo.

Coopération culturelle, scientifique et technique

Le Brésil est le premier partenaire de la France en Amérique latine pour la coopération culturelle, scientifique et technique. Notre coopération scientifique et technique est considérée comme exemplaire et fondée sur le partenariat et le cofinancement. Nos champs d’action prioritaires sont :

- le développement durable et la biodiversité en Amazonie ;

- la recherche et l’innovation technologique (la France est le deuxième partenaire scientifique du Brésil après les États-Unis) ;

- l’accompagnement, en matière de coopération technique, des priorités du gouvernement brésilien (politiques sociales, agriculture familiale durable, réforme de l’État mais aussi aide à l’Afrique) ;

- un nouveau partenariat pour le plurilinguisme et la diversité culturelle.

L’action en faveur du français et des échanges culturels occupe une place importante de notre coopération. Trois lycées français (São Paulo, Rio, Brasilia) totalisent 2065 élèves dont environ 1500 Français. Les Alliances françaises du Brésil constituent le réseau le plus ancien et le plus dense du monde (42 implantations), accueillant 35000 élèves. Les échanges artistiques -théâtre, arts plastiques, musique, danse- et la formation des professionnels de la culture sont particulièrement intenses et ont bénéficié d’un nouvel élan avec la Saison culturelle du Brésil en France en 2005, puis l’Année de la France au Brésil en 2009. Dans le domaine du livre, les relations entre éditeurs et écrivains des deux pays sont étroites (le Brésil est le premier marché pour le livre français en Amérique du Sud). La coopération audiovisuelle appuie l’aide à la diffusion du cinéma, la promotion des nouvelles musiques françaises et le soutien à l’exportation des programmes de télévision.

La coopération scientifique est structurée autour de formations d’excellence entre universités et par des partenariats de haut niveau entre les organismes de recherche des deux pays. Ces partenariats portent notamment sur la biodiversité amazonienne, le génome, les mathématiques fondamentales et appliquées, les changements climatiques, les sciences sociales et humaines. Les programmes de technologies innovantes connaissent un important développement. Par ailleurs, 2911 Brésiliens étudient dans les universités françaises et 838 dans les grandes écoles.

La coopération technique est menée avec les institutions de l’État, les collectivités locales et les entreprises des deux pays. La coopération décentralisée, officialisée par le protocole signé en Guyane le 12 février 2008, connaît un développement soutenu : outre des Assises bilatérales régulières (les dernières à Lyon en décembre 2009), le Comité mixte de suivi de la coopération décentralisée franco-brésilienne, créé par le protocole de 2008, s’est réuni pour la première fois en avril 2009 à Rio de Janeiro.

Autres types de coopération

La coopération transfrontalière entre la France et le Brésil (État frontalier d’Amapa) connaît un dynamisme accru, notamment grâce à la tenue des 5es consultations transfrontalières du 13 août 2009 à Macapa. Cette coopération permet d’apporter des réponses aux préoccupations de chaque partie liées aux différents risques transfrontaliers (immigration clandestine, sécurité, mouche de la carambole), d’encourager les échanges humains et commerciaux (éducation, circulation) et de développer l’économie de la région amazonienne dans le respect des populations locales et d’un environnement exceptionnel. Enfin, la construction d’un pont sur le fleuve frontalier Oyapock a été approuvée par nos parlements respectifs, et le chantier a été lancé en juillet 2009. L’ouvrage facilitera la liaison routière Cayenne-Macapa (État d’Amapa) et favorisera l’insertion de la Guyane dans son environnement régional. Il donnera lieu à de nouveaux accords de coopération notamment sur les plans policier, commercial et social.

Mise à jour : 21.06.10

Document: "Alliance for Change",

Nicolas Sarkozy, Luiz Inácio Lula da Silva (2009)

New York Times & International Herald Tribune,

07/7/2009

The summit meeting which is taking place in L'Aquila, Italy, at which the Group of 8 (Britain, Canada, France, Germany, Italy, Japan and the United States) is joined by South Africa, Brazil, China, India, Mexico and Egypt, will be the first since we realized the extent of the financial and economic crisis we are facing.

This crisis highlights our degree of interdependence. It calls for leaders to promote a collective response, based on shared values and responsibilities. It also compels us to assess the performance of our international institutions and to rethink current global governance structures.

The need to reform global governance did not spring from the crisis. Well before its outbreak, the multilateral system was conspicuously unrepresentative and lacking in coherence. The ability of international institutions to respond to the serious challenges of today's world needs to be reinforced and their mandates reviewed.

This applies in many areas, from the economy to security, from energy to the environment. The crisis has highlighted the fact that we, as leaders of our countries, must be at the helm of the reforms needed to build a more just, developed and sustainable world.

We are not starting from zero. Some progress has already been achieved. On economic and financial matters, the G-20 summits in Washington and London contributed to strengthening the dialogue between developed and developing nations. Together we have been able to achieve concrete results, because we were united.

The meetings between the G-8 and the G-5/G-6 are another example of the need to include emerging countries in the discussions on the future of the world economy and in tackling major global challenges. Not only do the emerging countries represent a huge portion of the planet's landmass and population, but also (and increasingly) of global consumption and production. Never has international cooperation been more necessary.

Now we must go further. International financial organizations, such as the International Monetary Fund and the World Bank, must give greater weight to the dynamic emerging economies in their decision-making processes. The decisions taken by the G-20 to improve the regulation and oversight of international finance, to curb speculation, to crack down on tax havens and money laundering centers, and to foster growth must be implemented.

With the crisis, the threat of protectionism has loomed larger. The conclusion of the World Trade Organization's Doha Round is an urgent task, with a view to reaching an ambitious, comprehensive and balanced agreement, which will especially benefit developing countries, and particularly poorer ones, and reinforce multilateralism on trade.

But if we are to draw all of the lessons from this crisis, we must pursue this effort and extend it beyond the economic and financial spheres. There can be no peace without economic and social development, nor can there be lasting prosperity without stability and security. Conflicts have increasingly occurred in countries that are socially and economically debilitated. Poverty and social exclusion exacerbate instability in the international system.

It is now time to prioritize the social dimension of globalization. Worldwide, workers facing the economic storm are asking for more justice and greater security. Their voices must be heard. The social impact of the current crisis should be specifically addressed by international organizations. The role of the ILO in global economic governance should be greatly strengthened in this regard.

The structure for peace and collective security also requires significant adaptations. A wide-ranging reform of the U.N. Security Council must be implemented, with a view to safeguarding a more balanced and inclusive international order. To ensure the effectiveness of the Council, it must reflect current realities, including a greater role for major developing countries in all regions, such as Brazil and India, fairer representation of Africa and of major contributors to the U.N. system, such as Japan and Germany.

Other dangers, too, threaten peace and development. Climate change poses a major challenge to global governance. A far-sighted outcome is needed in Copenhagen next December to achieve our common goal of preventing serious climate change and limit to 2 degrees Celsius the increase in global temperature. All nations must reduce their emissions consistent with the recommendations of the I.P.C.C. and with the principle of common but differentiated responsibilities.

Other global challenges include organized and transnational crime, terrorism, drug and human trafficking, pandemics, and food security. Our responses to those threats are often insufficient because of the fragmentation of international organizations or their tendency to duplicate work already done by others.

The present mechanisms for global governance are unsuited to deal with the systemic character and the interrelation of the myriad challenges which we face. The scale of this economic crisis presents us with a unique opportunity to set about comprehensively reforming the international institutions.

Brazil and France wish to offer to the world their shared vision of a new multilateralism adapted to our multipolar world. We simply cannot address the problems of the 21st century with the international institutions inherited from the 20th century.

Along with other world leaders, we must forge an "Alliance for Change" in order to promote this vision of a more democratic world order, one founded in greater solidarity and justice. That is what the citizens of the world expect of us. In that way alone will we rise to the challenges besetting our century.



UNE Relance des relations

France-Brésil ?

Martine Droulers,

CNRS-CREDAL

Céline Raimbert,

doctorante, CREDAL-IDA

On a pu dire ces dernières années que les relations franco-brésiliennes étaient plus mythiques que réelles, mythiques dans le sens où elles restent marquées par l’époque héroïque de la grande influence du modèle français sur l’intelligentsia brésilienne post-indépendance[63]. Cependant les relations entre les deux pays se sont affaiblies, tant sur le plan économique (le Brésil n’est que le 21e client et le 22e fournisseur de la France) que sur le plan culturel, en perte d’influence accélérée. Il est vrai que le Brésil est devenu un autre pays depuis qu’il a connu une explosion démographique et urbaine ; la comparaison du poids démographique respectif des deux pays est éclairante : si, avec 40 millions d’habitants, la France et le Brésil avaient la même population en 1940; en 2010, le Brésil compte trois fois plus d’habitants que la France (190 millions contre 63). Et, pour l’immense majorité de la population, la référence française demeure inexistante. Comment se transforment les relations économiques, politiques, scientifiques et culturelles entre un pays jeune, où tout se vit en accéléré et un pays mûr, sûr de lui ; entre un « méga-pays »[64] et un pays de l’Union européenne?

Notre propos cherche pourtant à dépasser la nostalgie de la perte d’influence de l’Europe et de la France en Amérique du sud et met plutôt l’accent sur les nouvelles tendances des actions de coopération développées dans des relations de partenariat, d’échange et d’apprentissage réciproques. Pour ce faire, nous détaillerons ici des domaines de spécialité qui subsistent et se consolident et ceux qui offrent de nouvelles perspectives de coopération : en matière scientifique et universitaire, en matière économique et militaire dans quelques secteurs d’excellence sans oublier la coopération spécifique à la Guyane, ou encore un début de coopération croisée franco-brésilienne en Afrique.

Les vestiges du modèle français

Les relations entre le Brésil et la France avaient commencé par une époque d’emprunt des modèles français qui ont été, dans les dernières décennies du 20e siècle, transmués en programmes de coopération. Le transfert de modèles constitue un processus socioculturel assez complexe comportant des effets de « feed-back », c’est-à-dire un va-et-vient des croyances, des valeurs et des pratiques d’un continent à l’autre. La France, patrie de la liberté, du modèle républicain, des échanges artistiques[65], a longtemps marqué les élites brésiliennes, au moins durant l’Empire et le début de la République (1890-1915).

