CHAPTER 4 : The Labor Market and Determinants of the Wage ...



Report No - Mauritanie 69470

MAURITANIE

Une évaluation du Climat des Investissements

Juin 2007

Région Afrique

Département Secteur Privé et Finances

Programme Régional sur le Développement des Entreprises

|[pic] |[pic] |

Document de la Banque mondiale

_____________________________

REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE – ANNEE FISCALE

1er Janvier – 31 Décembre

Devise

(Taux de Change au 22/06/2007)

| Unité Monétaire: |Ouguiyas |

|1,00 US$ |= 257.05 |

Poids et Mesures

Système Métrique

Abréviations et Acronymes

BCM Banque Centrale de Mauritanie

CAS Country Assistance Strategy

CCIAM Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Mauritanie

CDI Code des Investissements

CUT Coût Unitaire du travail

DB 2007 Rapport Doing business 2007

DRSP II Document Stratégique de Reduction de la Pauvreté II

EE Enquête Entreprise

ENER Entreprise nationale d’entretien routier

FIAS Foreign Investment Advisory Service

FMI Fonds Monétaire International

ICG Indice de competitivite globale

IDE Investissements Directs Etrangers

ILE Indice de Liberté Economique

MEIFP Ministère de l’Emploi, de l’Insertion et de la Formation Professionnelle

OMC Organisation Mondiale du Commerce

Pct Pourcentage

Pct.C Pourcentage en Colonne

Pct.L Pourcentage en Ligne

PESF Programme d'Evaluation du Secteur Financier

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

PPA Parité des Pouvoirs d'Achat

PRGF Poverty Reduction and Growth Facility (IMF)

PTF Productivité totale des facteurs

RDM Rapport sur le Développement dans le monde

RNB Revenu National Brut

SOMELEC Société Mauritanienne d’Electricité

SONELEC Société nationale d'eau et d'électricité

SNIM société nationale industrielle et minière

TCN Taux de Change Nominal

VA Variable

WDI World Development Indicators

Vice Président: Obiageli Ezekwesili

Directeur Pays: James Bond

Directeur Sectoriel: Marilou Uy

Economiste Pays: Nicolas Pontara

Responsable de l'Etude: Jean-Michel N. Marchat

Auteurs

Mouhssine Afifi (FPSD-RPED, Banque Mondiale)

Philippe Alby (Arqade – Toulouse, France)

Mazen Bouri (FPSD-RPED, Banque Mondiale)

George Clarke (FPSD-RPED, DECRG, Banque Mondiale)

Magueye Dia (FPSD-RPED, Banque Mondiale)

Jean-Michel Marchat (FPSD-RPED, Banque Mondiale – Team Leader)

REMERCIEMENTS

Les auteurs de ce rapport tiennent tout d'abord à exprimer tous leurs remerciements à Monsieur Farès Khoury, Président du cabinet "Étude Économique Conseil" à Montréal, pour avoir dirigé l'enquête climat des investissements en Mauritanie ainsi qu'aux membres du cabinet "Étude Économique Conseil" pour avoir amélioré l'instrument d'analyse et aux enquêteurs mauritaniens pour avoir réalisé la collecte des données et avoir persévéré dans leur tâche.

Les auteurs souhaitent aussi exprimer leur profonde gratitude aux représentants des autorités mauritaniennes, aux organisations patronales ainsi qu'aux dirigeants et personnels des 361 entreprises visitées entre Juin et Juillet 2006 en Mauritanie, pour leur coopération et leur patience. En outre, nous tenons à remercier les participants du premier Conseil Présidentiel des Investisseurs en Mauritanie qui s'est tenu en Janvier 2007 à Nouakchott pour leurs commentaires et suggestions.

Enfin, les auteurs de ce rapport remercient Sherri Archondo, Demba Ba, Najy Benhassine, Jasmin Chakeri, Ould Mohamed El Hacen Mohamed El Moctar, François Nankobogo, Nicolas Pontara, François Rantrua, André Ryba, Andrew Stone et Hawa Wague-Cisse pour leur appui précieux, commentaires et suggestions lors des réunions et missions préparatoires de ce rapport.

AVANT-PROPOS

Ces dernières années, la Banque Mondiale a créé divers outils pour analyser le climat des investissements dans les pays membres de l'institution. Les indicateurs dits de Doing Business (DB) et les Enquêtes Entreprises (EE):

• Les indicateurs dits de "Doing Business" se focalisent sur le cadre formel légal au sein duquel opèrent les entreprises. Ces indicateurs, actuellement au nombre de dix, sont disponibles sur une base annuelle pour un grand nombre de pays (175 en 2007) et permettent de comparer les cadres légaux théoriquement appliqués dans divers pays et régions. Les données sont obtenues sur la base d'informations rapportées par les principaux cabinets juridiques de chaque pays couvert.

• Les données collectées au travers des "Enquêtes Entreprises" sont basées sur un questionnaire standardisé qui permet de collecter des informations détaillées sur l'environnement des affaires au sein de chaque pays. Dans chaque pays, l'EE couvre entre 300 et 1500 firmes formelles et informelles sélectionnées sur la base d'échantillons stratifiés aléatoires couvrant toujours les secteurs manufacturiers (agroindustrie, textile et habillement), le commerce et d'autres secteurs. Actuellement, 97 pays ont été couverts par des EE entre 2000 et 2006, dont une grande partie en Afrique.

La série des études d'Evaluation du Climat des Investissements (ECI), à laquelle appartient ce rapport, a pour objet d'analyser en détails l'environnement des affaires au sein de chaque pays, de déterminer les limites au développement des entreprises et à l'augmentation de l'emploi dans le secteur privé. Ce type de rapport intègre des sources de données multiples dont les données d'EE et les indicateurs DB.

RESUME

La Mauritanie a connu ces dernières années des performances macroéconomiques correctes. Cette croissance n’a cependant eu jusqu'à présent qu’une influence modérée sur la pauvreté monétaire, un phénomène essentiellement rural en Mauritanie. La mise en exploitation en 2006 de champs pétroliers devrait toutefois relever substantiellement le sentier de croissance à moyen terme et donc améliorer les perspectives de réduction de la pauvreté. Bien que les revenus pétroliers à venir soient un élément positif, ils constituent aussi un facteur de risque. Nombre de pays ayant fait face à des circonstances similaires n’ont pu, faute de politiques appropriées, bénéficier de retombées positives de long terme.

|Pour le futur, le challenge essentiel auquel est | |

|confronté la Mauritanie est celui de la |L'investissement privé croit plus fortement dans les pays ayant un bon climat |

|diversification des sources de croissance non |des investissements. |

|pétrolières ceci pour permettre de faire face plus |[pic] |

|aisément aux variations des cours des produits |Note. Moyennes pour 1984-2000. L'indice de "Profil d'Investissement" est basé |

|primaires qui constitueront toujours dans un avenir |sur des mesures d'application des contrats, d'expropriation, de rapatriement |

|proche l’essentiel des recettes d’exportation et |des profits et de délais de paiement. Une valeur élevée de l'indice est |

|assurer la croissance continue de l’économie lorsque |associée avec un risque moindre et un meilleur climat des investissements. |

|la production pétrolière commencera à décroître puis | |

|disparaître (aux environs de 2024). Pour parvenir à |Source: World Bank (2005). |

|cet objectif, il est nécessaire que les investisseurs | |

|et les entrepreneurs soient rassurés quant au futur | |

|économique de la Mauritanie et sa | |

capacité à mettre en place un cadre plus favorable au secteur privé formel. Il est maintenant en effet reconnu que le développement du secteur privé requiert une amélioration du "climat des investissements" de manière à promouvoir une croissance économique forte au sein d'une économie de marché et une réduction de la pauvreté. Les expériences comparées de développement indiquent en effet que les pays ayant un climat des investissements favorable ont un taux d'investissement supérieur, ce qui leur permet d'atteindre une croissance plus forte.

L'objet de ce rapport est d'analyser l'environnement des affaires mauritanien dans l'ensemble de ses dimensions et de proposer des politiques permettant de renforcer le secteur privé. Ce document repose en partie sur les résultats d'une Enquête Entreprise réalisée en Juin et Juillet 2006 en Mauritanie. Un échantillon de 237 entreprises formelles et 124 firmes du secteur informel urbain a ainsi été enquête à Nouakchott et Nouadhibou. Le rapport souligne ainsi que les firmes en Mauritanie opèrent au sein d'un environnement macroéconomique actuellement correct mais sont peu productives. La croissance actuelle provient essentiellement du secteur extractif (minerai de fer et maintenant pétrole) et halieutique. En outre, nombre de contraintes sévères demeurent et limitent le développement des firmes en Mauritanie, restreignant ainsi les possibilités de croissance future et de diversification.

Un assez bon cadre macroéconomique mais une productivité faible des firmes.

En dépit de fluctuations fortes, la croissance du PIB Mauritanien a été positive sur la période 1994-2004: aux environs de 3,1 pourcent par an environ. Cette performance est proche de celle des pays d'Afrique subsaharienne mais très inférieure à la croissance moyenne constatée au Moyen Orient et en Afrique du Nord sur la même période. Cette performance, bien que très largement due aux dotations en ressources naturelle du pays, est aussi partiellement explicable par le fait que l’environnement institutionnel de l’économie a connu de profonds changements depuis deux décennies.

Il semble cependant que, malgré le nombre important de mesures prises depuis le début des années quatre-vingt dix, le bilan global des réformes entreprises en faveur du développement du secteur privé reste mitigé, leur impact est encore modeste comme en témoignent les faibles performances des firmes manufacturières.

|L’un des enseignements majeurs de l'EE est que la |Productivité du travail en Mauritanie. (USD par employé). |

|productivité médiane du travail dans le secteur manufacturier|[pic] |

|est assez faible en Mauritanie, même dans le cas d'une | |

|comparaison avec d'autres pays à bas revenus d'Afrique |Coûts unitaires du travail (Pct. de la valeur ajoutée). |

|subsaharienne. Elle reste par exemple inférieure de |[pic] |

|deux-tiers à la valeur observée au Sénégal, pays qui a la | |

|meilleure performance des pays à bas revenus en Afrique | |

|subsaharienne. La productivité du travail en Mauritanie est | |

|aussi toujours inférieure à celle des pays d'Afrique | |

|subsaharienne à revenu intermédiaire comme des pays à revenu | |

|intermédiaire retenus comme comparateurs hors de la région | |

|Afrique. | |

|Cette faible productivité du travail combinée avec un niveau | |

|relativement élevé des rémunérations explique que les CUT | |

|(les coûts salariaux ajustés par la productivité) demeurent | |

|plus élevés que ceux des comparateurs retenus. En d'autres | |

|termes, l'effet négatif d'une faible productivité du facteur | |

|travail n'est pas véritablement compensé par le niveau des | |

|rémunérations, ce qui limite la compétitivité des firmes | |

|Mauritaniennes. Les données indiquent aussi que l'intensité | |

|capitalistique des firmes ainsi que la productivité du | |

|capital sont faibles. | |

A la différence des mesures précédentes, l'indicateur de productivité totale des facteurs (PTF) prend en compte l'utilisation conjointe des facteurs; de fait les différences de PTF sont alors celles qui ne peuvent être expliquées par des différences d'utilisation de capital ou de travail. Ainsi, des entreprises avec une PTF forte seront considérées comme plus efficientes car elles produisent plus avec moins d'intrants et inversement. Les estimations de diverses spécifications de fonctions de production indiquent que la PTF est faible dans les entreprises manufacturières en Mauritanie. En moyenne, la PTF est d'environ 77 pourcent inférieure à celle observée en Afrique du Sud, pays qui a les meilleures performances du continent, environ trois fois inférieure à celle observée au Brésil et deux fois inférieure à celle des firmes au Maroc.

Les divers indicateurs de productivité suggèrent qu'en l'état, l'industrie mauritanienne n'est pas compétitive, la seule exception – dans une certaine mesure – semblant être le secteur des industries de la mer; les entreprises de ce secteur ont des indicateurs de performance meilleurs que dans le reste du secteur manufacturier. Ce constat d'une faible productivité n'est malheureusement pas restreint à l'industrie manufacturière, la productivité dans les autres secteurs de l'économie reste assez faible. Ceci pose le problème des éléments limitant la croissance de la productivité en Mauritanie.

L'environnement des affaires en Mauritanie demeure difficile…

Les résultats de l'EE, synthétisés dans ce rapport, indiquent que le climat des investissements en Mauritanie en 2006 n’est globalement pas favorable au secteur privé, quels que soient les secteurs. La principale contrainte commune au développement des entreprises formelles, telles que perçues par les firmes dans le secteur manufacturier, du commerce et des autres secteurs est l’accès et le coût des financements bancaires. Cette contrainte est la plus communément citée par les entreprises.

Les six principales contraintes des firmes en Mauritanie en 2006.

[pic]

Les diverses contraintes précédemment mentionnées par les entreprises recoupent un certain nombre de problèmes plus globaux liés à l'environnement des affaires en Mauritanie. Pour clarifier l'analyse et tenter de déterminer l'intensité respective des contraintes "majeures" ou "très sévères" dans le secteur formel, l'ensemble des contraintes est regroupé en quatre catégories par ordre d'intensité selon les firmes du secteur manufacturier: marchés des facteurs, corruption, infrastructures et réglementations.

… car les marchés de facteurs connaissent certains dysfonctionnements,…

• Les problèmes de financement, d'accès et de coût des financements bancaires, sont perçus comme la principale barrière à la croissance des entreprises en Mauritanie. Selon les secteurs, entre 38 et 51 pourcent des firmes considèrent l'accès et le coût des financements bancaires comme un obstacle "majeur" ou "très sévère" au développement du secteur privé en Mauritanie.

|Pct. du financement des actifs de long terme au travers du système |Financement des actifs de long terme (Pct). |

|bancaire. |[pic] |

|[pic] | |

En termes comparatifs, la faiblesse observée du recours au système bancaire par les firmes tend à confirmer ces perceptions négatives. Les fonds internes et les bénéfices réinvestis constituent la principale source de financement des entreprises en Mauritanie, qu’il s’agisse des besoins de financement d'actifs de court terme ou de long terme. Ainsi, au sein du groupe de comparateurs retenus, les firmes en Mauritanie ont la plus faible proportion de financement de leurs actifs de long terme au travers du système bancaire. Au niveau sectoriel, l'autofinancement représente de 62 à 83 pourcent de la valeur des actifs de long terme. Les emprunts auprès de la famille sont l'autre grande source de financement des firmes, particulièrement dans le commerce et les microentreprises/firmes informelles.

La faible utilisation du système bancaire par les firmes en Mauritanie peut s'expliquer par le fait que peu de firmes déposent des demandes de financement et qu'in fine une grande part de ces demandes est rejetée, souvent de par l'incapacité des firmes à fournir les garanties exigées par les banques. Ceci suggère que le phénomène à l'œuvre en Mauritanie est un mélange de rationnement du crédit par les banques (fort taux de refus) et d'auto-rationnement des entreprises (forte proportion de firmes ayant besoin de financements s'auto-excluant du marché financier formel).

• Des contraintes fortes demeurent sur le marché du travail formel. Certains problèmes non négligeables demeurent sur le marché du travail formel en Mauritanie comme l'indiquent les données de l'EE et les indicateurs DB 2007.

Il existe une réglementation du marché du travail lourde et coûteuse qui ne permet pas une flexibilité appropriée de ce marché. L'indice de rigidité d'emploi (DB 2007) est extrêmement élevé en Mauritanie, supérieur à la moyenne pour l'Afrique subsaharienne, ce qui souligne que les conditions d'emploi des personnels sont complexes, et comprennent de nombreuses limitations en termes de conditions d'embauche, de durée du travail, et de procédure de licenciements.

On note aussi un manque d'éducation de la force de travail, ainsi qu'un faible développement de formations professionnelles appropriées. La Mauritanie affiche une proportion d'employés sans éducation relativement forte (7,1 pourcent), proche de ce que l’on peut observer au Sénégal. En outre, elle est un des pays qui affiche une proportion d'employés ayant reçu une formation dans le domaine technique les plus faible (12,3 pourcent). Selon les données, environ un quart des firmes manufacturières en Mauritanie fournissent une formation formelle à leurs employés. En termes comparatifs ce chiffre est faible; proche de ce qui est pratiqué au Mali, inférieur au Sénégal et très en dessous de ce qui est en vigueur dans des pays tels le Brésil et la Chine.

On note enfin une déconnexion des rémunérations effectives d'avec les performances/la productivité des employés de production (faiblesse des bonus de productivité) ainsi que des niveaux de rémunération assez élevés en termes comparatifs, particulièrement pour les travailleurs de production non qualifiés.

… la corruption reste importante,…

• Les données indiquent que la corruption demeure un problème non négligeable en Mauritanie, elle génère ainsi une instabilité de l'environnement des affaires et des surcoûts non négligeables. La corruption est un motif sérieux et sévère d’inquiétude pour 25,9 pourcent des entrepreneurs du secteur manufacturier. La part du chiffre d'affaire affectée aux "paiements informels" est parmi les plus importantes observées, bien supérieure à ce que l'on a enregistré récemment dans d'autres pays de la région comme le Mali ou le Sénégal, et s’avère relativement proche de ce qui est observé en Algérie. Ainsi, en 2006, en moyenne 6,4 pourcent du chiffre d'affaires annuel des firmes manufacturières a été affecté à des paiements non officiels. Ce chiffre est supérieur à ce que l'on observe au niveau national sur l'ensemble des secteurs enquêtés, c'est-à-dire 3,8 pourcent du chiffre d'affaires. On note aussi que le coût de la corruption en Mauritanie est bien supérieur à celui des deux pays pétroliers à croissance rapide du comparatif, l'Indonésie et le Kazakhstan.

… les problèmes d'infrastructures conséquents…

• La qualité et la disponibilité des services infrastructures posent de sérieux problèmes aux entreprises en Mauritanie.

✓ Sur l'ensemble de l'échantillon d'entreprises manufacturières, les problèmes liés à la fourniture d'électricité apparaissent parmi les plus importants. Ainsi, 43,8 pourcent des entreprises du secteur considèrent ceux-ci comme un obstacle majeur ou très sévère. Ainsi, en 2006 et selon les données de l'EE, les firmes manufacturières mauritaniennes ont du faire face à environ 6 coupures d'électricité par mois, d'une durée moyenne de 3,3 heures. Ces coupures ont provoqué une perte moyenne d'environ 3,3 pourcent du chiffre d'affaire annuel pour les firmes manufacturières.

✓ D'autres infrastructures, transport et télécommunications, sont aussi perçues comme posant des problèmes. Enfin, les problèmes de fourniture d'eau pour usage industriel sont non négligeables.

… et les contraintes réglementaires fortes.

• Les taux d’imposition ainsi que leur administration posent d’importants problèmes aux chefs des entreprises du secteur formel. Les taux d'imposition sont ainsi cités comme étant un problème majeur ou très sévère par 31,7 pourcent des firmes manufacturières, 36,6 pourcent des entreprises évoluant dans le secteur du commerce et 37,9 pourcent des firmes d'autres secteurs. Enfin, cette contrainte est mentionnée par 23,4 pourcent des microentreprises/firmes informelles. De même, 32,6 pourcent des firmes dans le commerce et 26,9 pourcent de celles dans d'autres secteurs considèrent l'administration de la législation fiscale comme une contrainte majeure ou très sévère. Selon les données DB2007, de telles perceptions sont parfaitement fondées. Ainsi, pour l'année 2006, le taux d'imposition total sur les profits des firmes en Mauritanie est de 104,7 pourcent; un des plus élevés non seulement de la sous-région, mais du monde. Dans ce contexte, il n'est guère surprenant de constater une importante évasion fiscale.

• Bien que des progrès significatifs aient été enregistrés ces dernières années en termes de libéralisation du régime du commerce extérieur de la Mauritanie, les réglementations douanières et du commerce extérieur restent perçues comme des contraintes fortes par les entreprises des secteurs manufacturiers (33,8 pourcent) et du commerce (29 pourcent). Cependant, bien que très positives, les mesures antérieures n'ont pas encore permis de réduire fortement certaines contraintes liées à la facilitation du commerce. Un certain nombre de complexités administratives demeurent, elles sont accrues par des coûts de transport élevés.

• Il existe encore une forte défiance des entrepreneurs en la capacité de l'administration à fournir une interprétation prévisible des règlements et organiser un système judiciaire efficace. En outre, l'ampleur des phénomènes de corruption mentionnés précédemment ne contribue certainement pas à améliorer cette perception.

Cette situation requiert des mesures correctives pour assurer une croissance diversifiée du secteur privé, en particulier non pétrolier.

Depuis le début des années quatre-vingt dix, nombre de réformes structurelles ont été mises en œuvre en Mauritanie. Malgré ces efforts, le climat des investissements en 2006, date de l’enquête, restait encore peu favorable au développement du secteur privé. Des réformes supplémentaires sont donc nécessaires pour améliorer la compétitivité des firmes et les performances globales du secteur privé comme en ont maintenant pris conscience les décideurs mauritaniens. Ainsi, le nouveau Gouvernement en place depuis Avril 2007 a déjà clairement indiqué son désir d'améliorer rapidement le climat des investissements en Mauritanie. Il s'agit d'un développement extrêmement positif pour l'avenir, l'amélioration du climat des investissements requérant en effet constance et volonté politique.

Les réformes proposées sont présentées ci-après en commençant par un problème transversal, puis selon l'ordre de priorité qui leur a été attribué par les firmes visitées lors de l'EE. Celles-ci concernent:

✓ l'intensification des efforts de promotion du pays et le renforcement du dialogue entre secteur public et privé ceci pour améliorer la réputation de la Mauritanie comme lieu d'activité économique;

✓ le fonctionnement des marchés de facteurs pour améliorer la qualité du facteur travail et le financement des firmes.

✓ la fourniture de services d'infrastructures pour contenir les coûts de production et permettre une distribution efficiente des productions;

✓ la lutte contre la corruption et la poursuite de l'amélioration du cadre réglementaire pour réduire les coûts d'opération des firmes et améliorer la concurrence;

Les mesures proposées sont, pour l'essentiel, complémentaires du projet de la Banque Mondiale en préparation dans le domaine du développement du secteur privé et conformes aux orientations du CAS. Elles correspondent aux priorités énoncées par les autorités mauritaniennes en termes de développement du secteur privé dans le PRSP II de 2006.

L'ensemble des mesures proposées est synthétisé dans le dernier chapitre de ce rapport.

EXECUTIVE SUMMARY

Mauritania has performed well these past few years on the macroeconomic side. However, up to this point, economic growth has had only a moderate influence on poverty which is primarily a rural phenomenon in Mauritania. The beginning of oil exploitation in 2006 should however substantially raise the country's growth path and thus improve the prospects for a reduction of poverty. Although the expected oil income is a positive element, it also constitutes a risk factor. Many countries facing similar circumstances could not, for lack of appropriate policies, benefit from positive long term outcomes.

|For the future, the essential challenge confronting |[pic] |

|Mauritania is to diversify its non-oil sources of growth.| |

|This will allow the economy to face more easily changes | |

|in the world prices of its primary products that will | |

|still constitute the main part of its export earnings in | |

|the near future. It will also ensure the continued growth| |

|of the economy when the oil production starts to decrease| |

|then to disappear (around 2024). To achieve this | |

|objective, it is necessary that investors and | |

|entrepreneurs are reassured as to the economic future of | |

|Mauritania and its capacity to adopt a framework more | |

|favourable to the | |

formal private sector. It is now widely recognized that the development of the private sector requires an improvement of the “investment climate” in order to promote stronger economic growth within a market economy and a reduction of poverty. Indeed, comparative development experiments indicate that countries having a favourable investment climate have a higher rate of investment, which enables them to achieve stronger growth.

The objective of this report is to analyze the business environment of Mauritania in every dimension and to propose policies which make it possible to reinforce the private sector. This document relies partly on the results of an Enterprise Survey undertaken in June and July 2006 in Mauritania. A sample of 237 formal companies and 124 companies of the urban informal sector was surveyed in Nouakchott and Nouadhibou. This report therefore underlines the fact that Mauritanian firms currently operate within a proper macroeconomic environment but are not very productive. Current growth comes primarily from the extractive sector (iron ore and now oil) and the fishing industry. Moreover, many severe constraints remain that limit the development of firms in Mauritania, thus restricting the future diversification and possibilities for growth.

A rather good macroeconomic framework but a low productivity of the firms…

In spite of strong fluctuations, the growth of the Mauritanian GDP was positive over the 1994-2004 period: around 3.1 percent per annum. This performance is close to that of other Sub-Saharan African countries but much lower than the average growth observed in the Middle-East and in North Africa over the same period. This performance, although largely due to the endowments of natural resources of the country, is also partially explainable by the fact that the institutional environment of the economy has faced many changes in the past two decades. It seems however that in spite of the significant number of measures taken since the start of the 1990s, the overall assessment of the reforms undertaken in favor of private sector development remains mitigated; their impact is still modest, as manifested by the weak performances of the manufacturing firms.

|One of the major findings of the ES (Enterprise Survey) |Labour Productivity in Mauritania (USD per worker). |

|is that the median labour productivity in manufacturing |[pic] |

|is rather low in Mauritania, even when compared with the | |

|other low-income countries of Sub-Saharan Africa. For |Unit Labour Costs (Pct. of Value Added). |

|example, it is two-thirds lower than the observed rate of|[pic] |

|productivity in Senegal, the country with the best | |

|performance of all low-income countries in sub-Saharan | |

|Africa so far. Labour productivity in Mauritania is also | |

|always lower than that of sub-Saharan African countries | |

|with intermediate incomes, as well as countries with | |

|intermediate incomes outside of the African region that | |

|are considered comparators. | |

| | |

|This low labour productivity combined with a relatively | |

|high level of remunerations explains why ULCs (wage costs| |

|adjusted for productivity levels) remain higher than | |

|those of the selected comparators. In other words, the | |

|negative effect of low labour productivity is not really | |

|compensated for by the level of | |

remunerations, which limits the competitiveness of the Mauritanian firms. The data also indicate that the capital intensity and capital productivity are low.

Although the measures of firm productivity discussed above provide useful information on firm performance, they can be misleading when considered in isolation. To get an overall assessment of productivity, it is necessary to take both capital and labour use into account. The net impact of the different factors of production on firm-level productivity can be assessed by calculating total factor productivity (TFP). Differences in TFP are those differences in output that cannot be explained by differences in the use of labour, capital and other inputs. Firms for which total factor productivity is higher are more efficient than other firms because they produce more with less capital and workers. Estimates of various specifications of functions of production indicate that TFP is weak in the manufacturing sector in Mauritania. On average, TFP is approximately 77 percent lower than that observed in South Africa (the country which has the best TFP of the continent), approximately three times lower than that observed in Brazil, and two times lower than that of the firms in Morocco.

These indicators of productivity suggest that, currently, Mauritanian industry is not competitive. The only exception – to some extent – seems to be the fishing industry; firms of this sector have better performance indicators than in the remainder of the manufacturing sector. Unfortunately, low productivity is not restricted only to manufacturing; the productivity of the other sectors of the economy remains rather weak. Several factor may contribute to explain such low productivity levels.

The businesses environment in Mauritania remains difficult…

Survey results presented in this report, indicate that the investment climate in Mauritania, in mid 2006, was not favourable to the private sector, regardless of the sector. The main global constraint to the development of formal companies, as perceived by firms in manufacturing, trade, and other sectors, is the access to and cost of finance. This constraint is the most commonly cited by the companies.

The top six constraints for firms in Mauritania in 2006 (Pct).

[pic]

The various constraints previously quoted by firms embody a certain number of more global problems with the business environment in Mauritania. To clarify the analysis and to try to determine the respective intensity of the constraints in the formal sector, the previous issues are grouped in four categories: factor markets, corruption, infrastructure and regulation.

… because factor markets work poorly…

• Problems of financing, access to and cost of finance are perceived as the main barrier to the growth of firms in Mauritania. Across sectors, between 38 and 51 percent of the firms regard the access to and cost of finance as a “major” or “very severe” obstacle to the development of the private sector in Mauritania.

|Pct. of long-term assets financed though the banking system. |Structure of funding for long term assets (Pct.) |

|[pic] | |

| | |

| |[pic] |

In comparative terms, the limited use of bank finance by firms in Mauritania tends to confirm these negative perceptions. Internal funds and retained earnings are the main source of financing of firms in Mauritania; they fund both short term and long term assets. Thus, within the group of selected comparators, firms in Mauritania have the smallest proportion of financing of their long term assets through the banking system. At the sectoral level, self-financing accounts for 62 to 83 percent of the value of long term assets. Family loans are the other large source of firm financing, particularly in trade and for informal/micro firms.

The under-use of the banking system by the firms in Mauritania can be explained by the fact that few firms request financing and that a great number of these requests is rejected, often because of the incapacity of the firms to provide the guarantees required by the banks. This suggests that the phenomenon at play in Mauritania is a mix of credit rationing by the banks (strong rate of refusal) and of self-rationing by firms (strong proportion of firms needing financing which exclude themselves from the formal money market).

• Strong constraints remain in the formal labor market. Serious constraints still exist on the formal labor market as shown by the ES data and the relevant DB 2007 indicator.

Labor regulations appear to be excessively rigid, which does not allow for a suitable flexibility of this market. The index of rigidity of employment (DB 2007) is extremely high in Mauritania, higher than the average for sub-Saharan Africa, which stresses that conditions of employment are complex, and include many limitations in terms of hiring conditions, duration of work, and dismissals.

There is also a lack of education of the workforce, as well as a poor development of suitable vocational training. The proportion of employees without education is quite high (7.1 percent), close to what is observed in Senegal. Moreover, Mauritania is one of the countries where the proportion of employees with technical education is the lowest (12.3 percent). According to the data, only about a quarter of manufacturing firms in Mauritania provide formal training to their employees. In comparative terms this figure is weak; close to that of Mali, lower than in Senegal and much lower than in countries such as Brazil and China.

It is also worth mentioning that there seem to be a disconnect between the performances of production workers and their effective remunerations (low productivity bonuses). In addition, remuneration levels are relatively high in comparative terms, especially for unskilled workers.

… corruption remains important…

• Data indicate that corruption remains a considerable problem in Mauritania, it generates instability in the business environment and increases the operating costs of firms. Corruption is a serious and severe concern for 25.9 percent of the entrepreneurs in the manufacturing sector. The estimated share of turnover devoted to “informal payments” is among the highest, much higher than what was recorded recently in other countries of the region like Mali or Senegal, and relatively close to what is observed in Algeria. Thus, in 2006, on average 6.4 percent of the annual turnover of manufacturing firms was devoted to unofficial payments. This is higher than what is observed at the national level on the whole sample, i.e. 3.8 percent of the turnover. It can also be noted that the cost of corruption in Mauritania is quite higher than that of two fast growing oil countries, Indonesia and Kazakhstan.

… infrastructure issues are severe…

• The quality and the availability of infrastructure services create serious problems to firms in Mauritania.

✓ Over the whole sample of manufacturing firms, electricity issues are the most important infrastructure issue. Thus, 43.8 percent of companies in the sector consider these problems as a major or very severe obstacle. In 2006 and according to the ES data, Mauritanian manufacturing firms faced approximately 6 electricity outages per month, with an average duration of 3.3 hours. These outages caused an average loss of approximately 3.3 percent of annual sales for manufacturing firms.

✓ Other infrastructures, such as transport and telecommunications, are also perceived as problematic. Lastly, problems of water supply for industrial use are also non negligible.

… and regulatory constraints are non negligible.

• Tax rates as well as tax administration create important problems for managers in the formal sector. Tax rates are thus quoted as being a major or very severe problem by 31.7 percent of manufacturing firms, 36.6 percent of the companies involved in trading activities and 37.9 percent of the firms in other sectors. Lastly, this constraint is mentioned by 23.4 percent of the micro/informal firms. Along the same lines, 32.6 percent of the firms in trade and 26.9 percent of those in other sectors consider tax administration as a major or very severe constraint. According to the DB2007 data, such perceptions are perfectly founded. For 2006, the total tax rate on profits for firms in Mauritania was 104.7 percent; one of highest not only of the sub-region, but of the world. In this context, it is hardly surprising to note widespread tax avoidance in Mauritania.

• Although significant progress was recorded these last few years in terms of liberalization of foreign trade in Mauritania, customs regulations and regulations on foreign trade are perceived as strong constraints by the companies in the manufacturing sectors (33.8 percent) and in commerce (29 percent). Although very positive, earlier measures have not yet made it possible to strongly reduce some constraints related to trade facilitation. A certain number of administrative complexities remain; they are compounded by the high costs of transport.

• Entrepreneurs still have a significant lack of confidence in the capacity of the administration to provide a predictable interpretation of regulations and to organize an effective judicial system. Moreover, the extent of the corruption issues previously mentioned does not help to improve this perception.

Such a situation requires corrective measures to ensure a diversified growth of the private sector, especially in non-oil sectors.

Since the beginning of the 1990s, a number of structural reforms have been implemented in Mauritania. In spite of these efforts, the investment climate at the time of the enterprise survey in 2006 still remained unfavourable to the development of the private sector. It is now recognised by the political authorities that additional reforms are necessary to increase firm's competitiveness and the performances of the private sector. The new Government in charge since April 2007 has already clearly indicated its will to quickly improve the investment climate in Mauritania. This is a very positive development for the future, as investment climate reforms typically require consistency and political will.

The proposed reforms are presented below. We first start with a generic problem, and then suggestions of reforms are listed according to the order of priority attributed to them by the firms. These concern:

✓ The improvement and scaling up of the efforts of external promotion and the intensification of the public/private dialogue; all of this in order to improve the reputation of Mauritania as a business place ;

✓ Improvement in the functioning of factor markets to improves the quality of labor and the availability of financing for firms;

✓ The provision of better infrastructures services to contain production costs and allow for a more efficient distribution of firm's output;

✓ A strengthened fight against corruption and further improvements of the regulatory framework to reduce firm's operating costs and improve competition.

The proposed measures complement current (or in preparation) projects of the World Bank in the area of private sector development and follow the CAS for the country. They are in line with the priorities of the Government as expressed in the 2006 PRSP II. The policy matrix which synthesizes all the proposed measures is reported in Chapter 5.

Introduction

La Mauritanie a connu ces dernières années des performances macroéconomiques correctes avec un taux de croissance annuel moyen du PIB d’environ 3,3 pourcent entre 2000 et 2004[1]. Cette croissance n’a cependant eu jusqu'à présent qu’une influence modérée sur la pauvreté[2] monétaire, un phénomène essentiellement rural en Mauritanie. La mise en exploitation récente de champs pétroliers devrait toutefois relever substantiellement le sentier de croissance à moyen terme et donc améliorer les perspectives de réduction de la pauvreté. Le taux de croissance réel estimé du PIB pour 2006 est d’environ 11,7 pourcent contre 5,4 pourcent en 2005 (IMF 2007b). Cependant, l’effet d’entraînement sur le reste de l’économie reste encore limité, la croissance du PIB non pétrolier est estimée à environ 4,4 pourcent en 2006 (IMF 2007b). Bien que les revenus pétroliers à venir soient un élément positif, ils constituent aussi un facteur de risque. Nombre de pays ayant fait face à des circonstances similaires n’ont pu, faute de politiques appropriées, bénéficier de retombées positives de long terme (World Bank 2006a).

