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Commémoration du centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918Extraits d’un journal tenu par Adrien Burgard maire de Wihr-au-Val de 1911 à 1919. Les textes datent de 1918. Certains étaient écrits en allemand, d’autres en fran?ais. La traduction et la mise en forme de ces extraits, lus à l’occasion de la commémoration du centenaire de l’armistice le 11 novembre 2018, a été faite par Thierry Meyer et son fils Alexis. Thierry Meyer, arrière-petit-fils de l’auteur du journal et Martin Gugg, Bavarois d’origine, ont lu les archives suivantes devant le monument aux morts de Wihr-au-Val.Dimanche 11 novembre 2018 centenaire de la grande guerre 1914/1918Les cloches de notre église n’ont pas sonné pour annoncer l’armistice le 11 novembre 1918, et pour cause, elles avaient été réquisitionnées en 1917 pour être fondues et transformée en munitions. Mais les habitants de Wihr-au-Val n’eurent pas besoin d’elles pour apprendre la grande nouvelle. Nous allons essayer en quelques minutes, de vous donner une image de ce qu’était cette fin de guerre ici à Wihr-au-Val en nous appuyant sur des témoignages et archives qui sont parvenus jusqu’à nous. Situation dans la vallée de Munster:Après la bataille du Linge en 1915, il n’y a plus d’action offensive en Alsace et dans la vallée, où la ligne de front se stabilise du Linge au Hilsenfirst passant par Soultzeren, Stosswihr, le Reichackerkopf , Muhlbach et Metzeral. Le front est stable mais pas inerte, la guerre continue avec ses morts et ses blessés durant quatre ans.L’armée allemande a bétonné ses positions un peu partout dans nos montagnes. Elle a même créé un verrou défensif fait de barbelés et de casemates en partie encore visibles aujourd’hui, du Honack au Staufenkopf, par Walbach, pour bloquer une éventuelle percée fran?aise. Entre Mittlach tenu par les Fran?ais et Gunsbach par les Allemands, la vallée est zone de combats et pour ainsi dire morte et désertée de presque tous ses habitants qui ont été évacués, soit par les Fran?ais vers les Vosges soit par les Allemands vers la plaine et même outre Rhin, au hasard des avancées et des replis. A Munster, vidée de sa population, la plupart des maisons et b?timents sont bombardés et tombent en ruines.Wihr-au-Val, comme Gunsbach, est une base arrière allemande, des soldats y sont cantonnés en permanence et beaucoup de matériel y transite.Notre village est proche du front?: on y entend non seulement régulièrement le grondement des canons durant toute la guerre, mais on reste également sous la portée de l’artillerie lourde fran?aise dont les obus viennent parfois s’abattre à proximité. Cette situation donne lieu à un contr?le des accès à notre village et il faut des laissez-passer pour se rendre vers Colmar ou en venir. Pour les habitants du village, mais aussi pour l’immense majorité des alsaciens et des habitants de l’Empire, la guerre n’a que trop duré et le déficit alimentaire perdure depuis 2 ans?: tous attendent sinon la paix, au moins la fin des combats et une meilleure situation.Reprenons le cours des évènements dans notre village de fin octobre à début décembre 1918, suivant le journal que nous a laissé le Maire de l’époque, Adrien Burgard?:Mardi 29 octobre 1918: Des pourparlers et des perspectives de paix s’intensifient.Mais toutes sortes de rumeurs circulent également?: le Kaiser aurait abdiqué et des soldats noirs viendraient occuper l’Alsace.Jeudi 31 octobre 1918: Réunion d’un comité de dommage de guerre à Colmar, mon épouse m’a accompagné.Vendredi 1er Novembre, Toussaint. Capitulation de la Turquie.Le soir à 9h moins le quart, feu roulant d’artillerie du Kahlenwasen (le Petit Ballon) au Sattel. Lundi 4 Novembre 1918?: Capitulation de l’AutricheSamedi 9 Novembre 1918?: le Kaiser a abdiqué.Lundi 11 novembre. Saint Martin.Dans la nuit du 10 au 11 vers minuit, l’Armistice a été signé. Les Fran?ais ont tiré jusqu’à 11 heure du soir avec de l’artillerie lourde et des obus sont tombés entre Gunsbach et Wihr. Armistice aujourd’hui à 11h55. Gilbert et le médecin militaire, en cantonnement chez nous, sont partis à 3h du matin.En soirée, des fusées éclairantes ont été tirées du Gaschney jusqu’à Wihr. Les soldats chantent et les enfants crient ??Vive la France??.Mardi 12 novembre:Le soir à 6h, 19 prisonniers fran?ais viennent