L’élan du passé et son infléchissement

L’influence du positivisme d’Auguste Comte, avec en point d’orgue à la fin du 19e siècle la devise « Ordre et progrès » inscrite sur le drapeau brésilien, est bien connue. Le rôle-clé de Victor Hugo sur le romantisme brésilien est également notable, avec ses retombées politiques sur le mouvement abolitionniste et la naissance d’un nationalisme symbolisé par la figure de l’Indien. Enfin, sur le plan religieux, l’influence d’Allan Kardec (alias Léon Denizard, 1803-1869), fondateur du spiritisme, qui vise au progrès social par la réincarnation est profonde : la doctrine spiritiste s’épanouit mieux au Brésil qu’en France. Durant les années 1930, le mouvement spirite reconstruit et brasilianisé par cette alchimie propre à la société brésilienne qu’est le syncrétisme, prend la forme de l’Umbanda (art qui guérit) mouvement religieux qui regroupe actuellement des millions d’adeptes au Brésil (Aubrée & Laplantine, 1990). Le spiritisme et l’umbandisme, avec leurs écoles, hôpitaux et œuvres de bienfaisance, restent importants dans les classes populaires et moyennes urbaines d’un pays où les références sociales vont plus à la religion qu’à la laïcité.

Dans les années 1930, tandis que la nation brésilienne s’affirme et invente une société métisse, les relations France-Brésil se consolident, notamment à partir de la Mission Universitaire française qui participe à la création des Universités de São Paulo (USP) et de Rio de Janeiro en 1935 et inaugure une époque d’intenses échanges universitaires couronnée par la publication de magnifiques ouvrages de synthèse qui constituent toujours les références obligées des études brésiliennes. L’analyse de la vitesse des transformations, le mélange des matrices culturelles et les phénomènes d’interpénétration sont tels qu’ils conduisent à l’énoncé de systèmes de concepts fluides ou même liquides, comme le dit Roger Bastide[66] (1957).

En retour, dans les années 1950-60, le latino-américanisme s’affirme en France, dont témoigne la création au sein de l’Université de Paris de l’Institut des Hautes études de l’Amérique Latine (IHEAL) de la rue Saint-Guillaume, autour d’études historiques (Frédéric Mauro), politiques, agraires, régionales. On comptait, 550 chercheurs et 6 550 étudiants latino-américains (parmi lesquels 1 570 Brésiliens) dans les universités françaises en 1983 (Chonchol et Martinière, 1985).

Au Brésil, l’action en faveur du français et des échanges culturels repose sur plusieurs types d’institutions au sein desquelles la coopération linguistique cherche un nouveau souffle. Dans l’enseignement scolaire, 210 000 élèves sur 50 millions étudient le français et les trois lycées français (São Paulo, Rio, Brasilia[67]) totalisent actuellement 1 800 élèves dont environ 1 000 Français. Les Alliances françaises du Brésil qui constituent le réseau le plus ancien et le plus dense du monde (39 implantations), accueillent 35 000 élèves, tandis que les départements de langue des universités totalisent 20 000 apprenants de français. Les échanges artistiques - théâtre, arts plastiques, musique, danse - et la formation des professionnels de la culture, assez intenses, ont bénéficié de l’élan dû à l’excellente organisation de la Saison culturelle du Brésil en France en 2005, élan retrouvé en 2009 pour l’Année de la France au Brésil. Dans le domaine du livre, les relations entre éditeurs et écrivains des deux pays sont étroites et le Brésil représente le premier marché pour le livre français en Amérique du Sud[68]. Au total, la démocratisation des pratiques culturelles élargit le champ des échanges d’autant qu’ils peuvent s’appuyer sur une formule de mécénat par l’encouragement fiscal à la culture (loi Rouanet).

De plus, au fil des décennies, de part et d’autre les structures universitaires se diversifient et le Brésil étend et spécialise ses formations supérieures, davantage sur le modèle nord-américain[69] que sur le modèle français, le nombre des formations doctorales s’étend et les brésiliens viennent moins se spécialiser en France, tandis que les études françaises concernant le Brésil stagnent. Ainsi, le nombre des thèses de doctorat en sciences humaines et sociales soutenues en France sur le Brésil entre 1975 et 2004 s’élève à un peu plus de1 400 (380 en économie, 210 en géographie et 205 en sociologie), chiffre assez stable avec la soutenance d’une cinquantaine de thèses par an (Cahiers du Brésil Contemporain, 2005)[70].

La profondeur historique semble assurer une certaine durabilité à l’influence du modèle français dont quelques modèles sont imités comme celui de l’ENA (école Nationale d’Administration) devenu ENAP (école Nationale d’Administration Publique) au Brésil. Une influence qui perdure aussi à travers des réseaux assez complexes de groupes sociaux qui continuent à maintenir certains processus de diffusion culturelle et de pratiques sociales. Ainsi, sur le plan politique, on remarque des similitudes sur les types d’intervention de l’état, les grandes politiques publiques, la participation populaire ; n’observe-t-on pas même de nombreux points communs entre le Parti des Travailleurs (PT), et la gauche plurielle, des gouvernements Mitterrand à celui de Lionel Jospin ? Ainsi au Forum Social mondial, le premier s’étant tenu à Porto Alegre en 2001, les intellectuels et politiques français sont toujours bien représentés dans un contexte où la succession au pouvoir des deux partis sociaux-démocrates rivaux (PSDB et PT) qui ont appliqués des programmes similaires, a permis au Brésil de réaliser des avancées notables (Rouquié, 2006).

Le modèle français offre-t-il des alternatives séduisantes ? Un certain nombre d’initiatives sont discrètes et plusieurs d’entre elles innovantes.

Des relations économiques à repenser dans la mondialisation

Un paradoxe caractérise les relations entre la France et le Brésil : une considérable référence culturelle et politique qui ne se traduit pas dans une coopération scientifique et technologique de grande ampleur et ni dans des relations économiques en croissance. Cela témoigne-t-il d’une certaine incompréhension qu’ont les Français du Brésil et de la manière d’y travailler ? Une société souple, spontanée, inventive, politiquement très ouverte désarçonne les Français centralisateurs qui misent beaucoup sur l’état… Malgré tout, le succès de firmes comme Saint-Gobain, Rhône-Poulenc, Carrefour montre que les occasions d’entreprendre existent et que l’introduction dans le tissu économique est réelle. La chambre de commerce bilatérale France-Brésil, la CCFB plus ancienne créée au Brésil (1890), sert d’appui aux entreprises françaises désireuses d’exporter[71].

Cependant, les temps changent ; le Brésil s’implante maintenant à son tour à l’international avec ses propres entreprises multinationales : Petrobras pour le secteur pétrolier, Embraer pour l’aéronautique, Vale pour le secteur minier, CSN et Gerdau pour la sidérurgie, Odebrecht pour les travaux publics[72]… Existe-t-il les conditions d’un véritable partenariat sur de nouveaux marchés? La France fait le pari d’une relation donnant-donnant et propose de s’engager dans d’importants transferts de technologie, c’est ainsi que depuis 2005, le Brésil est un « partenariat stratégique » de la France ce qui lui permet, par exemple, de pouvoir acquérir les instruments de sa souveraineté[73].

Le Brésil est le premier partenaire commercial de la France en Amérique latine et son troisième partenaire hors OCDE et Maghreb, derrière la Chine et la Russie. La France est le huitième fournisseur du Brésil, avec 2,7% de part de marché, contre 6,9% pour l’Allemagne et 14,8% pour les États-Unis. La France achète traditionnellement au Brésil des produits agroalimentaires (huiles brutes et tourteaux de soja) mais aussi des biens industriels. Elle exporte vers le Brésil des biens d’équipement, notamment des avions, des équipements pour l’automobile (Peugeot-Citroën à Rio de Janeiro, Renault à Curitiba) et des préparations pharmaceutiques (Sanofi-Aventis). La France a exporté vers le Brésil en 2008 pour 3,52 Mds d’euros et importé pour 3,97 Mds, soit un déficit de la balance commerciale de 448 millions d’euros.

Les relations économiques entre la France et le Brésil semblent progresser ces dernières années. Les grandes entreprises françaises poursuivent leur développement dans le pays, 35 entreprises du CAC40 y ont des filiales[74] et près de 400 entreprises françaises y sont implantées (dont 250 à São Paulo et 80 à Rio de Janeiro) employant près de 400 000 personnes.

En matière d’investissements directs, la France est le quatrième partenaire du Brésil en termes de stock (environ 10 milliards d’euros), avec une part de marché de 7%. Sur l’année 2008, le flux des investissements directs français a pratiquement atteint 3 milliards de dollars, soit le double de l’année précédente. Le Brésil est, en termes de stock, la première destination des IDE [Investissements directs à l’étranger] français parmi les pays émergents. Des investissements ont été principalement réalisés dans les secteurs de l’énergie, des télécommunications, des infrastructures/transports, des services financiers et de l’agroalimentaire qui restent les principaux secteurs porteurs. La France est présente sur quelques projets phare du développement du pays : construction de la centrale nucléaire « Angra III » avec Areva, tramway et métro de São Paulo et Brasília, hydroélectricité avec Alstom... Elle cherche actuellement à se positionner sur la construction à venir de la première ligne de TGV du pays, qui devrait ouvrir en 2014 entre Rio et São Paulo.

En forte expansion depuis quelques années, l’économie brésilienne attire des investisseurs par son dynamisme et l’ampleur de son marché. Les grands marchés de consommation-phare identifiés pour le Brésil vont des cosmétiques aux revêtements et céramiques, en passant par l’électroménager et l’automobile. Pour chacun d’entre eux et pour des domaines de pointe en aéronautique, chimie et nucléaire, le Brésil cherche à approfondir les transferts de technologie mettant en concurrence les fournisseurs potentiels.