Pour le futur, le challenge essentiel auquel est confronté la Mauritanie est celui de la diversification des sources de croissance non pétrolières ceci pour i) permettre de faire face plus aisément aux variations des cours des produits primaires qui constitueront toujours dans un avenir proche l’essentiel des recettes d’exportation et ii) assurer la croissance continue de l’économie lorsque la production pétrolière commencera à décroître puis disparaître en 2024[3]. Pour parvenir à cet objectif, il est nécessaire que les investisseurs et les entrepreneurs soient rassurés quant au futur économique de la Mauritanie et sa capacité à mettre en place un cadre plus favorable au secteur privé formel. Il est maintenant en effet reconnu que le développement du secteur privé requiert une amélioration du "climat des investissements" de manière à promouvoir une croissance économique forte au sein d'une économie de marché et une réduction de la pauvreté[4].

Il apparaît en effet que les pays ayant un climat des investissements favorable ont un taux d'investissement supérieur, ce qui leur permet d'atteindre une croissance plus forte (World Bank 2005). En effet, l'accroissement des niveaux de vie et la réduction de la pauvreté ne peuvent être obtenus que par une croissance économique soutenue, qui dépend elle-même d'une amélioration de la productivité des facteurs, qui elle-même repose sur un investissement accru en capital humain et physique et une accélération du progrès technique, éléments qui dépendent d'un climat des investissements propice à l'activité économique. De fait le "climat des investissements" est défini comme l'environnement de politique économique, institutionnel et comportemental, présent et anticipé, qui affecte la rentabilité et les risques associés aux investissements. A ce titre, cette notion recouvre un vaste domaine, allant du cadre réglementaire et comportemental aux performances des entreprises en passant par le fonctionnement des marchés des facteurs.

L'objet de ce rapport est d'analyser l'environnement des affaires mauritanien dans l'ensemble de ses dimensions et de proposer des politiques permettant de renforcer le secteur privé. Les sources d'information utilisées sont multiples; textes réglementaires, travaux académiques, rapports et données d'enquête. Ce document repose ainsi en partie sur les résultats d'une Enquête Entreprise réalisée en Juin et Juillet 2006 en Mauritanie par le Cabinet canadien "Etude Economique Conseil".

L'enquête dans le secteur formel a porté sur trois secteurs spécifiques, dont le secteur manufacturier. Ce dernier est toujours retenu lors des EE car il permet d’établir des comparaisons internationales de productivité. Le secteur manufacturier, tel que définit dans ce rapport inclut des entreprises dans l'agroindustrie, le secteur textile et d'autres activités manufacturières. Les autres secteurs visités, les services et le reste de l’économie, sont maintenant systématiquement analysés dans les EE, ceci pour élargir le champ d’investigation et mieux appréhender les problématiques liées au climat des investissements au niveau national. Les résultats de cette enquête fournissent un instantané du climat des affaires en Mauritanie à la mi-2006. L'échantillon de 237 entreprises formelles consécutif de cette enquête représente environ 64 pourcent des entreprises en activité dans le secteur manufacturier et 62 pourcent de celles actives dans les autres secteurs (commerce de détail et reste de l'économie)[5]. Dans le secteur manufacturier, près de soixante pourcent des entreprises visitées ont entre 5 et 19 employés et sont localisées pour environ 86 pourcent d'entre elles à Nouakchott. Elles opèrent pour l'essentiel sur le marché national (pour 85 pourcent d'entre elles) et sont en majorité de propriété privée mauritanienne (pour 90 pourcent d'entre elles). En outre, une enquête auprès de 124 entreprises du secteur informel urbain a été réalisée à la même période à Nouakchott et Nouadhibou. Des données qualitatives de perception ont été collectées lors de l'EE et reflètent ainsi les vues des chefs d'entreprises interrogés lors de la période d'enquête. Des données quantitatives objectives ont aussi été collectées, les valeurs comptables et d'emploi font ainsi référence à l'année 2005. Enfin, 212 entretiens individuels avec des employés ont été réalisés.

Au premier semestre 2007, des EE ont été réalisées dans 97 pays. Ce vaste ensemble de données permet d'établir des comparaisons au niveau des performances des entreprises et de la qualité du climat des investissements entre la Mauritanie et nombre de pays de diverses régions. Les comparateurs la plupart du temps retenus sont des pays pour lesquels des EE ont été réalisées ces dernières années et qui présentent un intérêt particulier; tels la Chine et le Brésil en tant que pays émergeants; le Sénégal, le Mali et le Maroc en tant que pays voisins; l'Algérie, l'Indonésie et le Kazakhstan[6] en tant que pays producteurs de pétrole et enfin l'Afrique du Sud en tant que puissance économique du continent. Les comparaisons concernent essentiellement le secteur manufacturier car il s'agit du sous-échantillon pour lequel des données comparatives d'autres EE sont largement disponibles.

Ce rapport est organisé comme suit. Le premier chapitre fournit une vue générale de l'environnement des firmes en Mauritanie et souligne l’importance des changements structurels en cours au sein de l’économie. Le second chapitre étudie en détails la productivité des firmes manufacturières en Mauritanie pour l’année comptable 2005, ceci pour déterminer l'état actuel de cette composante du système productif. Le troisième chapitre traite de l’environnement des affaires en général et en analyse certains aspects tels que les contraintes perçues par les firmes, les phénomènes de corruption, les réglementations et les services d'infrastructures. Le chapitre quatre analyse les marchés de facteurs en Mauritanie, tout d’abord le marché du travail et ensuite les relations entre les entreprises et le secteur bancaire. Enfin, le chapitre final fournit une synthèse du rapport ainsi que des recommandations de politique économique destinées à améliorer le climat des affaires.

Chapitre 1. UNE economie en phase de changements structurels.

Les entreprises en Mauritanie opèrent actuellement au sein d'un cadre macroéconomique relativement correct (IMF 2007a). La croissance a été soutenue ces dernières années et les principaux paramètres macroéconomiques sont maintenant relativement stables (IMF 2007a). La tenue d'élections présidentielles démocratiques fin mars 2007, pour la première fois depuis l'indépendance du pays, laisse en outre espérer une stabilisation de la vie politique. La Mauritanie est entrée depuis peu en phase de changements structurels importants (World Bank 2006a) avec la mise en exploitation progressive des champs pétroliers de Chinguetti, puis de Tevet et Tiof. Les perspectives de croissance de l'économie à moyen terme sont donc favorables pour peu que les problèmes récents de production pétrolière soient résolus. Cependant, malgré ces développements positifs, nombre de problèmes structurels sérieux perdurent, ils compromettent les possibilités de croissance future des firmes et donc le développement ultérieur du secteur non pétrolier de l'économie.

1 1.1. Developpements economiques recents.

Une croissance correcte et un début de rétablissement des grands équilibres.

Bien que l'économie mauritanienne se soit considérablement développée depuis l'indépendance en 1960, la croissance du pays a reposé jusqu'en 2005 sur deux grands types de produits, les minéraux et les produits halieutiques (EIU 2006, World Bank 2002). De ce fait, au début des années 2000, la structure des exportations du pays demeurait très concentrée: les trois premiers produits d’exportations représentaient 92,6 pourcent des recettes d’exportation pour la période 2001-2003, l'un des taux les plus élevé en Afrique Subsaharienne (Graphique A.1. 1). En tant que pays largement rural, exportateur de produits primaires et disposant d’un secteur industriel réduit, les performances économiques de la Mauritanie étaient fortement influencées par les conditions climatiques et les fluctuations du prix de ses principaux produits d'exportation. En outre, la croissance dépendait aussi fortement des flux d'aide extérieure qui, bien qu'en diminution depuis 2002, stimulaient l'activité, notamment dans les secteurs de la construction et des services (EIU 2006). Ceux-ci représentaient environ 18 pourcent du PIB entre 1994 et 2005[7].

En dépit de fluctuations fortes, la croissance du PIB Mauritanien a été positive sur la période 1994-2004: aux environs de 3,1 pourcent par an environ (Graphique 1.1). Cette performance est proche de celle des pays d'Afrique subsaharienne (3,5 pourcent) mais très inférieure à la croissance moyenne constatée au Moyen Orient et en Afrique du Nord sur la même période (4 pourcent) et dans certains pays comparateurs tels la Chine, l'Indonésie, le Mali, le Maroc et le Sénégal. Cette croissance a permis une augmentation moyenne des revenus par tête d'environ 1,9 pourcent par an entre 1993 et 2005, une augmentation voisine de celle connue par des pays tels le Sénégal et l'Algérie (Graphique 1.2).

|Graphique 1.1. Taux de croissance réel du PIB (1994-2004). |Graphique 1.2. Taux de croissance réel moyen du PIB per capita (1994-2004). |

|[pic] |[pic] |

Source: Base de données DDP et données révisées FMI/Banque mondiale pour la Mauritanie.

Depuis le début des années quatre-vingt dix jusqu'en 2002, l'inflation en Mauritanie a la plupart du temps été en dessous de 5-6 pourcent, à l'exception de 1998 et 2001. De 2003 à 2005, les taux d'inflation ont cependant cru jusqu'à 12,1 pourcent (en 2005), largement du fait d'aléas climatiques ayant eu un impact sur le secteur agricole et les prix de l'alimentation, de dépenses publiques élevées et d'une remontée des prix du pétrole. En 2006, une politique monétaire prudente menée en conséquence par la BCM[8] a permise de contenir le pic d'inflation, dont le taux a été ramené à 6,2 pourcent (estimation, IMF 2007b). En outre, suite au relâchement constaté au début des années 2000 où un certain nombre de dépenses extrabudgétaires furent financées essentiellement par la BCM, les autorités mauritaniennes ont amélioré les procédures de contrôle et limité les opérations extrabudgétaires depuis 2005. De ce fait, le déficit budgétaire établis hors dons et revenus pétroliers est passé de 16,5 pourcent du PIB en 2003 à 9,5 pourcent du PIB en 2006 (IMF 2007b).

Structure de l'économie.

Ces performances correctes se sont produites en dépit d'un sentier de croissance irrégulier et d'une redistribution du poids relatif des secteurs économiques témoignant de changements structurels profonds (Graphique A.1. 3).

• Depuis l’indépendance en 1960, la part du secteur primaire dans l'économie mauritanienne a ainsi fortement décliné. Alors que celui-ci comptait pour environ 31 pourcent du PIB en 1970-73, il ne représentait plus qu'environ 20 pourcent en 2005 (Graphique 1. 3). Ce déclin est en partie explicable par la croissance relative des autres secteurs de l'économie mais aussi par les difficultés du secteur de la pêche dont la part dans le PIB ne cesse de décroître depuis le milieu des années quatre-vingt dix. Cependant, malgré ce déclin en termes relatifs, le secteur de la pêche reste encore important. En effet, il générait environ un quart des revenus de l'Etat avant l'apparition du pétrole et employait environ 28000 personnes, dont 7000 dans le secteur de la pêche industrielle (World Bank 2006a). Cette dernière domine le secteur et générait environ 80 pourcent de la production en valeur à la fin des années quatre-vingt dix (UNDP 2001). Ces dernières années, les stocks de poissons ont fortement déclinés, suite à une exploitation trop intensive de certaines espèces de grande valeur commerciale. Pour tenter d'aider à reconstituer les stocks, les autorités ont, entre Septembre et Octobre 2005, interdit toute pêche dans les eaux Mauritaniennes. Cependant, une telle interdiction est difficile à mettre en place, le pays manque de moyen de contrôle et diverses violations se sont produites (EIU 2006).

• La part du secteur secondaire dans le PIB est restée relativement stable, 35,2 pourcent en 2005 contre environ 36 pourcent en 1970-73. Cependant, une redistribution interne apparaît au niveau des sous secteurs. Ainsi, alors que le secteur manufacturier est en déclin (sa part dans le PIB est passée de 8,6 pourcent en 1994-99 à 5,8 pourcent en 2005), les autres industries (construction et transport) sont en croissance et comptent pour 17,3 pourcent du PIB en 2005. Il n'est guère possible d'invoquer actuellement un argument de type "syndrome hollandais" pour expliquer le déclin du secteur manufacturier, l'extraction de ressources naturelles venant juste de débuter. Les causes du déclin observé relèvent plutôt d'une persistance de contraintes structurelles fortes (étroitesse du marché, infrastructures et services insuffisants et parfois coûteux, faiblesses de la formation technique induisant une compétitivité insuffisante et des conditions de production peu performantes malgré le relativement bas niveau de salaires…)[9].

• Au fil des ans le secteur tertiaire (surtout le commerce) a cru fortement de 33,1 pourcent du PIB en 1970-73 à 44,5 pourcent du PIB en 2005.

Graphique 1. 3. Structure du PIB au coût des facteurs (Pourcentage).

[pic]

Nb. Prix constants 1998.

Source: IMF.

Enfin, le secteur informel demeure important en Mauritanie, comme dans toutes les économies de la zone. L'on estime ainsi qu'environ 30 pourcent du PIB du pays est généré par les activités informelles qui emploient environ 70 pourcent des actifs urbains.

2 1.2. LES réformes economiques EN MAURITANIE.

Malgré une histoire politique et économique tumultueuse, les autorités Mauritaniennes ont reconnu depuis longtemps l'importance du secteur privé comme source de croissance et ont mis en place diverses réformes au fil des ans. De fait, l’environnement institutionnel de l’économie a connu de profonds changements depuis deux décennies.

Suite à l’indépendance, l’économie mauritanienne connu une croissance rapide et soutenue dans les années 1960 puis une sévère dégradation vers le milieu des années 1970. Des politiques économiques inappropriées et des chocs exogènes défavorables (dont une détérioration forte des termes de l’échange) ont largement contribués à la stagnation économique d'alors. En outre, les sécheresses répétées de cette époque eurent des répercussions négatives sur l’économie rurale[10]. Face à une crise aigue, les autorités mauritaniennes reconnurent la nécessité de réformes économiques et lancèrent en 1985 un programme[11] soutenu par les institutions de Bretton Woods. Cette première vague de réformes permit une ouverture accrue de l’économie et l’amélioration des performances macroéconomiques du pays. Pendant cette période, les déséquilibres les plus graves furent atténués, l’économie Mauritanienne bénéficiant d'une intervention moindre de l’Etat et d'une augmentation des activités du secteur privé (World Bank 2003).

Ce mouvement positif fut interrompu entre 1989 et 1991 par divers événements[12] politiques ainsi que des conditions climatiques défavorables qui ramenèrent la croissance réelle du PIB aux environs de 0,8 pourcent entre 1990 et 1992. Dans ce contexte difficile, les autorités mauritaniennes entamèrent en 1992 la mise en place d'une nouvelle série de réformes macroéconomiques et structurelles couvrant nombre de domaines importants tels que l'amélioration de l'efficience du secteur public, la politique commerciale, l'amélioration de l’environnement réglementaire, la restructuration du système financier et bancaire, ainsi qu'un appui direct au développement du secteur privé (World Bank 2003).

• Un programme de privatisation a été initié dès 1992. La restructuration des entreprises publiques[13] fut une composante importante de la stratégie de l'époque. Les efforts de restructuration ont commencé au début des années 1990, avec des réformes des cadres légaux et institutionnels et la restructuration des finances d'entreprises importantes. Vers la fin des années 1990, environ deux tiers des entreprises publiques avaient été liquidées ou privatisées (World Bank 2003), bien que certaines entreprises majeures, telle la SONELEC et la SNIM, soient à l'heure actuelle toujours de propriété publique.

• La Mauritanie a libéralisé graduellement sa politique commerciale. Des mesures furent prises pour diversifier et simplifier le système d’imposition, améliorer l’administration des impôts et des douanes ainsi qu'élargir l’assiette fiscale par la suppression des exonérations douanières. Les réformes ont permis de supprimer divers systèmes d’autorisations préalables, d’abolir tous les monopoles d’exportation et d’importation, et de réduire le nombre ainsi que la valeur des tarifs douaniers. Le droit de douane est maintenant l'instrument principal de la politique commerciale mauritanienne[14]. Tous les droits de douane appliqués sont des droits ad valorem, ce qui renforce la transparence du système tarifaire. Les taux ont été réduits et rationalisés, le nombre des taux a été réduit de 13 en 1997 à 4 en 2000, et le taux maximal nominal est passé de 30 à 20 pour cent pendant la même période. En 2006, la moyenne pondérée des taux appliqués est de 9,8 pour cent pour les produits manufacturés et de 3,5 pour cent pour les produits agricoles (Graphique 1. 4). Cependant, bien que positives, ces mesures n'ont pas encore permis de réduire fortement certaines contraintes additionnelles liées à la facilitation du commerce. Un certain nombre de complexités administratives demeurent ainsi (voir le Chapitre 3 à ce sujet).

Graphique 1. 4. Tarifs moyens pondérés à l'importation en 2005/06 (Pourcentage).

[pic]

Source: UN-TRAINS/WITS.

• Un nouveau code des investissements a été adopté en 2002[15]. Celui-ci accorde aux investisseurs étrangers une exonération totale de taxes d’importation, leur permet de faire des transferts librement et de choisir un arbitre étranger ou national pour la résolution de litiges. Un guichet unique destiné à favoriser l'obtention des différentes licences commerciales a aussi été créé au sein du Ministère des Affaires Economiques et du Développement, en outre la plupart des monopoles d’Etat ainsi que les restrictions sur les investissements du secteur privé notamment dans les secteurs anciennement réservés ont été éliminés. Le CdI de 2002 a ainsi simplifié le régime fiscal et apporté plus de transparence. Il a en outre institué un régime de points francs[16] destiné à favoriser les entreprises exportatrices. Le secteur minier a aussi été ouvert à l’investissement privé. Un nouveau code minier, publié en 1999, a introduit des incitations fiscales et simplifié les procédures d’octroi de titres miniers.

• Le système bancaire et financier fut restructuré en 1992-93 pour tenter de stimuler la mobilisation des ressources et financer le développement de l'économie. Les réformes furent centrées sur la prévention d'une défaillance du système bancaire et le recouvrement des créances douteuses. Par la suite, les avoirs des banques commerciales furent restructurés et les procédures de supervision bancaire améliorées. Les restructurations plus approfondies du secteur bancaire furent toutefois bien plus lentes, et la nature largement oligopolistique du système bancaire persiste encore à l'heure actuelle (World Bank 2006d), ce qui explique en partie les difficultés que rencontrent les entreprises à ce niveau (chapitre 4).

Au final, il semble cependant que malgré le nombre important de mesures prises depuis le début des années quatre-vingt dix, le bilan global des réformes entreprises en faveur du développement du secteur privé est mitigé (World Bank 2004b), leur impact est encore modeste comme le montre la suite de ce rapport. Ceci s’explique essentiellement par trois raisons. Tout d’abord, le processus de libéralisation et les différentes actions menées n’ont pas été accompagnés d’une action directe à l’appui de l’exécutif et du judiciaire ainsi que des organisations du secteur privé. En outre, l’économie conserve une structure oligopolistique à cause de son exiguïté et de la position dominante de certains groupes. Enfin, l’administration a des difficultés à traduire les décisions de politique publique en actions concrètes (World Bank 2004b).

3

4 1.3. les defis du futur pour l'economie mAURITANIENNE.

La croissance observée depuis 1994 ainsi que les réformes mises en place en 2004-2005 pour restaurer les grands équilibres macroéconomiques ont eu des effets bénéfiques mais la Mauritanie fait néanmoins face à plusieurs défis majeurs dans sa stratégie de développement comme le reconnaît le DSRP II de 2006:

• La diversification de l'économie doit s'accroître en vue de réduire la dépendance de la Mauritanie vis-à-vis de secteurs dont l'évolution est soumise aussi bien aux aléas naturels qu'aux fluctuations des prix internationaux. La croissance a, jusqu'en 2005, reposé sur l'exploitation minière et le secteur halieutique, rendant l'économie particulièrement vulnérable aux chocs exogènes. La mise en exploitation en février 2006 de champs pétroliers ne change pas fondamentalement la nature du problème auquel est confronté le pays bien qu'elle soit de nature à accroître le sentier de croissance de l'économie. En effet:

✓ Ce choc d'offre se produit sur une économie i) peu diversifiée, ii) limitée en terme de formation des ressources humaines et iii) au sein de laquelle les problèmes de gouvernance demeurent non négligeables;

✓ En outre, il est vraisemblable que ce « boom pétrolier » soit relativement limité dans le temps et en valeur. Selon les hypothèses de prix et de volume de réserves, le pic de production devrait être atteint entre 2012 et 2015 et la valeur nominale des revenus induits devrait être comprise entre 7,5 et 18 milliards de dollars (World Bank 2006a). A la mi-2006, sur la base des réserves confirmées, la fin de l’extraction pétrolière en Mauritanie était estimée se produire en 2024 (World Bank 2006a).

Bien que les revenus pétroliers à venir soient un élément positif, ils constituent aussi un facteur de risque. Dans ce contexte, la problématique d'un développement diversifié du secteur privé au sens large devient cruciale pour palier aux fluctuations des cours des produits primaires exportés par le pays, aux aléas de la production pétrolière, maximiser l'impact de la rente pétrolière à venir et poser les fondations d'une croissance future lors de son extinction.

• Le renforcement effectif du secteur privé. Ceci implique, en autre, pour atteindre cet objectifs de parvenir à attirer de manière plus significative les investissements directs étrangers (IDE) hors du secteur pétrolier[17], de favoriser le développement des PME/PMI qui constituent la part la plus importante du tissu des firmes et de renforcer les institutions de soutien.

✓ IDE. En termes de flux nets par rapport au PIB, les IDE sont élevés en Mauritanie: en moyenne 7,7 pourcent du PIB pour 2003-2005 contre 2,8 pourcent pour l'Afrique Subsaharienne et 1,9 pourcent pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord sur la même période[18]. Toutefois, cette performance repose largement sur un effet statistique du à l'importance relative de ces flux par rapport à un PIB relativement faible. Ceci est particulièrement apparent lorsque l'on observe la distribution des flux d'IDE en Afrique. Ainsi, en 2005, la Mauritanie est au bas de la distribution d'IDE pour l'Afrique, dans le groupe de 32 pays recevant moins de 100 millions de dollars (UNCTAD 2006)[19]. De fait, bien que les IDE soient importants au niveau du pays (ils représentent 38,9 pourcent de la FBCF entre 2003 et 2005[20]), ceux-ci restent faibles en valeur au niveau du continent.

✓ Les PME/PMI. Celles-ci constituent l'essentiel du secteur privé en Mauritanie. Cette catégorie d'entreprises souffre souvent de contraintes particulières (difficultés accrues d'obtention de financements, manque de personnel qualifiés, …) qui limitent leur croissance et ne leur permettront pas de bénéficier de l'effet d'entraînement du développement du secteur pétrolier.

✓ Les mécanismes de support aux entreprises et de concertation public-privé dont les entreprises pourraient bénéficier restent encore limités. En dépit d'efforts récents (réactivation de la CCIAM, lancement des activités du Centre de Promotion des Produits de la Mer,…World Bank 2006e), force est de reconnaître que dans le passé les actions de support aux entreprises ont souffert d'un certain manque de cohérence, de délais dans l'application des textes, les efforts se partageant entre divers départements de l'ancien Ministère des Affaires Economiques et du Développement, les Ministères sectoriels (Mines, Tourisme,…) et une Chambre de Commerce qui manquait cruellement de moyens. En 2006, il apparaissait ainsi qu'en dépit d’opérations passées d’assistance technique (World Bank 2004b), la CCIAM n'était pas encore devenue un organisme représentant véritablement le secteur privé, capable d'appuyer les petites entreprises. Cependant, depuis le début de 2007, un certain nombre de changements positifs se sont fait jour. Ainsi, en Janvier 2007, s'est tenu le Premier Conseil Présidentiel des Investisseurs, réunissant des investisseurs (étrangers et mauritaniens) et les plus hautes autorités de l'Etat. Fin Avril 2007 a aussi été annoncée la création d'une Délégation Générale pour la Promotion de l’Investissement Privé (DGPIP).

Encadre 1. 1. Les institutions de support en Mauritanie.

Jusque récemment, le cadre institutionnel de support aux entreprises couvert par l'ancien MAED incluait: i) la Direction de la Promotion de l’Investissement Privé (DPIP), ii) l'unité de coordination de l’appui au secteur privé (UCP), iii) le Centre d’Information Mauritanien pour le Développement Economique et Technique (CIMDET) et iv) la Chambre de Commerce, d'Industrie et d'Artisanat de Mauritanie (CCIAM). Ce système présentait un certain nombre de limitations:

• En 2006, la CCIAM n'était pas encore totalement devenue un organisme représentant véritablement le secteur privé et aidant les petites entreprises. Ainsi, entre 2000 et 2004, la CCIAM est restée inopérante, sans avoir de membres constitués ni d’élections, car bien qu'un statut révisé ait été adopté par le Parlement en janvier 2000, les décrets d’application n’étaient toujours pas parus (World Bank 2004b). Depuis, la CCIAM a commencé de fonctionner mais manquait encore de moyens fin 2006, les locaux n'étaient guère appropriés à sa fonction, les équipements manquaient… .

• L'unité de coordination État/Secteur Privé ayant pour mission d’examiner les problèmes auxquels était confronté le secteur privé fut mis en place en 1997. En 2001, après cinq années de fonctionnement avec des résultats mitigés, il fut décidé de redynamiser ce mécanisme de concertation en lui donnant un contenu plus opératoire (ICC 2004), avec cependant un succès relatif.

Faire face à ces défis repose de facto sur un renouveau du secteur privé mauritanien pour devenir le moteur de la croissance future du pays. Ceci requerra une amélioration significative de l'environnement des affaires dans le pays. Il semble qu'un effort particulier devra être fait pour attirer les investisseurs étrangers hors du secteur pétrolier, car la perception de la Mauritanie en tant que lieu pour faire des affaires est actuellement peu flatteuse.

5 1.4. Une evaluation tres contrastee de la Mauritanie en termes de classements internationaux.

Les firmes en Mauritanie ont bénéficié en moyenne ces dernières années d'une croissance économique assez forte et nombre de mesures ont été prises depuis lors pour tenter d'améliorer l'environnement dans lequel elles opèrent. Cependant, il semble que ce ne soit pas encore suffisant pour modifier en profondeur la perception défavorable qui affecte toujours ce pays.

Une indication de l'ampleur du problème est fournie par les classements de la Mauritanie établis par diverses organisations. Qu'ils soient justifiés ou non dans leur détails et bien qu'ils souffrent parfois de certains biais en défaveur du continent africain, les classements établis par des organisations telles que l'Heritage Foundation, le World Economic Forum ou Doing Business forment pour partie la perception des investisseurs quant à l'opportunité de réaliser des opérations dans un pays. Ils traduisent une évaluation implicite du climat des investissements entendu au sens large. Les résultats présentés ci-après fournissent une image mitigée de la Mauritanie.

La Mauritanie est mal classée en termes de liberté économique (ILE) selon les données de l'Heritage Foundation. La Mauritanie appartient ainsi au quartile des pays les moins performants (Graphique 1. 5). Pour la plupart des éléments composant cet indicateur[21], la Mauritanie fait souvent partie des pays les moins attrayants (Graphique A.1. 4 et Graphique A.1. 5). Au sein du groupe de comparateurs retenu, seule l'Algérie réalise une performance plus mauvaise. Les points particulièrement pénalisants seraient ainsi: l'interventionnisme du gouvernement, la politique commerciale, le poids des réglementations, la faiblesse des droits de propriété ainsi que la corruption. En outre, la Mauritanie est mal classée en termes de compétitivité globale selon les données du World Economic Forum. Selon ce classement, la Mauritanie appartient encore au quartile des pays les moins attractifs.

|Graphique 1. 5. Classement selon l'ILE 2007. |Graphique 1. 6. Classement selon l'ICG 2006-07. |

|[pic] |[pic] |

|Source: "Index of Economic Freedom 2007", Heritage Foundation. | |

| |Source: "Global Competitiveness Index 2006-07", World Economic Forum. |

La Mauritanie est enfin mal classée en termes d'indice de facilité à faire des affaires (Doing Business 2007): 148ème sur 175 pays (Tableau 1. 1). Cet indice est un composite des 10 indicateurs "Doing Business"[22] qui synthétisent le cadre formel légal au sein duquel opèrent les entreprises. Ce mauvais classement souligne la complexité du cadre réglementaire actuel qui n'est guère favorable à la conduite des affaires en Mauritanie, tout particulièrement dans les domaines de création et fermeture d'entreprise, de réglementation du marché du travail, de taxation des entreprises et de réglementation du commerce extérieur. Comme le montre le troisième chapitre, un grand nombre de ces points sont aussi perçus par les entreprises comme des contraintes à leur croissance.

Tableau 1. 1. Indice de Facilité à faire des Affaires (Ease of Doing Business).

[pic]

Source: Doing Business 2007.

6 1.5. conclusion.

Le cadre macroéconomique au sein duquel opèrent les firmes en Mauritanie est actuellement assez bon, la croissance a été soutenue ces dernières années et les principaux paramètres macroéconomiques sont en voie d'amélioration. En outre, un certain nombre de réformes ont été entreprises pour tenter d'améliorer le cadre des affaires. Cependant, malgré ces points positifs, la Mauritanie demeure encore, et pour le moyen terme, une économie à dominante extractive, au sein de laquelle la contribution du secteur manufacturier en proportion du PIB reste faible. En outre, la perception des investisseurs reste assez ambiguë, voire négative, par rapport à l'attractivité du pays.

Tout ceci suggère d'une part que les réformes déjà entreprises depuis le début des années 1990 n'ont pas amélioré suffisamment la perception des investisseurs, et d'autre part que des mesures additionnelles sont nécessaires pour continuer d'améliorer le climat des investissements. De fait, la Mauritanie se doit de renforcer sa réputation en tant que place d'affaire ainsi que d'améliorer ses mécanismes de support aux entreprises et de concertation public-privé.

Chapitre 2. Les PERFORMANCEs des firmes EN MAURITANIE.

La Mauritanie a connu des performances macroéconomiques correctes ces dernières années. Ceci ne peut cependant cacher certaines faiblesses structurelles de l'économie, éléments qui prennent d'autant plus d'importance dans le contexte actuel de mise en valeur de ressources pétrolières. En vue de renforcer la croissance future de l'économie et la préparer à l'extinction à terme de la rente pétrolière, mais aussi pour faire face aux incertitudes liées à une forte dépendance par rapport aux produits primaires, il est nécessaire pour le pays de développer plus avant sont secteur privé non pétrolier. L'ampleur des efforts à accomplir en la matière dépendra de deux grands paramètres, l'état actuel des secteurs productifs et la situation présente en termes de climat des affaires. L'objet de ce chapitre est d'analyser la performance des firmes mauritaniennes pour déterminer les conditions initiales auxquelles est confronté le secteur productif en Mauritanie.

Pour éclairer la discussion, il est donc nécessaire d’examiner un certain nombre des mesures traditionnelles de productivité (productivité et coût du travail, utilisation du capital et sa productivité, utilisation des capacités de production) mais aussi la productivité totale des facteurs. Ces mesures permettront de comparer les entreprises manufacturières en Mauritanie à celles d’autres pays, que ce soit des pays d'Afrique subsaharienne à bas revenus ou des pays à revenus intermédiaires. Ce chapitre se focalise spécifiquement sur les firmes du secteur manufacturier. Ce secteur est, jusqu'à présent, l'unique secteur commun à l'ensemble des Enquêtes Entreprises de la Banque Mondiale. En vue de permettre des comparaisons internationales, l'analyse est donc restreinte à ce secteur.

1 2.1. productivité pARTIELLE DES FACTEURS et utilisation des capacites de production.

1

2 La productivité et le coût unitaire du travail.

Une première manière simple de comparer la productivité entre pays est de calculer la valeur ajoutée par employé, c’est à dire la productivité du travail. Celle-ci est plus forte pour les entreprises ayant une production requérant moins d'intrants et de travailleurs. Les différences observées de productivité du travail peuvent provenir de différences dans l'organisation des firmes, leur gestion, la qualification des employés,… Bien que ce soit seulement une mesure partielle – la productivité du travail augmente généralement si l’entreprise remplace des travailleurs par du capital – elle fournit néanmoins des informations utiles.

Les données suggèrent que la productivité médiane du travail dans le secteur manufacturier est assez faible en Mauritanie, même dans le cas d'une comparaison avec d'autres pays à bas revenus d'Afrique subsaharienne. La valeur ajoutée par employé est d'environ 3000 dollars. Bien que ce chiffre soit supérieur à ce que l'on observe dans des pays tels la Tanzanie, le Bénin, l'Ouganda, la Guinée Conakry voire l'Ethiopie, il reste néanmoins inférieur de deux tiers à la valeur observée au Sénégal, pays qui a la meilleure performance des pays à bas revenus en Afrique subsaharienne. La productivité du travail en Mauritanie est aussi toujours inférieure à celle des pays d'Afrique subsaharienne à revenu intermédiaire. Elle est comprise entre 11 pourcent (Afrique du Sud) et 73 pourcent (Lesotho) de la productivité du travail de ces pays (Graphique 2. 1).

| La productivité du travail en Mauritanie est aussi |Graphique 2. 1. Productivité du travail (USD par employé). |

|faible par rapport aux pays à revenu intermédiaire |[pic] |

|retenus comme comparateurs hors de la région Afrique. |Source : Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale. |

|Bien que proche des valeurs observées en Indonésie et | |

|au Kazakhstan, la productivité du travail en |Nb. Valeurs médianes. La valeur ajoutée est obtenue par soustraction des consommations |

|Mauritanie représente environ 74 pourcent de celle |intermédiaires et des coûts de l’énergie aux ventes. Ont été pris en compte les |

|constatée au Brésil et 83 pourcent de celle observée |travailleurs permanents et temporaires. Les données comptable correspondantes se référent |

|dans la région exportatrice de Hangzhou en Chine. |à une période comprise entre 2002 et 2005, selon les dates de l'enquête. |

| |Le déflateur du PIB a été utilisé par ramener tous les prix en monnaie locale de 2005. |

|Comme dans la plupart des autres pays pour lesquels |Ensuite, ces valeurs ont été converties en dollars en utilisant le taux de change pour |

|des enquêtes entreprises ont été réalisées, la |2005. |

|productivité du travail en Mauritanie tend à croître | |

|avec la taille des entreprises (Tableau 2. 1). Il y a | |

|en effet une claire démarcation entre le niveau de | |

|productivité du travail dans les très petites | |

|entreprises[23], où la productivité du travail est | |

|d'environ 2727 dollars par an et par employé, et les | |

|firmes de classe de taille supérieures pour lesquelles| |

|la productivité du travail varie entre 3237 et 7582 | |

|dollars par an et par employé[24]. | |

| | |

|On note aussi que les firmes exportatrices, les | |

|entreprises étrangères, celles utilisant internet[25] | |

|et celles dont le manager a eu une éducation | |

|universitaire ont une productivité du travail | |

|supérieure à celles des autres catégories | |

|d'entreprises (Tableau 2. 1). | |

Ces résultats doivent cependant être considérés avec quelques précautions. Il est en effet difficile de faire des comparaisons internationales de productivité. L’un des problèmes usuel est que ce type d'indicateur est extrêmement sensible aux variations de cours de change[26]. Les difficultés liées aux comparaisons internationales en la matière suggèrent ainsi de recourir à une mesure plus directement comparable entre pays, le coût unitaire du travail (CUT).

| Le CUT mesure le coût total du |Graphique 2. 2. Les coûts unitaires du travail sont élevés en Mauritanie |

|travail par unité physique d'output. |(Pct. de la valeur ajoutée). |

|Il permet une comparaison de la |[pic] |

|compétitivité du travail lorsque cet |Source : Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale. |

|indicateur est converti en une monnaie| |

|commune[27]. Dans les calculs |Nb. Valeurs médianes pour les entreprises avec les données disponibles. La valeur ajoutée est obtenue par |

|suivants, le CUT est approché par le |soustraction des consommations intermédiaires et des coûts de l’énergie aux ventes. Le coût du travail est le|

|rapport des rémunérations à la valeur |coût total des salaires, indemnités, primes et autres avantages des personnels administratifs et de |

|ajoutée au niveau des firmes de |production. |

|l'échantillon[28]. Selon le Graphique | |

|2.2, les CUT en Mauritanie sont élevés| |

|(valeur de 0,48) par rapport aux | |

|niveaux | |

usuels en Afrique, ils sont aussi supérieurs à ceux de la Chine, du Brésil et de l'Afrique du Sud. Ainsi, les CUT demeurent plus élevés que ceux des comparateurs retenus, ce qui est cohérent avec le niveau relativement élevé constaté pour les rémunérations (voir la section 4.2). Ainsi, les coûts salariaux médians d'une firme Mauritanienne sont dans la fourchette haute des coûts observés pour les pays d'Afrique Subsaharienne à bas revenu et sont supérieurs aux coûts observés pour des pays à revenu intermédiaire tels la Chine, l'Indonésie et le Kazakhstan (Graphique A.2. 2). En d'autres termes, l'effet négatif d'une faible productivité du facteur travail n'est pas véritablement compensé par le niveau des rémunérations, ce qui limite la compétitivité des firmes Mauritaniennes.