de Colmar où ils ont été libérés, je les amène chez Xavier Peter (Actuellement maison Rosenzwey) pour la nuit. Mercredi 13 novembre: Des soldats s’en vont. Des trains avec des prisonniers fran?ais roulent vers Munster.La 12eme et 14eme Division bavaroise d’Infanterie de la Landwehr s’en vont ce matin.Vendredi 15 novembre: Avec Isidore Kornmann, Schubert et Straub, nous nous sommes rendus à l’Altenberg.Dimanche 17 novembre:Aujourd’hui à 10h du matin un Colonel, dénommé Costier, du 263ème Régiment d’Artillerie se présente en auto et me fait demander pour pouvoir cantonner un régiment d’artillerie dans le village. Vers midi heure fran?aise les troupes fran?aises commencent à défiler dans la direction de Walbach. Après le passage d’un régiment de chasseurs, la musique joue la Marseillaise sur la place du village. L’enthousiasme est indescriptible chez les habitants.Un général, nommé Messimy, passant en auto accompagné d’autres officiers me fait demander et me fait part qu’il est très ému de la réception faite par le premier village en descendant de Munster et qu’il en gardera un éternel souvenir. Il me recommanda entre autre de ne pas griser ses hommes, je lui ai répondu qu’un petit abus n’était que de circonstance. Jeunes filles et soldats se promènent par le village drapeaux et musique en tête. Nous avons deux capitaines et un lieutenant en logement?; de Vilmejane, de Ribains et de Bastard.Lundi 18 novembre?:Réception à Colmar pour l’entrée des troupes fran?aisesDimanche 24 novembre?:Le général Goybet me rend visite. Il avait perdu un fils tombé le dimanche 19 ao?t 1914 à Wihr-au-Val.Mardi 26 novembre?: Mon fils Jean est de retour.Jeudi 28 novembre?:Cantonnement de troupes d’artillerie de la 162ème Division et 263ème Régiment d’Artillerie Batterie 42-43. Le Colonel Costier loge chez Xavier Peter, de Bastard et de Vilméjane chez moi.Lundi 2 décembre?:Les troupes arrivées le 28 novembre repartent aujourd’hui.Jeudi 5 décembre 1918?:Je suis allé à Colmar avec Isidore Kornmann pour changer les pièces de monnaies allemandes.Vendredi 6 décembre?:Une Section d’Artillerie de Montage de Chasseurs Alpins arrive en cantonnement.Mardi 10 décembre?:Messieurs Poincaré et Clémenceau viennent à Colmar, des feux de joie sont allumés partout sur les hauteurs. M. Poincaré était accompagné du général Foch du maréchal Joffre du gouverneur de Castelnau et Pétain, de M. Deschanel et d’une suite nombreuse, ainsi que du général américain Pershing et de nombreux ambassadeurs.Mariages de guerreRevenons un peu en arrière, le 8 novembre 1918, à Wihr-au-Val, Xavier Vogel, un alsacien originaire de Gundolsheim, épouse Clémentine Bachmann de Wihr, ils ont 23 ans tous les deux, lui était soldat allemand en cantonnement à Wihr et engagé au H?rnleskopf, au Schratzm?nnle et alentours au sein d’un Schallmesstrupp, qui avait pour fonction de mesurer le son des tirs pour chercher à localiser leurs origines et permettre la contre-batterie. C’est la guerre qui les a fait se rencontrer. Pour le mariage il a eu 3 jours de permission, du 8 au 11 novembre 1918. L’armistice fut leur plus beau cadeau de mariage. Le lendemain 12 novembre, les mariés entreprirent leur voyage de noces improvisé, sur les hauteurs de Soultzeren, pour visiter les premières lignes fran?aises, lui le soldat allemand, rencontra ses adversaires de la veille. Son épouse se vit offrir par les chasseurs alpins fran?ais une miche de pain blanc qu’elle rapporta au village comme symbole de la fin de la guerre et de ses privations?: un avenir nouveau pouvait être envisagé.D’autres mariages ont eu lieu pendant ce conflit et dans l’immédiat après-guerre?: ainsi Jean Panzer a épousé Eugénie Cadé, il était Bavarois, mais personne n’y trouvait à redire. Comme Xavier Vogel il était en cantonnement à Wihr-au-Val et y est resté. D’autres, rentrés du front de l’Est ou de l’Ouest, ont pu reprendre leurs activités, mais beaucoup ne sont pas revenus, ce monument en témoigne, et certaines dans l’attente d’un retour improbable ne se marièrent jamais, comme Anna Kempf dont le fiancé Jean Stiley est tombé dès novembre 1914, elle avait 24 ans. Les nations se sont divisées, les ?tats se sont déclaré la guerre et les individus dans tout cela ont essayé de faire et parfois de refaire leurs vies. ................
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