Un nouveau style de coopération au 21e siècle

La signature, en 2005, d’un partenariat stratégique entre la France et le Brésil n’augure-t-elle pas d’un nouveau style de coopération d’état à la fois renouvelée et renforcée ? Outre les liens d’amitié étroits et traditionnels qui unissent les deux pays, ce partenariat, résolument politique, s’appuie sur des stratégies de relations internationales diverses, complexes et basée sur la réciprocité. Pays émergent et ambitieux, le Brésil représente, pour la France, « un pari sur l’avenir ». Déjà puissance régionale au sein du Cône Sud, en passe de figurer parmi les poids lourds de l’économie mondiale, le Brésil apparaît comme un allié de choix pour une France dont la croissance stagne et qui perdra des places dans le classement des puissances mondiales, au profit justement de pays émergents comme le Brésil, la Chine ou l’Inde. Puissance installée de l’Ancien Monde, la France préfère « se montrer proactive plutôt que réactive, entendant bien accompagner le mouvement pour continuer à peser sur l’Histoire »[75]. Une Histoire à laquelle le Brésil souhaite participer, en infléchissant et reconfigurant au niveau mondial certaines règles du jeu, tout en appuyant au mieux ses intérêts propres. Le Brésil aspire ainsi à siéger en tant que membre permanent au Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et à consolider un G13. Le pays développe, à cet effet, des alliances privilégiées, telles un tremplin pour acquérir le statut de puissance mondiale qu’il revendique. Dans ce contexte, la France se présente comme un partenaire stratégique en raison de son influence dans le monde (membre permanent du Conseil de Sécurité, membre du G7, état influent de l’Union européenne, participation active aux grands débats mondiaux au sein de multiples instances de régulation (OCDE, FMI, etc.).

Une coopération scientifique de plus en plus structurée

Les partenariats entre les organismes de recherche des deux pays portent notamment sur la biodiversité amazonienne, le génome, les mathématiques fondamentales et appliquées, les changements climatiques, les sciences sociales et humaines[76]. Les programmes de technologies innovantes connaissent un important développement. Plus de 2600 Brésiliens étudient dans les universités françaises et 825 dans les « grandes écoles ». La coopération franco-brésilienne dans le domaine universitaire est basée sur des accords spécifiques :

- le COFECUB[77], Comité Français d’Évaluation de la Coopération Universitaire et Scientifique avec le Brésil représente un outil majeur des échanges universitaires. L’accord CAPES-COFECUB existe depuis 1979 : ce programme vise à la formation et au perfectionnement de jeunes universitaires et chercheurs. Il totalise actuellement 130 projets, concerne une cinquantaine d’institutions d’enseignement supérieur de part et d’autre et fait état de 1 500 docteurs brésiliens diplômés et 300 côté français, ainsi que de milliers d’articles scientifiques, des livres, des films et des colloques. Il permet le renforcement, voire la création, de formation Master et Doctorat, tout en resserrant liens scientifiques et liens institutionnels. Depuis 1994, l’accord USP-COFECUB, apporte un soutien à des recherches conjointes entre scientifiques confirmés de l’université de São Paulo.

- Le collège doctoral franco-brésilien existe depuis 2005. Ses objectifs principaux sont la mobilité étudiante, l’appui à des codirections et cotutelles, le développement de la coopération scientifique entre groupes de recherche, la promotion de l’excellence scientifique, universitaire et culturelle de la France à l’étranger. L’accent est donc mis sur la co-diplômation perçue comme l’un des axes d’une relation académique fructueuse. Actuellement, le consortium compte 80 établissements brésiliens et 61 français et offre quelques dizaines de bourses par an.

- Le Centre franco-brésilien sur la biodiversité amazonienne (CFBBA) a été créé au printemps 2009. Il a pour objectif de renforcer les liens scientifiques er technologiques de la France et du Brésil sur l’Amazonie en incitant au développement de projets de recherche conjoints et en fournissant des études et propositions de mécanismes opérationnels de conservation et utilisation durable des ressources amazoniennes. Des accords relatifs à la coopération sur le développement durable du biome amazonien et la création du Centre franco-brésilien de la biodiversité amazonienne ont été signés en 2009, positionnant les Français aux côtés des Brésiliens dans le domaine stratégique des questions climatiques. Ce que confirme la création d’un groupe de travail conjoint afin d’aboutir à une position concertée à Copenhague.

Les perspectives décentralisées et transfrontalières du partenariat stratégique 

Le partenariat stratégique signifie que le dialogue entre les deux pays doit être soutenu ; le dialogue a été initié dès 1995 par la volonté, déjà annoncée, de la France d’établir un « nouveau partenariat » politique avec le Brésil. Les visites au plus haut niveau n’ont cessé de se multiplier depuis[78]. Dans ce cadre, l’Année du Brésil en France, dont la visite du Président Lula a constitué le point d’orgue, a permis d’accroître encore les contacts au niveau ministériel. Organisé avec le Sommet UE-Brésil du 22 décembre, dernier sommet de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, le Sommet France-Brésil du 23 décembre 2008 à Rio de Janeiro a également été l’occasion de la signature d’un plan d’action ambitieux dans le cadre du partenariat stratégique. Depuis ce Sommet du 23 décembre, les relations franco-brésiliennes ont pris une consistance exceptionnelle, marquée par un dialogue politique renforcé pour la préparation du G20 de Londres et du G8/G14 de L’Aquila (avant lequel les Présidents Sarkozy et Lula ont publié une tribune commune dans la presse internationale) et dans la perspective du sommet du G20 de Pittsburgh en septembre 2009 et de la conférence de Copenhague en novembre 2009. Parallèlement, l’Année de la France, lancée au Brésil par les deux ministres de la Culture le 21 avril 2009 à Rio de Janeiro, permet à son tour d’intensifier les échanges entre les deux pays, et notamment de présenter aux Brésiliens tout le spectre de la coopération de la France avec le Brésil : d’un point de vue culturel, mais aussi économique, scientifique, concernant la technologie, le débat d’idées, l’environnement, le sport, etc.

Enfin, la récente visite d’État du Président Sarkozy à l’occasion de la fête nationale brésilienne, le 7 septembre 2009, a été couronnée de succès. Cinquième en huit mois, cette rencontre marque une nouvelle étape, après une séquence des plus fournies, dans une relation politique faite pour durer ; le partenariat stratégique s’en est trouvé une nouvelle fois renforcé et élargi. Aussi, la relation franco-brésilienne devrait-elle continuer à se densifier au fil des grandes échéances mondiales et du rythme du travail en commun réalisé dans le cadre d’un dialogue politique inédit.

Ces discussions autant que le partenariat sont axées, par ailleurs, autour de thèmes privilégiés et prioritaires tels que la promotion des principes démocratiques et des droits de l’Homme, le renforcement du droit international et du multilatéralisme, la promotion du développement et le respect de la justice sociale, la défense de la paix et de la sécurité, mais aussi l’attachement à la non-prolifération des armes de destruction massive et au désarmement, la protection de l’environnement et de la diversité culturelle. Sans rentrer dans tous les détails et subtilités des échanges et relations politiques franco-brésiliens, nous nous attacherons simplement ici à quelques domaines liés à des points d’actualité. C’est le cas, entre autres, de la défense. La coopération dans ce secteur connaît, en effet, des développements importants, caractérisés par la cession de matériel militaire (porte-avions Foch en 2000, avions Mirage en 2005) dont l’actualité la plus récente concerne les négociations autour des sous-marins nucléaires et de la vente de l’avion français de combat Rafale, bien positionné face à Saab son concurrent suédois. Sont ainsi en jeu des transferts directs de technologie que l’entreprise française Dassault est prête à concéder.

Autre point-clé, la coopération France-Brésil comporte un important volet transfrontalier original, lié aux 790 km de frontière commune entre la France et le Brésil au niveau de la Guyane. Dans ce cadre, les deux Présidents, qui se sont notamment rencontrés le 12 février 2008 à Saint Georges de l’Oyapock, sur leur frontière commune, ont marqué leur volonté de développer le partenariat stratégique dans ses dimensions transfrontalière, bilatérale et internationale. Un pont est alors jeté de chaque côté de la frontière sur le fleuve Oyapock dont la construction, approuvée par les parlements respectifs, a débuté en juillet 2009. L’ouvrage facilitera alors la liaison routière Cayenne-Macapá et favorisera l’insertion de la Guyane dans son environnement régional, donnant lieu à de nouveaux accords de coopération notamment sur les plans policier, commercial et social. Cette coopération permet d’apporter des réponses aux préoccupations de chaque partie, liées aux différents risques frontaliers (immigration clandestine, sécurité, mouche de la carambole, etc.), d’encourager les échanges humains et commerciaux (éducation, circulation) et de développer la région amazonienne dans le respect des populations locales et d’un environnement exceptionnel. Suite à la présence marquée du Président français à Manaus pour la rencontre des pays amazoniens en novembre 2009, Nicolas Sarkozy et Lula da Silva ont décidé d’œuvrer ensemble pour sauver le sommet de Copenhague de décembre 2009, face à l’alliance des états-Unis et de la Chine, considérés comme les principaux pollueurs et connus pour les réticences à prendre des engagements concrets et durables en matière d’environnement. En ce sens, le Français Nicolas Sarkozy se fait amazonien et, accompagné de son homologue brésilien, tous deux font, conjointement, de l’environnement leur cheval de bataille sur la scène internationale.

Dans ce contexte, les relations franco-brésiliennes, notamment transfrontalières, font porter l’accent sur la gestion des aires protégées et les études conjointes de la biodiversité. Outre le très récent centre franco-brésilien de la biodiversité, des projets de jumelage des parcs naturels ont vu le jour, sur la frontière commune entre la Guyane et l’état d’Amapá, mais également dans le cadre de la coopération décentralisée. Officialisé en Guyane le 12 février 2008, ce type de coopération, jumelant villes, parcs naturels et régions, fait l’objet d’initiatives depuis la fin des années 1980. Développant fortement son volet environnemental, la coopération décentralisée encadre des accords comme celui de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur) avec l’état de São Paulo, celui de Rhône-Alpes avec le Paraná ou celui du Nord-Pas-de-Calais avec le Minas Gerais. Appuyant ce dynamisme, une exposition relative aux mosaïques d’aires protégées (programme franco-brésilien de coopération bilatérale entre le MMA-Ambassade de France au Brésil et le MAEE/DAECL) parcourt différentes régions françaises et brésiliennes, en même temps qu’elle a été mise en ligne sur le site de la Fédération des Parcs naturels Régionaux de France[79].