Les données indiquent que les coûts du travail tendent à croître avec la taille des firmes, cependant dans une proportion moindre que la productivité. Ceci permet aux firmes de plus de 10 employés d'obtenir des CUT légèrement meilleurs que les très petites entreprises. On note aussi que les coûts du travail par employé sont plus importants pour une entreprise médiane exportatrice qu’ils ne le sont pour une entreprise médiane non exportatrice (respectivement 1609 et 1506 dollars par an et par employé, Tableau 2. 1). Toutefois, la productivité du travail étant également plus haute pour les firmes exportatrices, les coûts du travail sont plus faibles pour ces mêmes firmes que pour les entreprises opérant sur le marché domestique, en pourcentage de la valeur ajoutée. Enfin, il apparaît que la productivité du travail, comme les coûts du travail, sont plus élevés pour les entreprises qui utilisent l'internet, sont de propriété étrangère et ont un manager ayant reçu une éducation universitaire. Dans les trois cas cependant, le différentiel de productivité est supérieur au différentiel de salaire, ce qui permet à ces entreprises d'avoir des CUT un peu meilleurs que les firmes d'autres catégories.

3

4 Intensité capitalistique et productivité du capital.

Bien que les différences de productivité du travail notées précédemment puissent être dues à des différences d’efficience des firmes, elles peuvent également être le résultat de différences dans la quantité de capital détenu et utilisé par les entreprises en Mauritanie. Les firmes avec beaucoup de capital par employé (i.e. à forte intensité capitalistique) tendront ainsi à générer plus de valeur ajoutée par travailleur que les sociétés avec moins de capital, et inversement. En préalable à une comparaison d'indicateurs basés sur le capital, il faut mentionner qu'il est plus difficile de mesurer la valeur du stock de capital d'une firme que le facteur travail (effectifs et masse salariale). Ceci rend les comparaisons internationales relativement difficiles à établir[29].

Avec ces réserves à l'esprit, on note que l’intensité capitalistique est faible pour la firme médiane en Mauritanie, inférieure à celle des comparateurs retenus à l'exception de l'Indonésie (Graphique 2.3). L'intensité capitalistique tend à croître avec la taille des entreprises (Tableau 2. 1), la plupart de ces différentiels en capital peuvent cependant s’expliquer par le secteur d’activités des entreprises, les firmes dans l'agroindustrie et l'imprimerie étant particulièrement intensive en capital. On note aussi, que les firmes exportatrices et les entreprises étrangères ont une intensité capitalistique supérieure à celle des entreprises opérant sur le marché domestique et de propriété mauritanienne. Enfin, les entreprises qui utilisent l'internet et celles dont le manager a une éducation universitaire ont une intensité capitalistique supérieure à celle des autres catégories de firmes.

Bien que l'estimation de la valeur du stock de capital par employé fournisse une indication sur l'intensité d'utilisation du capital par les firmes, ces chiffres n'indiquent pas si le capital est utilisé de manière productive. Une telle information est fournie par le ratio de la valeur ajoutée à la valeur comptable nette des machines et équipements utilisés, i.e. la productivité du capital. Celle-ci sera élevée pour les firmes ayant un fort output avec un minimum de machines et équipements, de ce fait la productivité du capital tendra à être forte dans des industries intensives en travail. Bien que les firmes en Mauritanie soient assez intensives en facteur travail (de par la faible valeur relative du capital installé), on note que la productivité du capital n'est pas particulièrement élevée. En termes comparatifs, la productivité du capital est environ deux fois plus importante en Indonésie et 2,5 fois supérieure au Brésil, deux autres des pays du comparatif ayant une industrie manufacturière intensive en travail (Graphique 2.3).

Graphique 2. 3. Intensité capitalistique et productivité du capital.

[pic]

Nb. Valeurs médianes pour les entreprises avec les données disponibles. La valeur du capital est la valeur comptable des machines et équipements. Ont été pris en compte les travailleurs permanents et temporaires.

Source : Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

5

6 L'utilisation des capacités de production.

| Lors de l'EE, il a été demandé aux dirigeants |Graphique 2. 4. Utilisation des capacités de production (Pct). |

|d’entreprises d’estimer leurs niveaux d’utilisation des |[pic] |

|capacités de production; c’est à dire le rapport de la |Source : Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale. |

|valeur de la production effective en 2005 relativement à | |

|la valeur maximale qui aurait pu être produite à stock de|Nb. Valeurs médianes pour les entreprises avec les données disponibles. L’utilisation |

|capital et nombre d’employés inchangés. L'utilisation des|des capacités de production, rapportée par les dirigeants d’entreprises, est définie |

|capacités de production était d’environ 62 pourcent |comme la valeur de la production effective, rapportée à la valeur maximale qui aurait pu|

|(Graphique 2.4) en 2005. Les entreprises mauritaniennes |être produite avec le stock de capital et le nombre d’ouvriers à la même période. |

|auraient ainsi pu fabriquer 38 pourcent de plus qu’elles | |

|n’ont produit avec la même quantité de capital et le même| |

|nombre d'employés. L’utilisation des capacités de | |

|production en Mauritanie est faible, inférieure à celle | |

|de presque tous les comparateurs pour lesquels des | |

|données sont disponibles. | |

L’utilisation des capacités de production augmente généralement avec la taille des entreprises, ce qui est semblable à ce que l'on observe dans nombre de pays Africain. Les firmes exportatrices, les entreprises qui utilisent l'internet et celles dont le manager a une éducation universitaire ont une utilisation des capacités de production supérieure à celle des autre catégories de firmes. L'ensemble des résultats de cette section est synthétisé dans le tableau ci-après.

Tableau 2. 1. Indicateurs de productivité pour les entreprises manufacturières en Mauritanie (médianes).

[pic]

Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

7 Résultats sectoriels.

2

Le Tableau 2. 2 compile divers indicateurs de productivité dans quelques secteurs de l'industrie manufacturière mauritanienne, ceci sur la base des données comptables de l'année 2005.

Tableau 2. 2. Indicateurs de productivité pour les entreprises manufacturières par secteurs.

[pic]

Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Les données suggèrent, qu'en l'état, aucun des sous-secteurs manufacturiers enquêtés n'était véritablement compétitif en 2005. Une productivité du travail faible combinée à des rémunérations relativement élevées induit des coûts unitaires du travail médians forts, entre 0,37 et 0,55 selon les sous-secteurs. Ces chiffres sont à comparer aux CUT de pays voisins, Mali et Sénégal, qui varient respectivement entre 0,19 et 0,29 ainsi qu'aux CUT en Chine qui varient entre 0,13 et 0,20.

Le seul secteur semblant avoir un potentiel est celui des industries de la mer[30]. En effet, la relativement forte productivité du travail dans ce secteur (5084 dollars par employé et par an) compense pour le niveau des rémunérations, ce qui permet d'obtenir des CUT très inférieurs à la moyenne de l'échantillon (CUT de 0,37). Bien que ce niveau soit très supérieur à celui rencontré dans la plupart des pays africains, il place ce sous-secteur entre le Brésil (CUT de 0,4) et l'Indonésie (0,34), à un niveau légèrement supérieur à celui du Sénégal (0,29).

Ces chiffres soulignent d'une part le besoin impératif d'une croissance de la productivité pour les firmes mauritaniennes pour leur permettre de devenir compétitives au plan international et d'autre part, que les efforts à accomplir dans le secteur des industries de la mer sont certes non négligeables mais semblent d'ampleur moindre que dans les autres sous-secteurs.

3 2.2. La productivité totale des facteurs.

Bien que les indicateurs statistiques de productivité partielle précédents fournissent des informations utiles sur la performance des entreprises, ils peuvent cependant induire des interprétations erronées si l'on ne se réfère qu'à eux. En conséquence, le calcul de mesures de productivité totale des facteurs (PTF) est utile car cet indicateur prend en compte l'utilisation conjointe des facteurs; de fait les différences de PTF sont alors celles qui ne peuvent être expliquées par des différences d'utilisation de capital ou de travail. De fait, des entreprises avec une PTF forte seront considérées comme plus efficientes car elles produisent plus avec moins d'intrants et inversement.

L’analyse repose d'une par sur l’estimation d'une fonction de production de type Cobb-Douglas, en utilisant les données d’entreprises de douze sous-secteurs industriels, et d'autre par sur l'analyse des résidus et des coefficients de diverses variables dans le cadre d'une fonction de production augmentée (Encadre A.2. 1). Comme ceci requiert un échantillon de grande taille, les entreprises de l'ensemble des pays d’Afrique sub-saharienne pour lesquels des données d'EE sont disponibles ainsi que les firmes des pays à revenus intermédiaire retenus pour ce rapport sont mises en commun (pooling) en une régression simple. Ceci permet de comparer les niveaux de TFP entre la Mauritanie et les pays d'Afrique subsaharienne ainsi qu'entre la Mauritanie et certains pays à revenu intermédiaire.

La variable dépendante dans les régressions est le logarithme du total de la valeur ajoutée et toutes les régressions contrôlent pour l’usage de capital et les employés des entreprises. Tous les modèles incluent des variables muettes par pays pour mettre en relief des différences dans la productivité totale des facteurs entre les pays et réduire les problèmes associés aux taux de change. Ces régressions incluent aussi des variables muettes sectorielles qui permettent l'utilisation de différentes technologies de production selon les secteurs. Les principaux résultats obtenus sont les suivants:

• les firmes en Mauritanie sont moins productives en termes de PTF que dans les pays comparateurs retenus (Graphique 2. 5). En d'autres termes, la faible productivité du travail observée précédemment ne peut être expliquée uniquement par la faible utilisation observée du capital;

• en moyenne, la PTF est d'environ 77 pourcent inférieure à celle observée en Afrique du Sud, pays qui a les meilleures performances du continent;

• la PTF est environ trois fois inférieure à celle observée au Brésil et deux fois inférieure à celle des firmes au Maroc;

• la PTF en Mauritanie est aussi inférieure à celle des pays ayant de bonnes performances en Afrique subsaharienne. En moyenne, la PTF est deux fois supérieure au Botswana et supérieure de 78 pourcent au Cameroun. Les résultats sont similaires si l'on restreint la comparaison à l'agroindustrie.

Graphique 2. 5. La PTF en Mauritanie est faible (Pct par rapport à l'Afrique du Sud).

[pic]

Source: Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

• dans la plupart des secteurs – à l'exception des matériaux de construction – les grandes entreprises sont plus productives que les petites entreprises. De fait, ceci suggère que les petites entreprises sont désavantagées. Etant donné la faible taille du marché domestique Mauritanien, ceci indique qu'il sera difficile aux entreprises de compétir sur les marchés internationaux à moins qu'elles ne puissent étendre suffisamment leur activité nationale pour commencer à bénéficier d'économies d'échelle.

• les entreprises engagées dans l’exportation sont de 16 à 27 pourcent plus productives que les firmes similaires qui n’exportent pas;

• les entreprises étrangères sont plus productives que les firmes spécifiquement domestiques, d'environ de 17 à 27 pourcent de plus. Les coefficients sont positifs et statistiquement significatifs dans toutes les spécifications;

• l'estimation ponctuelle concernant les firmes utilisant l'internet montrent qu’elles sont de 23 à 30 pourcent plus productives que les autres qui ne se servent pas de cette technologie.

• les entreprises utilisant les financements bancaires (crédits et/ou découverts) sont plus productives que les autres catégories de firmes, de 14 à 20 pourcent. Cependant, le sens de la causalité est à priori peu clair, des firmes ayant un accès aux financements bancaire peuvent utiliser ceux-ci pour accroître leur productivité, mais il peut aussi se produire que ce sont les firmes les plus productives qui ont accès à ces derniers. Comme le montre le dernier chapitre, il est vraisemblable que cette dernière explication soit valide pour la Mauritanie.

• l'estimation ponctuelle concernant les firmes ayant des managers de niveau d'éducation universitaire montrent qu’elles sont environ 21 pourcent plus productives que les autres entreprises.

Les résultats précédents proviennent de régressions incluant des données de pays d'Afrique et d'autres régions, dont des pays à revenus intermédiaires. L'analyse indique que ceux-ci sont aussi valides pour la Mauritanie.

1

2 2.3. ExportationS.

L'analyse du comportement d'exportation des firmes Mauritaniennes permet de fournir une autre perspective sur leur compétitivité extérieure. Les données indiquent qu'environ 25 pourcent des firmes manufacturières en Mauritanie ont exporté tout ou partie de leur production en 2005. Bien que ce chiffre soit supérieur à ce que l'on observe dans des pays tels l'Algérie, le Kazakhstan ou le Mali, il reste néanmoins inférieur à celui de la plupart des pays comparateurs retenus. Ainsi, plus de la moitié des firmes en Chine, au Maroc et en Afrique du Sud ont exporté tout ou partie de leur production. En Mauritanie, les firmes exportatrices exportent en outre une faible proportion de leur production, équivalente à environ 12 pourcent de la valeur des ventes. Ceci est cohérent avec les résultats précédents sur la productivité; il n'est en effet guère surprenant que les firmes Mauritaniennes exportent peu car leurs CUT sont élevés et elles ne semblent pas utiliser leur stock de capital de manière efficiente.

Graphique 2. 6. Peu de firme Mauritaniennes sont exportatrices.

[pic]

Source: Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

Bien que la comparaison précédente ne soit pas en faveur de la Mauritanie, celle-ci est toutefois dans une position légèrement meilleure au plan Africain (Graphique A.2.2). Les firmes en Mauritanie avaient une plus forte probabilité d'exporter que les entreprises de 17 autres pays (sur les 31 pays pour lesquels des données sont disponibles).

3 2.4. La rentabilite des firmes.

Au niveau de la firme, la rentabilité est associée avec de meilleures performances de l'entreprise. Les firmes plus productives faisant face à de faibles frais généraux seront ainsi plus rentables que d'autres entreprises. Cependant, au niveau d'une industrie ou d'un pays, une forte rentabilité peut aussi indiquer un manque de concurrence, particulièrement dans un pays comme la Mauritanie où les firmes opèrent pour l'essentiel sur un marché domestique de taille restreinte.

Bien que les enquêtes entreprises ne collectent pas de données sur les taxes, ce qui implique que l'on ne peut que calculer des profits bruts, il est néanmoins possible de calculer des mesures de rentabilité avant paiement des impôts d'une manière cohérente pour les enquêtes les plus récentes. Du fait des difficultés de mesure du capital mentionnées précédemment, l'indicateur retenu correspond au rendement sur les ventes (profit sur ventes) plutôt qu'à un rendement sur les actifs de l'entreprise (profit sur valeur des machines et équipements par exemple).

Globalement, les données indiquent que la rentabilité des firmes en Mauritanie, ainsi mesurée, est faible. De fait, presque un quart des firmes manufacturière enquêtées reportent des pertes pour l'exercice 2005. Ceci est la proportion la plus élevée rencontrée en Afrique subsaharienne lors d'enquêtes entreprises récentes, à l'exception du Botswana et de la Gambie.

Graphique 2. 7. La rentabilité des firmes en Afrique subsaharienne.

[pic]

Source: Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

4

5 2.5. conclusion.

A l'issue de cette brève analyse, il apparaît que les firmes manufacturières en Mauritanie sont peu productives: la productivité du travail et du capital est faible, le coût assez élevé du facteur travail relativement à sa productivité induit des CUT élevés. La PTF est globalement peu élevée. Tout ceci implique que les performances à l'exportation et la rentabilité des firmes manufacturières sont limitées. Ce constat d'une faible productivité n'est malheureusement pas restreint à l'industrie manufacturière, la productivité dans les autres secteurs de l'économie reste assez faible (World Bank 2006a, 2006e). Ceci pose le problème des éléments limitant la croissance de la productivité en Mauritanie. Les chapitres suivants fournissent diverses explications de ce phénomène.

Chapitre 3. L'ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES EN MAURITANIE: LE POINT DE VUE DES ENTREPRISES.

Le chapitre précédent a souligné la faiblesse de la performance des firmes en Mauritanie, état qui, s'il n'est pas corrigé, rendra tout développement futur du secteur privé pour le moins hasardeux. Ces performances faibles sont liées à un climat des investissements qui demeure difficile en Mauritanie. Le concept de climat des investissements recouvre un vaste ensemble d'éléments qu'il est nécessaire d'analyser plus en détails pour mieux comprendre les contraintes au développement des entreprises de tous secteurs. C'est l'objet de ce chapitre. Suivant leur pertinence, des comparaisons entre les secteurs formels manufacturiers, du commerce et le "reste de l’univers" formel[31] sont présentées. Les comparaisons concernent le plus souvent les entreprises du secteur manufacturier car il s'agit du sous-échantillon pour lequel des données comparatives d'autres EE sont largement disponibles. Les données présentées ci-après indiquent que les entreprises installées en Mauritanie n'avaient pas une perception globalement favorable du climat des affaires à la mi-2006, ceci quel que soit le secteur.

1 3.1. Les contraintes perçues par les firmes DES DIVERS SECTEURS.

1

2 3.1.1. Les principales contraintes.

Les principales contraintes communes au développement des entreprises formelles, telles que perçues par les firmes dans le secteur manufacturier, du commerce et des autres secteurs sont (Graphique 3. 1):

• l’accès et le coût des financements bancaires. Cette contrainte est la plus communément citée par les entreprises;

• les taux d’imposition;

• les pratiques concurrentielles du secteur informel;

• l’électricité;

• l’administration de la législation fiscale;

• et les règles douanières et du commerce extérieur.

Les microentreprises et firmes informelles perçoivent quant à elles certaines contraintes de manière similaire (l’accès et le coût des financements, les taux d’imposition, les pratiques anticoncurrentielles du secteur informel et l’électricité), mais font aussi face à des problèmes plus spécifiques (Graphique 3. 1) tels l'accès à la terre et le transport.

Au delà de ces contraintes globales, des différences sectorielles apparaissent au sein des entreprises formelles. L'importance relative et l’ordonnancement des contraintes différent en effet quelque peu selon les secteurs. Ainsi les contraintes d’accès et de coût des financements bancaires sont dominantes dans les secteurs manufacturiers et du commerce alors que la contrainte prépondérante pour le reste des secteurs enquêtés se révèle être la concurrence du secteur informel. Il semble aussi que l'électricité soit une contrainte particulièrement forte pour le secteur manufacturier. Ce dernier secteur fait aussi face à une contrainte plus spécifique, le manque de main d'œuvre adéquatement formée. Par contre, les problèmes liés aux règles douanières et du commerce extérieur semblent ne concerner que les entreprises des secteurs manufacturiers et du commerce. Enfin, les problèmes d’administration de la législation fiscale ainsi que de taux de taxation demeurent une préoccupation commune à tous les secteurs. Cette perception des contraintes par les firmes recouvre un certain nombre de problèmes réels et sérieux en Mauritanie au cours du premier semestre 2006.

Graphique 3. 1. Les six principales contraintes des firmes en Mauritanie en 2006.

(Pct de répondants considérant les points suivants comme des contraintes "majeures" ou "très sévères").

[pic]

Nb. Données pondérées au niveau sectoriel pour tous les secteurs, sauf les micro-entreprises/firmes informelles. Contraintes rangées par ordre croissant, sélection des six contraintes perçues comme les plus fortes.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Dans les trois secteurs formels, l’accès et le coût des financements font partie des préoccupations les plus importantes des chefs d’entreprises: ils sont cités comme étant un problème majeur ou très sévère par 51,2 pourcent des firmes manufacturières, 44,8 pourcent des entreprises évoluant dans le secteur du commerce et 38,3 pourcent des firmes d'autres secteurs. En outre, 43,6 pourcent des microentreprises/firmes informelles citent cet élément comme étant leur contrainte la plus importante. Selon les résultats d'un récent rapport consacré au secteur financier en Mauritanie (World Bank 2006d), de telles perceptions négatives ne sont guère surprenantes. Il apparaît ainsi que huit des neuf banques commerciales en activité en 2006 sont de fait des filiales de groupes commerciaux et industriels. Ceci induit une forte segmentation et une faible concurrence au sein du système bancaire. En pratique, ces banques traitent presque exclusivement avec des membres du groupe; les clients potentiels non membres du groupe ont ainsi de grandes difficultés à accéder aux services bancaires. Ces difficultés d'accès pour les clients non membres du groupe sont aussi accrues par i) la faiblesse de la profession comptable en Mauritanie et l'absence quasi généralisée d'états financiers fiables, ainsi que ii) les difficultés d'obtention de garanties. En conséquence, comme il est démontré en détails au chapitre quatre, il apparaît que les financements bancaires sont peu utilisés par les entreprises et que les firmes de faible taille sont plus pénalisées que les grandes. Elles ont en effet de plus grandes difficultés à obtenir de tels financements, les banques mauritaniennes exigeant souvent des garanties importantes.

Les taux d’imposition ainsi que leur administration posent d’importants problèmes aux chefs des entreprises du secteur formel. Les taux d'imposition sont ainsi cités comme étant un problème majeur ou très sévère par 31,7 pourcent des firmes manufacturières, 36,6 pourcent des entreprises évoluant dans le secteur du commerce et 37,9 pourcent des firmes d'autres secteurs. Enfin, cette contrainte est mentionnée par 23,4 pourcent des microentreprises/firmes informelles. De même, 32,6 pourcent des firmes dans le commerce et 26,9 pourcent de celles dans d'autres secteurs considèrent l'administration de la législation fiscale comme une contrainte majeure ou très sévère. Selon les données reportées par le rapport Doing Business 2007, de telles perceptions sont parfaitement fondées (Encadre 3. 1). L'indicateur retenu dans ce rapport dénombre les impôts qu’une entreprise type, de taille moyenne, doit régler ou retenir[32] chaque année, ainsi que les démarches administratives exigées pour le paiement des taxes. Ainsi, pour l'année 2006, le taux d'imposition totale sur les profits des firmes en Mauritanie est de 104,7 pourcent; un des plus élevés non seulement de la sous-région (Graphique A.3.1), mais du monde[33]. Dans ce contexte, il n'est guère surprenant de constater une importante évasion fiscale. Au plan national, une estimation sur les données de l'EE indique qu'environ 52,5 pourcent du chiffre d'affaire des firmes est reporté à l'administration fiscale en vue du paiement des impôts, ce chiffre est d'environ 57 pourcent pour le secteur manufacturier.

Encadre 3. 1. La pression fiscale sur les firmes formelles en Mauritanie en 2006.

Les données DB 2007 indiquent que le taux d'imposition totale des profits des firmes était de 104,3 pourcent en Mauritanie en Mars 2006. Ce taux inclue l'ensemble des prélèvements (taxes sur les profits, contributions salariales, autres taxes) auxquels sont soumises les firmes[34]. Au niveau des indicateurs de taxation, la Mauritanie est classée 173ème sur 175 pays et réalise la sixième plus mauvaise performance pour les pays d'Afrique subsaharienne.

[pic]

Ce taux est supérieur à celui de pays tel le Sénégal (47,7 pourcent), le Mali (50 pourcent) ou l'Afrique du Sud (38,3 pourcent) et supérieur à celui de pays d'autres régions, le Kazakhstan (45 pourcent) ou l'Indonésie (37,2 pourcent). En outre, un tel taux place la Mauritanie au-dessus des taux moyen pratiqués dans toutes les autres régions. En comparaison avec d'autres pays, il semble que la source de ce taux de prélèvement fort soit le poids excessifs des taxes assises sur les profits des firmes en Mauritanie.

[pic]

Source: Doing Business 2007.

Les données DB 2007 suggèrent aussi que les formalités administratives liées à la fiscalité sont lourdes (Encadre 3. 1). Le nombre annuel de paiements requis est élevé: 61 paiements différents sont ainsi requis pour qu'une firme en Mauritanie puisse honorer ses obligations auprès de l'administration fiscale. En outre, le temps nécessaire pour préparer et remplir les formulaires fiscaux ainsi que payer effectivement les taxes requises est l'un des plus élevés en Afrique, soit 696 heures. Selon ces deux indicateurs, la Mauritanie est largement haut dessous de la moyenne pour l'Afrique subsaharienne, elle-même étant le continent le moins performant en la matière. De fait, malgré quelques améliorations récentes, le système fiscal mauritanien demeure caractérisé par une fiscalité relativement lourde, compliquée et focalisée pour l'essentiel sur la collecte de recettes sur une base taxable restreinte d'entreprises formelles.

34,3 pourcent des entreprises manufacturières et 18 pourcent des entreprises du secteur du commerce se déclarent affectées par les pratiques concurrentielles du secteur informel. Les firmes des autres secteurs de l'économie perçoivent ce problème de manière encore plus aigue; 39,5 pourcent d'entre elles considèrent cet élément comme une contrainte majeure ou très sévère (Graphique 3.1). De telles perceptions sont particulièrement justifiées au regard de l'importance du secteur informel en Mauritanie. Le secteur informel représente environ 70 pourcent des actifs urbains, on compte ainsi 4,2 emplois informels pour 1 emploi dans le secteur formel. Toutefois, ces emplois demeurent aussi précaires que les entreprises qui engagent, n’offrent aucune sécurité, et mobilisent des travailleurs peu qualifiés (AfDB 2006). Les activités informelles incluent essentiellement la restauration, l'artisanat, les transports et le commerce. On estime qu'actuellement, le secteur informel compte pour environ 30 pourcent du PIB en Mauritanie (Heritage Foundation 2007). Les entreprises informelles sont en outre souvent perçues par les firmes formelles comme ayant des avantages concurrentiels indus. Des entretiens avec les firmes du secteur indiquent que les entreprises informelles ont un avantage en termes de coût moindre des intrants et des services et n'appliquent pas ou peu les réglementations existantes, ceci leur permet des prix de vente inférieurs.

Au fil des ans, le secteur informel, notamment urbain, a ainsi joué un rôle croissant en termes d'emploi et, plus généralement, d'équilibre du système social dans son ensemble en absorbant l'impact des divers chocs auxquels a été soumise l'économie (Lachaud 1996). La persistance de ce secteur informel en Mauritanie peut être analysée comme la conséquence de du caractère peu concurrentiel du secteur formel et de l'importance des barrières à l'entrée dans le secteur formel qui permettent à la situation actuelle de perdurer (Encadre 3. 2). Le cadre réglementaire actuel, basé sur une loi de 1991 (World Bank 2003b, World Bank 2006a) maintenant incorporée dans le Code du Commerce, souffre encore de certaines imprécisions, semble relativement peu connu et certains décrets d'application ne sont pas encore publiés.

La fourniture d'électricité est aussi mentionnée comme une contrainte forte par les entreprises, elle apparaît parmi les six principales contraintes dans tous les secteurs. Ainsi, 43,5 pourcent des firmes manufacturières, 15,5 pourcent des entreprises du commerce, 23,8 pourcent des entreprises d'autres secteurs et 18,6 pourcent des microentreprises/firmes informelles considèrent la fourniture d'électricité comme étant un problème majeur ou très sévère. Malgré des tentatives de réforme, la couverture des besoins, les quantités comme la qualité de l'électricité fournie posent problème. Ainsi, comme indiqué ultérieurement (section 2.4), les coupures et les variations de tension demeurent relativement nombreuses. Le fait que le coût de l'électricité à usage industriel soit inférieur de 64 pourcent par rapport à celui observé au Mali ou au Sénégal ne parvient pas à compenser les défaillances observées au niveau des entreprises.

Encadre 3. 2. Concurrence dans le secteur manufacturier en Mauritanie.

La concentration des entreprises Mauritanienne du secteur formel au sein d'un petit nombre de groupes industriels et commerciaux est notoire (World Bank 2003b, World Bank 2006a). Ainsi, les parts de marché des entreprises Mauritaniennes sont généralement fortes, entre 25,8 et 35,8 pourcent selon qu'elles opèrent sur le marché local ou au plan national. En outre, le nombre de concurrents sur le marché principal des firmes formelles est généralement faible. Dans le secteur manufacturier, en 2005, 16,3 pourcent des entreprises formelles déclaraient être en position de monopole ou dans le cadre d'un duopole et seule 58,8 pourcent des firmes déclaraient avoir plus de 5 concurrents.

En dynamique, de telles structures de marché peu concurrentielles peuvent être affectées par l'arrivée de nouveaux entrants. Or, le processus d'entrée sur le marché formel reste limité. Sur les marchés en situation de monopole ou de duopole, 92,3 pourcent des firmes n'ont noté aucune entrée en 2005. On note aussi que la part de firmes ne reportant aucune entrée tend à décroître avec le nombre de concurrents en place sur un marché, ce qui est conforme à l'analyse économique usuelle mais signale aussi l'existence de barrières à l'entrée fortes sur les marchés peu concurrentiels en Mauritanie, barrières pouvant provenir du comportement des firmes ou de contraintes réglementaires.

Concurrence sur le principal marché des firmes manufacturières formelles.

[pic]

Nb. Pct. calculés sur la base du nombre de concurrents et d'entrants sur le marché principal tel que rapporté par les firmes lors de l'enquête.

Les réglementations peuvent en effet avoir un impact sur des entrants potentiels. Des réglementations lourdes, mal conçues, peuvent dissuader des entrepreneurs de créer une entreprise ou les inciter à rejoindre le secteur informel. De fait, les résultats de l'EE relatifs aux microentreprises/firmes informelles soulignent l'importance des contraintes réglementaires dans la décision d'enregistrer ou non une entreprise, et donc d'entrer sur le marché formel.

Contraintes à la décision d'enregistrement d'une entreprise (Pct.).

[pic]

Les contraintes perçues par les microentreprises/firmes informelles reposent soit sur une anticipation de leur situation dans le secteur formel, soit sur une évaluation des coûts immédiats liés à une formalisation. Selon le graphique ci avant, qui rapporte le pourcentage de firmes considérant une contrainte comme "majeure" ou "très sévère", les contraintes anticipées sont les plus fortes. Les plus importantes sont les contraintes administratives liées aux lois fiscales (22,6 pourcent) et la réglementation du travail (22,6 pourcent), suivie des taxes (19,6 pourcent). Les contraintes de temps et de coût de création des entreprises sont perçues comme moindres, sauf la contrainte liée au capital minimum des firmes (17,7 pourcent des entreprises). Ces résultats sont cohérents avec ceux fournis par les indicateurs DB 2007. Ceux-ci soulignent l'importance des contraintes liées à la taxation des firmes, au marché du travail et à l'étendue des coûts de création d'entreprise.

Bien que des progrès significatifs aient été enregistrés en termes de libéralisation du régime du commerce extérieur de la Mauritanie[35], les réglementations douanières et du commerce extérieur restent perçues comme des contraintes fortes par les firmes des secteurs manufacturiers (33,8 pourcent) et du commerce (29 pourcent). Les réformes antérieures ont permis de supprimer divers systèmes d’autorisations préalables, d’abolir tous les monopoles d’exportation et d’importation, et de réduire autant le nombre que la valeur des tarifs douaniers. Cependant, bien que positives, ces mesures n'ont pas encore permis de réduire fortement certaines contraintes liées à la facilitation du commerce. Nombre de complexités administratives demeurent. Ainsi, la Mauritanie reste mal classée par rapport à l'indicateur de commerce transfrontalier (DB 2007), 142ème sur les 175 pays de toutes régions, et 28ème au sein de l'Afrique subsaharienne.

Deux autres contraintes, certes mentionnées moins fréquemment, ne sont pas pour autant négligeables: les compétences des employés disponibles ainsi que l'accès à la terre. 33,7 pourcent des entreprises manufacturières considèrent que le manque de main d'œuvre adéquatement formée est un obstacle sérieux et 27,6 pourcent des entreprises des autres secteurs perçoivent l'accès à la terre pour usage professionnel comme une contrainte. Sur ce dernier point, il faut noter qu'en Mauritanie, les terrains sont alloués en fonction de leur utilisation et de la taille des parcelles (ICC 2004). Les procédures sont régies par la loi 83-127 de Juin 1983 et son décret d'application 2000-089 de Juillet 2000. Les attributions de terrains inférieurs à 30 hectares sont décidées au niveau régional (par les Hakem et Walli) alors que les lots de taille supérieure et ceux en zone urbaine sont attribués sur décision du Ministre des Finances, voire du Conseil des Ministres. Les demandes de terrain pour usage industriel doivent obligatoirement être accompagnées de la documentation appropriée (ex. plans d'usine,…). L'obtention d'un titre foncier définitif est difficile car elle est i) soumise à l'obtention préalable d'un titre provisoire et ii) le nombre de terrains disposant d'un titre est réduit, même en zones urbaines. On compte ainsi environ 18000 titres sur l'ensemble de la Mauritanie (World Bank 2006d). Ces conditions sont souvent difficiles à réunir, en particulier pour les micro-entreprises/firmes informelles.

L’ensemble des contraintes perçues par les firmes mauritaniennes est reporté ci-après.

