Les politiques d’échanges et le paradoxe de Leontief



Les politiques d’échanges et le paradoxe de Leontief

1. Le paradoxe de Leontief

Leontief a testé le modèle Heckscher-Ohlin sur la balance des exportations américaines. Il a mesuré les quantités de facteurs (capital et travail) utilisées pour produire 1 unité de chaque exportation américaine.

Il a additionné la quantité totale de capital (Kx)et la quantité totale de travail (Lx) présentes dans les exportations et a répété la même démarche pour les importations (Km et Lm).

Les USA étant un pays réputé comme riche en capital, on s’attendrait à Kx/Lx > Km/Lm

Paradoxe: il résulta de l’expérience que les USA étaient exportateurs nets de biens et/ou de services riches en facteur travail !

CONCLUSION : Leontief a omis un facteur, le facteur du capital humain. En fait, les USA exportaient des biens et/ou des services nécessitant du travail hautement qualifié ou des compétences particulières dont ne disposaient pas (ou moins) les partenaires économiques des USA.

• La valeur ajoutée de ces exportations nous vient de ce travail hautement qualifié

• La productivité accrue par travailleur rend ces biens et/ou services plus compétitifs

2. Les surplus du consommateur et du producteur

Le surplus du consommateur part de l’idée qu’un certain nombre de consommateurs sont prêts à payer plus cher que le prix donné pour obtenir le bien.

Le surplus du producteur suit la même logique (coté producteur).

3. Politiques d’échanges

On va dire que les entreprises agissent conformément à un cas de concurrence parfaite.

Un droit de douane est une taxe qu’un pays prélève sur ses importations. On en distingue 2 types :

• Droit de douane ad valorem. Il est formulé en pourcentage de la valeur du bien: (1+t) x Pw

• Droit de douane spécifique. Ce dernier est déterminé par les unités importées (il reste fixe).

Le cas d’un petit pays

L’appellation « petit pays » signifie que ce dernier ne peut pas influencer les prix des biens sur le marché mondial; offre et demande trop faibles… Il n’influence les prix qu’au niveau local.

Analyse d’un équilibre partiel

L’équilibre partiel implique que nous nous concentrions sur l’analyse d’un seul bien. Notre petit pays prélève un droit de douane sur ce bien, ce qui va immédiatement augmenter son prix (mais pas le prix mondial du bien).

La figure ci-contre représente la demande d’un pays pour ce bien et son offre domestique pour ce bien. L’offre de ce bien est croissante car elle représente le coût marginal croissant (un haut niveau d’output est associé à de hauts coûts marginaux).

• Ligne Pw : elle indique le prix mondial initial (ligne droite car le monde est capable ici de fournir des quantités illimitées, on est dans un petit pays).

• Point K : il représente la quantité fournie par les entreprises locales au prix mondial (considéré comme donné).

Ainsi la quantité demandée à ce prix est plus grande (L); le pays va importer la différence (distance KL).

Avant une éventuelle barrière commerciale à l’importation :

le surplus du producteur domestique est SKPw, le surplus du consommateur est PwLD.

Une fois la barrière commerciale établie, la ligne formée par le prix domestique (Pt) dépendra du tarif :

Pt = (1+t)* Pw

Cependant le prix mondial demeure inchangé. Le consommateur faisant face à un prix plus élevé, il va demander moins (point N).

D’autre part, les producteurs locaux faisant face à des prix plus élevés, il sont capables de produire plus (point M).

Conséquence : les importations vont passer de la distance KL à la distance MN.

Les implications que cela a sur le bien-être sont les suivantes :

1. Le surplus du producteur domestique augmente de SKPw à SMPt (gain de la surface KMPtPw)

2. Le surplus du consommateur diminue de PwLD à PtDN (perte de la surface LNPtPw)

3. Le pays gagne les revenus des taxes douanières (surface 3 sur graphique)

4. Les surfaces 2 et 4 sont perdues : personne n’en bénéficie

Considérant cette perte, la situation économique s’est empirée (et ce en dépit du transfert des consommateurs aux producteurs.