Les nouveaux enjeux de la coopération franco-brésilienne en Afrique

Ce type de coopération croisée, représente un nouvel axe d’une relation renforcée France-Brésil qui prend la forme d’une coopération trilatérale aussi récente que stratégique mais qui s’établit pourtant sur un fond d’échanges atlantiques entre la France, le Brésil et l’Afrique ancien et divers. Sans revenir sur les heures sombres du commerce triangulaire, les liens noués alors n’ont cessé de se renouveler et de se réinventer sous de multiples formes, qu’elles soient économiques, politiques, culturelles ou scientifiques. Ainsi les travaux de sociologues tels que Roger Bastide ou Pierre Verger illustrent à merveille ce que pourrait être une relation trilatérale intense basée sur des échanges multiples et divers. Roger Bastide (1898-1974) consacra ses recherches à « découvrir l’Afrique au Brésil » portant le concept d’ « Amériques noires », bientôt rejoint par le photographe et ethnologue Pierre Verger (1902-1996). Ces précurseurs de la recherche afro-américaniste en France[80] donnèrent une identité propre aux religions afro-brésiliennes : c’est l’Afrique que les deux hommes observent depuis le Brésil ; de même, leur pérégrination africaine[81] s’apparente à la quête d’un certain Brésil. D’une manière qui peut paraître anecdotique quoique révélatrice, ils mettent en exergue les potentialités des entrelacs des relations profondes, à la fois anciennes et rénovées unissant la France, le Brésil et l’Afrique.

Le Brésil, qui compterait la deuxième population noire dans le monde après le Nigéria, demeure marqué du sceau de l’apport du continent africain. Au-delà de cet aspect purement démographique, l’Afrique, est aussi pour le Brésil tout un héritage ; le pays revendique désormais ses racines africaines, en les plaçant au cœur de son identité nationale. Il promeut et protège les survivances et manifestations culturelles africaines, il reconnaît un statut spécifique aux quilombola[82], Sa participation au Festival Mondial des Arts Nègres[83] est très remarquée, tout comme la mise en place, à partir de 1974, d’un ambitieux programme de coopération culturelle, etc. Le Président Lula déclare, en 2003, à Maputo, au Mozambique : « Le Brésil a l’obligation morale, politique et éthique de faire ce qu’il fait pour le continent africain (…). L’Afrique a fait de nous ce que nous sommes ». Derrière ce discours éthique, se cachent également des intérêts pragmatiques et politiques. L’Afrique offre au Brésil la possibilité d’exercer son influence sur les pays les moins avancés, en revendiquant d’en être le porte-parole dans les instances dont ils sont exclus, et d’ainsi espérer trouver sa place parmi les Grands, en se plaçant en position de leader des pays émergents. Les calculs économiques, enfin, ne sont pas absents et le marché africain ne manque pas d’intérêt pour les investisseurs brésiliens, notamment dans les secteurs des infrastructures, de l’agriculture et de l’agro-industrie, mais aussi des mines.

De son côté, la France entretient avec les pays africains des « relations familiales ou sentimentales où la rationalité est difficile à percevoir »[84]. La logique traditionnelle des relations franco-africaines consistait à favoriser le bilatéralisme dans un contexte d’exclusivité francophone. Ce type de politique paternaliste a souvent été critiqué, parfois taxé de « néo-colonialisme ». En quête d’un nouveau souffle dans sa coopération avec l’Afrique, la France amorce, à partir du début des années 2000, de nouvelles tendances, affichant sa volonté d’ouverture hors du champ classique et de favoriser le multilatéralisme. La priorité francophone cède la place à la notion de « zones de solidarité prioritaires », la question de l’aide au développement devient plus prégnante et rejoint le souhait brésilien de s’impliquer dans les questions socio-économiques africaines.

Le Brésil comme la France souhaitent donc à la fois renouveler et élargir leurs influences sur le continent africain. Les deux pays conjuguent leurs efforts et mènent une politique africaine de coopération fondée sur la stratégie du partenariat.

L’effort commun se concentre sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités, la défense de la justice sociale et du développement durable par la mise en œuvre de mécanismes innovants de financement, tel le programme Unitaid : amorcé en juin 2006, il a pour mission de contribuer à faciliter l’accès des populations des pays en développement aux traitements contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose en réduisant le prix des médicaments et des moyens de diagnostic de qualité. Outre cela, la coopération proprement franco-brésilienne donne lieu à des missions conjointes dans un pays africain tiers. Après une première expérience en demi-teinte en Guinée-Bissau (2005), deux autres accords ont été récemment signés avec deux autres États africains. En décembre 2008, un premier projet relatif à l’agriculture familiale a été mis en place au Mozambique. Un autre programme d’appui à la pisciculture a vu le jour au Cameroun, en février 2009. Sa réalisation est confiée au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement et à l’Université de l’État de São Paulo.

Dans les questions actuelles, celle des biocombustibles, pour lesquels les deux pays disposent de technologies compétitives – éthanol pour le Brésil, biodiesel pour la France – demeure un autre point central de l’aide à destination de l’Afrique. Dans leur dernière déclaration de septembre 2009, les Présidents Lula et Sarkozy affirment de nouveau leur attachement à la question des biocarburants et décident de lancer « un dialogue approfondi portant sur l’échange d’informations sur les marchés, la coopération technologique, la coopération conjointe (…) et la concertation dans des forums internationaux ». Reste à savoir dans quelle mesure ce projet sera mis à exécution et s’il ne s’agit pas seulement de pieuses déclarations d’intention.

Le constat de la perte d’influence de la France sur l’échiquier mondial est un sujet de préoccupation de la diplomatie française. Il alimente des rapports officiels soulignant l’évidence de la disparition du pays de la scène internationale[85] : « Le monde avance et ne nous attend pas… la vision prospective semble manquer aux experts »… Malgré la volonté réitérée de partenariat, il est souvent dit que la France ne met pas suffisamment de moyens au service de la coopération et, plus grave encore, se trouve largement absente de la conquête d’un bon nombre de nouveaux marchés en expansion que sont les domaines de la santé, de l’environnement, de l’administration, de la recherche.

Comme les experts le font remarquer, des bribes de stratégie ne forment pas une politique… Et on déplore le fait que la France ne dispose pas assez de think tank capables de produire des recommandations opérationnelles (Tenzer, 2008), ni d’institutions souples et adaptées aux changements de priorités d’un pays émergent tel que le Brésil qui, avec sa jeunesse, sa créativité et le foisonnement de ses dispositifs s’impose comme un allié de choix dans un monde en mutation. Ce géant de l’hémisphère sud impulsera-t-il un effet d’entraînement suffisant pour faire évoluer les structures et dynamiques de l’ancien monde ?

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« Visite d’Etat au Brésil du Président de la République française Nicolas Sarkozy. Déclaration conjointe. Brasília, 6 et 7-09-2009 » ( (3-04-2010).

Document: Germany and Brazil: Brazil’s representation of bilateral relations (2009-2010)

Nota nº 111 (Itamaraty)

The Vice-Chancellor and Foreign Minister of Germany, Guido Westerwelle, to visit Brazil - Brasília, São Paulo and Rio de Janeiro, March 9 to 12, 2010

09/03/2010

The Vice-Federal Chancellor (Vice-Prime Minister) and Foreign Minister of Germany, Guido Westerwelle, is visiting Brazil from March 9 to 12, 2010, accompanied by a delegation of parliament members and businesspeople.

On March 10, in Brasília, Minister Westerwelle will hold a meeting with Minister Celso Amorim. They will discuss the strengthening of the Brazil-Germany Strategic Partnership, focusing on trade, economic, scientific and technological cooperation. They will also assess their respective regional outlooks and discuss issues of common interest in the international agenda, such as the reform of international organizations, disarmament and climate change. Minister Westerwelle will also be received by the Minister of Development, Industry and Foreign Trade, Miguel Jorge.

On March 11, in São Paulo, Minister Westerwelle will visit Siemens Brazil and meet with the President of the Brazil-Germany Chamber of Foreign Commerce.

On March 12, in Rio de Janeiro, the German Minister will visit Eletrobrás and hold a meeting with representatives of the organizing committees of the 2014 World Cup and of the 2016 Olympic Games. He will also be received by Governor Sérgio Cabral.

Trade exchange between Brazil and Germany increased from US$7.3 billion, in 2003, to US$20.9 billion, in 2008 - an expansion of 185%. There are more than 1,200 German companies established in Brazil, corresponding to the largest industrial park of German origin outside Germany.



India, Brazil, Germany, Japan seek UNSC expansion

25/09/2010

India, Brazil, Germany and Japan (collectively known as G4 nations) have reiterated the need for urgent reform of the Security Council, including expansion of permanent and non-permanent membership, to make it more responsive to 21st century realities.

The call was made after a meeting on Friday of the foreign ministers of G4 countries, including Indian External Affairs Minister S.M. Krishna, on the margins of the UN General Assembly, to exchange views on Security Council reform.

India ready to discuss all issues with Pak: Krishna

The ministers also sought an 'improvement in the Council's working methods, in order to render the body more representative, legitimate, effective and responsive to the realities of the international community in the 21st century,' the group said in a joint press statement.

The group noted with satisfaction the overwhelming support among member states for expansion of both categories of membership in the Security Council, including developing and developed countries.

While reiterating their support for each other's candidatures as aspiring new permanent members, they reconfirmed their view of the importance of Africa to be represented in permanent membership, in an enlarged Council. They also reconfirmed the need for additional non-permanent members.

The Ministers welcomed the commencement of negotiations based on the text requested by more than 140 Member States in the 64th session of the General Assembly, the statement said.

They also expressed satisfaction with General Assembly decision 64/568 to immediately continue intergovernmental negotiations on the basis of the second revision of the universally requested negotiation text, in the informal plenary of the 65th session of General Assembly.

Krishna, Qureshi have chance encounter at UN parking lot

They also committed themselves to continue to participate actively in these negotiations, with a view to achieving concrete results on Security Council reform during the current session.

The G4 countries reaffirmed their readiness to reach out to other countries and to work in close cooperation with them towards this goal, the joint statement said.



Nota nº 419 (Itamaraty)

27th Brazil-Germany Economic Meeting and 36th Brazil-Germany Joint Commission on Economic Cooperation - Vitória, Espírito Santo - August 31 and September 1, 2009

28/08/2009

The 27th Brazil-Germany Economic Meeting and the 36th Meeting of the Brazil-Germany Joint Commission will be held in Vitória, in the state of Espírito Santo, on August 31 and September 1, 2009.