Tableau 3. 1. Evaluation des contraintes majeures/très sévères (Pct).

|  |Secteur |Commerce |Autres |Micro / |

| |manufacturier | |secteurs |informelles |

|Accès au financement (disponibilité et coût) |51.2 |44.8 |38.3 |43.6 |

|Électricité |43.5 |15.5 |23.8 |18.6 |

|Pratiques concurrentielles du secteur informel |34.3 |18.0 |39.3 |23.4 |

|Réglementations douanières et du commerce extérieur |33.8 |29.0 |18.4 |8.1 |

|Main d'œuvre inadéquatement formée |33.7 |9.1 |19.8 |9.7 |

|Taux d'imposition |31.7 |36.6 |37.9 |23.4 |

|Corruption |25.9 |11.0 |13.7 |12.1 |

|Fonctionnement des tribunaux |23.5 |6.7 |3.3 |2.4 |

|Administration de la législation fiscale |22.9 |32.6 |26.9 |17.7 |

|Accès à la terre |16.5 |14.9 |27.6 |32.3 |

|Instabilité macroéconomique |15.4 |8.5 |14.5 |13.7 |

|Instabilité politique |15.1 |2.1 |9.7 |7.3 |

|Transport |14.5 |14.9 |17.8 |23.4 |

|Législation du travail |7.6 |0.0 |0.8 |0.8 |

|Procédures de création d'entreprise, formalités, patentes, etc. |5.4 |0.0 |5.1 |3.2 |

|Télécommunications |4.5 |4.3 |8.3 |3.2 |

|Crime, vols, désordres publics |0.8 |2.1 |1.7 |7.3 |

Nb. Données pondérées au niveau sectoriel pour tous les secteurs, sauf les micro-entreprises/firmes informelles.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

3 3.1.2. L'intensité et la classification des contraintes perçues par les firmes.

Les diverses contraintes précédemment citées par les entreprises recoupent un certain nombre de problèmes plus globaux liés à l'environnement des affaires en Mauritanie. Pour clarifier l'analyse et tenter de déterminer l'intensité respective des contraintes "majeures" ou "très sévères" dans le secteur formel, l'ensemble des points précédents ont été regroupés en quatre catégories: marchés des facteurs, réglementations, corruption et infrastructures. Une moyenne des réponses par catégorie et par secteur a ensuite été calculée pour les entreprises ayant indiqué des contraintes de ce niveau. Par construction (Graphique 3. 2), les résultats sont compris entre 0 et 1[36]. Une valeur de zéro indique une contrainte "majeure" et une valeur de un signale une contrainte maximale, "très sévère".

Graphique 3. 2. Intensité des contraintes.

(Contrainte "majeure"=0, contrainte "très sévère" =1)

[pic]

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

L'ordonnancement des catégories de contraintes est assez explicite. Le principal bloc de contraintes est lié aux marchés des facteurs[37] pour l’ensemble des secteurs (moyenne comprise entre 0,44 et 0,61 selon les secteurs). Les problèmes liés à la corruption viennent en second pour le secteur manufacturier (moyenne de 0,52), et en dernière position pour les deux autres secteurs, avec une intensité similaire (moyenne de 0,20 pour le commerce et le reste de l’univers). Les contraintes liées aux infrastructures[38] apparaissent en troisième position pour les firmes manufacturières et du commerce (respectivement avec une moyenne de 0,42 et de 0,31), alors que les firmes du commerce ressentent plus fortement cette contrainte, en la classant en seconde position (moyenne de 0,35). Enfin, les problèmes liés aux réglementations[39] viennent en dernier pour le secteur manufacturier (moyenne de 0,37), en seconde position pour le secteur commercial (moyenne de 0,32), et enfin le reste de l’univers les place au troisième rang (avec une moyenne de 0,26).

Ces problèmes génériques sont maintenant abordés en détails, en séparant le secteur manufacturier des autres secteurs. Les problèmes liés aux marchés de facteurs (accès et coût des financements, marché du travail) sont abordés séparément au Chapitre 4.

2

3 3.2. Le secteur manufacturier: UN ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES Difficile.

1 3.2.1. Une perception différente des contraintes selon les entreprises.

Dans le secteur manufacturier, la perception des problèmes par les firmes varie fortement selon leurs caractéristiques (propriété, orientation commerciale, localisation, déclin ou croissance du chiffre d'affaire). En outre, dans le contexte actuel de nécessaire développement d'un secteur privé non pétrolier, les problèmes perçus par les firmes étrangères, les exportateurs et les firmes en croissance prennent un relief particulier. De fait, ces diverses catégories d'entreprises perçoivent un climat des investissements sensiblement différent (Graphique 3. 3., Tableau A.3.1 et Tableau A.3.3).

| Les firmes étrangères perçoivent de manière plus négative|Graphique 3. 3. Principaux différentiels de perception (Pct.). |

|que les firmes locales nombre d'éléments du climat des |[pic] |

|investissements en Mauritanie. Ainsi, les problèmes liés à | |

|la législation du travail, à l’électricité, au | |

|fonctionnement des tribunaux, aux télécommunications, au | |

|transport et aux pratiques concurrentielles du secteur | |

|informel sont perçus comme plus forts par les firmes à | |

|capitaux étrangers que par les firmes locales. Par exemple, | |

|alors que 36,3 pourcent des firmes étrangères considèrent la| |

|législation du travail comme une contrainte majeure ou très | |

|sévère, ce chiffre n'est que de 2,9 pourcent pour les | |

|entreprises locales. De même, l’électricité est un problème | |

|pour 72,7 pourcent des firmes étrangères contre | |

|"seulement" 44,1 pourcent des firmes locales. | |

| | |

|Bien que nombre de firmes étrangères perçoivent certains | |

|éléments du climat des investissements comme des contraintes| |

|rédhibitoires, elles sont | |

|aussi parfois moins négatives dans leur jugement que les |[pic] |

|firmes locales. Ainsi, les problèmes liés à la a | |

|corruption et à l’accès à la terre sont perçus comme | |

|sérieux par les firmes étrangères, mais relativement moins|Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Une valeur positive |

|que par les firmes locales. Ainsi, alors qu'environ 18,2 |implique une contrainte perçue comme plus forte. Calculé sur la base de données non |

|pourcent des firmes étrangères considèrent la corruption |pondérées de l'échantillon. |

|comme une contrainte majeure ou sévère, ce chiffre atteint| |

|30,9 pourcent pour les entreprises locales. De même, 19,1 |Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale. |

|pourcent des firmes locales considèrent l’accès à la terre| |

|comme une contrainte importante, alors que l’évaluation | |

|qu’en font les entreprises étrangères n’est que de 9,1 | |

|pourcent. | |

La situation diffère aussi selon que les firmes sont exportatrices ou non. Les firmes opérant exclusivement sur le marché local sont plus négatives dans leur jugement pour les problèmes liés à la compétence des employés disponibles, à la corruption, à la disponibilité et au coût des financements, à l’accès à la terre, à l’instabilité macroéconomique et aux transports que les firmes exportatrices. Les différences de perception sont fortes. Par exemple, alors qu’environ 38,2 pourcent des non exportateurs considèrent que la compétence des employés disponibles est une contrainte majeure ou très sévère, ce chiffre n'est que de 9,1 pourcent pour les entreprises exportatrices. De même, la corruption ou l’accès et le coût des financements posent un problème sérieux à respectivement 30,1 et 57,4 pourcent des opérateurs locaux contre 18,2 et 45,5 pourcent des exportateurs.

La localisation géographique affecte aussi les perceptions des firmes. Ceci suggère que les entreprises basées à Nouakchott et Nouadhibou font face à un climat des investissements assez différent. Pour nombre des contraintes mentionnées, les firmes situées à Nouakchott sont plus négatives dans leurs perceptions que les firmes localisées à Nouadhibou. Ainsi, les problèmes liés à l'accès et au coût des financements, l’électricité, la corruption, les pratiques du secteur informel, l’instabilité macroéconomique et les taux d’imposition sont perçus comme plus graves par les firmes de Nouakchott. Les différences sont parfois conséquentes. Ainsi alors que 59,2 pourcent des firmes de Nouakchott considèrent l’accès et le coût des financements comme un problème sérieux et grave, elles ne sont que 22,2 pourcent à avoir le même point de vue à Nouadhibou. A l’inverse, les firmes de Nouadhibou perçoivent les réglementations douanières et du commerce extérieur, ainsi que l’administration de la législation fiscale comme des contraintes plus fortes que les établissements de Nouakchott, avec respectivement 70,4 et 44,4 pourcent contre 24,3 et 17,3 pourcent.

Un critère de différenciation forte de la perception des firmes est celui de l'évolution de leur chiffre d'affaire. Selon que ce dernier a cru ou décliné entre 2002 et 2005, les entreprises visitées ont des perceptions très différentes des contraintes auxquelles elles font face. Pour une majorité des contraintes mentionnées, les firmes en croissance sont plus négatives dans leurs perceptions que les firmes en déclin (Tableau A.3. 3). Ainsi, les problèmes liés à la législation du travail, aux réglementations douanières et du commerce extérieur, à l'électricité, à une main d'œuvre inadéquatement formée, aux télécommunications et aux procédures de création d'entreprise, aux formalités réglementaires… sont perçus comme plus graves par les firmes en croissance. Les différences sont parfois non négligeables. Ainsi, alors que 30,8 pourcent des firmes en croissance considèrent les réglementations douanières et du commerce extérieur comme un problème sérieux et grave, elles ne sont que 20 pourcent à avoir le même point parmi celles qui ont connu un déclin de leur chiffre d'affaire en 2002 et 2005. A l’inverse, les firmes en déclin perçoivent les pratiques concurrentielles du secteur informel et le transport comme des contraintes plus fortes que les établissements en croissance.

Graphique 3. 4. Différentiels de perception entre les firmes ayant une croissance ou un déclin de leur chiffre d'affaire entre 2002 et 2005 (Pct.).

[pic]

Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Une valeur positive implique une contrainte perçue comme plus forte. Calculé sur la base de données non pondérées de l'échantillon.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

2 3.2.3. La corruption reste encore un problème sérieux.

Les données d'enquête indiquent que la corruption demeure un problème non négligeable en Mauritanie, elle génère ainsi une instabilité de l'environnement des affaires et des surcoûts non négligeables. La corruption est un motif sérieux et sévère d’inquiétude pour 25,9 pourcent des entrepreneurs du secteur manufacturier.

Bien que les comparaisons de données de perception entre pays doivent être considérées avec précautions (il existe en effet des différences de mécanismes de formation des perceptions et de conjoncture ainsi que des taux de réponse variés selon les enquêtes), celle-ci fournissent néanmoins des informations préliminaires utiles. Ainsi, en termes de perception du problème par les entreprises, la Mauritanie est positionnée dans la première moitié du classement (Graphique 3. 5). Par contre, la part du chiffre d'affaire affectée à ces "paiements informels" est parmi les plus importantes observées, bien supérieure à ce que l'on a enregistré récemment dans d'autres pays de la région comme le Mali ou le Sénégal, et s’avère relativement proche de ce qui est observé en Algérie (Graphique 3. 6). Ainsi, en 2006, en moyenne 6,4 pourcent du chiffre d'affaires annuel des firmes manufacturières a été affecté à des paiements non officiels. Ce chiffre est supérieur à ce que l'on observe au niveau national sur l'ensemble des secteurs enquêtés, c'est-à-dire 3,8 pourcent du chiffre d'affaires. On note aussi que le coût de la corruption en Mauritanie est bien supérieur à celui des deux pays pétroliers à croissance rapide du comparatif, l'Indonésie et le Kazakhstan.

|Graphique 3. 5. Perception de la corruption. |Graphique 3. 6. Coût estimé de la corruption. |

|(Pct. d’entreprises citent le problème comme "majeur"/ "très sévère"). |(Pct. du CA affecté aux paiements informels) |

|[pic] |[pic] |

Nb: Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Données pondérées au niveau sectoriel pour la Mauritanie.

Source: Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

Ce résultat d'une perception relativement modérée de la corruption en tant que problème alors que son coût effectif est élevé peut être expliqué par une endogéneisation des pratiques de corruption au sein de la société mauritanienne, c'est-à-dire que le phénomène est d’usage courant, devenant la règle, et entrant ainsi dans les coutumes locales. Cette interprétation semble confirmée par le fait qu'environ 73,5 pourcent des firmes manufacturières indiquent savoir à l’avance à combien s’élèvent ces paiements informels ou cadeaux "pour faire avancer les choses”. En outre, il existe un certain nombre de contraintes perçues comme plus importantes en termes relatifs par les firmes manufacturières ce qui peut expliquer la valeur relativement modérée de la perception de corruption par rapport à son coût. La relative faiblesse de la perception de la corruption en Mauritanie se retrouve aussi au niveau de l'IPC de Transparency International. La Mauritanie est classée 84ème sur 164 pays (au 13ème rang pour l'Afrique, au même rang que l'Algérie et Madagascar) en 2006, un classement bien meilleur que nombre de pays africains (EIU 2007).

En dépit de cette perception assez modérée, la corruption apparaît comme répandue en Mauritanie et favorise une extrême concentration de richesses entre quelques groupes oligarchiques dont les attaches sont à la fois économiques, politiques et sécuritaires (ICG 2006). Un discours du Président du CMDJ[40] synthétisait correctement la nature du problème:

J'attire l'attention de tous les mauritaniens sur le fait qu'ils doivent réviser leurs attitudes et comportements et assumer leur responsabilité aussi bien au niveau individuel qu'à celui des entreprises, de l'Etat, des partis politiques et de la société civile (…)

Si de tels manquements persistent au sein de notre société, on ne devrait pas s'étonner d'assister à l'ancrage des pratiques dolosives et plus rien ne pourrait plus être exigé du policier, du gendarme, du responsable de l'administration ou de l'intellectuel, car il s'agirait d'une question de mentalité et de comportement social.

Il apparaît que la corruption se situe au moins à deux niveaux en Mauritanie, instituant la coexistence d’une "petite" corruption qui concerne des formalités diverses, les relations courantes entre les usagers et l'Administration, et d'une "grande" corruption relative aux relations contractuelles avec l'Etat. Ainsi, il semble que l’obtention de certains documents administratifs ou l’accès à certaines infrastructures implique des situations de corruption, générant cette "petite" corruption très répandue (Graphique 3. 7). Ainsi, ces deux dernières années[41], pour 84,8 pourcent des firmes manufacturières interrogées, un paiement informel a été requis pour l’obtention d'une connexion électrique, ce chiffre est de 65,6 pourcent pour un raccordement à l’eau et de 63,7 pourcent pour l’obtention d’un permis de construire. Au cours des 12 mois précédant l'enquête, on note aussi que dans plus de la moitié des cas, les visites de l'administration fiscale au sein des entreprises ont données lieu soit à des "petits cadeaux", soit à des requêtes de paiements informels pour les firmes manufacturières[42].

|Graphique 3. 7. Paiement informel demandé/espéré (Pct.). |Graphique 3. 8. Part de la valeur des contrats avec l’administration |

| |affectée à des paiements informels (Pct.) |

|[pic] |[pic] |

| |Nb. |

| |Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. |

|Nb. | |

|Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier au cours des deux dernières |Source: Enquêtes Entreprises 2003-2006, Banque Mondiale. |

|années, 12 derniers mois pour l'administration fiscale. | |

| | |

|Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale. | |

La "grande" corruption, celle qui touche les relations contractuelles entre les firmes et l'Etat, est aussi importante. Environ 10,7 pourcent de la valeur des contrats avec l’administration est en moyenne perdue en paiements informels par les firmes manufacturières (Graphique 3. 8), un des chiffres les plus élevés noté lors d'une EE, à l'exception du Brésil[43]. Les données suggèrent que ce sont surtout les firmes mauritaniennes et les entreprises exportatrices qui sont touchées par le problème (Tableau A.3. 4.). Ces divers éléments suggèrent que les phénomènes de corruption sont bien ancrés en Mauritanie et qu'ils constituent in fine un fardeau non négligeable pour le développement du pays.

3 3.2.4. Des limitations au niveau des infrastructures.

La qualité et la disponibilité des services infrastructures posent de sérieux problèmes aux entreprises manufacturières en Mauritanie. Sur l'ensemble de l'échantillon d'entreprises manufacturières, les problèmes liés à la fourniture d'électricité apparaissent parmi les plus importants. Ainsi, 43,8 pourcent des entreprises du secteur considèrent ceux-ci comme un obstacle majeur ou très sévère. D'autres infrastructures, transport et télécommunications, sont aussi perçues comme posant des problèmes. Enfin, les problèmes de fourniture d'eau pour usage industriel sont non négligeables.

La fourniture d'électricité est perçue comme le principal problème lié aux infrastructures en Mauritanie en 2006 pour les entreprises du secteur manufacturier. Le secteur de l'électricité est depuis 1999 en phase de libéralisation. Le monopole de production et de distribution de l'énergie électrique de l'opérateur public a été aboli en 1999. En outre la SONELEC a été divisée en deux entités en 2001, la division électricité revenant à la SOMELEC. Un processus de privatisation de l'entreprise a été engagé en 2002 avec le lancement d'une consultation internationale pour la vente de 51 pourcent du capital à un opérateur étranger. Cette tentative a été un échec (World Bank 2006c). De fait, malgré un début de réforme, la couverture des besoins, les quantités fournies comme leur qualité posent toujours problème.

• Les taux de couverture restent ainsi très variables selon les localisations. La fourniture d'électricité en Mauritanie est actuellement conçue pour satisfaire les besoins des zones urbaines, ceci étant explicable par l'étendue du territoire et la faiblesse de la demande rurale. De fait, le taux d’électrification est très faible: en 2004, moins de 1 pourcent des villages bénéficiaient d'une connexion au réseau. Par contre, à Nouakchott, environ 30 pourcent de la population à accès à l’électricité, ce chiffre est de 35 pourcent à Nouadhibou. Bien que le réseau de distribution mesure 1500 km, il n'existe aucune interconnexion entre les différents sites de production compte tenu de l'étendue du territoire, ce qui limite la couverture (Ambassade de France, 2006).

• La consommation d'électricité en Mauritanie est en hausse constante, mais l'offre reste limitée. Le nombre d'abonnés et la consommation ont ainsi cru de 30 pourcent entre 1998 et 2003 (Ambassade de France, 2006) ; en outre le dynamisme actuel de l'économie génère une demande additionnelle forte. L’électricité mauritanienne est produite en majeure partie par la SOMELEC dans des centrales thermiques[44]. La production de la SOMELEC est d’environ 280 GWh/an, ses importations sont de 140 GWH/an. En 2003, la Mauritanie comptait 20 centrales de production dont la puissance totale installée était de 94 MW, et la production nette était de 276,35 GWh. (Ambassade de France, 2006).

• La qualité de l'offre d'électricité est assez faible, occasionnant de nombreux délestages et coupures. Ainsi, en 2006 et selon les données de l'EE, les firmes manufacturières mauritaniennes ont du faire face à environ 6 coupures d'électricité par mois, d'une durée moyenne de 3,3 heures. Ces coupures ont provoqué une perte moyenne d'environ 3,3 pourcent du chiffre d'affaire annuel pour les firmes manufacturières. De fait, environ 29 pourcent des firmes manufacturières disposent de générateurs qui fournissent en moyenne 11,3 pourcent de leur consommation annuelle. Bien que les divers indicateurs d'infrastructure recueillis lors de l'EE soient généralement meilleurs que ceux de pays tels que le Sénégal, le Mali ou l'Algérie, ils n'en restent pas moins élevés en termes de comparaison internationale (Graphique 3. 9), notamment par rapport à un pays pétrolier tel que le Kazakhstan ou des pays à revenu intermédiaire tels que l'Afrique du Sud ou le Brésil. Enfin, il semble que les problèmes de fourniture d'électricité en 2006 sont beaucoup plus importants à Nouakchott (Graphique 3. 9) qu'à Nouadhibou.

Graphique 3. 9. Indicateurs d’infrastructures.

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Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Données pondérées au niveau sectoriel pour la Mauritanie.

Source : Enquêtes Entreprises, Banque Mondiale.

Les problèmes liés au transport sont jugés comme relativement importants par les firmes en 2006, par près de 15 pourcent d’entre elles. La Mauritanie est un vaste pays désertique soumis à de fortes contraintes climatiques, où les distances sont élevées et les problèmes de maîtrise de la topographie sont importants. Les problématiques actuelles du transport en Mauritanie pour les firmes manufacturières sont essentiellement centrées autour du transport routier et maritime.

• Transport routier. Celui-ci est crucial pour la Mauritanie. A la fin des années quatre-vingt dix, plus de 90 pourcent du transport de passagers et environ 80 pourcent du transport de biens étaient convoyés par voie routière (World Bank 2004). Au niveau des entreprises manufacturières, le transport routier est essentiel. En effet, 34,3 pourcent des firmes manufacturières indiquent obtenir leur principal intrant suite à un acheminement par voie routière. Toutefois, l'état du réseau routier laisse fortement à désirer, tant en terme d'étendue que de qualité. Ainsi, en 1999, seul 11,3 pourcent du réseau était bitumé. Ceci est très inférieur à ce que l'on observe dans la plupart des pays et régions (Graphique 3. 10)[45]. En 2003/2004, le réseau routier couvrait 10300 Km. L'état du réseau est très différencié selon le type de voie: alors qu'environ 70 pourcent des routes bitumées étaient considérées comme étant en conditions correctes en 2003, le réseau de pistes et de routes rurales est généralement en mauvaises conditions avec une maintenance minimale, sauf à proximité d'agglomérations importantes (World Bank 2004). En l'état, le trafic augmente fortement, mais le réseau reste dangereux en raison de la vétusté du parc automobile (essentiellement constitué de véhicules d'occasion importés d'Europe, d'un âge moyen d'environ 12 ans et souvent en assez mauvais état) et le non respect de règles élémentaires de sécurité[46].

Graphique 3. 10. Part de routes bitumées dans le réseau routier en 1999 (Pct.).

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Source: Base de données DDP, Banque Mondiale, Mise à jour Sept. 2006.

• Transport maritime. Les activités portuaires mauritaniennes sont centrées autour des ports de Nouakchott et de Nouadhibou. Bien que le trafic ait augmenté régulièrement (d'environ 2,8 pourcent par an entre 1997 et 2001 pour des mouvements non liés aux minéraux et au pétrole), cette croissance vient essentiellement du port de Nouakchott. Les ports de Nouakchott et de Nouadhibou offrent actuellement un environnement opérationnel correct (assez bonne productivité, déprédations limitées des biens au port,…) pour les opérateurs, même si les tarifs portuaires restent assez élevés[47] (World Bank 2004, IMF 2007). Toutefois, les limitations capacitaires actuelles du port de Nouakchott, qui peine à faire face à la croissance actuelle et prévisible de son trafic, soulèvent le besoin d'une extension de cette infrastructure.

• Autres modes de transport: transport ferroviaire et transport aérien. Le réseau ferré mauritanien est constitué d'une ligne à voie unique exploitée par la SNIM, longue de 704 km, qui relie les mines de fer de Zouerate au port minéralier de Nouadhibou. Les trains transportent essentiellement du minerai, et assurent à la marge un trafic passager. En l'état, le réseau ferré couvre de manière adéquate les besoins de la SNIM (World Bank 2004). La situation est différente pour le transport aérien. Le réseau aéroportuaire mauritanien est certes constitué de 10 aéroports (dont trois dits internationaux, Nouakchott, Nouadhibou et Atar) et 7 terrains d'aviation, mais les problèmes de qualité des infrastructures aéroportuaires et de sécurité dans les aéroports mauritaniens restent nombreux (World Bank 2004). Le trafic étant encore trop faible, les investissements requis ne peuvent être autofinancés et reviennent donc à la charge de l'Etat.

Les problèmes liés aux télécommunications sont jugés peu importants par les firmes manufacturières. Seules 4,5 pourcent d'entre elles considèrent ceux-ci comme une contrainte majeure ou très sévère. Ces dernières années, l’opérateur historique de téléphonie fixe Mauritel SA a vu ses parts de marché se réduire fortement face à la montée en puissance des opérateurs de téléphonie mobile[48] qui ont permis une augmentation de la couverture. Ainsi, l'accès aux services de téléphonie (fixe et mobile) est passé de 0,6 à 18,8 téléphones pour 100 personnes entre 1999 et 2004, cette croissance provenant essentiellement de la téléphonie mobile (EIU 2006). A moyen terme, les limitations du réseau mauritanien devraient se réduire. Le développement des NTIC constitue en effet une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics. Dans le cadre de la politique de libéralisation du secteur des télécoms en Mauritanie, l’Autorité de Régulation a ainsi lancé récemment des appels d’offres internationaux pour l’attribution de 4 licences dans la téléphonie mobile, une plateforme de cartes prépayées, un réseau de boucle locale et une licence mobile de type UMTS. Fin 2006, les trois premières licences avaient été attribuées[49].

Les problèmes de fourniture d'eau pour usage industriel sont aussi relativement importants. Presque 44 pourcent des firmes manufacturières déclarent avoir souffert de coupures d'eau en 2006. Ainsi, selon les données de l'EE, les firmes manufacturières mauritaniennes ont du faire face à environ 8 coupures d'eau par mois, d'une durée moyenne de 6,3 heures.

4 3.2.5. Les problèmes liés au cadre réglementaire.

L’importance de la bonne gouvernance et de la crédibilité des décisions dans le processus de développement est largement reconnue. Des décisions mal appliquées, imprévisibles ou incohérentes peuvent devenir un frein au développement des entreprises du secteur privé. De fait, ce n’est pas seulement la nature du cadre réglementaire qui importe, mais aussi son application et la certitude que peuvent avoir les opérateurs économiques que les décisions sont correctes et non biaisées.

Un manque de confiance avéré dans le cadre légal et le système judiciaire.

Cette problématique est d'importance particulière dans le contexte mauritanien actuel marqué par l'apparition de revenus pétroliers conséquents (World Bank 2006a). Les données de l'enquête suggèrent que les problèmes restent multiples à ce niveau. La Mauritanie est en effet encore loin des meilleures pratiques. Il existe encore une forte défiance des entrepreneurs du secteur manufacturier en la capacité de l'administration à fournir une interprétation prévisible des règlements et organiser un système judiciaire efficace. En outre, l'ampleur des phénomènes de corruption mentionnés précédemment ne contribue certainement pas à améliorer cette perception.

Graphique 3. 11. L’interprétation et l’application par les fonctionnaires des règlements et lois affectant mon établissement sont cohérentes et prévisibles (Pct. d'approbation).

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Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Données pondérées au niveau sectoriel pour la Mauritanie.

Source: Enquêtes Entreprises 2003-2006, Banque Mondiale.

Globalement, les dirigeants des entreprises du secteur manufacturier ont assez peu confiance dans la cohérence du cadre réglementaire et son application. Seuls 52 pourcent d'entre eux trouvent que l’interprétation et l’application par les fonctionnaires des règlements et lois qui affectent leurs établissements sont prévisibles, les firmes mauritaniennes sont toutefois un peu moins sévères dans leur jugement que les firmes étrangères (Graphique 3.11). Au sein du groupe des comparateurs retenus, il apparaît que la Mauritanie est assez mal classée, notamment par rapport à ses voisins tels que le Sénégal, le Mali ou le Maroc. Dans ce contexte, il n'est guère étonnant de constater que les dirigeants des firmes manufacturières déclarent affecter environ 8,6 pourcent de leur temps à régler des formalités réglementaires de tous ordres et suivre les dossiers administratifs en cours.

Les chefs d'entreprises du secteur manufacturier ont aussi peu confiance dans le système judiciaire. Ainsi, ils sont seulement 44,2 pourcent à considérer que les tribunaux mauritaniens sont justes, impartiaux et non corrompus. De plus, seules 42 pourcent des firmes manufacturières estiment que les décisions de justice sont rapides et 60 pourcent seulement considèrent que les tribunaux sont abordables. Par contre, et c'est un fait assez positif, presque les deux tiers des dirigeants de firmes manufacturières estiment que les tribunaux sont capables d'appliquer leurs décisions.

Graphique 3. 12. Confiance dans le système judiciaire (taux d’approbation).

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Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier.

Source: Enquêtes Entreprises 2003-2006, Banque Mondiale.

De fait, le système judiciaire mauritanien est généralement considéré comme chaotique et corrompu, soumis à l’influence de divers groupes de pression et composé de juges ayant une formation limitée (Heritage Foundation 2007b). Au fil des ans, plusieurs réformes ont été menées (1983, 1991, 1994, 1999) sans pouvoir sortir la justice du cercle vicieux dans lequel elle se trouve: d’abord victime d’une instrumentalisation politique elle est depuis soumise à une crise multiforme (crise de confiance, crise d’autorité, crise de crédibilité, crise de moyens et crise de compétence… (RIM, 2005)).

Il faut aussi mentionner qu'à la mi-2006, un certain nombre de réformes ont été entreprises dans ce secteur. Une loi de juillet 2006 a, entre autres, réaffirmé le principe d’indépendance de la justice, introduit un code d’éthique et mis en place un programme de formation des juges (UNDP 2007). Les données de l’EE, collectée entre juin et juillet 2006, ne permettent pas de porter un jugement sur l’impact de ces réformes récentes, mais soulignent cependant la faiblesse persistante de l’environnement judiciaire en Mauritanie.

1 Les procédures liées au commerce extérieur.

Pour un pays côtier tel que la Mauritanie dont le réseau de transport intérieur est encore limité, la qualité et la rapidité des procédures d'importation et d'exportation est cruciale. En outre, comme il a été mentionné précédemment, les réglementations douanières et du commerce extérieur font partie des principales contraintes mentionnées par les firmes de la plupart des secteurs. Une telle perception peut être expliquée en théorie par de nombreux facteurs tels, les délais et/ou les coûts de transport, les formalités administratives, l'efficacité des procédures douanières,… Il est donc requis d'explorer plus avant ce type de problème dans le cas de la Mauritanie. L'analyse est réalisée tant sur la base des données de l'EE que des informations fournies par les indicateurs DB 2007, ceci permet de couvrir un large champ de causes pouvant expliquer la perception négative qu'ont les firmes en ce domaine.

Tableau 3. 2. Procédures d'importation et d'exportation (Pct.).

|  | |5 à 9 |10 à 49 |plus de 50 |Domestique |Etranger |

| |Mauritanie |employés |employés |employés | | |

|Importation* | |  | |  | | |

|Temps moyen afférent au dédouanement (en jours) |7.1 |4.0 |8.0 |4.5 |8.0 |2.9 |

|Délai le plus long pour le dédouanement (jours) |15.5 |9.5 |17.9 |8.6 |16.2 |12.4 |

| | |  | |  | | |

|Exportation** | |  | |  | | |

|Pct. d'utilisation de transitaires en douane |53.2 |na |53.9 |50.0 |54.4 |50.0 |

|Pct. des envois inspectés physiquement |77.3 |na |72.2 |100.0 |76.3 |80.0 |

|Temps moyen afférent au dédouanement (en jours) |2.7 |na |2.7 |3.0 |2.1 |5.0 |

|Délai le plus long pour le dédouanement (jours) |7.3 |na |7.6 |5.0 |6.6 |10.0 |

Nb. 

* Exclusivement pour les firmes importatrices. ** Exclusivement pour les firmes exportatrices. Données non pondérées de l'échantillon.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Les résultats de l'indicateur de commerce transfrontalier (DB 2007), qui prend en compte le temps requis pour le dédouanement ainsi que les délais typiques liés au transport des biens, sont assez peu favorables à la Mauritanie. Cet indicateur, qui mesure la facilité ou non à importer des biens, suggère que le différentiel de temps requis pour la Mauritanie en comparaison des pays de l'OCDE et des pays d'Asie de l'Est et du Pacifique à forte croissance reste assez important (Graphique 3. 13.). Ainsi, le temps requis pour exporter des biens en Mauritanie est 2,4 fois supérieur au temps requis pour exporter des biens équivalents dans les pays de l'OCDE et équivalent au temps nécessaire pour les pays d'Asie de l'Est et du Pacifique. Par contre, le temps requis pour importer des biens en Mauritanie est 3,3 fois supérieur au temps requis pour importer des biens équivalents dans les pays de l'OCDE et 1,5 fois supérieur au temps nécessaire pour les pays d'Asie de l'Est et du Pacifique. De fait, la Mauritanie fait partie du groupe de pays où ces indicateurs sont élevés, seuls des pays enclavés tels que le Mali et le Kazakhstan ont des indicateurs plus défavorables. On note aussi que le Sénégal, pays côtier voisin, a de meilleurs indicateurs en termes d'importation.

Graphique 3. 13. Facilité à importer et exporter.

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Source : Doing Business 2007.

Les données de l'EE confirment que le problème semble se situer au niveau des délais de transport. En effet, la Mauritanie semble performante quant à la rapidité des procédures d’exportation (Graphique 3.13) et bien classée pour les procédures d'importation. En moyenne, il faut 2,7 jours à une entreprise manufacturière pour effectuer des opérations de dédouanement à l'exportation et environ 7,1 jours pour des importations. Ces performances à l'exportation sont d'autant meilleures qu'environ 77 pourcent des envois sont inspectés physiquement avant de quitter le pays (Tableau 3. 2)[50].

Graphique 3. 14. Délais requis pour dédouaner un container à l'importation (jours).

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Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Données non pondérées d'échantillons.

Source: Enquêtes Entreprises 2003-2006, Banque Mondiale.

Bien que les performances de la Mauritanie en termes de délais de dédouanement soient bonnes, les formalités administratives à accomplir restent cependant assez nombreuses. En effet, une opération d'exportation requiert 9 documents contre 8 en moyenne en Afrique subsaharienne et 5 pour les pays de l'OCDE (Graphique A.3.2). De ce fait, au sein du groupe de comparateurs retenus, la Mauritanie fait partie des pays requérant le plus en la matière et est au dessus des moyennes régionales. En termes de nombre de procédures d'importation par contre, le pays est bien classé: le nombre de documents requis (7) est bien inférieur aux moyennes pour l'Afrique subsaharienne et l'Asie, et proche de la valeur pour les pays de l'OCDE (5,9) (Graphique A.3.2). Le principal problème pour la Mauritanie semble en fait être lié aux coûts de transport, ceux-ci sont en effet extrêmement élevés (Graphique 3. 14).

Graphique 3. 15. Coût d'importation et d'exportation d'un container (USD courants).

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Source : Doing Business 2007.

De fait, la perception mitigée qu'ont les firmes, notamment manufacturières, au niveau des procédures liées au commerce extérieur, peut être reliée à la fois à la persistance de certaines formalités administratives au niveau des exportations ainsi qu'aux délais et coûts de transport.