Analyse d’un équilibre général

Les taxes ont augmenté le prix domestique du bien en question. Selon une approche plus générale considérant 2 biens, le prix relatif a changé. Ce changement s’illustre sur le graphique suivant par le passage le la line des prix 1 (sans taxes) à la ligne 2 (avec taxes) ou une taxe est prélevée sur « food ». Comme les consommateurs et les producteurs font face à un nouveau prix relatif, on a 2 ajustements :

1. les producteurs locaux vont produire plus de « food ».

Le PPF (production possibilities frontier) passe de A à B car les entreprises optimisent à nouveau leur production. C.f. Heckscher-Olhin model, micro basics.

2. Les consommateurs optimisent à nouveau leurs choix.

MRS (marginal rate of substitution) = prix relatif. Le consommateur veut obtenir la plus grande utilité en plaçant sa courbe d’indifférence tangente à la droite du nouveau prix relatif. Ce critère est satisfait au point J, ou IC (y1) est tangent à la ligne des prix 2.

Mais pourquoi la ligne des prix 3 et pas la 2, comme selon le modèle d’HO ? 2 raisons :

• On suppose que les revenus des taxes sont « remboursés » au consommateur, ce qui leur permet de consommer à un niveau supérieur que celui de la ligne des prix 2.

• Les consommateurs vont placer leur courbe d’indifférence (IC) tangente à la nouvelle ligne de prix relatifs (3). Il faut également que les dépenses d’importations n’excèdent pas les revenus des exportations évaluées au niveau mondial des prix.

Condition : La valeur de la production + les revenus des taxes = les coûts de consommation

Il y a une 4ème ligne de prix parallèle au niveau mondial des prix (1) et passant par J et par le point de production B. Elle nous confirme la condition susmentionnée (c.f. les consommateurs).

En résumé, la nouvelle courbe d’indifférence doit satisfaire les conditions suivantes :

Les revenus totaux (de la production + des taxes) équivalent les dépenses totales en consommation évaluées aux prix mondial.

Ceci n’est le cas que lorsque a) le point de consommation est la tangente de la courbe d’indifférence par rapport à la nouvelle ligne des prix relatifs et que b) ce point soit sur une ligne passant à travers le point de production.

Graphique ci-contre

Effets de taxes dans l’ « approche générale »

Effets de la taxe :

1. Globalement l’économie du pays s’est empirée (comme montré par la baisse de la courbe d’indifférence (de y0 à y1).

2. la production du bien protégé a augmenté, celle de l’autre bien a diminué (de A à B) : inefficience!

3. la consommation de « food » à baissé pendant que la consommation du bien relativement meilleur marché a augmenté.

4. Les importations ont baissé de KG à JL et les exportations ont baissé de KA à LB.

CONCLUSION : en concurrence parfaite, il n’est jamais optimal pour un petit pays d’imposer une taxe ou de fournir des subsides à l’exportation.

Le cas d’un grand pays et la taxation optimale

Quand un grand pays prélève des taxes sur un bien importé, on a 2 effets immédiats :

1. Le prix relatif du bien importé sur le marché domestique va augmenter.

2. Le prix relatif de ce bien au niveau mondial va chuter.

En effet, les prix étant plus élevés (au niveau domestique) la demande des consommateurs va diminuer. Comme un grand pays influence le prix mondial, la demande mondiale va également diminuer. Donc, la courbe de la demande mondiale va se déplacer sur la gauche. Ceci va amener une réduction du prix relatif du bien importé ou de manière équivalente un croissance relative du prix mondial des exportations du pays (admettant que l’offre mondiale reste inchangée). Les termes de l’échange se sont améliorés pour le pays ayant mis un tarif (une taxe) sur le bien importé.

C.f. : les termes de l’échange = prix des exportations / prix des importations

Depuis que le prix mondial a chuté, le prix local du bien importé a moins augmenté dans le grand pays que dans le petit pays.