The Governor of Espírito Santo, Paulo Hartung, accompanied by high officials, will open the Economic Meeting on Monday, August 31, with the Minister of Economics and Technology of Germany and the President of the Federation of German Industries (BDI).

The closing ceremony of the meeting, on September 1, will be attended by President Luiz Inácio Lula da Silva.

The main theme of the meeting will be "growth and employment". Businesspeople and governmental representatives will discuss the following issues: a) enhancement of bilateral economic cooperation; b) outlooks for the Brazilian energy market (for fossil and renewable energy); c) infrastructure investment opportunities in Brazil; and d) preparation for the 2014 World Cup, with particular emphasis on logistics and infrastructure.

The 36th Meeting of the Brazil-Germany Joint Commission on Economic Cooperation will be held on September 1. The Brazilian and the German governmental delegations will be respectively headed by the Secretary General of External Relations, Ambassador Samuel Pinheiro Guimarães, and by the State Secretary of the Ministry of Economics and Technology, Bernd Pfaffenbach. Opportunities to expand economic and trade relations between the two countries will be discussed.

Germany is the sixth largest investor in Brazil, with a volume over US$17 billion. Brazil is Germany's largest economic partner in Latin America. The German market is the fifth destination for Brazilian exports (US$8.85 billion - FOB). Trade between Brazil and Germany has doubled in the last four years, surpassing US$20.87 billion in 2008.



Documents: Brazil-United Kingdom: Brazilian official perspective

(2008-2010)

Brazil-UK trade on upward curve

23 September 2010

A High-Level Economic Dialogue meeting took place in Brasília on 21 September between Brazilian and British delegations led, respectively, by Ambassador Pedro Luiz Carneiro de Mendonça, Under-Secretary General for Economics and Technological Affairs in the Brazilian foreign ministry, and Nick Baird, Director General for Europe and Globalization at the Foreign and Commonwealth Office.

The Economic Dialogue meetings are an initiative dating back to President Lula's state visit to the UK in 2006, and have taken place annually since then. Their purpose is to further strengthen UK-Brazil economic and financial relations both in a bilateral and multilateral context.

The current trend is certainly positive, with Brazil having increased its total exports to the UK between January and August this year ($2.78bn) by 18% in relation to the same period in 2009. Exports of aircraft and sugar made a significant contribution to the overall increase. British exports to Brazil ($2.03bn), meanwhile, rose by an impressive 67%, with cars and steel tubes accounting for much of the increase.

The issues discussed at the Economic Dialogue meeting included the G20, the reform of international financial institutions, financial regulation, the Doha Round of world trade negotiations, EU-Mercosur trade, and the Millennium Development Goals.

Brazil and UK launch cultural partnership programme

20 November 2009

The Brazilian Ministry of Culture and the UK Department for Culture, Media and Sport, with Arts Council England and the British Council, have announced the first phase of a new cultural knowledge exchange programme between the two countries.

Points of Contact will entail reciprocal learning visits between arts organisations, policy makers and funders in the two countries: there will be a learning visit to Brazil in March 2010 and a reciprocal visit to the UK in July, followed by a seminar in London in September that will discuss issues arising from the visits and explore what has been learned. A report will then be published by People's Palace Projects, an arts organisation based at Queen Mary, University of London.

The Brazilian Ministry of Culture and People’s Palace Projects are currently identifying potential participant arts organisations in Brazil and the UK.

It is hoped that Points of Contact will be the beginning of an ongoing cultural exchange programme.

Brazilian government delegation concludes successful visit to London

06 November 2009

President Lula this week made a successful two-day visit to London with a delegation including chief of staff Dilma Rousseff, finance minister Guido Mantega, social communication minister Franklin Martins, central bank governor Henrique Meirelles and deputy foreign minister Antonio Patriota.

On 4 November he went to the City of London to inaugurate the first overseas office of the Brazilian Development Bank (BNDES), aimed at attracting increased foreign investment to Brazil and supporting Brazilian companies abroad.

He then met British prime minister Gordon Brown at 10 Downing Street, where discussions included the global financial situation and issues related to the UN climate change summit in Copenhagen in December. Also at Downing Street, Mr Patriota and UK Olympics minister Tessa Jowell signed an Olympics cooperation document (Rio de Janeiro, recently chosen to host the 2016 Olympics, is keen to learn from London’s experiences as host city in 2012).

On 5 November President Lula and his delegation participated in the half-day Financial Times Investing in Brazil Summit, after which the President had an audience with the Queen at Buckingham Palace. In the evening he received the Chatham House Prize 2009 in a ceremony at the Banqueting House, Whitehall. The prize is awarded annually to the statesperson deemed to have made the most significant contribution to the improvement of international relations in the previous year.

The President’s engagements in London also included a meeting with Conservative Party leader David Cameron.

Gordon Brown visits Brazil

26 March 2009

Meeting today in Brasília ahead of next week’s G20 summit in London, President Luiz Inácio Lula da Silva and Prime Minister Gordon Brown said in a joint statement that 'protectionist policies would only serve to deepen the global recession'.

The two leaders expressed the hope that international action would be taken at the G20 to ‘restore global demand through concerted and coordinated fiscal and monetary policy action’, and to ‘set in train fundamental reforms to strengthen regulation of the financial sector’.

They declared their commitment to a ‘successful, ambitious and balanced’ outcome to the Doha Round of world trade negotiations, and to minimising the impact of the financial crisis on developing countries.

Brown reiterated the UK’s support for Brazil's bid to become a permanent member of the UN Security Council. The two leaders agreed on the urgency of UN reform, and on the importance of widening participation in other international institutions, such as the IMF and World Bank, in order to make them ‘more legitimate, representative and effective’.

Brazil and the UK also agreed to continue working closely on sporting links, particularly given the possibility of both countries hosting the Olympic Games and the World Cup in the next nine years. (Brazil will host the 2014 World Cup and Rio de Janeiro is bidding for the 2016 Olympics; London will host the 2012 Olympics and England is bidding for the 2018 World Cup.)

São Paulo to host JETCO meeting

28 August 2008

The third meeting of the UK-Brazil Joint Economic and Trade Committee (JETCO) will be taking place in São Paulo on Monday 1 September.

Established in 2006 following President Lula’s state visit to the UK, JETCO aims to increase the scope for business and trade between the two countries.

The São Paulo meeting will analyse the work carried out over last twelve months and also discuss new projects. It will be attended by the UK’s Secretary of State for Business, Enterprise and Regulatory Reform, John Hutton; Brazil’s Minister for Development, Industry and Foreign Trade, Miguel Jorge; the British Ambassador to Brazil, Peter Collecott; and representatives from UK Trade and Investment (UKTI), Brazil’s export-promotion agency APEX, and the public and private sectors of both countries.

Brazil is the UK’s principal commercial partner in Latin America. Total bilateral trade in 2007 was US$5.3bn, an increase of more than 32% in comparison with 2005, and over the first seven months (Jan-July) of 2008 it reached US$3.44bn, suggesting that the upward trend is set to continue.

Sources: APEX, Embassy of Brazil in London and Ministry of External Relations

Document: Brazil-United Kingdom: Bilateral Trade 2009

In 2009 the United Kingdom was Brazil's seventh trading partner in terms of exports and thirteenth in terms of imports.

From 1999 to 2009, Brazilian exports to the United Kingdom grew by 230.7% in total. In 2009, even taking into consideration the recent world financial and economic crisis, exports fell by just -1.72%. Brazilian imports from the United Kingdom have shown big increases in recent years, an increase of almost 38%, in 2007, was followed by a similar increase of just over 30%, in 2008. For 2009 there was a decline of almost -6% also mostly due to the recent world financial and economical crisis. The balance of trade, apart from in 1998, has shown a surplus for Brazil. In 2009, the surplus of over $1.3 billion is the third highest ever achieved.

Brazilian exports to the United Kingdom are diversified, even though raw materials and semi-manufactured products have always figured as important items. Manufactured products of a higher aggregated value are beginning to have more weight. Brazilian imports from the United Kingdom are predominantly centered on factors of production and capital goods.

Brazil-United Kingdom, balance of trade 1999-2009 (US$ fob) [pic]

Source:

Main Brazilian exports to the United Kingdom, 2009 (US$ fob) source: SECEX

|Gold, in semi‐manufactured forms, non monetary |682.173.479 |

|Iron ore and concentrates |356.742.383 |

|Crude petroleum oils |330.814.796 |

|Soya beans and residues |261.341.273 |

|Footwear |179.438.783 |

|Bovine meat preparations, prepared or preserved |157.555.341 |

|Oil‐cake & residues from the extraction of soya‐bean oil |157.483.239 |

|Aeroplanes and other aircraft |89.709.929 |

|Paper and board |85.874.372 |

|Tobacco, non manufactured |84.408.199 |

|Other products |1.340.997.385 |

|Total |3.726.539.179 |

Main Brazilian imports from the United Kingdom, 2009 (US$ fob) source: SECEX

|Insecticides, herbicides & similar products |246.821.542 |

|Medicinal & pharmaceutical products |189.390.974 |

|Tubes of iron or steel |157.022.131 |

|Kerosene for aviation |140.861.785 |

|Heterocyclic compounds, its salts & sulphonamides |113.961.834 |

|Motor vehicles for the transport of passengers |91.262.845 |

|Radioactive chemical elements & isotopes |79.532.982 |

|Whisky |72.306.096 |

|Professional, scientific, controlling instruments |62.931.074 |

|Potassium Chloride |53.995.069 |

|Other products |1.199.906.149 |

|Total  |2.407.992.481 |

Documents: Russia and Brazil: BRIC and “Strategic Alliance”

1945, April 2: Brazil and the USSR established diplomatic relations

Cold War: Brazil maintained a neutral, but distant, relationship with the Soviet Union. Commercial trade and cooperation agreements of minimal importance.

1997, November 21: Brazil-Russia Cooperation Treaty.

2001: a high-level committee headed by the former Vice-President of Brazil, Marco Maciel, and the Prime minister of Russia, Mikhail Kasyanov, established several long-term bilateral treaties, initiating a strategic partnership between the two countries, and creating the Brazilian-Russian Governmental Commission.