2

3 Une comparaison de certaines pratiques réglementaires.

Comme l’ont indiquées les sections précédentes, l’environnement réglementaire en Mauritanie présente un certain nombre de dysfonctionnements. En outre, sur certains points, il demeure de qualité moindre que celui de nombreux pays. Pour compléter la discussion, cette sous section se focalise sur trois autres composantes du climat des investissements: la création et la fermeture d'entreprises, ainsi que l'obtention de licences, éléments pour lesquels la Mauritanie n'est pas performante (voir section 1.4). Les formalités de création et de fermeture d'entreprise formelles sont importantes car elles peuvent avoir un impact sur la dynamique des marchés ainsi que sur la taille du secteur informel, ceci est en particulier vrai pour le niveau de capital minimum requis lors d'une création d'entreprise. Ceci est d'importance pour la Mauritanie car la concurrence semble relativement limitée sur le marché formel. L'indicateur d'obtention de licence est quant à lui un bon proxy de la complexité de réglementations, il compile les étapes requises ainsi que la durée et les coûts afférant à la construction d'un entrepôt à usage industriel[51].

Graphique 3. 16. Indicateurs légaux de l’environnement des affaires en Mauritanie en 2006.

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Source: Doing business 2007.

L’analyse est de nouveau menée sur la base des indicateurs dits de "Doing Business" qui se focalisent sur le cadre formel légal au sein duquel opèrent les entreprises. Pour chaque indicateur sont présentés les résultats du pays suivant les meilleures pratiques, ceux de la Mauritanie ainsi que les résultats d'ensemble pour l'Afrique subsaharienne. Ces indicateurs sont disponibles sur une base annuelle pour 175 pays et s'avèrent utiles pour comparer les cadres légaux théoriquement appliqués dans divers pays et régions. Les données "Doing Business" révèlent qu'actuellement, et ce malgré une vague récente de réformes importantes en 2005/2006, l’Afrique Subsaharienne reste encore la région où ceux-ci sont les plus mauvais (World Bank 2006b).

Pour la Mauritanie, ces indicateurs sont en l'état assez défavorable. Ceci suggère:

• qu'au niveau des formalités de création d’entreprise, les quatre paramètres retenus posent problème en Mauritanie. En effet, les coûts administratifs induits, le capital minimum (en particulier) ainsi que le temps requis sont très élevés pour la création d’entreprise. La Mauritanie demeure loin des meilleures pratiques (Canada);

• qu'au niveau des procédures de fermeture d’entreprise, les trois paramètres retenus posent aussi problème. En effet, les coûts administratifs induits et le temps requis sont très élevés. En outre, le taux de recouvrement des capitaux investis est faible (7,8 pourcent contre 92,7 pourcent au Japon). La Mauritanie demeure loin des meilleures pratiques (Japon);

• que l'obtention des documents administratifs requis pour la construction d'un entrepôt (indicateur dit d'"obtention de licences") est complexe, longue et très onéreuse en Mauritanie, même si les chiffres reportés sont meilleurs que ceux de l'Afrique subsaharienne.

De fait, la Mauritanie est dans une situation difficile selon ces indicateurs. Le cadre légal présente des procédures nombreuses et complexes, avec des coûts administratifs extrêmement lourds. Le cadre de référence adéquat pour améliorer rapidement ces éléments du climat des investissements en Mauritanie n’est cependant pas la sous-région, mais les zones qui présentent les meilleures performances pour ces indicateurs, le plus souvent les pays de l’OCDE ou de l’Asie du sud.

4

5 3.3. L'ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES dans le secteur du Commerce, le reste de l'economie et le secteur Informel.

Les données de l'EE indiquent que les contraintes liées au climat des affaires, dans les secteurs du commerce, du reste de l’univers et même dans le secteur informel, sont souvent similaires à celles rencontrées dans le secteur manufacturier. L'ensemble des contraintes est maintenant abordé selon les catégories usuelles: corruption, infrastructures et réglementations.

1

2 3.3.1. Une corruption de moindre ampleur dans les autres secteurs de l'économie.

Les données indiquent que la corruption est perçue comme moins contraignante par les dirigeants des firmes dans le commerce, les autres secteurs formels et le secteur informel que par ceux du secteur manufacturier. Le pourcentage de firmes percevant la corruption comme une contrainte "majeure" ou "très sévère" est compris entre 11 et 13,7 pourcent selon les secteurs ; un pourcentage deux fois inférieur à celui qui est exprimé par les chefs d'entreprises manufacturières (Tableau 3. 3). En outre, cette contrainte est constamment classée à un rang inférieur dans ces secteurs, par rapport au secteur manufacturier.

Tableau 3. 3. Perception de la corruption.

| |Corruption |Rang |

| |(Pct.) * |** |

|Commerce |11.0 |9 |

|Autres secteurs |13.7 |11 |

|Microentreprises/firmes informelles |12.1 |9 |

|Industrie manufacturière |25.9 |7 |

Nb.

* Pct de répondants considérant l'item comme une contrainte "majeure" ou "très sévère".

** Classement de la contrainte sur les 17 contraintes communes à tous les secteurs enquêtés.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

| La part du chiffre d’affaires annuel consacré aux |Graphique 3. 17. Part estimée du chiffre d’affaires annuel consacré aux |

|paiements informels souligne une nouvelle fois que le |"paiements informels" (Pct.). |

|coût de la corruption est relativement élevé (Graphique |[pic] |

|3. 17). Les pratiques dans le secteur des |Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale. |

|microentreprises/firmes informelles paraissent plus | |

|coûteuses que celles en usage dans les autres secteurs. | |

|On note aussi une certaine cohérence entre les | |

|perceptions et le coût de la corruption dans les divers | |

|secteurs. Ce phénomène est perçu avec le plus d'acuité | |

|dans le secteur manufacturier et son coût estimé est plus| |

|élevé que dans les autres secteurs. | |

3

Les données du tableau ci-dessous confirment de nouveau que même si la corruption est présente dans les autres secteurs de l'économie, son coût est vraisemblablement moins faible que dans le secteur manufacturier. En outre, elle semble moins "institutionnalisée" ou de "connaissance commune" dans les autres secteurs de l'économie que dans le secteur manufacturier. En effet, le nombre de firmes déclarant connaître par avance le montant espéré des paiements informels requis, paraît moins important. Enfin, il semble aussi que lorsque des visites de l'administration fiscale se produisent, les tentatives de corruption sont moins communes que dans le secteur manufacturier.

Tableau 3. 4. Etendue de la corruption.

| |Commerce |Autres |Microentreprises/ |Industrie |

| | |secteurs |firmes informelles |manufacturière |

|Part de la valeur des contrats avec l’administration |7.4 |8.7 |nc |10.7 |

|affectée à des paiements informels | | | | |

|Connaissance à l’avance du montant des "paiements |37.4 |50.0 |54.2 |73.5 |

|informels" - Pct. Oui | | | | |

|Cadeau ou paiement informel demandé/espéré lors d'un |48.7 |44.1 |31.8 |54,5 |

|contrôle de l'administration fiscale - Pct. Oui | | | | |

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

4

5 3.3.2. Les infrastructures posent aussi problème aux entreprises dans les autres secteurs de l'économie.

Les données de l'EE indiquent aussi que les problèmes liés aux infrastructures, tant en termes de disponibilité que de qualité, demeurent non négligeables en dehors du secteur manufacturier (Graphique 3. 18). En particulier, le secteur du reste de l’univers semble aussi spécialement affecté par les problèmes de fourniture d'électricité, mais avec une intensité moindre que le secteur manufacturier. Il perçoit néanmoins les contraintes liées aux télécommunications d’une manière plus critique (près du double) que les autres secteurs pour respectivement 8,3 pourcent et entre 3,2 et 4,6 pourcent. Ceci est explicable par la structure du sous-échantillon enquêté. Un certain nombre d'entreprises dans les télécommunications et les nouvelles technologies appartient à cette strate de l'échantillon et se trouve par définition sensible à ces types de problèmes. On note aussi que la perception globale des contraintes liées aux télécommunications reste toujours faible en comparaison d'autres contraintes. Enfin, il apparaît que les microentreprises informelles perçoivent les contraintes liées aux infrastructures de transport de façon plus aigue que les autres secteurs pour plus de 23 pourcent, mais celles liées aux télécommunications comme beaucoup plus faibles.

Graphique 3. 18. Perception des problèmes d'infrastructure dans divers secteurs.

[pic]

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

L'occurrence de coupures d’électricité apparaît comme voisine dans les trois secteurs présentés au Tableau 3. 5. Elle est cependant moins importante que pour le secteur manufacturier, tant en termes de nombre de coupures que de durée moyenne. De ce fait, les pertes de chiffre d'affaire dans ces trois secteurs sont moindres que dans le secteur manufacturier, elles varient entre 1 et 1,7 pourcent contre 3,3 pour ce dernier.

Tableau 3. 5. Indicateurs d’infrastructures pour les autres secteurs.

|Problème |Commerce |Autres secteurs |Microentreprises |

| | | |/ firmes informelles|

|Pourcentage de la production perdue à cause de coupures de courant |1.0 |1.7 |1.1 |

| |  |  |  |

|Nombre de coupures d'électricité lors d'un mois typique |3.1 |3.5 |3.8 |

|Durée moyenne en heures d'une coupure typique |2.6 |2.5 |2.6 |

| |  |  |  |

|Part des firmes ayant leur propre générateur |n.a. |n.a. |4.0 |

|Pct de la consommation de la firme générée par ses propres moyens |n.a. |n.a. |13.7 |

| | | |  |

|Délais pour obtenir une connexion électrique (jours) |8.2 |5.9 |na |

| | | |  |

| | | | |

|Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale. | | | |

Quels que soient les autres secteurs, les délais d'attente pour obtenir des connexions électriques au cours de ces deux dernières années semblent par contre assez faibles en regard de ce qui est rapporté par les firmes manufacturières. Cependant malgré des taux de réponses élevés, le faible nombre d'entreprises[52] concernées ne permet pas de dire si ceci est structurel ou non.

6 3.3.3. Les réglementations demeurent un problème important.

A l’instar du secteur manufacturier, les chefs d'entreprises des secteurs du commerce, du reste de l’univers et des microentreprises/firmes informelles ont une confiance limitée dans le cadre réglementaire et indiquent une défiance vis-à-vis du système judiciaire (Tableau 3. 6). Ainsi, seulement 56 à 61 pourcent d'entre eux considèrent que l’interprétation et l'application des règlements est cohérente et prévisible. En outre, seule une faible majorité des firmes de ces secteurs considèrent les tribunaux comme justes, impartiaux et non corrompus; comme étant rapides, abordables et capables de faire appliquer leurs décisions. Le poids des réglementations demeure non négligeable dans les deux secteurs formels, en particuliers dans le secteur commercial.

Tableau 3. 6. Système judiciaire et réglementations.

|  |Commerce |Autres |Microentreprises/ |

| | |secteurs |firmes informelles |

|Perception des tribunaux en matière de règlement des litiges | | | |

|commerciaux: | | | |

|Justes, impartiaux et non corrompus – Taux d'approbation |53.7 |49.5 |52.4 |

|Rapides – Taux d'approbation |54.3 |38.5 |29.0 |

|Abordables – Taux d'approbation |41.2 |53.8 |58.1 |

|Capables d’appliquer leurs décisions – Taux d'approbation |54.6 |65.8 |64.5 |

| | | | |

|L’interprétation et l’application des règlements et lois sont cohérentes|56.1 |61.3 |59.7 |

|et prévisibles – Taux d'approbation | | | |

| | | | |

|Pct. du temps d'un dirigeant d'entreprise affecté au traitement des |9.5 |4.7 |3.4 |

|réglementations | | | |

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

6 3.4. conclusion.

Les résultats précédents soulignent qu'au premier semestre 2006, le climat des affaires en Mauritanie était peu favorable au secteur privé, quels que soient les sous-secteurs d'activité considérés. En effet, les points négatifs sont sérieux et abondent. Les plus importants sont liés à une corruption répandue et coûteuse, à des incohérences dans l'application des réglementations, à une faible efficacité de l'appareil judiciaire et des problèmes d’infrastructures non négligeables, particulièrement la fourniture d'électricité.

Chapitre 4. Les marchés de facteurs en Mauritanie.

Le chapitre trois a présenté une analyse de divers aspects de l'environnement des affaires en Mauritanie en se focalisant sur les réglementations, les infrastructures et la corruption. Ce chapitre étudie quant à lui un élément important pour la performance des firmes, le fonctionnement du marché des facteurs. Ceci correspond à une des grandes catégories de contraintes citée par les entreprises et regroupe les sous-contraintes suivantes: réglementation du travail, compétence/éducation des travailleurs, coûts des financements et accès aux financements. Le fonctionnement du marché du travail formel est abordé en premier. La seconde partie traite des relations entre les entreprises et le secteur bancaire.

1 4.1. le marché du travail formel.

Une bonne compréhension du marché du travail formel en Mauritanie ainsi que son bon fonctionnement sont importants pour la poursuite des performances macroéconomiques actuelles, en particulier pour renforcer les liens entre le secteur pétrolier et le reste de l'économie, ainsi que le développement ultérieur du secteur privé[53] non pétrolier. En conséquence, les questions liées au marché du travail formel ont été abordées en détails lors de l'enquête[54].

1 4.1.1. Quelques caractéristiques institutionnelles du marché du travail formel en Mauritanie.

La population active en Mauritanie était d'environ 1,16 million de personnes en 2004[55]. Le secteur agricole reste le principal pourvoyeur d'emploi. Il est ainsi estimé que l'agriculture employait au début des années 2000 environ 50 pourcent de la population active totale, l’industrie occupait environ 10 pourcent de celle-ci, le reste étant dans le secteur des services. Le marché du travail "formel" ou "moderne" représente une part restreinte de l'ensemble du marché du travail; l’emploi moderne (assimilé au salariat des secteurs public et privé formels) occupe environ 15 à 16 pourcent des actifs. Cependant, malgré un fort taux de chômage estimé à 20 pourcent en 2004[56], une proportion substantielle de travailleurs étrangers - environ 15 pourcent de la main d’œuvre du secteur moderne - est employée afin de satisfaire la demande en travail qualifié. Les régions de Nouakchott et de Nouadhibou concentrent une grande partie de la population et des opportunités d'emploi du secteur moderne.

Divers éléments institutionnels peuvent affecter le fonctionnement du marché du travail formel, tels que la nature des contrats de travail, le rôle des syndicats, la réglementation du travail et les modalités de recherche d'emploi. Ceux-ci sont maintenant brièvement analysés.

La nature des contrats de travail. Les données de l'EE suggèrent qu'une part importante de la force de travail à temps plein des entreprises formelles en Mauritanie, entre 80 et 86,6 pourcent selon les secteurs[57], est en activité avec un statut d'employé permanent. Les autres personnels sont en activité sous un statut d'employé saisonnier ou temporaire à temps plein. Cette proportion élevée d'employés permanents peut constituer un handicap pour les firmes en ne permettant pas suffisamment de flexibilité de l'emploi en cas de mauvaise conjoncture.

Les syndicats. Ceux-ci ont un rôle certain en Mauritanie, mais ne sont réellement partie prenante du marché du travail et de la vie politique que depuis les années 1990, époque où la centrale officielle a perdu son rôle dominant[58]. Les relations des syndicats avec le patronat et les autorités apparaissent ces dernières années comme asymétriques voire parfois conflictuelles[59]. En 2005, environ 43 pourcent des entreprises manufacturières interrogées indiquent avoir des employés appartenant à un syndicat. En revanche, cette proportion tombe à 9 pourcent pour le commerce de détails et environ 20 pourcent pour les autres secteurs de l’économie (Tableau A.4.1.1). On note aussi que, dans le secteur manufacturier, la présence des syndicats semble croître avec la taille des entreprises; ainsi seules 18,9 pourcent des firmes de moins de 5 employés indiquent avoir des employés appartenant à un syndicat contre 93 pourcent des entreprises de plus de 100 employés. De plus, quel que soit le secteur d’activité considéré, la présence des syndicats semble plus importante pour les entreprises privées étrangères. Pour les firmes manufacturières reportant une présence de syndicats en leur sein, le taux de syndicalisation des personnels est élevé, environ 68 pourcent. Ce taux de syndicalisation semble en outre croître avec la taille de l’entreprise, à l'exception du secteur du commerce. Enfin, à l'exception du secteur manufacturier, le taux de syndicalisation est plus élevé dans les entreprises locales.

Les réglementations. Le cadre réglementaire du marché du travail en Mauritanie est fournit par le Code du Travail de 2004[60]. Comme le soulignent les indicateurs dits de "Doing Business" (Graphique 4.1. 1), les indicateurs de réglementation du marché du travail en Mauritanie sont généralement défavorables.

Graphique 4.1. 1. Comparaison de la réglementation du travail en Mauritanie.

[pic]

Nb.

Une valeur de 100 indique une rigidité maximale pour l'indice de rigidité d'emploi.

Source: "Doing Business 2007".

L'indice de rigidité d'emploi est extrêmement élevé en Mauritanie, supérieur à la moyenne pour l'Afrique subsaharienne, ce qui souligne que les conditions d'emploi des personnels sont complexes, et comprennent de nombreuses limitations en termes de conditions d'embauche, de durée du travail, et de procédure de licenciements. De même, bien que les contributions sociales et autres taxes sur salaires en Mauritanie ne fassent pas partie des plus élevées du comparatif, elles sont néanmoins supérieures à la moyenne régionale. On note toutefois que les réglementations en place impliquent des coûts de licenciements deux fois inférieurs à la moyenne régionale.

Cette évaluation comparative globalement défavorable de la réglementation du travail en Mauritanie n'est toutefois pas perçue de la même manière par les chefs d'entreprises. En effet, selon les secteurs, de 0 à 7,8 pourcent des chefs d'entreprises considèrent les réglementations du travail comme une contrainte "majeure" ou "très sévère". De fait, celles-ci ne semblent être un problème d'importance que pour les firmes connaissant une croissance de leur chiffre d'affaire (Graphique 3. 4). En outre, une minorité de firmes indique que les réglementations du travail ont eu un impact sur leurs décisions d'embauche et de licenciement, moins de 12 pourcent des firmes[61].

Toutefois, cette indifférence des chefs d'entreprise doit être nuancée à la lumière d'autres informations provenant de l'enquête. En effet, il apparaît que les entreprises ne déclarent qu'une très faible partie de leur personnel à l'administration. Dans le secteur manufacturier, les entreprises ne déclarent qu’environ 52,6 pourcent de leur main d’œuvre à l’administration. De la même manière, les entreprises des "autres secteurs" ne déclarent qu'environ 45 pourcent de leur main d’œuvre. Les entreprises de commerce sont apparemment dans une situation encore plus extrême vis-à-vis de l’administration en ne déclarant respectivement que 22,5 pourcent de leur effectif. Ceci suggère que relativement à d'autres contraintes, les contraintes liées aux réglementations du travail sont certes perçues comme faibles, mais en pratique elles demeurent suffisamment contraignantes pour induire une sous-déclaration importante du personnel des firmes formelles. Ceci suggère que les problèmes liés à la réglementation du travail ne sont donc pas pour autant à négliger.

L'information sur le marché du travail. Le fonctionnement du marché du travail formel peut être affecté par la circulation de l'information relative aux emplois disponibles. En Mauritanie, la publicité pour les postes à pourvoir est une pratique relativement minoritaire. Il en résulte une grande importance des réseaux (relations familiales ou amis). Près de 60 à 73 pourcent des entreprises et des employés utilisent de tels réseaux dans le secteur manufacturier (Tableau A.4.1. 2). La proportion d’entreprises faisant appel à de tels réseaux est encore plus importante dans les autres secteurs considérés. Les bureaux de placement publics et privés ont un faible rôle, voire aucun dans les secteurs du commerce et les microentreprises/firmes informelles. En outre, les entreprises privées étrangères, généralement plus disposées à utiliser des modes de recrutement plus formels que les entreprises locales, se reposent également énormément sur une politique de recrutement informelle (relations familiales ou amis). Un tel résultat peut être interprété comme la conséquence de déficiences informationnelles sur le marché du travail. Dans un environnement caractérisé par une offre de travail abondante et une difficulté à évaluer les compétences réelles des candidats, les entreprises ont recours à des sources de confiance telles que les amis, les personnes actuellement employées ou des relations familiales pour recueillir les informations nécessaires à une embauche. Ceci affecte sans doute d'une manière négative la rencontre de l'offre et la demande d'emploi sur ce marché. En effet, rien ne garantie que les informations obtenues par ces moyens informels soient neutres et reflètent avec exactitude les compétences des personnes en recherche d'emploi.

| De facto, ceci donne au marché du travail |Graphique 4.1. 2. Pct. d'employés appartenant à la famille du propriétaire/manager de |

|formel en Mauritanie un caractère assez |l'entreprise. |

|familial, sans doute renforcé par les |[pic] |

|traditions culturelles du pays. Ainsi, dans |Nb. Données non pondérées, échantillon d'employés. |

|le secteur manufacturier, presque 30 | |

|pourcent des employés sont parents du |Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale. |

|propriétaire ou manager des entreprises | |

|visitées. En outre, il semble que plus les | |

|positions hiérarchiques sont élevées, plus | |

|cette proportion croit (Graphique 4.1.2). | |

2

3 4.1.2. L'éducation, la formation et la santé des employés du secteur formel.

Les principales caractéristiques des employés dans le secteur formel en Mauritanie sont présentées ci-après. Ces caractéristiques individuelles proviennent des entretiens avec les personnels et sont un élément explicatif de la productivité des employés et donc de la performance des firmes en Mauritanie.

1 Education et formation externe des employés.

Le niveau d'éducation d'une population peut avoir un impact positif sur la croissance de deux manières différentes: d'une part un meilleur niveau d'éducation peut accroître la qualité et la productivité intrinsèque du facteur travail, d'autre part celui-ci peut être vu comme un facteur spécifique du processus de croissance augmentant l'impact individuel des facteurs de production (travail et capital) et de la PTF (Bosworth et Collins, 2003).

Le niveau d'éducation des populations a donc un impact sur la croissance, cependant le secteur a longtemps été négligé en Mauritanie. Ainsi, en 1990, le taux d'alphabétisation de la population était de 34,8 pourcent contre 50,6 pourcent en moyenne en Afrique subsaharienne et 51,8 pourcent au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Toutefois, le secteur de l'éducation en Mauritanie a connu de fortes mutations ces dernières années, changements d'autant plus nécessaires que les conditions initiales étaient défavorables. Suite notamment au premier DSRP, il a été décidé de mettre l'accent sur l'éducation. Les dotations financières accordées au secteur ont ainsi augmentées, elles sont passées de 3,5 pourcent du PIB en 2000 à 4,1 pourcent en 2004 (World Bank 2006e). Un certain nombre de progrès ont été enregistrés dans ce domaine; en termes d'accès (le taux brut de scolarisation primaire est de 74,3 pourcent en 2004 contre 35,3 pourcent en 1991[62]) et de réduction des disparités entre genres (il y a maintenant une parité filles-garçons au niveau primaire et une réduction de l'écart au niveau secondaire (World Bank 2006e)). Les taux d'alphabétisation ont aussi augmentés, passant de 53 pourcent en 2000 à 57,5 pourcent en 2004 (World Bank 2006e). Cependant, un certain nombre de faiblesses du système perdurent, elles limitent l’ampleur des améliorations. On note ainsi une détérioration des indicateurs liés à la qualité de l’éducation en termes de taux de redoublement, de taux de rétention et de niveau d’acquisition des connaissances. En outre, le corps professoral demeure encore mal payé et donc peu motivé.

Ces problèmes existent aussi dans le domaine de l'enseignement professionnel qui est d'un intérêt direct pour le secteur privé. Le système d'enseignement professionnel en Mauritanie comprend environ 40 institutions publiques et privées qui incorporent près de 6000 étudiants. Cependant, le système s'avère encore peu flexible et ne parvient pas à répondre à la demande, tant en termes de quantité que de qualité (World Bank 2006e). Malgré une amélioration récente, le système éducatif mauritanien affiche donc encore de nombreuses faiblesses. Certaines conséquences de ces faiblesses se retrouvent dans les résultats de l’enquête.

Le Graphique 4.1.3. compare les pourcentages d'employés ayant atteint un niveau d'éducation donné entre divers pays africains pour lesquels des données d'EE récentes sont disponibles[63]. Les données suggèrent que l'essentiel de la force de travail dans le secteur manufacturier dispose d'une éducation générale de niveau secondaire (45,3 pourcent). En outre, la Mauritanie affiche une proportion d'employés sans éducation relativement forte (7,1 pourcent), proche de ce que l’on peut observer au Sénégal.

Graphique 4.1. 3. Éducation des employés dans le secteur manufacturier dans divers pays.

[pic]

Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Questionnaire employés.

Source: Enquêtes entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

Deux autres faits notables apparaissent:

• la Mauritanie est un des pays qui affiche une proportion d'employés ayant reçu une formation dans le domaine technique les plus faible (12,3 pourcent);

• la Mauritanie affiche la plus faible proportion d'employés ayant une formation supérieure dans le secteur manufacturier – au même titre que l’Erythrée.

La distribution des niveaux d'éducation sur l'ensemble de l'échantillon est assez inégale (Graphique 4.1. 4). En outre, les différences de niveau d'éducation persistent fortement entre hommes et femmes. Bien que les femmes soient mieux représentées que les hommes au niveau du primaire et du secondaire, celles-ci sont absentes des niveaux d’éducation plus élevés.

Graphique 4.1. 4. Éducation atteinte par les employés dans le secteur manufacturier (Pct.C).

[pic]

Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Questionnaire employés.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Dans une situation où une proportion importante de la force de travail n'a reçu aucune éducation ou simplement un enseignement primaire, où l'enseignement technique et supérieur au sens large est peu développé, la formation professionnelle des employés en activité offerte par les firmes est importante pour améliorer leur connaissance. Ce type d'action est important car comme le rappellent Batra and Stone (2004), les firmes qui utilisent des services de formation externe privés tendent à avoir des performances de croissance supérieures à celles des autres entreprises. Selon les données, un peu plus d’un quart des firmes manufacturières en Mauritanie fournissent une formation formelle à leurs employés. En termes comparatifs, ce chiffre est faible, proche de ce qui est pratiqué au Mali, inférieur au Sénégal et très en dessous de ce qui est en vigueur dans des pays tels le Brésil et la Chine.

Graphique 4.1. 5. Pct de firmes fournissant une formation professionnelle formelle.

[pic]

Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier.

Source: Enquêtes entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

En outre, la proportion d'employés ayant reçu une formation formelle tends à varier de manière significative entre les entreprises des différents secteurs économiques. Elle varie de 0 pourcent pour les entreprises du secteur de l’habillement à environ 28 pourcent pour les entreprises des autres secteurs manufacturiers, en passant par 22 pourcent pour les entreprises de l’agro-industrie. La proportion d'employés ayant reçu une formation formelle varie aussi selon la taille des entreprises dans le secteur manufacturier (Tableau A.4.1. 3). Notons également que les firmes étrangères font plus appel à la formation des employés que les entreprises locales. Dans le secteur manufacturier, les employés de production bénéficient le plus, en proportion, de formations.

Les chiffres précédents fournissent certes un état des lieux de la formation des employés par les firmes dans le secteur manufacturier, mais ils n'informent pas sur le mécanisme de décision à l'œuvre et ne permettent pas de contrôler simultanément pour les différents facteurs en jeux. L'estimation d'un modèle économétrique permet de pallier ce manque. Un modèle Probit est ainsi estimé sur les données du secteur manufacturier (Tableau A.4.1. 4). La variable dépendante binaire est la formation formelle prodiguée par les firmes. Les variables indépendantes incluent un ensemble de variables de contrôle qui capturent les caractéristiques des firmes telles que la nationalité, la taille et l’orientation commerciale. De plus, l'on contrôle pour l’activité économique de l’entreprise en incluant des variables telles que le montant total des ventes ainsi que l’investissement par employé réalisé par l’entreprise et la composition de la main d’œuvre. Afin de tenir compte du degré d’informalité de l’entreprise, est aussi intégré dans cette régression le pourcentage de vente que l’entreprise déclare à l’Administration[64]. Enfin, une variable muette est incluse pour tenir compte de la perception de l’entreprise relativement au niveau de formation et de compétence des employés, cette variable est égale à un si la firme considère cet item comme un obstacle majeur ou très sévère.

Les résultats montrent que la taille des firmes n’apparaît pas comme un élément significativement déterminant dans la décision d’offrir une formation formelle. Par contre, la composition de la force de travail influence la probabilité d’offrir une formation aux employés. Un nombre réduit d’employés non qualifiés, relativement à la main d’œuvre totale, augmente significativement la probabilité que l’entreprise offre des formations formelles. Il semble également que les firmes les plus jeunes affichent une probabilité plus forte de pourvoir un système de formation. Les entreprises exportatrices apparaissent plus susceptibles d'offrir une formation formelle, alors que la nationalité de l’entreprise ne semble pas être déterminante. Naturellement, les firmes qui réalisent un chiffre d’affaire élevé et qui ont de fortes dépenses d’investissement relativement à leur force de travail ont une probabilité plus forte d’offrir une formation formelle à leurs employés. De manière intéressante, on s’aperçoit que les entreprises déclarant un faible pourcentage de leur vente, sont plus enclines à offrir une formation formelle. Ceci souligne le fait que les entreprises qui contournent le système fiscal ne sont pas pour autant désintéressées par le niveau de qualification de leurs employés. Elles semblent même profiter des économies réalisées pour fournir plus de formation. Ainsi, les firmes ayant la plus forte probabilité d'offrir une formation sont celles ayant peu d'ouvrier non qualifiés, sont de création récente, exportatrices et disposent de ressources financières.

Graphique 4.1. 6. Besoins en formation exprimés par les employés (Pct).

[pic]

Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Questionnaire employés. Pct pour les employés ayant déclaré souhaiter bénéficier d'une formation.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

En termes de qualifications souhaitées pour remplir plus efficacement leur tâche actuelle, les employés désirent bénéficier essentiellement de formations dans les domaines techniques et professionnels ainsi que dans l'informatique (Graphique 4.1.6). Quels que soient les sous-secteurs (agroindustrie, textile, autres industries manufacturières), les employés, et en particuliers ceux dans les fonctions de production, semblent rechercher avant tout des formations techniques et professionnelles (Tableau A.4.1. 5).

Etat de santé des employés.

Le lien entre la productivité du travail et l'état de santé des employés est clair. A ce niveau, la situation de la Mauritanie est assez nuancée par rapport aux autres pays d'Afrique pour lesquels des données récentes sont disponibles[65]. Ainsi, bien que l'état de santé des employés semble meilleur que dans d'autres pays, les dépenses de santé sont élevées et essentiellement à la charge des employés.

Graphique 4.1. 7. État de santé des employés.

[pic]

Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Questionnaire employés.

Source : Enquête Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

Sur l'échantillon d'employés, seuls 13 pourcent des employés du secteur manufacturier rapportent avoir été malades dans les 30 jours précédant l'enquête. Cette proportion, est bien inférieure à celle observée en Afrique de l'Est (Ouganda et Kenya), mais aussi moins élevée que ce que l’on peut observer au Bénin, Cameroun, Niger, Sénégal et Burkina Faso. Suite à ces maladies, environ 2 journées de travail ont été perdues par les employés dans le mois précédent l'enquête (Graphique 4.1.7). Ce chiffre place la Mauritanie comme le pays souffrant le moins d’absence pour cause de maladie au sein du groupe de comparateurs retenu. Bien que ce chiffre soit modéré, il est toutefois équivalent à une perte d'environ 10 pourcent de temps de travail.

Comme dans les autres pays francophones étudiés, en cas de problème de santé, un grand nombre d'employés, 80 pourcent, se tourne vers les services publics de santé (Tableau A.4.1. 6). Ceci est différent de la situation en Ouganda et au Kenya où pour l'essentiel les employés s'orientent vers le secteur privé, ceci étant aisément explicable par le plus faible rôle des services publics dans ces deux derniers pays. En Mauritanie (comme au Cameroun, au Bénin ou au Burkina Faso) le coût des traitements est essentiellement supporté par les ménages (pour environ 53 pourcent des employés). A titre de comparaison, au Sénégal seul 26,5 pourcent des employés ont recourt à ce type de financement contre environ 45 pourcent qui bénéficient des cotisations aux mécanismes d’assurance sociale fournie par les employeurs. Notons également le très faible rôle joué par les mécanismes d’assurance sociale fournie par les employeurs. En effet, seul 8 pourcent des travailleurs y ont accès, ce qui représente la proportion la plus faible parmi le panel de pays étudié.

4 4.1.3. La rémunération des employés.

Les données présentées ci-après ont été fournies par les employés du secteur manufacturier, lors de 212 entretiens individuels. Lors de l'EE, les données de rémunérations et d'emploi ont été aussi été collectées pour les autres secteurs, mais au niveau des firmes. Le niveau et la structure de la rémunération des travailleurs sont d'abord étudiés en prenant en compte toutes les composantes (salaire de base, allocations diverses et bonus/primes de performance). Ensuite les modalités de formation des salaires sont analysées.

1

2 Niveau et structure des rémunérations.

Le Tableau 4.1. 1 présente la structure de la rémunération mensuelle des employés, exprimée en dollars selon le taux de change moyen observé en 2006. Sur l'échantillon d'entreprises manufacturières la rémunération mensuelle moyenne est de 191,5 dollars. Comme l'indique l'ampleur des écarts-types, les variations de rémunération – en particuliers au niveau des salaires - au sein d'une même catégorie d'emploi sont fortes. En outre, les différentiels de salaire sont élevés entre types d'emploi, un travailleur de production non qualifié gagne environ 157 dollars par mois alors qu'un manager a un revenu d'environ 295 dollars mensuels dans le secteur manufacturier. On note enfin que la dispersion des rémunérations exprimée par les écarts types croit généralement avec la position hiérarchique des employés, ce qui peut signaler une plus grande latitude à négocier les rémunérations pour les employés des catégories supérieures.

Tableau 4.1. 1. Rémunérations mensuelles des employés en 2006 dans le secteur manufacturier (USD).

[pic]

Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. Données non pondérées du questionnaire employé.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Sur l'échantillon, les salaires comptent pour environ 93 pourcent de la rémunération totale, le reste étant composé d'allocations et bonus. Il est à noter que la composante bonus de productivité des rémunérations est faible, 3,7 pourcent de la rémunération. Toutefois, toutes les catégories d'employés ne semblent pas égales en termes d'allocation et de valeur des primes et bonus. En effet, hormis la catégorie des "autres employés"[66], la part des bonus et primes dans la rémunération totale tend à croître avec le niveau hiérarchique des employés; ainsi alors que le salaire représente environ 96 pourcent de la rémunération des employés non qualifiés, il compte seulement pour 89 pourcent de celle des managers et personnels de direction. De même, la fréquence d'attribution de suppléments au salaire croit avec la position hiérarchique des employés, par exemple alors qu'environ 78 pourcent des personnels de direction reçoivent des bonus annuels ils ne sont que 26 pourcent des employés de production non qualifiés à en percevoir. Enfin, la valeur de ces primes et bonus croit avec la position hiérarchique. Alors que les niveaux de salaires dépendent des conventions collectives et du Code du Travail, les primes et bonus peuvent être fixés de manière plus individualisée par les firmes. Il semble ainsi que les employés des catégories supérieures aient un pouvoir de négociation supérieur à ceux des autres personnels, ce pour leur plus grand bénéfice.