Les termes de l’échange améliorés servent à accroître le bien-être. D’autre part, les tarifs (ou taxes) plus élevés vont engendrer des coûts plus élevés pour les consommateurs locaux.

CONCLUSION : plus grand est le tarif, plus grande est la perte en termes d’accroissement des coûts.

Par conséquent, il faut chercher un tarif optimum par lequel le pays peut faire usage de ses gains issus de l’amélioration des termes de l’échange. L’optimum se situera là ou :

le gain marginal des termes de l’échange = le coût marginal du tarif.

L’évolution du bien-être peut être représentée par le graphique suivant, ou le sommet représente le tarif augmentant le plus le bien-être.

À partir de t1, le tarif devient prohibitif et on ne peut plus faire d’échanges; on se retrouve plus bas qu’au départ en termes de bien-être.

Si nous avons un autre grand pays qui a perdu par une diminution de ses termes de l’échange (TOT), il serait bien que ce pays lève des tarifs à l’exportation de notre grand pays. Cela peut aboutir à une guerre tarifaire, de taxation douanière : on va avoir une escalade ou les 2 pays vont augmenter leurs tarifs jusqu’à ce que les deux se retrouvent perdants (Ex : avant la 2ème guerre mondiale).

CONCLUSION : il existe un tarif optimal en concurrence parfaite pour le cas du grand pays. Mais attention à l’enchaînement des hausses de tarifs.

4. Le taux effectif de protection

La protection accordée à une industrie dépend des tarifs et d’autres barrières commerciales tant sur ses inputs que sur ses outputs, dès qu’un tarif sur les inputs augmente les coûts. Quand la différence entre les tarifs sur l’input ou ceux sur l’output est grande, le tarif nominal sur un bien final est un indicateur pauvre en matière de protection réelle. La protection réelle devrait être mesurée par le taux de protection effectif (ERP), montrant la protection accordée à une industrie par la structure entière des tarifs, prenant en compte les effets des tarifs sur les inputs tout comme ceux sur les outputs. C.f. Corden (1966) :

ERPj = ( t - ai ti ) / ( 1 - ai )

t: le tarif nominal sur le produit fini j

ai : le ratio du coût de l’input i importé par rapport au prix du produit fini j en absence de tarifs

ti : le pourcentage de tarif nominal sur l’input importé i

Si la valeur totale des tarifs sur des inputs importables dépasse celle des outputs, l’ERP est négatif, l’industrie est discriminée en comparaison par rapport au produit importé.

EXEMPLE : supposons que 80$ de laine importée aille dans la production domestique d’un veston. Supposons également que le prix de ce veston en libre échange soie de 100$ (ai = 80/100) mais la nation impose un tarif nominal de 10% sur chaque veston importé (t = 0,1).

Considérons différents cas de différents tarifs (ti) sur la laine importée :

Cas 1 : ti = 0 alors ERP = (0,1 – 0,8 x 0) / (1,0 – 0,8) = 0,5

Cas 2 : ti = 0,05 alors ERP = (0,1 – 0,8 x 0,05) / (1,0 – 0,8) = 0,3

Cas 3 : ti = 0,10 alors ERP = (0,1 – 0,8 x 0,1) / (1,0 – 0,8) = 0,1

Cas 4 : ti = 0,20 alors ERP = (0,1 – 0,8 x 0,2) / (1,0 – 0,8) = - 0,3

L’échelonnage des tarifs est une situation dans laquelle

(…) sur les matières premières sont inexistantes ou très basses ;

(…) sur les biens intermédiaires sont modérées ;

(…) sur les produits finis sont relativement hautes.

Le taux de protection effectif (ERP) nous aide à révéler l’effet extrêmement contraire (?) (l’ERP est plus grand que le taux nominal) des tarifs qui s’échelonnent depuis les taux bas des matières premières jusqu’aux taux plus élevés des produits intermédiaires et aux taux encore plus élevés des produit finis. Car c’est en fait ainsi qu’agissent la plupart des pays, en échelonnant les tarifs. Cet échelonnage (en cascade) est observé tant dans les pays développés que dans les pays en développement :

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