2003, September: Brazil-Russia Military Technology and Transfer Pact, agreement in the area of space technology, missile defense, and military weapons transfer.

2004, November 22: Vladimir Putin in Brazil.

2005, October 18: Lula in Moscow.

2005, October 18: Brazil-Russia Strategic Alliance, signed by the presidents of Brazil and the Russian Federation. Also agreement that made possible for the Brazilian Space Agency to send the first Brazilian astronaut, Marcos Pontes, into space aboard Soyuz TMA-8.

2008, November 26: Dmitry Medvedev in Brazil: agreements on visa exemption and cooperation in the aerospace, nuclear and defense industries.

2010: Second BRIC summit in Brasilia.

BRIC develops into powerful decision-making force - Medvedev

Russian President Dmitry Medvedev at Brazil, Russia, India and China leaders' summit

16/04/2010 (RIA Novosti)

The BRIC (Brazil, Russia, India, China) group is gradually becoming a global force capable of making concrete decisions, Russian President Dmitry Medvedev said on Friday.

The leaders of the four leading emerging powers have gathered in the Brazilian capital to discuss ways to improve of the current global economic and political situation and strengthen their cooperation.

"The BRIC format is becoming fully-developed. It allows us not only to coordinate our efforts but also to make concrete decisions," Medvedev told a news conference after the summit.

Medvedev said that although the summit had been scaled back due to a devastating earthquake in China, which forced Chinese President Hu Jintao to go home earlier than planned, the leaders managed to discuss a wide range of political and economic issues on the global agenda.

In a six-page joint statement, the four increasingly influential countries praised the key role of the G20 group of leading world economies in efforts to overcome the global financial crisis and urged a broader use of local currencies in global and regional trade.

The document also includes the BRIC group's consolidated position on energy security, climate changes and the fight against terrorism.

The countries agreed to hold the next BRIC summit in China in 2011.

Brazilian President to visit Russia May 13-14

10/05/2010 (RIA Novosti). Dmitry Astakhov

Brazilian President Luiz Inacio Lula da Silva will pay an official visit to Russia May 13-14, the presidential press service said.

The Brazilian leader is set to discuss bilateral cooperation, including as part of international organizations, as well as urgent issues on the international agenda.

The BRIC group comprising Brazil, Russia, India and China held a summit in the Brazilian capital in mid-April. Russian President Dmitry Medvedev attended it. He said after the summit that BRIC is gradually becoming a global force capable of making concrete decisions.

Russia, Brazil gravitate closer together

May 12, 2010 Moscow Time

This country’s oldest and biggest economic partner in the Western Hemisphere is Brazil. The current annual trade with it is at about 7 billion dollars, and as many as ten billion are in the sights as the two countries mull joint projects in oil and gas, nuclear power, nanotechnology and aerospace. This, and also cooperation within the BRIC group of Brazil, Russia, India and China, dominates the agenda of a Moscow visit by the Brazilian President Luiz Inacio Lula da Silva on Thursday and Friday. The leading Latin America expert at the Russian Academy of Sciences Professor Vladimir Davydov singles out the most promising cooperation fields: "After Brazil procured Russian helicopters, it became clear that Russia is making a breakthrough into Latin America’s arms market and can successfully compete there with the Unites States and Europe. Russian companies can also bring their capital, technologies and know-how to projects to develop offshore oil and gas in Brazil. One more field is aerospace, in which both countries are established powers. "

Brazil is also likely to join India, China, Iran and two other countries in receiving Russian assistance on nuclear electricity projects. The visit by the Brazilian President is to produce an agreement for Russia to build a nuclear power plant in Brazil. Russia already holds the world record for the number of countries in which it builds nuclear electricity stations. The Russian and the Brazilian Presidents are also to discuss the role of BRIC in ending the global crisis, bringing forward peace in the Middle East, restoring stability to Afghanistan and resolving the nuclear disagreements with Iran.



Russia, Brazil hold talks on delivery of air defense systems

Topic: Brazilian president's visit to Russia

14/05/2010 (RIA Novosti). Vladimir Rodionov

Russia and Brazil are negotiating a deal for the delivery of unspecified air defense systems to the Latin American country, a Russian government official said on Friday.

"We are considering any system in general terms," said Mikhail Dmitriyev, head of the Federal Service for Military-Technical Cooperation.

"We don't mind what they agree to buy. It could be Tor systems," he added.

The talks are being held in the framework of the Russian-Brazilian joint trade commission.



Russia, Brazil forge strategic partnership

2010-05-14 English. by Igor Serebryany

MOSCOW, May 14 (Xinhua) -- Russian and Brazilian presidents Dmitry Medvedev and Luiz Inacio Lula da Silva finished their two-day talks here Friday during which they discussed a wide range of bilateral deals and international relations, news agencies reported.

Lula, who arrived in Moscow Thursday, met with his Russian counterpart Medvedev for the second time in a month after a summit of the BRIC nations in Brasilia in April.

Trade on the decline, relations on the rise

Russia and Brazil signed a "strategic partnership plan" that embraced programs covering agriculture, military cooperation and humanitarian issues, the two presidents told reporters during a joint press conference Friday.

In particular, Moscow and Brazilia will create a working group to prepare a scheme of payments between the two countries in their national currencies.

The two leaders also signed agreements on co-operation in the areas of international information and communication security, as well as on protection of intellectual property copyright.

The two countries adopted a program of scientific and technical co-operation for 2010-2012. Within this agreement, Brazil could join the Russian-designed GLONASS satellite global navigation system, the analog competitor of the U.S.-designed GPS.

Separately, the leaders promised to make travel for their respective nationals visa-free effective from June 7, thus completing a process of easing visa requirements started a year and a half ago.

Visa-free travel is expected to enhance the business climate in both countries, as will the direct Moscow-Rio de Janeiro regular commercial flights due to commence in 2011 by Russia's Transaero Airways.

Local experts said Russia currently had a negative trade balance with Brazil. In 2008, Russian exports amounted to 2 billion U.S. dollars while imports stood at 4.7 billion dollars.

Russian Prime Minister Vladimir Putin, who also took part in the talks with Lula, said, due to the global crisis, trade between the two countries declined last year. However, he said, "in general, our relations are on the rise."

International Affairs

Medvedev used the talks as an opportunity to stress once again his country's position on various international problems, mainly on the nuclear program that Iran has been developing.

"The international community has little division concerning Iran's nuclear program. The approaches to the issue have been shared with the majority of states," Medvedev told Friday's joint press conference.

He believed the Iranian nuclear program should have solely peaceful purposes, must be verified by the International Atomic Energy Agency (IAEA) and Iran must cooperate with the international community and follow the rules of nuclear technology's non-proliferation.

"If these conditions are met, we don't mind if Iran will take its place among the countries which conduct their own nuclear research," he said.

According to Medvedev, the group of six states mediating on the issue has a "consolidated position".

Moscow enjoys "deep, serious, mutually profitable relations" with Tehran and Russia "feels her responsibility" because of it, he said.

Lula said he would try to use all his power of persuasion during his upcoming visit to Tehran to elicit future dialogue.

The tension between Iran and the international community reignited after Iran's nuclear agency formally informed the IAEA that the country had started enriching uranium itself.

The United States and other Western countries suspect Iran of developing nuclear weapons under the guise of a civilian nuclear energy program and are seeking new sanctions following Iran's move to enrich uranium to 20 percent. Iran, however, has denied all such charges and has repeatedly said that its new program is solely for peaceful purposes.

Editor: Mu Xuequan

Russia, Brazil presidents discuss cooperation, trade

2010-05-14 English.

MOSCOW, May 14 (Xinhua) -- The presidents of Russia and Brazil touched upon a wide range of bilateral issues during their two-day talks in the Kremlin, Russian media reported Friday.

Brazilian President Luiz Inacio Lula da Silva arrived in Moscow Thursday, meeting with his Russian counterpart Dmitry Medvedev for the second time in a month after a summit of the BRIC nations in Brasilia in April.

The two leaders exchanged views on cooperation in the economy, trade, aviation and high-technology; and possible breakthroughs could be expected in these fields, the RIA Novosti news agency reported.

Moscow promised to sell Russian anti-aircraft missiles to Brazil, and Russia was interested in assembling Brazilian-designed Emb-145 aircraft on its own soil, a Kremlin spokesman said.

Lula called it "a regrettable flaw" that until now there was no direct commercial flights between the two countries. His remarks received immediate response from the CEO of Russia's Transaero airlines, who promised to add a direct route between Moscow and Rio de Janeiro in the second half of 2011.

Lula also invited Russian companies to invest in Brazil in the development of raw materials, oil extraction, ship building and energy sector.

Both countries were also interested in development of nuclear energy plants, information security, and in humanitarian and cultural exchange.

The two sides, meanwhile, planned to bring bilateral trade, which amounted to 4.6 billion U.S. dollars in 2009, to 10 billion dollars "in the upcoming years", said the Brazilian leader when attending a Russian-Brazilian business forum held Friday.

Russia, Brazil hold talks on delivery of air defense systems

14/05/2010 (RIA Novosti) Vladimir Rodionov

Russia and Brazil are negotiating a deal for the delivery of unspecified air defense systems to the Latin American country, a Russian government official said on Friday.

"We are considering any system in general terms," said Mikhail Dmitriyev, head of the Federal Service for Military-Technical Cooperation.

"We don't mind what they agree to buy. It could be Tor systems," he added.

The talks are being held in the framework of the Russian-Brazilian joint trade commission.

[pic][pic][pic][pic][pic][pic][pic][pic][pic][pic][pic][pic][pic][pic][pic]

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[1]. Traduction du portugais : David Yann Chaigne (davidyannchaigne@.br)

[2]. Extraits du discours de prise de fonction du ministre des Affaires étrangères Luiz Felipe Lampreia (1995, 20-23).

[3]. Ce groupe ne correspond pas exactement à la norme libérale orthodoxe que l’on peut rencontrer dans d’autres pays de la région. Malgré l’affaiblissement du modèle de croissance basé sur la substitution des importations, le succès de la croissance économique brésilienne à partir de ce modèle a permis le développement de secteurs industriels forts et stables, ce qui a eu pour conséquence d’assurer une forte continuité de la politique d’industrialisation d’un gouvernement à l’autre.