En termes de genre, on note tout d'abord la faible participation des femmes dans le secteur manufacturier. En effet, les femmes n'occupent qu'environ 5,9 pourcent des emplois permanents dans le secteur, contre presque 11 pourcent dans les firmes informelles visitées. De fait, il semble que ce dernier secteur offre en comparaison plus d'opportunités aux femmes. Les différences existent aussi en termes de rémunérations. Au sein du secteur manufacturier, le différentiel de salaire moyen est d'environ 20 pourcent en défaveur des femmes pour des emplois de production non qualifiés (Graphique 4.1. 8).

|Graphique 4.1. 8. Différentiel de salaire homme femmes |Graphique 4.1. 9. Différentiels sectoriels de rémunération. |

|(travailleurs de production non qualifiés). | |

|[pic] |[pic] |

| |Nb. Données comptables des entreprises. |

| | |

|Nb. Secteur manufacturier. Enquête employés. | |

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Au niveau sectoriel, les données comptables des entreprises indiquent aussi la présence de forts différentiels. Les rémunérations brutes versées dans les autres secteurs enquêtés sont de 20 (commerce et autres secteurs) à 40 pourcent inférieures (micro entreprises) à celles dans le secteur manufacturier (Graphique 4.1. 9).

Graphique 4.1. 10. Rémunération mensuelle des travailleurs de production non qualifiés (USD courants).

3 [pic]

Nb. Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier. TCN courants.

Source : Enquête Entreprises 2003-2006, Banque Mondiale.

A ce stade de l'analyse, il est utile de s'arrêter plus avant sur la rémunération des employés non qualifiés, tout particulièrement dans le secteur manufacturier. En effet, cette catégorie d'employé est généralement la plus homogène et donc la plus comparable entre firmes. En outre, elle sert souvent – entre autres éléments - de point de référence aux firmes étrangères quand elles doivent décider ou non d'investir dans un pays, point particulièrement important pour la Mauritanie où le développement d'un secteur non pétrolier est critique pour le futur. Le Tableau A.4.1. 7 suggère que la rémunération des travailleurs de production non qualifiés varie fortement selon la propriété des firmes, leur localisation et leur taille; les entreprises étrangères, les firmes localisées à Nouakchott et les établissements de grande taille semblent rémunérer mieux, en moyenne, les travailleurs de production non qualifiés. Ainsi, de forts différentiels de salaires inter-firmes persistent. Les données indiquent aussi que la rémunération des employés non qualifiés en Mauritanie est relativement élevée (Graphique 4.1.10). Celle-ci est l'une des plus fortes constatée récemment en Afrique subsaharienne[67], et est proche du niveau du Brésil.

4

5 La formation des rémunérations.

Les résultats précédents indiquent que le niveau de rémunération est relativement élevé en Mauritanie dans le secteur manufacturier. En outre, les données statistiques précédentes suggèrent la persistance de différentiels de salaires importants alors que la théorie économique standard plaiderait plutôt pour une faiblesse de ceux-ci. Il est donc requis d'analyser les facteurs à l'origine de cette situation.

En préalable, il faut se souvenir que le cadre réglementaire en Mauritanie demeure assez lourd en matière de détermination des salaires. Il repose d'une part sur l'existence d'un SMIG qui est une borne minimale de rémunération (environ 75 dollars par mois)[68] et d'autre part sur des conventions collectives qui définissent les minima de rémunération par catégories d'emplois. Ces paramètres du marché du travail font l'objet de négociations collectives. Ainsi, les rémunérations dans le secteur formel ont une borne inférieure fournie par les conventions collectives et peuvent varier à la hausse au sein de chaque firme.

Dans un tel cadre, les facteurs déterminants des salaires seront, outre les aptitudes individuelles des employés, les rapports de force entre syndicats et firmes ainsi que l'état général du marché du travail. Un moyen simple de séparer ces influences respectives est d'estimer des fonctions de salaire selon diverses spécifications (Encadre A.4.1. 1). Trois modèles économétriques sont estimés. Le premier est une variante du modèle de base de Mincer (1974) qui suppose que les employeurs sont capables de découvrir les différences de productivité entre employés sur la base de leur capital humain, leur origine, leur sexe,… et d'ajuster les rémunérations en conséquence. Le second modèle est plus complet et inclus, outre les caractéristiques individuelles des employés, des variables représentant diverses modalités institutionnelles de fixation des salaires (Azam et Ris, 2001). Finalement, le dernier modèle reprend les spécifications précédentes mais tente d’identifier les problèmes de non significativités de certaines variables clefs apparus lors de l’estimation du second modèle.

Les résultats des estimations économétriques sont assez clairs (Tableau A.4.1. 8), le mode de formation des rémunérations dans le secteur manufacturier en Mauritanie semble résulter d'une forme de partage de rente[69], par contre des théories alternatives de formation des rémunérations (salaire d'efficience[70], hold-up[71]) n'ont pas de pouvoir explicatif. On note ainsi que l’expérience au sein de la firme affecte positivement et significativement le niveau des rémunérations. Les caractéristiques individuelles des firmes déterminent aussi en partie les salaires, le fait qu'une firme soit localisée à Nouakchott et qu’elle offre une formation formelle à ses employés a un impact positif sur les salaires. En outre, un phénomène de partage de rente entre les firmes et ses employés est significatif et affecte à la hausse les niveaux de salaires. Cependant, ce phénomène ne semble pas être le fruit de pressions syndicales au niveau de l’entreprise (la variable indiquant la présence d'un syndicat dans l'entreprise n'est pas significative) mais plutôt de l’existence de tensions sur le marché du travail. En outre, la position hiérarchique des employés au sein de l’entreprise semble influencer la part de la rente que les employés parviennent à s’approprier. En effet, les cadres et les membres de la direction parviennent à s’accaparer une rente plus importante que les travailleurs moins qualifiés. Ceci est parfaitement cohérent avec les observations précédentes sur les salaires ainsi que la fréquence et la valeur des bonus/primes attribués aux employés.

5 4.1.4. Conclusion.

Certains problèmes non négligeables demeurent sur le marché du travail formel en Mauritanie comme l'indiquent les données de l'EE et les indicateurs DB 2007. Ainsi, il existe i) une réglementation du marché du travail lourde et coûteuse, ii) un manque d'éducation de la force de travail, ainsi qu'un faible développement de formations professionnelles appropriées, iii) des difficultés de circulation de l'information sur les emplois disponibles et iv) une déconnexion des rémunérations effectives d'avec les performances/la productivité des employés de production (faiblesse des bonus de productivité). En outre, comme l'a montré le second chapitre, les coûts unitaires du travail sont très élevés en Mauritanie de par la faiblesse de la productivité du travail.

Ceci suggère trois grands axes de réforme, l'un portant sur le cadre réglementaire pour fluidifier le fonctionnement de ce marché à court terme, un autre portant sur la formation et l'éducation et enfin un dernier portant sur les modalités de formation des rémunérations. Ces deux derniers types de réformes doivent permettre d'accroître la productivité du travail ainsi que de modérer la croissance des rémunérations et donc contribuer à abaisser les coûts unitaires du travail à moyen terme.

2 4.2. Le financement des entreprises formelles en mauritanie: aspects de demande.

Les problèmes de financement, d'accès et de coût des financements bancaires, sont perçus comme la principale barrière à la croissance des entreprises en Mauritanie comme indiqué au chapitre 3. Pour l'ensemble des secteurs couverts, ils sont une préoccupation majeure pour les chefs d'entreprises, pour 38 à 51 pourcent d'entre eux. En outre, ils font toujours partie des six principaux problèmes cités par les firmes (Graphique 3.1). Cette section a pour objet d'analyser cette problématique, i.e. les sources de financement externe des entreprises, en mettant un accent particulier sur les relations entre les firmes et le secteur bancaire. En préalable, il est important de noter que la disponibilité et le coût du capital reposent sur deux aspects fondamentaux, l’offre et la demande. L’analyse de l’offre, requérant entre autre l’examen de la stabilité macroéconomique, de la discipline fiscale, de l’efficacité du système judiciaire, n'est ici pas abordée. Ces questions ne sont pas traitées directement par l'EE et sont du ressort d'un outil tel le PESF[72]. L'analyse est donc centrée sur l'aspect demande de crédit et perception des firmes.

1 4.2.1. Un aperçu du système financier en Mauritanie.

Le système financier mauritanien est composé de diverses catégories d’institutions. Au 31 Décembre 2006, outre nombre d'institutions de micro crédit, neuf banques et sept compagnies d’assurances opéraient en Mauritanie.

|Graphique 4.2. 1. Crédit domestique au secteur privé en 2004 (Pct. du |Graphique 4.2. 2. Ratio M2 sur PIB en 2004 (Pct.) |

|PIB). | |

|[pic] |[pic] |

Source: Base de données DDP, Banque Mondiale, Mise à jour Sept. 2006.

Le système bancaire constitue la composante la plus importante du système financier mauritanien, il contrôle prés de 88 pourcent du total de ses actifs et collecte une épargne domestique brute estimée à environ 20 pourcent du PIB en 2004. Avec un ratio de M2 (monnaie et quasi-monnaie) sur le PIB de 31,4 pourcent en 2004, le système financier mauritanien reste encore assez peu développé (Graphique 4.2. 2). Avec un tel ratio, la Mauritanie se place loin derrière des pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc et la Chine (dont les ratios sont respectivement de 61,9; 90,5 et 150,1 pourcent en 2004) et en dessous de la moyenne pour l'Afrique subsaharienne (39,7 pourcent en 2004). Les crédits au secteur privé étaient ainsi seulement équivalents à 25,9 pourcent du PIB en 2004, contre une moyenne de 66,3 pourcent pour l'Afrique subsaharienne[73] (Graphique 4.2. 1). L’accès aux services financiers est limité. Moins de 3 pourcent de la population totale dispose d’un compte bancaire ou utilise les services bancaires de crédit. Le nombre de crédits par 1000 habitants est de 54.8, soit de 27 pourcent en dessous de la médiane des pays à faibles revenus (World Bank 2006d).

La structure du capital des banques mauritaniennes présente la particularité d’être extrêmement concentrée (World Bank 2006d). En effet sur les 9 banques que comptait la Mauritanie en 2006, 8 étaient sous le contrôle de groupes industriels ou commerciaux (Tableau A.4.2. 1) appartenant pour la plupart à de grandes familles locales. Ces banques opèrent souvent comme les véhicules de financement de leur groupe mère en leur offrant systématiquement des services et des conditions préférentielles. Cette relation étroite entre les firmes et les banques crée une séparation des marchés financiers en plusieurs segments constitués chacun de la banque et des entreprises d'un même groupe. En conséquence, on note une forte concentration des concours sur quelques grosses entreprises, témoignant d'une presque absence des PME dans le portefeuille des banques. Au 31 décembre 2005, les 10 plus gros débiteurs de chaque banque concentraient en moyenne 40 pourcent du portefeuille (World Bank 2006d). Cependant, il semble que la situation commence à s’améliorer ces derniers mois. L’arrivée récente de nouvelles banques étrangères a accru la concurrence sur le marché domestique et certaines indications suggèrent un début de réduction des coûts d’intermédiation financière.

Le secteur des assurances a un faible rôle en Mauritanie. Le volume annuel des primes s'établit aux environ de 10 millions de dollars. Sept compagnies ont une licence et sont actives sur ce marché. En termes d'importance, ce secteur couvre essentiellement l'assurance automobile (40 pourcent des primes environ) et l'aéronautique (prés de 21 pourcent des primes).

Les institutions de micro finance sont environ 142, dont 67 ont une licence de la banque centrale. A la mi-2006, 108 de ces institutions avaient soumis des états financiers indiquant un montant total de dépôts d'environ 1,9 milliard d'Ouguiya, un encours de crédit de 1,3 milliard d'Ouguiya et un nombre total de membres proche de 135 000. Le secteur est encore dans sa phase de développement et repose essentiellement sur les dons des bailleurs de fonds.

2 4.2.2. La perception des problèmes de financement par les firmes en Mauritanie.

Les problèmes de financement, d'accès et de coût des financements bancaires, sont perçus comme la principale barrière à la croissance des entreprises en Mauritanie. Près d’une entreprise manufacturière sur deux considère l'accès et le coût des financements bancaires comme un obstacle "majeur" ou "très sévère" au développement du secteur privé en Mauritanie. Bien qu'éloigné des perceptions très critiques rapportées dans des pays tels le Brésil ou le Maroc, on note que la perception des firmes en Mauritanie est toutefois bien plus négative que ce que les entreprises de pays tels l'Afrique du Sud et la Chine indiquent. En outre, les perceptions en Mauritanie sont aussi plus négatives que celles des firmes en Algérie, au Kazakhstan et en Indonésie, pays riches en ressources naturelles (Graphique 4.2. 3).

Graphique 4.2. 3. Comparaison des perceptions.

[pic]

Nb. Firmes du secteur manufacturier. Pour la Mauritanie, est reportée la perception conjointe par les firmes du coût et de l'accès comme contrainte "majeure" ou "très sévères".

Source: Enquêtes entreprises 2003-2006, Banque Mondiale.

La perception de l'accès et du coût des financements bancaires comme un obstacle "majeur" ou "très sévère" au développement du secteur privé varie selon les types d'entreprises (Graphique 4.2. 4). Dans le secteur manufacturier, les entreprises exportatrices semblent perçoir l'accès et le coût des financements comme une contrainte moindre que les firmes vendant exclusivement sur le marché domestique. Tous secteurs formels confondus, les firmes étrangères perçoivent ces problèmes comme une contrainte plus faible que les firmes mauritaniennes. Il semble aussi que plus une entreprise formelle est de création récente, moins elle percevra l'accès et le coût des financements comme une contrainte. Enfin, on note que les entreprises formelles et les microentreprises/firmes informelles ont une perception très similaire du problème, ce qui en souligne le caractère global.

Graphique 4.2. 4. Perceptions par catégories d'entreprises.

[pic]

Nb. Données non pondérées de l'échantillon, sauf pour les estimations sectorielles.

Source: Enquêtes entreprises 2003-2006, Banque Mondiale.

Cependant, malgré des différences, les perceptions rapportées par les firmes sont souvent voisines en niveau. Pour synthétiser les principaux facteurs déterminants de ces perceptions, un modèle Probit est estimé en retenant comme variable dépendante le fait ou non qu'une entreprise cite l'accès et le coût des financements bancaires comme un obstacle "majeur" ou "très sévère". Les résultats d'estimation sont fournis au Tableau A.4.2. 2 en annexe. Il apparaît ainsi, en conformité avec les statistiques descriptives, que la nationalité ainsi que l’âge de l’entreprise ont un effet significatif positif sur la probabilité que l’entreprise perçoive le financement des entreprises comme une contrainte majeure ou sévère, i.e. une entreprise "locale" et une entreprise "ancienne" percevront cette contrainte de manière plus forte. Les résultats de l’analyse économétriques indiquent aussi que la taille (saisie à travers les ventes de la firme) ainsi que la présence sur les marchés des exportations (variable binaire) n’affectent pas de manière statistiquement significative la perception des entreprises sur l’accès et le coût des financements. Pour tenter de mieux cerner les facteurs à l'origine de ces perceptions, des variables additionnelles relatives au genre du principal propriétaire de l'entreprise et à la perception de la corruption (variable binaire) ont été introduites. Ces deux variables ne sont toutefois pas significatives.

Globalement, les données de perception relatives aux relations entre les entreprises et le secteur financier indiquent i) une forte défiance des firmes et le fait ii) que ces perceptions sont influencées essentiellement par l'âge des firmes ainsi que leur nationalité. Bien que nombre de travaux (World Bank 2006d, EIU 2006,…) soulignent l'existence de problèmes sérieux dans le secteur financier et de ce fait valident ces perceptions, il demeure cependant nécessaire de vérifier sur des données objectives de l'enquête la pertinence de ces opinions.

|Graphique 4.2. 5. Pct. du financement des actifs de long terme au |Graphique 4.2. 6. Financement des actifs de long terme (Pct). |

|travers du système bancaire. |[pic] |

|[pic] | |

|Nb. Ensemble des secteurs. | |

Source: Enquêtes entreprises 2003-2006, Banque Mondiale.

En termes comparatifs, la faiblesse observée du recours au système bancaire par les firmes tend à confirmer ces perceptions négatives. Les fonds internes et les bénéfices réinvestis constituent la principale source de financement des entreprises en Mauritanie, qu’il s’agisse des besoins de financement d'actifs de court terme ou de long terme. Ainsi, au sein du groupe de comparateurs retenus, les firmes en Mauritanie ont la plus faible proportion de financement de leurs actifs de long terme au travers du système bancaire; 6 pourcent contre presque 18 pourcent au Sénégal et environ 20 pourcent en Chine (Graphique 4.2. 5). Au niveau sectoriel, sur la base des données comptables de l'année 2005, l'autofinancement représente de 62 à 83 pourcent de la valeur des actifs de long terme. Les emprunts auprès du système bancaire sont soit inexistants (dans le commerce) soit très limités (au maximum inférieurs à 11 pourcent de la valeur des actifs de long terme). Les emprunts auprès de la famille sont l'autre grande source de financement des firmes, particulièrement dans le commerce et les microentreprises/firmes informelles (Graphique 4.2. 6).

Comme mentionné dans le récent FSAP, il apparaît que les banques en Mauritanie opèrent souvent comme un véhicule de financement de leur groupe mère en leur offrant des services et des conditions préférentielles. Les données de l'enquête dans le secteur manufacturier fournissent un certain support à cette interprétation (Graphique 4.2. 7).

Bien que l'appartenance à un groupe ne change pas fondamentalement la structure du financement des firmes manufacturières, celle-ci permet cependant aux membres un recours très supérieur aux financements bancaires privés, traduisant des conditions d'accès plus aisées. Ainsi, 14 pourcent du financement des actifs de long terme (investissements) des firmes appartenant à un groupe provient de banques privées contre seulement 5 pourcent pour les firmes hors groupe[74].

Graphique 4.2. 7. Financement des actifs de long terme selon l'appartenance ou non à un groupe.

[pic]

Nb. Secteur manufacturier exclusivement.

Source: Enquêtes entreprises Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Ce fort recours aux fonds interne, outre le fait qu'il confirme le caractère négatif des perceptions des firmes, pose divers problèmes; d'une part la sélection des projets d'investissement n'est pas sanctionnée par le marché en tant que tel et peut donc être douteuse, d'autre part les sources de financement alternatives sont généralement coûteuses pour les firmes. En outre, l'existence de traitement différencié selon l'appartenance ou non à un groupe adossé à une banque peut induire une segmentation du marché financier (World Bank 2006d).

3 4.2.3. Un typologie des firmes utilisant les financements bancaires.

Dans ce qui suit, une entreprise est considérée comme bénéficiant d’un accès aux financements bancaires si elle a un emprunt en cours ou si elle dispose d’une ligne de crédit auprès d’une banque au moins à la date de l'enquête[75]. Le Graphique 4.2. 8 montre que les entreprises manufacturières sont celles qui bénéficient comparativement le plus d’un accès aux financements bancaires. Un peu moins d’une entreprise sur trois (environ 29 pourcent) dans ce secteur déclare avoir un crédit en cours ou une ligne de crédit. Cette proportion d’entreprises manufacturières ayant accès aux financements bancaires (ainsi définis) reste malgré tout faible, ainsi au Sénégal ce sont près de 65 pourcent des entreprises manufacturières qui déclarent avoir un crédit en cours ou une ligne de crédit au moment de l'enquête.

Graphique 4.2. 8. Accès aux financements bancaires (Pct.).

[pic]

Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Comme l'on pouvait s'y attendre, le fait pour une entreprise d'être de grande taille, d'avoir des comptes audités et d'être exportatrice influent favorablement sur l'accès aux financements bancaires. Ainsi par exemple, alors que seules 12 pourcent des entreprises de petite taille (i.e. de 5 à 9 employés) ont accès aux financements bancaires, on note que 50 pourcent des firmes de plus de 50 employés en bénéficient. On retrouve aussi la différenciation précédente selon l'appartenance ou non d'une firme à un groupe. Ainsi, 58 pourcent des entreprises appartenant à un groupe déclarent avoir un emprunt en cours ou disposer d’une ligne de crédit contre 23,5 pourcent des entreprises hors groupe. Dans les autres secteurs enquêtes, la proportion de firmes ayant un accès aux financements bancaires et extrêmement faible, entre 7 et 9 pourcent.

Afin de valider les hypothèses issues de l’analyse statistique précédente, un modèle de type Probit est estimé avec pour variable dépendante une variable binaire d'accès aux financements bancaires égale à un si l'entreprise a un emprunt en cours ou si elle dispose d’une ligne de crédit auprès d’une banque (Tableau A.4.2. 3). Les variables indépendantes sont la nationalité de la firme, l’usage des services d’un auditeur externe pour certifier les comptes, le fait que l'entreprise soit ou non exportatrice, l’âge de la firme, sa taille (approchée par la valeur des ventes de l’année précédente), le secteur d'activité et le fait d’être propriétaire ou non des locaux occupés (qui est une proxy pour la capacité d'une firme à fournir une garantie). Des dummy sectorielles sont aussi incluses pour contrôler les différences éventuelles entre les secteurs.

Les résultats d'estimation confirment que la taille de la firme est un facteur important dans l’accès au financement. En effet, le coefficient attaché au volume des ventes de l’année précédente est positif et significatif dans le premier modèle. L’analyse économétrique indique aussi que les actifs immobiliers jouent un rôle déterminant dans l’accès aux financements. La variable indiquant si l’entreprise est propriétaire du lieu de son activité est significative et son coefficient de signe positif. Ce type de garantie constitue un signal fort sur la qualité de l’emprunteur. Dans la première spécification, on note que le recours aux services d’un auditeur pour certifier les comptes de l’entreprise ne semble pas avoir d’impact dans l’accès au financement. Il est cependant vraisemblable que les effets de cette variable soient aussi capturés par la variable de proxy de la taille de l’entreprise. Ce sont en effet la plupart du temps les grandes entreprises qui font le plus appel aux services d’un auditeur externe. L’estimation du même modèle Probit (modèle 2) sans la variable logarithme des ventes de l’année précédente confirme cette interprétation. la variable audit devient significative et positive. Enfin, hormis la dummy sectorielle pour les "autres secteurs", les autres variables indépendantes – bien qu'ayant la plupart du temps le signe espéré – ne sont pas significatives.

4 4.2.4. Le processus d'accès aux financements bancaires.

Les données de l'enquête indiquent que les besoins de financement des firmes mauritaniennes sont importants mais que le système bancaire actuel n'y répond que très imparfaitement.

Un grand nombre de firmes se maintiennent volontairement hors du marché financier formel.

Une entreprise peut soit demander un financement à une banque soit ne pas le faire, qu'elle n'en ait pas besoin ou qu'il y ait d'autres raisons. Cette dernière catégorie est majoritaire en Mauritanie: 76,4 pourcent des firmes formelles de l'échantillon, tous secteurs confondus, n'ont pas déposé de demandes de financements bancaires. Au sein de ce groupe, 81,2 pourcent des firmes déclarent avoir besoin de financements bancaires mais se sont abstenues de faire une demande (Graphique 4.2. 9). Ces firmes se sont donc maintenues – à juste titre ou non – volontairement hors du marché financier formel alors qu'elles avaient besoin de fonds. En termes comparatifs, ce sont les firmes dans le secteur du commerce qui se sont le plus abstenues de recourir au système financier (Tableau 4.2. 1).

Graphique 4.2. 9. Demande de financements par les firmes du secteur formel.

[pic]

Nb. Nombre de firmes entre parenthèses.

Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Les entreprises ont avancé diverses raisons pour expliquer le fait de ne pas avoir soumis de demande de financement auprès des banques. Cependant, il apparaît clairement - quels que soient les secteurs – que les deux raisons principales sont le fait que les taux d'intérêts sont considérés comme trop élevés et que les demandes/formalités afférentes sont perçues comme trop complexes (Tableau 4.2. 1).

Tableau 4.2. 1. Raisons pour ne pas avoir demandé de financement pour les firmes en ayant besoin.

[pic]

Nb. Ensemble des entreprises formelles.

Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Une faible proportion de firmes requiert des financements bancaires et peu de demandes sont acceptées.

|Les firmes ayant besoin de financements peuvent décider |Graphique 4.2. 10. Appartenance sectorielles des firmes formelles ayant demandé |

|de ne pas s'abstenir de faire appel au système bancaire.|un crédit ou un découvert en 2005 (Pct.). |

|Ainsi, 23,6 pourcent des firmes formelles de |[pic] |

|l'échantillon ont déposé une requête de financement |Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale. |

|auprès du système bancaire en 2005. Le flux de demandes | |

|émane en majorité du secteur manufacturier (Graphique | |

|4.2. 10). Cependant, en proportion, ce sont les firmes | |

|du secteur du commerce qui ont déposé le plus de | |

|demandes (Graphique A.4.2. 2). Dans le secteur | |

|manufacturier, le dépôt de demande semble indépendant de| |

|la taille des entreprises, ce qui est différent de ce | |

que l'on observe dans d'autres pays (le Sénégal et le Mali par exemple) où il existe plutôt une relation croissante entre la taille des firmes et les demandes de financement. De même, on note que les entreprises manufacturières mauritaniennes ont déposé beaucoup plus de demandes, tout comme les exportateurs. On note enfin, que les entreprises membres de groupes ont en proportion déposé moins de demande de financement en 2005 que les autres entreprises manufacturières, ce qui peut s'expliquer par un accès au système bancaire déjà important et donc un moindre besoin de nouveaux crédits ou découverts.

Au contraire de ce l'on observe dans de nombreux pays, une fois les demandes de financement déposées, un grand nombre sont refusées par les banques: en moyenne 60,7 pourcent sur l'échantillon d'entreprises formelles. On notre que le taux de rejet des demandes est plus faible dans le secteur manufacturier, pour les exportateurs, les firmes ayant des comptes audités et les entreprises étrangères.

Graphique 4.2. 11. Pourcentages de demandes rejetées.

[pic]

Nb. Données non pondérées de l'échantillon.

Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Les principales raisons de ces rejets peuvent être attribuées à un manque de garanties fournies par les firmes ainsi qu'un mauvais dossier ou historique de crédit (Graphique A.4.2. 3). Ainsi, plus d'un tiers des demandes (35,3 pourcent) ont été rejetées pour ne pas avoir présenté de garanties adéquates et plus d'un cinquième (23,5 pourcent) à cause d'un dossier ou historique de crédit défavorable. On note aussi comme raison importante le fait que nombre de dossiers étaient incomplets selon les banques (20,6 pourcent des cas). Il apparaît clairement que les difficultés des entreprises à présenter aux banques des garanties suffisantes constituent la principale cause de rejet des demandes de crédit. Ce phénomène pourrait s’expliquer par les dysfonctionnements notés dans le secteur judiciaire mauritanien qui rendent difficile et extrêmement longue la réalisation d’une sûreté par une banque.

La faible utilisation du système bancaire par les firmes en Mauritanie peut s'expliquer par le fait que peu de firmes déposent des demandes de financement et qu'in fine une grande part de ces demandes est rejetée, souvent de par l'incapacité des firmes à fournir les garanties exigées par les banques. En conséquence, bien qu'un grand nombre d'entreprises aient besoin de financements (85,2 pourcent d'entre elles), seules 10,4 pourcent d'entre elles ont obtenu un prêt ou un découvert en 2005. En outre, 72,8 pourcent des firmes ayant besoin de financements se sont abstenues de faire appel au système bancaire (Graphique 4.2. 9). Ceci confirme de nouveau la validité de la perception négative des firmes à ce sujet et suggère que le phénomène à l'œuvre en Mauritanie est un mélange de rationnement du crédit par les banques (fort taux de refus) et d'auto-rationnement des entreprises (forte proportion de firmes ayant besoin de financements s'auto-excluant du marché financier formel).

5 4.2.5. Les conditions des crédits, découverts et crédits commerciaux obtenus.

Des crédits souvent de court terme et chers.

Les données indiquent que les entreprises mauritaniennes bénéficient plutôt de crédit à court terme. En effet, la maturité moyenne d’un crédit pour les firmes formelles est de l’ordre de 2 années et 10 mois, ce qui est bien en deçà de la maturité moyenne des crédits au Mali et au Sénégal qui sont respectivement de l’ordre de 6 ans et 11 ans[76]. La seule exception semble être le secteur manufacturier pour lequel les crédits sont de maturité plus importante, environ 3,5 ans. La valeur des crédits octroyés est croissante avec la taille des firmes et semble la plus forte dans le secteur manufacturier (Tableau 4.2. 2).

Tableau 4.2. 2. Caractéristiques des crédits en cours à la date de l'enquête.

[pic]

Nb. Données non pondérées de l'échantillon.

Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

La quasi-totalité des crédits (soit 92 pourcent) sont adossés à une garantie. Les entreprises, quelle que soit leur taille, sont traitées de manière relativement similaire, les crédits aux petites entreprises (5 à 9 employés) font l’objet des mêmes exigences de garantie que ceux accordés aux grandes entreprises (plus de 50 employés). Au niveau sectoriel, les différences sont aussi faibles, des garanties sont demandées dans la presque totalité des cas. Les garanties proposées par les entreprises en vue d’obtenir un crédit sont importantes et représentent près de 172 pourcent du montant du prêt demandé. En terme comparatif, ce chiffre est élevé, le taux de garantie moyen en pourcentage de la valeur du prêt était d'environ 85 pourcent en Chine, 116 pourcent en Indonésie et 125 pourcent au Brésil lors des EE réalisées en 2002-2003. Ce phénomène de taux de garantie très élevé peut s’expliquer par le fait que les délais pour réaliser une garantie en Mauritanie peuvent être extrêmement longs, notamment du fait des inefficacités du système judiciaire soulignées au chapitre précédent. Pour satisfaire ces conditions, les entreprises mobilisent une vaste panoplie de garanties. Une des plus prisées semble être la garantie immobilière, presque 80 pourcent des entreprises ayant du fournir des garanties l'ont fait sur la base des terrains et bâtiments de l'entreprise. En plus du rôle classique d’instrument permettant à la banque de recouvrer sa créance en cas de défaillance, la garantie immobilière constitue aussi un signal de la qualité de l’emprunteur. Cette observation est parfaitement cohérente avec l’analyse des déterminants de l’accès au financement. Celle-ci avait établi que le fait pour une entreprise de posséder une partie ou la totalité les lieux de son activité influence de manière significative l’accès au financement. Enfin, dans le cas des grandes entreprises on remarque aussi l'intérêt des banques pour les équipements et les biens personnels de l’entrepreneur pour couvrir les risques liés à un emprunt.

| En Mauritanie, depuis de nombreuses années, les |Graphique 3.2. 1. Taux d'intérêt réels sur les prêts. |

|taux d’intérêts réels restent élevés. Malgré une |[pic] |

|diminution significative depuis 1999, ceux-ci sont | |

|toujours supérieurs à ceux de nombreux pays retenus |Source: IFS et DDP. |

|comme comparateurs. Ainsi, en 2006, alors que les taux| |

|d'intérêt réels annuels sur les prêts sont aux | |

|environs de 4,3 pourcent en Chine, 4,5 pourcent en | |

|Algérie et 6,2 pourcent en Afrique du Sud, ceux-ci | |

|sont aux environs de 12,7 pourcent en Mauritanie[77]. | |

| | |

Les données confirment que les taux d'intérêt supportés par les firmes en Mauritanie restent élevés, aux environ de 18,3 pourcent en moyenne en termes nominaux pour les entreprises ayant un emprunt en cours à la date de l'enquête. On note que la taille des firmes semble n'avoir que peu d'impact sur les taux appliqués par les banques, il n'existe pas de relation claire entre la taille des firmes et le taux d'intérêt appliqué à un emprunt (Tableau 4.2. 2). En termes sectoriels par contre, les firmes manufacturières tendent à faire face à des taux nominaux, et donc réels, supérieurs.

Des découverts bancaires peut utilisés et chers.

Les découverts bancaires, lorsqu‘ils sont autorisés, représentent une forme de crédit de court terme d’accès rapide et peu cher en terme de coûts de transactions. Ils peuvent être attractifs pour certaines firmes car ils sont souvent un passage obligé, préalable à l’accession à d’autres formes de produits financiers.

Tableau 4.2. 3. Caractéristiques des découverts bancaires à la date de l'enquête.

[pic]

Nb. Données non pondérées de l'échantillon.

Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Il ressort du Tableau 4.2. 3, qu’à l’instar du crédit traditionnel, l’accès aux découverts reste limité pour les entreprises formelles, seules 16 pourcent d'entre elles en bénéficient. On note aussi une relation croissante entre la taille des firmes et la fréquence de firmes qui ont une autorisation de découvert. Les taux d'intérêt nominaux chargés sur ces découverts sont de nouveau élevés, presque 16 pourcent en moyenne. Ils décroissent en fonction de la taille de la firme et sont les plus élevés dans le secteur manufacturier.

Le crédit commercial est un moyen important de financement des actifs de court terme.

Le crédit commercial peut être une source de financement alternative attractive pour les entreprises ayant du mal à obtenir un crédit bancaire ou une autorisation de découvert. Bien qu’il soit de court terme, il offre l’avantage d’être une source de fonds plus stable que l’emprunt bancaire qui doit être intégralement remboursé à son terme. Du point de vue des fournisseurs, il offre l’avantage de faciliter la saisie des biens en cas de défaut de paiement. Par ailleurs, Biais et Gollier (1997) ont montré que le crédit commercial peut parfois agir comme un signal sur la qualité de l’entreprise en tant qu’emprunteur et faciliter à terme l’obtention d’un crédit bancaire pour des entreprises qui n’avaient d’autres sources de financement que le crédit fournisseur.

| En Mauritanie, les entreprises font appel à ce type de |Tableau 4.2. 4. Pct. de firmes finançant leurs actifs de court terme avec un|

|financement surtout pour approvisionner leurs actifs de court |crédit commercial. |

|terme (fonds de roulement). Il semble exister une corrélation | |

|entre la taille de l’entreprise et l’utilisation du crédit |[pic] |

|commercial : les petites entreprises font un peu moins appel au | |

|crédit commercial que les entreprises moyennes et de grande |Nb. Données non pondérées de l'échantillon. |

|taille. Les entreprises du secteur manufacturier ainsi que le | |

|secteur du commerce font fortement appel à cet instrument de |Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale. |

|financement. | |

6 4.2.6. Conclusion.

Le crédit bancaire est une source mineure de financements des firmes en Mauritanie, celles-ci se financent essentiellement sur fonds propres. Cette faible utilisation du système bancaire peut être interprétée comme résultant d'un mélange de rationnement du crédit par les banques (fort taux de refus) et d'auto-rationnement des entreprises (forte proportion de firmes ayant besoin de financements s'auto-excluant du marché financier formel). On note aussi l'existence d'effets de taille, les firmes de grande taille ont un meilleur accès aux financements bancaires que les firmes de taille moindre. En vue de promouvoir le développement du secteur privé, il est donc souhaitable d'améliorer les mécanismes de financement des firmes. Ceci implique une amélioration du fonctionnement du système bancaire en général ainsi que des mesures plus ciblées devant favoriser l'interface entre les firmes (notamment les PME/PMI) et les banques.