[4]. Nous soulignons.

[5]. Cf. Villa (2004).

[6]. Canesin (2009) est une dissertation fort intéressante sur le winset de la Commission dans les négociations relatives à la Politique agricole commune à l’OMC.

[7]. En ce qui concerne le Mercosul, les institutionnalistes pragmatiques le considèrent comme un instrument destiné à augmenter les gains du pays en termes économiques en privilégiant l’intégration économique. Dans cette perspective, il s’est avéré important de préserver un régionalisme ouvert afin de ne pas gêner les relations avec d’autres partenaires et l’institutionnalisation du bloc n’a pas été considérée nécessaire au-delà de ce qui pouvait augmenter la capacité du bloc à produire des bénéfices.

[8]. « Le Brésil a toujours défendu la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États… Mais la non-intervention ne peut pas signifier le manque d’intérêt. En d’autres termes, le principe de non-ingérence doit être vu à la lumière d’un autre principe, basé sur la solidarité : celui de la non-indifférence. » (Amorim, 2005).

[9]. Cf. Commission (2007).

[10]. A term coined in 2003 by Goldman Sachs for the rapidly emerging economies of Brazil, Russia, India and China, South Africa.

[11]. The Communication from the Commission to the Council and the European Parliament, “A stronger partnership between the EU and Latin America - COM(2005) 636 - sets the ground for a stronger partnership with the Latin America region.

[12].The "Unión de Naciones Suramericanas" (UNASUR) was formally established at a Summit in Venezuela in April 2007.

[13]. At the end of 2004 38% of EU capital investment stocks in Latin America were located in Brazil (Eurostat Yearbook 2006).

[14]. Brazil’s growth was under 3.7% in 2006.

[15]. Energy, environment, science and technology, maritime transport, social policy, regional policy.

[16]. Les importations néerlandaises de biens et donc le déficit commercial sont surestimés en raison de «l’effet Rotterdam», selon lequel les marchandises destinées au reste de l’Union arrivent et sont enregistrées dans les statistiques harmonisées du commerce de l’UE dans les ports néerlandais. Cette situation a ainsi un effet positif sur les soldes des échanges commerciaux avec le Brésil pour les États membres vers lesquels les marchandises sont réexportées, car ces transferts sont enregistrés comme des échanges intra-UE avec les Pays-Bas et non comme des échanges extra-UE avec le Brésil. Dans une moindre mesure, les chiffres des échanges commerciaux belges sont également surestimés.

[17]. Les matières brutes incluent les peaux et fourrures d'animaux, les graines oléagineuses, le caoutchouc, le bois, la pâte à papier, les fibres textiles, les minéraux, le minerai de fer et les graisses et huiles animales.

Les machines et véhicules incluent les machines productrices d'énergie et les machines industrielles, les ordinateurs, les composants et équipements électriques et électroniques, les véhicules routiers et leurs pièces détachées, les navires, les avions et les équipements ferroviaires.

Les autres articles manufacturés incluent les ouvrages en cuir, en caoutchouc et en bois, le papier, les textiles, les métaux, les équipements pour bâtiments, les meubles, les vêtements, les chaussures et accessoires, les instruments scientifiques, les horloges, les montres et les appareils photographiques.

[18]. Extrait du discours prononcé lors de la 59e session de l’Assemblée générale de l’ONU, New York, 21-09-2004. 13-03-2010.

[19]. Le G-20 commercial, formé par des pays en développement ne doit pas être confondu avec le G-20 financier créé en 1999. Le G-20 commercial est une réponse directe au texte conjoint des États-Unis et de l’Union européenne sur l’agriculture présenté en août 2003 et étant trop protectionniste dans le domaine agricole selon les PED. Le 2 septembre, le Brésil propose un autre cadre de travail, et obtient 20 signatures. Avec l’arrivée de la Chine, le groupe rassemble les puissances émergentes du monde en développement, en particulier l’Argentine, l’Afrique du Sud, le Brésil et l’Inde. Il représente 69% des paysans du monde et presque la moitié de la population mondiale, et devient donc une menace crédible de bloquer le consensus. Il a réussi à réunir des candidats très divers notamment les pays importateurs et les pays exportateurs de nourriture, les puissants du Sud avec les plus petits et fragiles. Le G.20 n’est pas seulement un groupe de blocage mais a aussi adopté une stratégie proactive. Il propose plus de coupures radicales dans les subventions domestiques des pays développés sur les produits agricoles. Pays membres : Afrique du Sud, Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Chine, Cuba, égypte, Inde, Indonésie, Mexique, Nigeria, Pakistan, Paraguay, Philippines, Thaïlande, Tanzanie, Venezuela et Zimbabwe.

[20]. Les accords économiques sont des traités internationaux visant généralement à libéraliser les échanges des biens et des services entre les signataires. Ils peuvent être bilatéraux ou multilatéraux, cette deuxième catégorie incluant les accords régionaux et interrégionaux. Le terme d’accord commercial sera ici utilisé comme synonyme, les accords sur les investissements ou la propriété intellectuelle ne faisant pas partie de la présente analyse.

[21]. Le Mercosur, en espagnol et en français et Mercosul en portugais, désigne la communauté économique des pays de l'Amérique du Sud et signifie littéralement « Marché commun du Sud »/ Les pays membres du Mercosur sont l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, le Venezuela est dans le processus d’adhésion et d’autres pays sont dits associés : Bolivie et Chili.

[22]. Les pays en développement (PED) ne sont absolument pas homogènes, la définition la plus simple fait référence à tous les états ne faisant pas partie des pays développés. En général les PED sont identifiés par des performances économiques inférieures à celles des pays les plus riches en termes de revenus par habitant (la Banque mondiale situe le seuil à 10065 dollars par habitant par an en 2004). On peut également ajouter que le terme renvoie à un positionnement sur la scène internationale, les PED étant ceux aspirant à une meilleure intégration dans les instances multilatérales afin d’améliorer leur participation aux décisions mondiales. Cette définition reste une ébauche d’une réflexion en cours.

[23]. étant donné l’accent mis sur la diplomatie commerciale par le biais du Mercosur, les relations économiques avec la Chine et les États-Unis ne sont pas abordées faute d’accords existants entre le Mercosur et ces acteurs et ce malgré leur importance pour le Brésil comme nous le montrerons au cours de l’article. Le but premier de ce travail est de comparer la stratégie brésilienne dans la signature d’accords avec l’Union européenne et avec des pays en développement, comme reflet des orientations prises par le président Lula en politique extérieure.

[24]. Le Mercosur a également signé un accord avec un autre partenaire non-traditionnel, Israël, signé en décembre 2007 et entré en vigueur en décembre 2009. Ce cas n’a pas été retenu car Israël n’est pas considéré comme un pays en développement (classification généralement effectuée par diverses organisations internationales).

[25]. Les membres de la SACU sont : Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Namibie, et Swaziland.

[26]. Cf. introduction.

[27]. Le projet ALCA a notamment échoué face aux résistances du Mercosur et du Venezuela à l’ouverture de certains secteurs de leurs économies (industries, services) sans concessions faites de la part des États-Unis dans le domaine agricole. Sur cette idée voir : Pedro da Motta Veiga, « Política comercial no Brasil : características, condicionantes domésticos e policy-making », in Marcos Sawaya Jank, Simão Davi Silber, (dir.), Políticas comerciais comparadas. Desempenho e modelos organizacionais, São Paulo, Ed Singular, 2007 et Alfredo C. Jr Robles, « EU FTA Negociations with SADC and Mercosur : integration into the world economy or market access for EU firms ? », Third World Quarterly, 29(1), 2008.

[28]. (5-03-2010).

[29]. La politique agricole commune (PAC) est la plus ancienne et la plus importante des politiques communes de l’UE (40,9 % du budget européen en 2008, soit les dépenses relatives au marché et les aides directes). Créée par le traité de Rome en 1957, elle a été mise en place en 1962.

[30]. Cláudia Ishitani Kimito, Parceria estratégica Brasil-China: convergências, divergências e perspectivas, Thèse de Master, Institut diplomatique du Rio Branco, 2005.

[31]. Maria Regina Soares de Lima, « A política externa brasileira e os desafios da cooperação Sul-Sul », Revista brasileira de política internacional, 48(1), 2005, p.31.

[32]. Avant la création de l’OMC, les négociations commerciales se déroulaient pendant des cycles durant lesquels les différents États négociaient la libéralisation du commerce, notamment dans le domaine industriel. Le dernier cycle fut celui de l’Uruguay (1986-1994) qui a donné naissance à l’OMC.

[33]. La signature d’accords n’est pas la phase finale, le processus de ces traités étant sujet à forte controverse au sein du Congrès américain, leur concrétisation s’en trouve parfois ralentie comme dans le cas de la Colombie.

[34]. C’est ce type d’accord que l’UE a signé avec le Mexique en 2000 et avec le Chili en 2002 et est en train de négocier avec la Communauté andine des Nations (CAN) et le Marché commun d’Amérique centrale depuis 2006 avec des vicissitudes souvent liées à des disputes entre les pays latino-américains.

[35]. Cf. 16-03-2010.

[36]. Consulter « Um olhar árabe sobre o Brasil Império », ANBA, 23 octobre 2007 et « Mercosul retoma negociação de acordos com árabes », ANBA, 18 septembre 2008.

[37]. Les pays du Golfe sont parmi les plus grands concurrents de l’industrie pétrochimique, domaine qu’ils ont développé dans le cadre de la diversification de leur économie de la manne pétrolière. Cf. « Golfo é prioridade para o Mercosul », ANBA, 5-09-2007 et « GCC e Mercosul pretendem finalizar acordo este ano », ANBA, 31-03- 2009.

[38]. Voir « Nova geografia comercial », O Globo, 26-01-2004 et « A aliança Índia-Brasil-África do Sul », Valor Econômico, 15-09-2006.

[39]. Cf. 14-03-2010.

[40]. Pedro da Motta Veiga, « Brazil’s Trade Policy: Moving Away from Old Paradigms », in Lael Brainard, Leonardo Martinez-Diaz, (dir.), Brazil as an Economic Superpower ? Understanding Brazil’s Changing Role in the Global Economy, Washington D.C. : Brookings Institution Press, ca 2007 et Lia PereiraValls, Os acordos comerciais do Mercosul-SACU e Mercosul-Índia : uma avaliação geral na pespectiva brasileira, Sage Publication, 2005.

[41]. Aline Amorim de Almeida, Influencia do conhecimento de outras culturas como diferencial competitivo para o êxito das exportações brasileiras : o caso Brasil-Índia, Thèse de MBA, Université FAAP (São Paulo), 2006.

[42]. Honorio Kume, Guida Piani, Pedro Miranda, Índia-Mercosur : Perspectivas de um acordo de preferências comerciais, Texte de discussion de l’Institut de recherche économique appliquée (IPEA, Rio), n°1120, 10-2005.

[43]. Par communauté internationale, nous entendons toutes les personnes ou entités brésiliennes ayant des liens avec l’international : les politiques, les chefs d’entreprise, les dirigeants d’association, les universitaires, etc.

[44]. Miriam Gomes Saraiva, Vicente Palermo, « O Brasil no segundo mandato de Lula », Relações Internacionais, vol.13, mars 2007.

[45]. Dans le cadre de la Guerre froide, cela signifiait un rapprochement avec les non-alignés et des pays du bloc soviétique. Le PT se définit comme un parti démocratique, de masse et d’inspiration socialiste. 14-03-2010.

[46]. Sebastião Velasco e Cruz, Ana Maria Stuart, « Cambiando el rumbo : la política exterior del gobierno de Lula », in Alavarez, Carlos, (dir.), La Argentina de Kirchner y el Brasil de Lula, Buenos Aires, Prometeo Libros, 2003.

[47]. Sans compter la visite prévue en 2010: 14-03-2010. Egalement : Paulo Fagundes Vizentini, Relações internacionais do Brasil. De Vargas a Lula, São Paulo, Fundação Perseu Abramo, 3a ed., 2008.

[48]. Calculs effectués à partir de 13-09-2010.

[49]. élodie Brun, « Las relaciones entre América Latina y África : ¿ potenciales o ilusorias ? », Document de projet de la CEPAL, février 2009.

[50]. « La Chine est devenue le premier partenaire commercial du Brésil », Le Monde, 8 mai 2009.

[51]. « La grande revanche des pays du Sud », Le Monde, 23 septembre 2007.

[52]. Voir 16-03-2010.

[53]. Voir 16-03-2010.

[54]. « Estado actual y perspectivas de las relaciones económicas entre la Unión Europea y América Latina y el Caribe », Document de travail du SELA SP/RR-REUE-ALC/Di n°1-06, février 2006.

[55]. Le terme opinion publique renvoie donc ici à la « communauté internationale » du Brésil et non à la population brésilienne dans son ensemble.

[56]. Amaury de Souza, A agenda internacional do Brasil. A política externa de FHC a Lula, Rio de Janeiro, Elsevier/CEBRI, 2009.

[57]. Voir Pedro da Motta Veiga, « Política comercial no Brasil : características, condicionantes domésticos e policy-making », in Jank, Marcos Sawaya, Silber, Simão Davi, (dir.), Políticas comerciais comparadas. Desempenho e modelos organizacionais, São Paulo, Ed Singular, 2007.

[58]. Lorenzo Fioramonti, Arlo Poletti, « Facing the Giant : Southern perspectives on the European Union », Third World Quarterly, 29(1), 2008, p.173.

[59]. L’étude d’Amaury de Souza montre aussi que la priorité pour les interviewés restent les États-Unis, l’Argentine et la Chine. Il convient aussi de souligner que leur intérêt pour le Sud-Sud se limite souvent aux pays émergents et non à tous les pays en développement.

[60]. La dernière visite d’un chef d’État français au Pérou date de 1964 avec le voyage de Général de Gaulle.

[61]. C’est dans cette perspective que l’UE tente de négocier le plus possible avec d’autres ensembles régionaux en Amérique latine, sauf si les pays ne sont membres d’aucun.

[62]. Article initialement publié dans la revue Politique Étrangère, 2 : 2010, Paris, IFRI.

[63]. L’indépendance du Brésil a été acquise en 1822, sans guerre, proclamée par le fils du roi du Portugal qui institua pour 65 ans, un Empire sous les Tropiques fait d’un mélange de rites français et de coutumes brésiliennes.

[64]. Le Brésil avec 8,5 millions de km2 représente plus de 16 fois la superficie de la France.

[65]. Mission artistique et scientifique française de 1816 avec Jean Baptiste Debret, Grandjean de Montigny, Nicolas-Antoine de Taunay, Augustin de Saint-Hilaire dont les travaux font date.

[66]. Le syncrétisme (Bastide), le tropicalisme (Cendrars) ou le front pionnier (Monbeig), le Brésil enseigne la soumission des sociétés humaines à la nature et la révision des notions de temps et d’espace. Voir les ouvrages fondateurs de Jacques Lambert, 1952, Charles Morazé, 1954, Claude Lévi-Strauss, 1955. Cf. aussi Denis Rolland, La crise du modèle français, Marianne et l’Amérique latine, Paris, L’Harmattan, rééd. 2010.

[67]. Les lycées français ont été respectivement créés : à Rio de Janeiro en 1916, à São Paulo en 1925 et à Brasilia en 1984.

[68]. L’Amérique latine représente près de 7% des cessions de titres français effectuées entre 2003 et 2007. à lui seul, le Brésil réalise 4,5% des cessions de droits de titres français. Sur les pays d’Amérique latine, les sciences humaines ont le plus de succès et représentent 37% des cessions de droits, suivies à parts relativement égales par la littérature (17,4%) et la jeunesse (16,8%).

[69]. à l’exemple de l’Unicamp, université de Campinas (SP) créée en 1966 qui comporte des formations de 3e cycle de science et technologie.

[70]. En 2006, on comptait 1 775 étudiants brésiliens dans tous les cycles universitaires français, selon les données ministérielles. D’autre part, l’offre d’études sur le Brésil proposées en France n’est pas étendue : à peine 10 départements de civilisation portugaise et brésilienne en France et une seule chaire d’histoire du Brésil – menacée - à la Sorbonne. Le nombre des échanges entre élèves-ingénieurs des grandes écoles et étudiants des formations universitaire en ingénierie s’amplifie atteignant 823 en 2009 avec trois fois plus de Brésiliens que de Français.

[71]. UCCIFE, Dossier Spécial Brésil, n°72, 10-2008 ( Francemondexpress.fr/IMG/pdf/dossier_bresil.pdf).

[72]. Selon le Boston Consulting Group, « The New Global Challengers », juin 2006, douze entreprises brésiliennes sont considérées comme des « futures stars mondiales ». Outre les précédentes citées : Natura.

[73]. Notons la vente de quatre sous-marins Scorpène, le développement de la partie non-nucléaire d’un futur sous-marin nucléaire d’attaque brésilien et d’une base de sous-marins, ainsi qu’un important contrat portant sur les hélicoptères et des promesses dans le domaine spatial et dans le nucléaire civil.

[74]. Saint-Gobain compte une vingtaine d’implantations.

[75]. MAEE, évaluation de la coopération française avec le Brésil (1997-2006) : vers un partenariat stratégique. Rapport définitif, janvier 2008. Saint-Germain-en-Laye, SERES, 2008, p. 13.

[76]. Les actions de coopération s’appuient sur la mobilisation d’experts scientifiques, les deux pays favorisent et formalisent les partenariats et échanges entre instituts de recherche, tels le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (Cirad), l’Institut Pasteur, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), le Centre Nationale de la Recherche Scientifique (CNRS), bâtissent d’importants projets de recherche avec leurs homologues brésiliens : l’Agence Brésilienne de Développement (ABC), l’Embrapa (Entreprise Brésilienne de Recherche Agronomique), la FioCruz (Fondation Oswaldo Cruz, équivalent brésilien de l’Institut Pasteur) ainsi que les universités.

[77]. .

[78]. Visite d’État du Président Cardoso (mai 1996), visite au Brésil du Président Chirac (mars 1997), rencontre des deux Présidents en Guyane (novembre 1997) et au Sommet de Rio (juin 1999), visite du Président Cardoso à Paris en octobre 2001, visite en France du Président Lula da Silva (janvier 2003), entretiens entre les Présidents Chirac et Lula en marge des 58e et 59e Assemblées générales des Nations unies (septembre 2003 et 2004) et du Sommet de Guadalajara (mai 2004), entretiens fréquents entre les ministres des Affaires étrangères, visite en France du Président Lula da Silva du 12 au 15 juillet 2005.

[79]. .

[80]. Le Candomblé de Bahia (1958) ou Les religions africaines au Brésil (1960) figurent parmi les écrits majeurs de Roger Bastide. Quant à Pierre Verger, lui-même initié au candomblé, il laisse un essai (agrémenté de quelque 180 photographies) intitulé Dieux d’Afrique (1954) où il compare les rites du culte vaudou du Dahomey, du Nigéria et du Brésil.

[81]. En 1958, Pierre Verger organise pour Roger Bastide un voyage incluant plusieurs pays de l’Afrique occidentale.

[82]. Les quilombolas définies par la Constitution de 1988, assurent, à l’instar des Amérindiens, des terres aux descendants d’esclaves marrons constitués en communautés rémanentes. Le Brésil compte, actuellement, quelques 1 200 communautés rémanentes de quilombos officiellement reconnues.

[83]. Créé en 1966, sous l’égide de Léopold Sedar Senghor, le Festival Mondial des Arts Nègres constitue un événement majeur dans la promotion des cultures africaines en général et de la négritude en particulier. Son objectif est ainsi de « 6Y`ÁÃÄÆø N Y Z èÔÀ¬›ŠyfPfP=-=hOKÈ5?6?OJQJ\?mH sH %hDq2hOKÈ5?6?OJQJ\?mH sH +hš

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[86]. Anatole Ayissi, « Une perception africaine de la politique étrangère de la France », Annuaire Français des Relations Internationales, vol. I, 2000, pp. 373-389, in Adjovi, Roland, AFRI 2001, vol. II, « La politique africaine de la France », 2001 ( 3-04-2010).

[87]. Cf. Nicolas Tenzer, Quand la France disparaît du monde, Paris, Grasset, 2008.

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