Chapitre 5. Synthèse et recommandations.

La Mauritanie a connu ces dernières années des performances macroéconomiques correctes. La croissance du PIB Mauritanien a été positive sur la période 1994-2004: aux environs de 3,1 pourcent par an environ. La mise en exploitation en 2006 de champs pétroliers devrait en outre relever substantiellement le sentier de croissance à moyen terme et donc améliorer les perspectives de réduction de la pauvreté. Bien que les revenus pétroliers à venir soient un élément positif, ils constituent aussi un facteur de risque.

Pour l'avenir, le défi essentiel auquel est confronté la Mauritanie est celui de la diversification des sources de croissance non pétrolières ceci pour permettre de faire face plus aisément aux variations des cours des produits primaires qui constitueront toujours dans un avenir proche l’essentiel des recettes d’exportation et assurer la poursuite de la croissance de l’économie lorsque la production pétrolière commencera à décroître puis disparaître. Pour parvenir à cet objectif, il est nécessaire que les investisseurs et les entrepreneurs soient rassurés quant au futur économique de la Mauritanie et sa capacité à mettre en place un cadre plus favorable au secteur privé formel.

Cependant, bien que l’environnement institutionnel de l’économie ait connu des changements positifs depuis deux décennies[78], le climat des affaires en Mauritanie souffre encore de nombreuses déficiences. En effet, le bilan global des réformes entreprises en faveur du développement du secteur privé reste encore mitigé en 2006, leur impact est encore modeste comme en témoignent les faibles performances des firmes manufacturières.

L’un des enseignements majeurs de l'EE est ainsi que la productivité médiane du travail dans le secteur manufacturier est faible en Mauritanie, même dans le cas d'une comparaison avec d'autres pays à bas revenus d'Afrique subsaharienne. Cette faible productivité du travail combinée avec un niveau relativement élevé des rémunérations explique que les CUT (les coûts salariaux ajustés par la productivité) demeurent élevés. La Productivité Totale des Facteurs, une mesure de l'efficience des firmes, est faible dans les entreprises manufacturières. Ces divers indicateurs de productivité suggèrent qu'en l'état, l'industrie mauritanienne n'est pas compétitive, la seule exception – dans une certaine mesure – semblant être le secteur des industries de la mer. Ce constat n'est malheureusement pas restreint à l'industrie manufacturière, la productivité dans les autres secteurs de l'économie reste assez faible. Ceci pose le problème des éléments limitant la croissance de la productivité en Mauritanie.

Comme le montre cette étude, les problèmes à ce niveau sont multiples: dysfonctionnements sur les marchés de facteurs (accès aux financements difficiles, marché du travail rigide), une corruption qui reste non négligeable, des infrastructures peu performantes (en particulier la fourniture d'électricité), un régime fiscal lourd ainsi que des procédures de commerce extérieur peu performantes, une défiance des firmes vis-à-vis de l'administration et une faible confiance dans le système judiciaire.

De fait, le climat des investissements en 2006 reste encore peu favorable au développement du secteur privé. Des réformes supplémentaires sont donc nécessaires pour améliorer la compétitivité des firmes et les performances globales du secteur privé. Celles-ci sont présentées ci-après en commençant par un problème transversal, puis selon l'ordre de priorité qui leur a été attribué par les firmes visitées lors de l'EE. Celles-ci concernent:

✓ l'intensification des efforts de promotion du pays et le renforcement du dialogue entre secteur public et privé ceci pour améliorer la réputation de la Mauritanie comme lieu d'activité économique;

✓ le fonctionnement des marchés de facteurs pour améliorer la qualité du facteur travail et le financement des firmes.

✓ la fourniture de services d'infrastructures pour contenir les coûts de production et permettre une distribution efficiente des productions;

✓ la lutte contre la corruption et la poursuite de l'amélioration du cadre réglementaire pour réduire les coûts d'opération des firmes.

Les mesures proposées sont, pour l'essentiel, complémentaires du projet de la Banque Mondiale en préparation dans le domaine du développement du secteur privé et conformes aux orientations du CAS. Elles correspondent aux priorités énoncées par les autorités mauritaniennes en termes de développement du secteur privé dans le PRSP II de 2006. Il est aussi important de mentionner qu'un nouveau Gouvernement est en place depuis Avril 2007 et que celui-ci a déjà clairement indiqué son désir d'améliorer rapidement le climat des investissements en Mauritanie. Il s'agit d'un développement extrêmement positif pour l'avenir, l'amélioration du climat des investissements requérant en effet constance et volonté politique.

1 5.1. Améliorer la perception de la Mauritanie et accroitre la crédibilité du pays en tant que destination d'affaires.

La Mauritanie se doit d'améliorer sa réputation en tant que place d'affaire en mettant mieux en avant les mesures déjà prises et en ayant une meilleure communication relativement aux grandes orientations prises en termes de développement du secteur privé. En outre, comme le rappelle le rapport d'évaluation de la Banque Mondiale sur une série de projets d'aide au secteur privé en Mauritanie (World Bank 2004b) ainsi que le DSRP II, il est requis d'une part de renforcer les capacités de l'Etat en termes de promotion du secteur privé mais aussi d'améliorer l'interface public-privé dans le pays.

Recommandations de court terme (à mettre en place sous 2 ans).

Il convient de doter la DGPIP dont la création vient d'être annoncée des moyens et de la structure lui permettant de remplir son rôle efficacement. Il s'agit:

• De fournir des dotations budgétaires adéquates au fonctionnement de la DGPIP;

• De doter la DGIP d'une structure appropriée. Deux institutions peuvent fournir des exemples utiles, l'APIX au Sénégal ainsi que le Bureau des Investissements (BOI) à Maurice (Voir Encadre A.1.1). Ces deux structures ont un rôle important dans les deux pays et ont rencontré un certain succès dans leur tache. L'APIX du Sénégal est directement rattachée à la Présidence de la République et s'occupe de la promotion de l'investissement et des grands travaux jugés prioritaires par le Président alors le BOI est une agence indépendante relevant du Ministère des Finances exclusivement dédiée à la promotion des investissements. Quelle que soit la forme retenue, il faudra s'assurer que certains éléments clé sont mis en place;

✓ une formation effective des employés de la nouvelle institution dans les domaines de promotion des investissements, tant au plan local qu'international. Il serait aussi bon que les employés de cette institution aient une expérience du secteur privé;

✓ la création/renforcement des liens de cette nouvelle institution avec le secteur privé et avec les Ambassades/Consulats à l'étranger. L'objectif est d'assurer tant au plan national qu'international une circulation de l'information, soit en provenance du secteur privé local et des représentations consulaires pour informer la nouvelle entité, soit pour appuyer et relayer les efforts de promotion à moindre coût;

✓ étudier la possibilité d'ouverture de bureau de représentation spécifique dans certains pays clé (France, Chine, USA,…);

✓ une définition claire des missions. A ce niveau, il est suggéré que les fonctions de secrétariat et d'organisation des futurs Conseils Présidentiels des Investisseurs soient transférées à la DGPIP en lieu et place de la Banque Centrale de Mauritanie actuellement.

2 5.2. AMELIORATION DU FONCTIONNEMENT DES MARCHES DE FACTEURS POUR REPONDRE PLUS EFFICACEMENT AUX BESOINS DU SECTEUR PRIVE.

1 5.2.1. Améliorer l'accès des firmes aux financements bancaires.

188. Les données de l'EE indiquent que le crédit bancaire est une source mineure de financements des firmes en Mauritanie, celles-ci se financent essentiellement sur fonds propres. Cette faible utilisation du système bancaire peut être interprétée comme résultant d'un mélange de rationnement du crédit par les banques et d'auto-rationnement des entreprises. On note aussi l'existence d'effets de taille, les firmes de grande taille ont un meilleur accès aux financements bancaires que les firmes de taille moindre. En vue de promouvoir le développement du secteur privé, il est donc souhaitable d'améliorer les mécanismes de financement des firmes. Ceci implique une amélioration du fonctionnement du système bancaire en général ainsi que des mesures plus ciblées devant favoriser l'interface entre les firmes (notamment les PME/PMI) et les banques.

Recommandations de très court terme (à mettre en place dans l'année).

• La nouvelle loi bancaire initiée début 2007 par le gouvernement Mauritanien a pour objectif la consolidation de l’industrie bancaire, la promotion de la transparence, ainsi que le renforcement des pouvoirs de régulation de la BCM. C'est un développement positif. Cependant, il est aussi requis qu'elle soit mise en application rapidement. En conséquence:

✓ Il est suggéré la mise en place rapide des décrets d’application de cette loi. En particulier, la différence de traitement entre banques étrangères et banques domestiques concernant les fonds propres minimum devrait être réduite afin d’augmenter les incitations des banques étrangères à entrer sur le marché mauritanien et donc augmenter la concurrence;

✓ Il est suggéré de renforcer la capacité de supervision de la BCM afin d’assurer un contrôle adéquat ainsi qu’une application stricte des dispositions de la loi. Ceci implique i) d’assurer la formation des personnels et de fournir des moyens adaptés et ii) de constituer une base de connaissances pour la supervision des institutions financières non bancaires.

Recommandations de moyen terme (à mettre en place sous 5 ans).

• En vue d'accompagner le développement anticipé de l'économie, il est nécessaire de promouvoir l’introduction de nouveaux produits financiers (capital risque, factoring, instruments à destination des PME/PMI...) ainsi que l’arrivée sur le marché d’institutions spécialisées afin de diversifier les outils disponibles, réduire les coûts de financements et permettre que les firmes ne se reposent plus presque exclusivement sur l'autofinancement.

• Il est requis d'améliorer et simplifier le cadre légal et judiciaire en vue de moderniser et d’élargir la gamme de sûretés utilisées comme garantie pour contribuer à réduire les taux de garanties demandés aux firmes, élargir la gamme des garanties possibles, faciliter leur exécution et la résolution d'éventuels contentieux en la matière. Il s’agira de simplifier les procédures d’enregistrement et d’exécutions par:

✓ un développement d’un cadre légal permettant la création et l’exécution des hypothèques, l’amélioration du cadre légal pour les garanties meubles accompagné par la mise en place d’un registre du commerce moderne;

✓ la simplification des procédures de recouvrement des crédits et des mécanismes d’exécution des contrats ainsi que le développement de mécanismes alternatifs de résolutions des contentieux (arbitrage);

✓ la formation et la spécialisation de Juges en droit commercial et financier ainsi qu’en résolution de contentieux commerciaux sont un des éléments clés essentiels dans la réussite de cette réforme;

• Il est nécessaire d'assurer la formation et de fournir une assistance technique aux personnels des banques sur le traitement du segment des PME/PMI. Cette formation porterait sur les techniques d’évaluation rapides des dossiers de crédit, les crédits basés sur les rendements futurs du projet, et la simplification des procédures de financement.

• Il est nécessaire d'améliorer l'information dont disposent les banques quant aux emprunteurs éventuels. Il est suggéré de poursuivre la mise en place d'un système d’information de crédit avec des informations sur tous les emprunteurs des banques. Un tel instrument permettrait aux demandeurs de crédits de se construire un historique de crédit. Cette base de données pourrait être mise en place au sein d’un bureau de crédit.

• Il est nécessaire de promouvoir l'établissement d'états financiers fiables au niveau des entreprises. Ceci peut se faire en fournissant une assistance technique pour améliorer la qualité des états financiers et la fiabilité des dossiers de crédit. Il est aussi nécessaire d'assurer la formation des PME/PMI sur les principales exigences des banques en matières d‘accès au crédit et aussi sur la préparation d’un dossier de crédit. Ceci pourrait être fait par l’intermédiaire de la Chambre de Commerce, et des principales associations professionnelles.

2 5.2.2. Améliorer le fonctionnement du marché du travail.

Certains problèmes non négligeables demeurent sur le marché du travail formel en Mauritanie comme l'indiquent les données de l'EE et les indicateurs DB 2007. Ainsi, il existe i) une réglementation du marché du travail lourde et coûteuse, ii) un manque d'éducation de la force de travail, ainsi qu'un faible développement de formations professionnelles appropriées, iii) des difficultés de circulation de l'information sur les emplois disponibles et iv) une déconnexion des rémunérations effectives d'avec les performances/la productivité des employés de production (faiblesse des bonus de productivité). En outre, comme l'a montré le second chapitre, les coûts unitaires du travail sont très élevés en Mauritanie de par la faiblesse de la productivité du travail.

Ceci suggère trois grands axes de réforme, l'un portant sur le cadre réglementaire pour fluidifier le fonctionnement de ce marché à court terme, un autre portant sur la formation et l'éducation et enfin un dernier portant sur les modalités de formation des rémunérations. Ces deux derniers types de réformes doivent permettre d'accroître la productivité du travail ainsi que de modérer la croissance des rémunérations et donc contribuer à abaisser les coûts unitaires du travail à moyen terme.

Recommandations de court terme (à mettre en place sous 2 ans).

• simplification de certaines réglementations du Code du Travail de 2004. Il est suggéré de revoir certains éléments du code du travail, de les simplifier et les rendre plus adaptés. L'indice de Rigidité d'Emploi, a en effet une valeur élevée en Mauritanie (59 sur un maximum de 100 indiquant une rigidité maximale), au-delà de la moyenne pour l'Afrique Subsaharienne (l'indice est de 47,1 pour la région et de 33,3 pour les pays de l'OCDE) qui est elle-même la région où les rigidités en la matière sont les plus fortes. Les réglementations concernées sont nombreuses et couvrent les contraintes à l'embauche (possibilité de contrats à terme fixe, durée de ces contrats, existence et caractère contraignant ou non d'un salaire minimum,…), la rigidité des heures travaillées (durée du travail, liberté de faire des heures supplémentaires,…) et les difficultés de licenciement (notification administrative de licenciements individuels ou collectifs, priorité à la réembauche d'employés préalablement licenciés, …). La mise en place de ces mesures est de la responsabilité du Ministère de l’Emploi, de l’Insertion et de la Formation Professionnelle. En particulier, il est nécessaire de simplifier les procédures liées aux embauches, aux conditions d'emploi et aux licenciements:

✓ L'article 17 du Code du Travail de 2004 stipule que les CDD sont conclus pour une période maximale de 2 ans, renouvellement compris. Il est suggéré de modifier ce délai et de le porter à 4 ans pour flexibiliser le marché du travail;

✓ En l’état, lors d'un licenciement, il existe une procédure de concertation avec les syndicats en cas de licenciement économique dont les résultats sont transmis à l’inspecteur du travail (Art 57 du Code du Travail de 2004). Il est suggéré de maintenir les procédures de concertation interne à l’entreprise mais de ne plus faire obligation d'informer l’inspection du travail, et en particulier d'éliminer la stipulation selon laquelle un employeur qui ne transmettrait pas à l'inspection du travail les informations requises verrait l'ensemble de la procédure de licenciement annulée ;

✓ Il serait souhaitable d’abroger l'article 56 du Code du Travail de 2004 qui établit des priorités en cas de licenciement de travailleurs. En termes d'efficience, ceux-ci doivent être réalisés en fonction des besoins des firmes et des performances des employés ;

✓ Il serait souhaitable d'abroger les règles de priorité à l’embauche suite à un licenciement tel que mentionnées à l'article 59 du Code du Travail de 2004. De telles mesures nuisent à la concurrence sur le marché du travail et ne permettent pas aux firmes d'embaucher les meilleurs candidats à un poste.

Recommandations de moyen terme (à mettre en place sous 5 ans).

• amélioration des qualifications des employés. L'objectif premier est de diminuer la proportion d’employés n’ayant aucune éducation. Le second objectif est d'augmenter de manière substantielle la proportion de personnels ayant une formation technique ainsi que d'assurer un renforcement des compétences des personnes employées actuellement. Ceci implique:

✓ de continuer et d’intensifier les efforts actuels en vue d'accroître la scolarisation primaire de la population tel que mentionné dans le DSRP II;

✓ d'augmenter le nombre des formations professionnelles courtes dans le cycle secondaire;

✓ que des formations professionnelles supérieures courtes soient développées;

✓ que des systèmes de formation professionnelle continue soient revitalisés et développés plus avant en collaboration étroite avec le secteur privé.

• réexamen de certains éléments du code du travail avec les partenaires sociaux. L'objectif serait ici de lier effectivement l'évolution des salaires aux performances des employés, d'améliorer les modalités de détermination des salaires par catégories professionnelles, de simplifier les conventions collectives;

• amélioration de la circulation de l'information sur le marché du travail. Ceci implique de renforcer le rôle des institutions publiques dans la diffusion de l'information sur les emplois disponibles, ainsi que de prendre les mesures requises pour favoriser et encadrer l'activité de bureaux de placement privé.

3 5.3. Amélioration des services d'infrastructures.

Les infrastructures posent de grands problèmes en Mauritanie. Les problèmes liés à la fourniture d'électricité en particulier, et au transport (routier et maritime) sont par exemple un problème majeur ou très sévère pour 15 à 43 pourcent des entreprises selon les secteurs. Il est nécessaire d'améliorer rapidement la situation pour permettre aux firmes de restaurer un peu de leur compétitivité en développant des infrastructures structurantes (énergie, transport routier, ports, aéroport) pouvant soutenir la croissance du pays.

Recommandations de moyen terme (à mettre en place sous 5 ans).

Electricité.

• La qualité et le volume de l'offre électrique doivent être améliorés. Au sein du programme d'investissement présenté dans le DSRP II, il est critique pour le secteur privé formel de mettre en place effectivement le programme de réhabilitation et d’extension des moyens de production pour Nouakchott (extension de la centrale existante et construction d’une nouvelle centrale), Nouadhibou (extension et réhabilitation de la centrale, construction d’un parc éolien) ainsi que le programme d’extension des réseaux électriques à Nouakchott et à Nouadhibou.

Transport.

• Transport routier. Il est suggéré de continuer la rénovation et la maintenance du réseau existant dans le cadre des contrats programmes entre l’Etat et l’ENER. Il est aussi requis de réaliser de nouveaux programmes d’investissements routiers en vue de désenclaver la Mauritanie et de renforcer sa connexion aux autres infrastructures de la sous-région (Mali, Algérie et Sénégal).

• Transport maritime. Il est suggéré d’accroître les capacités et d’améliorer la compétitivité du Port Autonome de Nouakchott tel qu'indiqué dans le DSRP II. Ceci impliquera un certain nombre d'investissements matériels (construction de nouveaux postes à quai et acquisition de matériels de manutention, construction des digues de protection contre les incursions marines,…) ainsi qu'une réorganisation du Port Autonome.

• Transport aérien. Il est requis de moderniser les capacités aéroportuaires (infrastructures, système de navigation et dispositifs de sûreté).

4 5.4. LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ET POURSUITE DE L'AMELIORATION DU CADRE REGLEMENTAIRE.

192. Les résultats précédents soulignent qu'au premier semestre 2006, le climat des affaires en Mauritanie était peu favorable au secteur privé, quels que soient les sous-secteurs d'activité considérés. En effet, les points négatifs sont sérieux et abondent. Les plus importants sont liés à une corruption répandue et coûteuse, à des incohérences dans l'application des réglementations, à une faible efficacité de l'appareil judiciaire.

1 5.4.1. Lutter plus efficacement contre la corruption, améliorer la gouvernance.

193. La corruption contribue à accroître les coûts d'opération des firmes en Mauritanie. Elle est un motif sérieux d’inquiétude pour les entrepreneurs. Le phénomène a un coût non négligeable qui affecte les relations entre les firmes et l'Administration ainsi qu'entre entreprises elles-mêmes.

194. Les autorités mauritaniennes ont prises conscience ces dernières années de l'ampleur du phénomène. Elles ont prises récemment un certain nombre de mesures et d'autres viennent juste d'être annoncées. Ainsi, en 2006 fut annoncée la création d'inspections de contrôle au sein de chaque Ministère et Etablissement Public. Il a été également décidé de renforcer le rôle de la Cour des Comptes en termes de contrôle et de lutte contre les détournements de fonds publics. Un "Code de Déontologie" a aussi été adopté en 2006. Plus récemment, début Mai 2007, a été annoncée une décision de requérir la publication du patrimoine des hauts dirigeants de l'Etat. Ces mesures sont positives et se doivent d'être renforcées.

195. La lutte contre la corruption est complexe et repose aussi bien sur une amélioration de la gouvernance et de l'efficacité de l'administration (aspect de demande) que sur une implication accrue du secteur privé (aspect d'offre). La définition d'une stratégie complète de lutte contre la corruption telle que souhaitée dans le DSRP II est hors de portée et n'est pas l'objet de ce rapport[79]. Cependant, un certain nombre de mesures peuvent être prises rapidement et tendront à limiter son impact.

Recommandations de court terme (à mettre en place sous 2 ans).

196. Diverses actions peuvent être mises en place, telles que:

• l'attribution effective et durable de moyens ainsi qu'une totale liberté d'action laissée à la Cour des Comptes dans ses missions d'audit et de contrôle dont les conclusions/rapports devraient être rendus publics;

• la réforme et l'amélioration du système de passation des marchés publics;

• la mise en place généralisée de mesures microéconomiques permettant de limiter les possibilités de corruption au sein de l'administration, telles que:

✓ l'application d'un système de responsabilité nominative des employés traitant avec les entreprises, ceci pour responsabiliser davantage ces fonctionnaires;

✓ l'étude de faisabilité et la mise en place ultérieure de mesures de revalorisation salariales spécifiques pour certaines professions clé de la fonction publique, ceci en cohérence avec les impératifs budgétaires des autorités;

✓ Outre la publication du patrimoine des dirigeants politiques de haut rang, il est nécessaire d'étendre cette mesure à certains cadres administratifs de haut rang et de poste stratégique (personnels clé de la BCM, de la DGD,…).

Enfin, il est nécessaire que des sanctions/pénalités fortes soient effectivement et systématiquement appliquées en cas de corruption avérée, ceci quel que soit le rang hiérarchique des personnes en cause, que celles-ci soient des fonctionnaires, des entrepreneurs ou de simples citoyens.

2 5.4.2. Poursuivre l'amélioration de l'environnement réglementaire.

L'amélioration de l'environnement réglementaire en Mauritanie est requise comme reconnu dans le DSRP II, elle aura d'une par un effet direct positif sur le développement du secteur privé en favorisant une concurrence accrue et d'autre par réduira les incitations à la corruption. Ceci implique une amélioration du système fiscal, une simplification du cadre réglementaire, une amélioration significative du fonctionnement du système judicaire et une amélioration de la réglementation sur la concurrence. Il faut aussi souligner que les autorités mauritaniennes se sont récemment engagées à réaliser un certain nombre d'amélioration du système fiscal dans le cadre d'un programme avec le FMI (simplification de l'impôt sur les traitements et salaires, l'impôt général sur les revenus…) qui sont positives. Il est nécessaire de continuer les efforts en la matière.

1 L'amélioration du système fiscal.

Sur l’ensemble de l’échantillon, les taux d’imposition ainsi que leur administration reflètent une préoccupation importante des chefs d’entreprises de tous secteurs. En outre, comme le soulignent les indicateurs DB 2007, la taxation globale des firmes est élevée en Mauritanie et le système est lourd du point de vue du nombre de paiements à effectuer et du temps requis pour effectuer les formalités nécessaires. Il faut noter que la situation actuelle de croissance des revenus issus de l'exploitation pétrolière fournit une opportunité unique de diminuer de manière raisonnée la taxation des firmes en Mauritanie tout en en limitant les conséquences budgétaires initiales.

Recommandations de moyen terme (à mettre en place sous 5 ans).

Il est nécessaire de simplifier le système fiscal et d'améliorer son application. Ceci passe, par:

• une poursuite de la simplification et de la rationalisation du système fiscal. Il est nécessaire de poursuivre la simplification et la diminution du nombre de taxes existantes et l'élargissement de l'assiette des taxes qui seront conservées. Il est donc suggéré d'étudier les modalités de simplifications supplémentaires et la faisabilité d'une diminution de l'impôt minimum forfaitaire[80] et de la taxation des salaires en vue de réduire le coût du travail.

• une diffusion plus large de l'information fiscale auprès des opérateurs économiques, qui peut conjointement être entreprise par l'administration fiscale et la Délégation Générale pour la Promotion de l’Investissement Privé.

2

3 Réduire le poids du cadre réglementaire.

En Mauritanie, les firmes sont confrontées à un ensemble de mesures administratives qui, bien que paraissant peu importantes prises individuellement, consomment au final beaucoup du temps des dirigeants d'entreprises. Il est donc nécessaire de procéder à une simplification générale et d'améliorer en particulier des éléments liés aux procédures de création et fermeture d'entreprises ainsi que ceux relevant de l'obtention de licences en vue de la construction d'entrepôts à usage industriels. Ceci favorisera une concurrence accrue entre firmes, réduira les barrières à l'entrée dans le secteur formel, facilitera l'essor du secteur de la construction et réduira les opportunités de corruption. En particulier, la réduction des coûts de création et de fermeture d’entreprise, combinée avec une amélioration du système fiscal, une simplification de la réglementation du travail et de meilleurs contrôles quant au suivi des réglementations par les firmes informelles, devrait réduire les incitations à l’informalité.

Recommandations de court terme (à mettre en place sous 2 ans).

• Une simplification et une réduction du coût des procédures liées aux créations/fermetures d'entreprises et à l'obtention de licences. Ces procédures sont à cet égard typiques des problèmes actuels en Mauritanie: le coût global est souvent élevé, les procédures peuvent être longues et le résultat final dans certains cas est en pratique soumis au bon vouloir de l'administration. Il est nécessaire d'amener graduellement mais rapidement ces procédures au niveau des meilleures pratiques, i.e. au niveau des pays de l'OCDE. Les cibles appropriées sont indiquées au tableau suivant, celles-ci ont été définies sur la base des meilleures pratiques telles qu'elles ressortent des indicateurs "Doing Business 2007".

[pic]

• Une simplification des procédures liées au commerce extérieur. Bien que les performances de la Mauritanie en termes de délais de dédouanement soient bonnes, un certain nombre de problèmes administratifs demeurent et font que le pays n'est pas au niveau des meilleures pratiques en la matière. Il est nécessaire d'amener graduellement mais rapidement ces procédures au niveau des meilleures pratiques, i.e. au niveau des pays de l'OCDE. Les cibles appropriées sont indiquées au tableau suivant, celles-ci ont été définies sur la base des meilleures pratiques telles qu'elles ressortent des indicateurs "Doing Business 2007". Ceci impliquera notamment:

✓ La rationalisation et la simplification des procédures douanières, avec un recours plus important aux outils informatiques et une plus grande sélectivité des contrôles douaniers;

✓ Une meilleure gestion des régimes d’importation et l’application effective des procédures de remboursement pour les exportations;

✓ Le renforcement de la Direction Générale des Douanes en moyens humains (formation et personnel) et matériels.

[pic]

4 L'amélioration du fonctionnement du système judiciaire.

Selon les secteurs, entre 49 et 56 pourcent des dirigeants de firmes en Mauritanie ne considèrent pas que les tribunaux soient justes, impartiaux et non corrompus. Le système judiciaire mauritanien est encore généralement considéré comme chaotique, soumis à l’influence de divers groupes de pression et composé de juges ayant une formation limitée. Du fait de ces déficiences, il est dans l’ensemble jusqu'à présent peu efficace. La corruption y est en outre élevée.

Recommandations de moyen terme (à mettre en place sous 5 ans).

Récemment, un certain nombre de réformes ont été entreprises. Ainsi, une loi de juillet 2006 a, entre autres, réaffirmé le principe d’indépendance de la justice, introduit un code d’éthique et mis en place un programme de formation des juges. Ces mesures sont positives et doivent être renforcées. Il est important que le Ministère de la Justice applique rapidement les mesures suivantes:

• la promotion des juridictions commerciales qui doivent être mieux armées pour trancher les litiges, notamment dans les domaines d’ordre financier et des droits de propriété. Ceci implique:

✓ de pallier le problème du faible nombre de juges ayant compétence dans les domaines du droit commercial et de la fiscalité des entreprises. Il s'agit d’intensifier les efforts déjà engagés dans le domaine de la formation des personnels, par la formation continue, des magistrats et greffiers des tribunaux de commerce;

✓ d'améliorer l'équipement des tribunaux et greffes. Il s'agit d'améliorer l’infrastructure, les installations et les ressources des tribunaux et greffes (informatisation, documentation, mobilier, salles d’audience, matériel de bureau, …) pour limiter les lenteurs et améliorer la transparence. Ceux-ci ne sont actuellement pas suffisamment équipés pour mener à bien les missions qui leur ont été confiées, d’où des lenteurs procédurières;

✓ de publier et d'articuler les décisions de justice pour assurer une transparence accrue. Ceci pourrait être fait par la publication d'un bulletin périodique pour la jurisprudence des tribunaux et l’insertion des annonces légales;

✓ la promotion effective des procédures d'arbitrage, ce qui implique la consolidation du Centre d’Arbitrage et de Conciliation, mis en place en 2004, et la vulgarisation de la loi sur l’arbitrage.

5 L'application de la législation existante en matière commerciale.

204. Nombre de marchés apparaissent encore comme peu concurrentiels en Mauritanie, en partie de par l'importance de certaines barrières à l'entrée d'ordre réglementaires et en partie du fait que certains textes existants ne sont pas appliqués ou ont une terminologie peu claire. En effet, le cadre réglementaire actuel, basé sur une loi de 1991, maintenant incorporée dans le Code du Commerce, souffre encore de certaines imprécisions, semble relativement peu connu et certains décrets d'application ne sont pas publiés.

Recommandations de court terme (à mettre en place sous 2 ans).

• Il est suggéré d'appliquer le plus rapidement possible les recommandations du PRSP II en la matière, notamment:

✓ La promulgation des décrets d'application des articles pertinents du Code du Commerce;

✓ La clarification de la terminologie déclenchant une intervention sur les prix pratiqués, ce qui permettra de mieux circonscrire les pratiques anticoncurrentielles.

L'ensemble des mesures proposées est synthétisé dans le tableau ci-après.

PROPOSITIONS DE REFORMES

|Objectif |Problème |Observations |Recommandations |

|I. INTENSIFICATION DES EFFORTS DE PROMOTION. | | | |

|Promotion des investissements (locaux et |mauvais classements de la Mauritanie selon diverses |la Mauritanie est globalement mal perçue en |Court terme (à mettre en place sous 2 ans). |

|IDE) et des exportations: améliorer la |mesures (Heritage Foundation, Doing Business, World |termes de climat des investissements |doter la DGPIP dont la création vient d'être annoncée des moyens et de la structure lui |

|perception de la Mauritanie et accroître |Economic Forum) ; | |permettant de remplir son rôle efficacement; |

|la crédibilité du pays en tant que | | | |

|destination d'affaires. |dialogue public-privé à améliorer. | | |

|II. Amélioration du fonctionnement des marchés de facteurs pour répondre plus efficacement aux besoins du secteur privé. | | | |

|2.1. Amélioration de l'accès aux |faible utilisation par les firmes des financements |accès et coût du crédit sont les contraintes|Très court terme (à mettre en place dans l'année). |

|financements bancaires. |bancaires; |les plus fortes des firmes. |mise en place rapide des décrets d’application de la nouvelle loi bancaire; |

| | | |renforcer la capacité de supervision de la BCM. |

| |biais dans l'allocation de crédit en défaveur des | |Moyen terme (à mettre en place sous 5 ans). |

| |firmes de faible taille; | |promouvoir l’introduction de nouveaux produits financiers (capital risque, factoring, |

| | | |instruments à destination des PME/PMI...) ainsi que l’arrivée sur le marché d’institutions|

| |garanties bancaires requises souvent très élevées; | |spécialisées; |

| | | |améliorer et simplifier le cadre légal et judiciaire en vue de moderniser et élargir la |

| | | |gamme de sûretés utilisées comme garantie; |

| | | |développement d’un cadre légal permettant la création et l’exécution des hypothèques, |

| | | |l’amélioration du cadre légal pour les garanties meubles accompagné par la mise en place |

| | | |d’un registre du commerce moderne; |

| | | |simplification des procédures de recouvrement des crédits et des mécanismes d’exécution |

| | | |des contrats ainsi que le développement de mécanismes alternatifs de résolutions des |

| | | |contentieux (arbitrage); |

| | | |formation et la spécialisation de Juges en droit commercial et financier ainsi qu’en |

| | | |résolution de contentieux commerciaux; |

| | | |formation et assistance technique aux personnels des banques sur le traitement du segment |

| | | |des PME/PMI; |

| | | |améliorer l'information dont disposent les banques quant aux emprunteurs éventuels. Il est|

| | | |suggéré de poursuivre la mise en place d'un système d’information de crédit; |

| | | |promouvoir l'établissement d'états financiers fiables au niveau des entreprises. |

| | | | |

|2.2. Amélioration de la qualité de la | | |Court terme (à mettre en place sous 2 ans). |

|main d'œuvre et du fonctionnement du |réglementations contraignantes; | |simplification de certaines réglementations du Code du Travail de 2004. Il s'agit de: |

|marché du travail. | | |modifier l'article 17 du CdT 2004 pour permettre que les CCD puissent aller jusqu'à 4 ans;|

| |difficultés de circulation de l'information sur les | |modifier l'article 57 du CdT 2004 pour ne plus faire obligation à l'employeur d'informer |

| |emplois disponibles; | |l’inspection du travail en cas de licenciement; |

| | | |abroger l'article 56 du CdT 2004 qui établit des priorités en cas de licenciement de |

| |faible usage de formations professionnelles pour les | |travailleurs; |

| |employés en activité et faible niveau d'éducation des| |abroger les règles de priorité à l’embauche suite à un licenciement tel que mentionnées à |

| |personnels; | |l'article 59 du CdT 2004. |

| | | |Moyen terme (à mettre en place sous 5 ans). |

| | | |maintien et amélioration des qualifications des employés grâce à la revitalisation et au |

| | | |développement de systèmes de formation professionnelle en collaboration étroite avec le |

| | | |secteur privé; |

| | | |réexamen de certains éléments du code du travail. L'objectif est de lier l'évolution des |

| | | |salaires aux performances des employés, de simplifier les conventions collectives en |

| | | |termes de catégorisation et classification des emplois; |

| | | |amélioration de la circulation de l'information sur le marché du travail. Renforcement du |

| | | |rôle des institutions publiques dans la diffusion de l'information et |

| | | |encadrement/renforcement de l'activité des bureaux de placement privé. |

|III. Amélioration des services d'infrastructures. | | | |

|Contenir les coûts de production et |deux grands types de services d'infrastructure sont | |Moyen terme (à mettre en place sous 5 ans). |

|permettre une distribution efficiente de |perçus comme étant problématiques: la fourniture | |Electricité. Au sein du programme d'investissement du DSRP II, il est critique de mettre |

|la production. |d'électricité et les transports. | |en place effectivement le programme de réhabilitation et d’extension des moyens de |

| | | |production pour Nouakchott, Nouadhibou ainsi que le programme d’extension des réseaux |

| | | |électriques à Nouakchott et à Nouadhibou. |

| | | |Transport routier. Continuer la rénovation et la maintenance du réseau existant dans le |

| | | |cadre des contrats programmes entre l’Etat et l’ENER. Réaliser de nouveaux programmes |

| | | |d’investissements routiers en vue de désenclaver la Mauritanie (Mali, Algérie et Sénégal).|

| | | | |

| | | |Transport maritime. Accroître les capacités et améliorer la compétitivité du Port Autonome|

| | | |de Nouakchott. Ceci impliquera un certain nombre d'investissements matériels ainsi qu'une |

| | | |réorganisation du Port Autonome. |

| | | |Transport aérien. Moderniser les capacités aéroportuaires (infrastructures, système de |

| | | |navigation et dispositifs de sûreté). |

|IV. Lutte contre la Corruption et Poursuite de l'Amélioration du Cadre Réglementaire. | | | |

|4.1. Lutter plus efficacement contre la |corruption répandue, provenant de l'administration |la corruption contribue à accroître |Court terme (à mettre en place sous 2 ans). |

|corruption: réduire les coûts d'opération|comme des firmes; |les coûts d'opération des firmes; |attribution effective et durable de moyens ainsi que totale liberté d'action laissée à la Cour |

|des firmes. | | |des Comptes dans ses missions d'audit/contrôle dont les conclusions/rapports devraient être |

| |phénomène coûteux (environ 6,4 pourcent du chiffre | |rendus publics; |

| |d'affaire annuel des firmes manufacturières). | |réforme et amélioration du système de passation des marchés publics; |

| | | |la mise en place de mesures microéconomiques permettant de limiter les possibilités de corruption|

| |dispositif de lutte contre la corruption encore peu | |au sein de l'administration (responsabilité nominative des employés traitant avec les |

| |efficace malgré des améliorations significatives | |entreprises, étude de faisabilité/la mise en place ultérieure de mesures de revalorisation |

| |récentes. | |salariale pour certaines professions clé de la fonction publique,…). |

|4.2. Poursuite de l'amélioration de l'environnement réglementaire et juridique. | | | |

|Amélioration du système fiscal: redonner |le système fiscal mauritanien est caractérisé par une|Les taux d’imposition ainsi que |Moyen terme (à mettre en place sous 5 ans). |

|de la compétitivité aux firmes. |fiscalité assez lourde; |l'administration de la fiscalité font|simplification des procédures fiscales (procédures administratives), étude de la faisabilité |

| | |partie des préoccupations les plus |d'une diminution additionnelle de l'impôt minimum forfaitaire et de la taxation des salaires. |

| |la fiscalité est focalisée sur la collecte de |importantes des chefs d’entreprises; |une diffusion plus large de l'information fiscale auprès des opérateurs économiques. |

| |recettes publiques sur une base taxable assez | | |

| |limitée. | | |

|Amélioration du cadre réglementaire: |procédures administratives parfois longues et surtout| |Court terme (à mettre en place sous 2 ans). |

|faciliter l'entrée et la sortie du |coûteuses; | |simplification et réduction du coût des procédures liées aux créations/fermetures d'entreprises, |

|marché, réduire l'informalité. | | |au commerce transfrontalier et à l'obtention de licences (amener graduellement mais rapidement |

| |les procédures de création et fermeture | |ces procédures au niveau des pays de l'OCDE). |

| |d'entreprises, les procédures liées au commerce | |rationalisation et la simplification des procédures douanières (recours plus important aux outils|

| |international et à l'obtention de licences sont | |informatiques, plus grande sélectivité des contrôles douaniers); |

| |coûteuses et longues par rapport aux meilleures | |meilleure gestion des régimes d’importation et application effective des procédures de |

| |pratiques. | |remboursement pour les exportations; |

| | | |renforcement de la Direction Générale des Douanes en moyens humains (formation et personnel) et |

| | | |matériels. |

|Améliorer le fonctionnement du système |difficultés à faire respecter les droits de propriété|Selon les secteurs, entre 49 et 56 |Moyen terme (à mettre en place sous 5 ans). |

|judiciaire: rendre plus aisé le règlement|et à obtenir des jugements rapides; |pourcent des dirigeants de firmes en |promotion des juridictions commerciales et des procédures d'arbitrage. |

|des conflits commerciaux. | |Mauritanie ne considèrent pas que les|intensifier les efforts déjà engagés dans le domaine de la formation des personnels, par la |

| |Le système judiciaire mauritanien est encore |tribunaux soient justes, impartiaux |formation continue, des magistrats et greffiers des tribunaux de commerce; |

| |généralement considéré comme chaotique, soumis à |et non corrompus. |améliorer l'équipement des tribunaux et greffes; |

| |l’influence de divers groupes de pression et composé | |publier et articuler les décisions de justice pour assurer une transparence accrue; |

| |de juges ayant une formation limitée. | |promotion effective des procédures d'arbitrage. |

|Amélioration de la concurrence |persistance de conditions non concurrentielles sur de| |Court terme (à mettre en place sous 2 ans). |

| |nombreux marchés | |appliquer le plus rapidement possible les recommandations du PRSP II, notamment: |

| | | | |

| | | |La promulgation des décrets d'application des articles pertinents du Code du Commerce; |

| | | |La clarification de la terminologie déclenchant une intervention sur les prix. |

ANNEXES

1 ANNEXES AU CHAPITRE 1.

Graphique A.1. 1. Indice de concentration des exportations (3 principaux produits) pour 2003-2004.

[pic]

Nb. Part des 3 principaux produits dans les exportations totales, un chiffre égal à 1 indique une concentration maximale.

Source: WITS - Comtrade.

Graphique A.1. 2. Aide publique au développement (Pct. du PIB).

[pic]

Source: Base de données DDP, Banque mondiale.

Graphique A.1. 3. Taux de croissance du PIB sectoriel en pourcentage (Prix Constants 1998).

[pic]

Source: Données révisées FMI/Banque mondiale pour la Mauritanie.

Graphique A.1. 4. Composantes de l'indice de Liberté Economique 2007 (première partie).

[pic]

Source: "Index of Economic Freedom 2007", Heritage Foundation.

Graphique A.1. 5. Composantes de l'indice de Liberté Economique 2007 (seconde partie).

[pic]

Source: "Index of Economic Freedom 2007", Heritage Foundation.

Encadre A.1. 1. Exemples d'institutions de promotion des investissements.

I. L’APIX du Sénégal est une structure autonome dont la création remonte à Juillet 2000. Son objet principal est d’assister le Président de la République du Sénégal dans la conception et la mise en œuvre de la politique définie dans les domaines de la promotion de l’investissement et des grands travaux. A ce titre, l’APIX exerce les missions suivantes :

Promotion des investissements. Les missions et services suivants sont confiés à l'APIX:

• Amélioration de l’environnement des affaires au Sénégal et promotion du Sénégal comme destination d’investissement;

• Recherche et identification d’investisseurs nationaux et étrangers, suivi des contacts et évaluation des projets d’investissement.

Pour réaliser ces missions, l'APIX offre un certain nombre de services (mise à disposition permanente d’informations économiques, commerciales et technologiques; accueil et accompagnement des investisseurs, assistance à l’investisseur pour les formalités d’immatriculation et d’obtention des diverses autorisations administratives, orientation vers les structures de financement et dans la recherche de partenariat).

L’APIX exerce par ailleurs toutes les fonctions dévolues à un guichet unique (agrément au code des investissements, agrément au statut de l’entreprise franche d’exportation, exécution des formalités d’immatriculation administratives d'une entreprise et le suivi des projets d’investissements agréés).

Grands travaux. En vertu de ses statuts, l’APIX est saisie par le Président de la République de Grands Travaux qu’il juge prioritaires et dont il entend superviser lui-même la réalisation. Le mode de fonctionnement des Grands Travaux est basé sur les formules de concessions au secteur privé avec l’utilisation de mécanismes appropriés (affermage,…).

L’organisation fonctionnelle de l’Agence repose sur les deux entités que sont le Comité stratégique pour la promotion de l’investissement - qui i) propose les mesures de nature à favoriser l’investissement, ii) définit le programme opérationnel, le budget et les procédures de l’Agence, iii) assure le suivi de la réalisation des activités et approuve le rapport d’activités – et la Direction Générale qui assure la gestion courante de l'institution.

II. Le Bureau des Investissements de Maurice (BOI) est une structure autonome dépendante du Ministère des Finances. Le BOI a été crée dans le cadre de la loi de promotion des investissements de 2000 et a pour objet de simplifier le cadre légal des affaires ainsi que d'assurer la promotion et la facilitation des investissements à Maurice.

A ce titre, le BOI offre les services suivants à titre gratuit :

• Le conseil sur les opportunités d'investissement à Maurice;

• La fourniture d'informations personnalisées sur la création d'entreprise à Maurice;

• L'organisation de visites et réunions pour les investisseurs;

• L'identification de partenaires pour des joint-ventures;

• L'assistance pour l'obtention de terrain à usage industriel et commercial ainsi que l'obtention de locaux;

• L'assistance à l’investisseur pour les formalités d’immatriculation et d’obtention des diverses autorisations administratives.

Le BOI exerce par ailleurs toutes les fonctions dévolues à un guichet unique et gère divers mécanismes d'incitation aux investissements.

L’organisation du BOI repose sur des départements fonctionnels et un Conseil d'Administration, incluant des représentants du secteur public et privé, qui assure la gestion stratégique de l'institution.

2 ANNEXES AU CHAPITRE 2.

Encadre A.2. 1. La productivité totale des facteurs dans le secteur manufacturier en Mauritanie.

Bien que les indicateurs statistiques de productivité fournissent des informations utiles sur la performance des entreprises, ils peuvent cependant induire des interprétations erronées si l'on ne se réfère qu'à eux. En vue d'obtenir une évaluation correcte des phénomènes de productivité, il est ainsi nécessaire de prendre en compte l'utilisation conjointe des facteurs. L'impact net des différents facteurs de production sur la productivité d'une firme peut être évalué en calculant la productivité totale des facteurs (PTF). Les différences de PTF sont alors celles qui ne peuvent être expliquées par des différences d'utilisation de capital ou de travail, voire de consommations intermédiaires. Ainsi, des différences entre entreprises peuvent provenir de différents éléments tels la qualité des employés et la gestion de la firme, la technologie utilisée (pour autant qu'elle ne soit pas incorporée dans le capital), ou encore l'organisation de l'entreprise. De fait, des entreprises avec une PTF forte seront considérées comme plus efficientes car elles produisent plus avec moins d'intrants et inversement.

L’analyse repose d'une par sur l’estimation d'une fonction de production de type Cobb-Douglas, en utilisant les données d’entreprises de douze sous-secteurs industriels, et d'autre par sur l'analyse des résidus et des coefficients de diverses variables dans le cadre d'une fonction de production augmentée. De par le fait que les entreprises de différents secteurs peuvent utiliser des technologies de production dissemblables, il est généralement déconseillé de grouper les entreprises de divers secteurs sans contrôler pour des différences d'intensité d'utilisation des facteurs travail et capital. Comme ceci requiert un échantillon de grande taille, les entreprises de l'ensemble des pays d’Afrique sub-saharienne pour lesquels des données d'EE sont disponibles ainsi que les firmes des pays a revenus intermédiaire retenus pour ce rapport sont mises en commun (pooling) en une régression simple. Ceci permet de comparer les niveaux de TFP entre la Mauritanie et les pays d'Afrique subsaharienne ainsi qu'entre la Mauritanie et certains pays à revenu intermédiaire. Comme contrôle de robustesse, certaines régressions sont estimées en utilisant exclusivement les pays Africains, en outre sont aussi inclus des tests permettant de vérifier si les résultats pour la Mauritanie diffèrent des résultats obtenus sur l'échantillon large. Outre des comparaisons entre pays, inclure l'ensemble des pays d'Afrique et des pays à revenu intermédiaire permet aussi d'obtenir un échantillon de taille suffisamment grande pour comparer la PFT pour des firmes de différentes catégories et ainsi évaluer l'impact de divers éléments sur celle-ci. La fonction de production est estimée en utilisant une approche de frontière stochastique[81]. Pour accroître la robustesse des résultats, la fonction de production est aussi estimé en utilisant un estimateur de type LAD (déviation absolue minimale) car à l'opposé des MCO, cet estimateur est moins sensible aux valeurs aberrantes (outliers) [82].

La variable dépendante dans ces régressions est le logarithme du total de la valeur ajoutée et toutes les régressions contrôlent pour l’usage de capital et les employés des entreprises. Tous les modèles incluent des variables muettes par pays pour mettre en relief des différences dans la productivité totale des facteurs entre les pays et réduire les problèmes associés aux taux de change[83]. Ces régressions incluent aussi des variables muettes sectorielles qui permettent l'utilisation de différentes technologies de production selon les secteurs.

La fonction de production est spécifiée de la manière suivante:

[pic]

On note:

✓ VAijk la valeur ajoutée de la firme i dans le secteur j d'un pays k.

✓ Le facteur travail et le capital correspondent respectivement au nombre d'employés et à la valeur comptable des machines et équipements utilisés par une firme i dans le secteur j d'un pays k. Les coefficients sur le travail et le capital, β et γ, sont supposés varier selon les secteurs.

✓ Des variables muettes sectorielles, α et μ, sont incluses pour permettre à la productivité de varier selon les secteurs et les pays.

✓ En outre, dans certaines spécifications, des variables de contrôle au niveau de l'entreprise (ex. des dummies indiquant si l'entreprise exporte ou non, voire son âge en Log,…) sont incluses.

✓ Enfin, deux termes d'erreur sont inclus. Le premier, ν, supposé suivre une distribution semi-normale, représente l'efficience technique. Le second, ε, est un terme d'erreur suivant distribution normale et représente des chocs temporaires sur la productivité et les erreurs de mesure.

Le modèle est estimé par la méthode du maximum de vraisemblance. Dans les régressions de type LAD, un terme d'erreur unique est utilisé (ε)

Technologies de production sectorielles spécifiques.

En plus des variables muettes par pays, différents secteurs peuvent employer des technologies de production différentes. En d’autres termes, les ratios d’intensité en travail et en capital ne sont pas supposés être les mêmes entre secteurs. Mécaniquement, ce résultat est atteint en introduisant des variables muettes multiplicatives avec le capital et le travail et en intégrant ces termes d'interaction dans les régressions. Un test conjoint de la significativité des termes d’interaction rejette l’hypothèse nulle selon laquelle les coefficients sont égaux sectoriellement à un seuil de un pourcent ou plus pour toutes les régressions. Ces résultats confirment qu’il est inapproprié de mettre en commun (pooling) les entreprises de différents secteurs dans un seul modèle, sans un contrôle des intensités factorielles entre les secteurs.

Différences entre les pays.

Après avoir contrôlé pour des différences de productivité dues aux différences d’utilisation de divers facteurs de production, de secteurs d’opérations, de particularités propres à chaque entreprise et ses dirigeants, il apparaît :

• que les firmes en Mauritanie sont moins productives que dans les pays comparateurs retenus. En d'autres termes, la faible productivité du travail observée précédemment ne peut être expliquée uniquement par la faible utilisation observée du capital;

• en moyenne, la PTF est d'environ 77 pourcent inférieure à celle observée en Afrique du Sud, pays qui a les meilleures performances du continent;

• la PTF est environ trois fois inférieure à celle observée au Brésil et deux fois inférieure à celle des firmes au Maroc;

• Les enquêtes au Sénégal et au Mali n'ayant pas collecté d'information sur la valeur comptable des machines et équipements, il n'a pas été possible d'inclure ces deux pays dans cette comparaison. Cependant, une comparaison avec le Botswana et le Cameroun suggère que la PTF en Mauritanie est aussi inférieure à celle des pays ayant de bonnes performances en Afrique subsaharienne. En moyenne, la PTF est deux fois supérieure au Botswana et supérieure de 75 pourcent au Cameroun.

• Les résultats sont similaires si l'on restreint la comparaison à un unique sous-secteur, l'agroindustrie. Ce sous-secteur, le plus important de l'échantillon, inclut notamment des entreprises du secteur de la conservation et de l'emballage qui sont importantes pour la Mauritanie. A nouveau, bien que la PTF soit supérieure dans ce secteur à celle des autres secteurs manufacturiers, on note que la PTF des firmes Mauritaniennes est inférieure à celle des autres pays du comparateur.

Finalement, il faut garder à l’esprit une limitation des comparaisons de PTF. Ainsi, bien que les variables muettes par pays puissent refléter des différences de productivité, elles peuvent aussi indiquer d’autres différences. Plus spécifiquement, les variables muettes sont affectées par les niveaux de prix et les taux de change dans les régressions transnationales. Ainsi par exemple, ces estimations peuvent être fonction du degré de concurrence existant au sein d'une économie; si les prix sont élevés de par un faible degré de concurrence, les estimations consécutives de PTF (et les autres mesures de productivité) seront artificiellement élevées. Les variables muettes par pays peuvent aussi dépendre des taux de change. Si le taux de change d’un pays est surévalué par rapport à sa valeur d’équilibre de long terme, le coefficient concernant la variable muette de ce pays semblera artificiellement élevé (comme la valeur ajoutée par employé). En conséquence, il est important de s’en souvenir quand l'on examine des comparaisons transnationales.

Graphique A.2. 1. La PTF en Mauritanie est faible (Pct. vs. Afrique du Sud).

[pic]

Source: Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

Rendements d'échelle.

Si les entreprises de grande taille étaient uniformément plus productives que les petites entreprises, la somme des coefficients du travail et du capital serait supérieure à un. Dans ce cas, la production totale ferait plus que doubler si le nombre d’employés et la quantité de capital étaient multipliés par deux. Dans la pratique, la somme des deux coefficients est généralement proche de un. Pour le secteur agro-industriel, la somme des coefficients est égale à 1,13 ce qui suggère la présence de modestes économies d'échelle. Les entreprises de grande taille apparaissent ainsi être plus productives.

Le Tableau A.2. 1 présente les sommes des coefficients pour chaque secteur, et le test d’hypothèse nulle qu’ils se somment à zéro. Ces résultats suggèrent que dans la plupart des secteurs – à l'exception du secteur des matériaux de construction – les grandes entreprises sont plus productives que les petites entreprises.

Tableau A.2. 1. Test de rendements d'échelle constants.

[pic]

De fait, ceci suggère que les petites entreprises sont désavantagées par rapport aux grandes entreprises. Etant donné la faible taille du marché domestique en Mauritanie, ceci indique qu'il sera difficile aux entreprises de compétir sur les marchés internationaux à moins qu'elles ne puissent étendre suffisamment leur activité nationale pour commencer de bénéficier d'économies d'échelle.

Autres caractéristiques des entreprises.

Enfin, des variables additionnelles de contrôles pour certaines caractéristiques des firmes ont été ajoutées aux régressions. Celles-ci incluent l’âge des entreprises et des variables indiquant si l’entreprise est exportatrice ou non, étrangère, a un crédit bancaire, utilise une licence étrangère, a des employés appartenant à un syndicat et si le manager a reçu ou non une éducation universitaire,… . Les résultats obtenus sont similaires, que l'on estime une frontière stochastique ou une fonction de production selon l'estimateur LAD. De ce fait, seuls sont présentés ces derniers résultats et sont mentionnés dans le texte les différences éventuelles entre les deux méthodes d'estimation.

• Il apparaît que les firmes plus âgées sont plus productives que les entreprises plus jeunes, le coefficient pertinent est positif et significatif.

• Les coefficients relatifs aux exportations sont positifs et statistiquement significatifs dans toutes les spécifications (frontière stochastique et modèle LAD). Ceci suggère que les entreprises ayant des relations avec les marchés extérieurs sont plus productives que celles qui se limitent au marché domestique. Les résultats indiquent que les entreprises engagées dans l’exportation sont de 16 à 27 pourcent plus productives que les firmes similaires qui n’exportent pas. De nombreuses études ont mis en évidence des résultats semblables, aussi bien pour les pays développés que pour les pays en voie de développement[84].

• Les résultats suggèrent également que les entreprises étrangères sont plus productives que les firmes spécifiquement domestiques, d'environ de 17 à 274 pourcent de plus. Les coefficients sont positifs et statistiquement significatifs dans toutes les spécifications (frontière stochastique et modèle LAD). Un tel résultat est cohérent avec ceux d'autres études (Saggi 2002);

• Nombre d'études indiquent que les entreprises communiquant avec leurs clients et fournisseurs en utilisant des courriels et l'internet sont plus productives (Quiang, Clarke, et Halewood, 2006). En pratique, il semble cependant improbable que l'utilisation de l'internet soit à elle seule source de gains de productivité. Ainsi, même aux Etats-Unis, pays dans lequel l'utilisation de l'internet est extrêmement répandue en comparaison de pays à revenu intermédiaire ou à bas revenus, il apparaît que les gains de productivité consécutifs de l'utilisation de l'internet sont modestes, de moins de 0,1 pourcent par an (Oliner et Sichel, 2000). De fait, cette variable est plutôt une proxy d'intensité d'utilisation des technologies. Ainsi, l'estimation ponctuelle concernant les firmes utilisant l'internet montrent qu’elles sont de 23 à 30 pourcent plus productives que les autres qui ne se servent pas de cette technologie. Une autre variable de proxy pour l'utilisation de technologies relativement avancées est l'utilisation de licences de production. L'estimation ponctuelle concernant les firmes utilisant des licences de production montrent qu’elles sont de 20 à 29 pourcent plus productives que les autres qui n'utilisent pas de telles licences.

• Il est aussi intéressant de noter que les entreprises utilisant les financements bancaires (crédits et/ou découverts) sont plus productives que les autres catégories de firmes, de 14 à 20 pourcent. Cependant, le sens de la causalité est à priori peu clair, des firmes ayant un accès aux financements bancaire peuvent utiliser ceux-ci pour accroître leur productivité, mais il peut aussi se produire que ce sont les firmes les plus productives qui ont accès à ces derniers.

• Nombre d'études sur l'Afrique ont montré que les entreprises ayant des managers éduqués au niveau universitaire tendent à être plus productives que celles ayant des dirigeants ayant un niveau d'éducation primaire ou secondaire. Ainsi, l'estimation ponctuelle concernant les firmes ayant des managers de niveau d'éducation universitaire montrent qu’elles sont environ 21 pourcent plus productives que les autres entreprises.

• Enfin, il apparaît aussi que le fait que les entreprises forment leurs employés actuellement a peu d'effet sur la PTF. Cependant, cet impact n’est pas significatif en raison d’une importante dispersion de la variable de performance. Le coefficient devient statistiquement insignifiant dans tous les modèles, à l'exception d'une estimation dans le modèle LAD.

Tableau A.2. 2. Les déterminants des niveaux de productivité des firmes manufacturières.

[pic]

Nb. *** significatif à 1 pourcent ** significatif à 5 pourcent * significatif à 10 pourcent

Source: Données Enquêtes Entreprises 2003-2006, Banque Mondiale.

Ces résultats sont-ils différents pour l'Afrique ?

Les résultats précédents proviennent de régressions incluant des données de pays d'Afrique et d'autres régions, dont des pays à revenus intermédiaires. Une question naturelle se pose alors, ces résultats sont-ils valides pour l'Afrique uniquement, ou l'Afrique est-elle similaire aux autres régions? Les résultats des régressions, reportés aux colonnes 4 et 5 du tableau A.2.2, sont très similaires à ceux observés sur l'ensemble de l'échantillon. La seule exception semble être que les firmes plus anciennes en Afrique ne semblent pas plus productives que les firmes plus jeunes et que les entreprises ayant des employés syndiqués sont plus productives. Dans ce dernier cas, le sens de la causalité n'est pas clair: la syndicalisation des employés pourrait améliorer la productivité des firmes comme il se pourrait aussi que ces firmes sont de facto plus rentables et donc plus susceptibles de phénomènes d'extraction de rente.

Ces résultats sont-ils différents pour la Mauritanie?

Une question finale se pose maintenant, ces résultats sont-ils valides pour la Mauritanie uniquement ou la Mauritanie est-elle similaire aux autres pays? Pour tester cette hypothèse, des termes d'interaction sont ajoutés aux régressions de la colonne 5. Si les coefficients de ces termes d'interaction sont statistiquement significatifs, ceci implique que ces variables affectent la Mauritanie d'une manière différente des autres pays. Ceci ne semble pas être le cas, la plupart des coefficients ne sont pas significatifs. Ceci suggère qu'il n'y a pas de différences fondamentales entre la Mauritanie et les autres pays d'Afrique subsaharienne. La seule exception semble être le fait pour une firme d'utiliser ou non des licences de production étrangères, ceci semble avoir un effet moindre en Mauritanie (Tableau A.2.3).

Tableau A.2. 3. Différentiels de PTF entre la Mauritanie et les autres comparateurs par items.

[pic]

Source: Enquêtes Entreprises 2003-2006, Banque Mondiale.

Graphique A.2. 2. Coûts du travail par employé dans divers pays (USD).

[pic]

Nb. Le coût du travail est le coût total des salaires, indemnités, primes et autres avantages des personnels administratifs et de production. Pour limiter les problèmes liés aux niveaux de change, les taux de change de 2005 ont été utilisés pour tous les pays. Tout d'abord, le déflateur du PIB a été utilisé par ramener tous les prix en monnaie locale de 2005. Ensuite, ces valeurs ont été converties en dollars en utilisant le taux de change courant pour 2005.

Source : Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

Graphique A.2. 3. Pct de firmes exportatrices.

[pic]

Source: Enquêtes Entreprises 2002-2006, Banque Mondiale.

3 ANNEXES AU CHAPITRE 3.

Graphique A.3. 1. Taux de taxation des firmes en Afrique Subsaharienne (Pct.).

[pic]

Source: Doing business 2007.

Tableau A.3. 1. Calcul du taux d'imposition totale des firmes en Mauritanie en 2006.

[pic]

Tableau A.3. 2. Evaluation par les chefs d’entreprises des contraintes majeures ou très sévères.

|Problème |Nouakchott |Nouadhibou |Propriété |Entreprises |

|(Différence > #10 points en gras) | | | |Etrangère |Locale | |

|Electricité |50,75 |18,52 |72,73 |44,12 |45,45 |48,53 |

|Transport |11,53 |25,93 |45,45 |33,82 |9,09 |13,24 |

|Accès à la terre |18,74 |7,41 |9,09 |19,12 |9,09 |19,12 |

|Taux d’imposition |35,91 |18,52 |27,72 |36,76 |36,36 |35,29 |

|Administration de la législation fiscale |17,29 |44,44 |18,18 |20,59 |36,36 |17,65 |

|Régl. douanières et du commerce extérieur |24,33 |70,37 |27,27 |29,41 |45,45 |26,47 |

|Système judicaire / résolutions de conflits|20,13 |37,04 |45,45 |17,65 |27,27 |20,59 |

|Législation du travail |5,68 |14,81 |36,36 |2,94 |18,18 |5,88 |

|Formation/compétence des employés |37,53 |22,22 |36,36 |33,82 |9,09 |38,24 |

|Procédures de création d’entreprise |2,84 |14,81 |9,09 |4,41 |18,18 |2,94 |

|Accès et Coûts des financements |59,21 |22,22 |54,55 |55,88 |45,45 |57,35 |

|Instabilité politique |11,36 |7,41 |18,18 |10,29 |9,09 |11,76 |

|Instabilité macroéconomique |20,04 |0,00 |9,09 |19,12 |9,09 |19,12 |

|Corruption |31,68 |7,41 |18,18 |30,88 |18,18 |30,88 |

|Crime, vol, désordres publics |0,00 |3,70 |9,09 |7,35 |9,09 |0,00 |

|Pratiques du secteur informel |38,89 |18,52 |45,45 |36,76 |36,36 |38,24 |

Nb: Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Tableau A.3. 3. Evaluation par les chefs d’entreprises des contraintes majeures ou très sévères.

|Problème |Evolution CA 2002-2005 |

|(Différence > #10 points en gras) |Déclin |Croissance |

|Télécommunications |0.0 |7.7 |

|Electricité |40.0 |48.1 |

|Transport |20.0 |7.7 |

|Accès à la terre |25.0 |17.3 |

|Taux d’imposition |40.0 |28.8 |

|Administration de la législation fiscale |15.0 |17.3 |

|Régl. douanières et du commerce extérieur |20.0 |30.8 |

|Système judicaire / résolutions de conflits |25.0 |21.2 |

|Législation du travail |0.0 |11.5 |

|Formation/compétence des employés |25.0 |32.7 |

|Procédures de création d’entreprise |0.0 |7.7 |

|Accès et Coûts des financements |55.0 |50.0 |

|Instabilité politique |5.0 |11.5 |

|Instabilité macroéconomique |15.0 |17.3 |

|Corruption |25.0 |25.0 |

|Crime, vol, désordres publics |0.0 |1.9 |

|Pratiques du secteur informel |50.0 |28.8 |

Nb: Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Tableau A.3. 4. Estimation de l’étendue de la corruption.

|  |Mauritanie |Etrangers |Locaux | Exportateurs |Non |

| | | | | |Exportateurs |

|Pourcentage du Chiffre d’Affaires affecté aux « paiements non |  |  |  | | |

|officiels » : | | | | | |

| |6,4 |5,67 |6,78 |9,93 |6,17 |

|Pour les contrats avec l’administration, Part de la valeur du |  |  |  | | |

|contrat traduite en « cadeaux » ou « paiements informels » : | | | | | |

|  |10,7 |8,75 |10,37 |5,78 |10,94 |

Nb.  Exclusivement pour les firmes du secteur manufacturier

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Graphique A.3. 2. Nombre de documents requis pour l'importation et l'exportation.

[pic]

Source: Doing Business 2007.

4 ANNEXES AU CHAPITRE 4. Section 4.1. Marché du travail.

Tableau A.4.1. 1. Présence syndicale.

|Pct de firmes dont les employés appartiennent à un syndicat. |  |  |

| |Secteur Manufacturier |Commerce |Reste de |

| | | |l'Univers |

|Selon la Propriété Entreprise Privée |73,50% |100,00% |22,33% |

|Etrangère | | | |

|Entreprise Privée Mauritanienne |36,65% |8,60% |19,55% |

|Taux de syndicalisation des employés |  |  |  |

|(Pct. d'employés appartenant à un syndicat au sein des firmes ayant des employés syndiqués) | | | |

| |Secteur Manufacturier |Commerce |Reste de |

| | | |l'Univers |

|Selon la Propriété Entreprise Privée |82,0% |30,0% |44,2% |

|Etrangère | | | |

|Entreprise Privée Mauritanienne |68,3% |32,1% |57,0% |

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Tableau A.4.1. 2. Circulation de l'information sur le marché du travail formel.

|  |Entreprise Etrangère |Entreprise |Total |

| | |Mauritanienne | |

|Secteur Manufacturier |  |  |  |

|Moyens utilisés par les entreprises pour trouver leurs employés | |

|Amis/Famille |60,04% |73,04% |71,34% |

|Bureau de Placement Public |0,00% |1,99% |1,73% |

|Bureau de Placement Privé |0,00% |0,87% |0,76% |

|Par voie de Presse et d'affichage|13,25% |2,86% |4,22% |

|Réseau scolaire |0,00% |2,43% |2,11% |

|Autre |26,71% |18,80% |19,84% |

|Moyens utilisés par les employés pour trouver un emploi | |

|Amis/Famille |74,36% |89,60% |86,79% |

|Par voie de Presse et d'affichage|2,56% |2,31% |2,36% |

|Réseau d'anciens élèves |0,00% |2,31% |1,89% |

|Autre |23,08% |5,78% |8,96% |

|Commerce de Détails |  |  |  |

|Moyens utilisés par les entreprises pour trouver leurs employés | |

|Amis/Famille |100,00% |85,31% |85,38% |

|Par voie de Presse et d'affichage|0,00% |14,69% |14,62% |

|Reste de L'Univers |  |  |  |

|Moyens utilisés par les entreprises pour trouver leurs employés | |

|Amis/Famille |84,58% |77,51% |78,52% |

|Bureau de Placement Public |6,92% |0,00% |0,99% |

|Bureau de Placement Privé |0,00% |0,53% |0,45% |

|Par voie de Presse et d'affichage|6,92% |15,03% |13,87% |

|Réseau scolaire |1,58% |5,78% |5,18% |

|Autre |0,00% |1,16% |0,99% |

|Tableau A.3.1.2 suite | | | |

|Secteur Informel |  |  |  |

|Moyens utilisés par les entreprises pour trouver leurs employés | |

|Amis/Famille |66,67% |97,46% |95,97% |

|Par voie de Presse et d'affichage|0,00% |0,85% |0,81% |

|Réseau scolaire |16,67% |0,85% |1,61% |

|Autre |16,67% |0,85% |1,61% |

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Tableau A.4.1. 3. Formation externe des employés.

|Pourcentage d'entreprises ayant fournit une formation formelle en 2005 |

|à leurs employés |

|Par Taille | |

|Très Petite |4.0 |

|Petite |29.7 |

|Moyenne et grande |47.8 |

|Par Structure du Capital | |

|Entreprise Privée Etrangère |54.4 |

|Entreprise Privée Mauritanienne |22.6 |

| | |

|Pct d'employés ayant reçu une formation | |

|Travailleurs de production |56.0 |

|Travailleurs hors production |19.9 |

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Tableau A.4.1. 4. Déterminants de la formation formelle.

|Variable Dépendante |Formation Formelle |

|Constante |-9,356 |** |

| |(2,12) | |

|Taille des Firmes | | |

|Moyenne |-1,036 |ns |

| |(1,35) | |

|Grande |-1,214 |ns |

| |(1,11) | |

|Main d'Œuvre | | |

|% Employés Qualifiés |0,009 |ns |

| |(0,59) | |

|% Employés Non Qualifiés |-0,030 |*** |

| |(2,76) | |

|Formation et compétence des employés disponibles | |

|Constitue un obstacle majeur (va muette) |-0,249 |ns |

| |(0,57) | |

|Autres Caractéristiques | | |

|Montant Total des Ventes en 2005 |0,588 |** |

| |(2,07) | |

|Montant Investit par employé en 2005 |0,060 |* |

| |(1,65) | |

|% des ventes déclaré à l'administration |-0,017 |** |

| |(2,27) | |

|Firme Etrangère |0,552 |ns |

| |(0,74) | |

|Age de la Firme |-0,106 |** |

| |(1,49) | |

|Age de la Firme au Carré |0,002 |* |

| |(1,69) | |

|Firme Exportatrice |1,630 |** |

| |(1,99) | |

|Sous Secteur Manufacturier |oui | |

|Nombre d'observations |57 |  |

|Wald Chi2(13) |22,01 | |

|Prob>Chi2 |0,055 | |

|Pseudo R2 |0,26 |  |

|Robust Standards Errors in parenthèses, *** Significatif à 1%, ** Significatif à 5%, * Significatif à 10% |

Tableau A.4.1. 5. Besoins en formation exprimés par les employés.

|  |Communication|Créativité |Français |Marketing |Technique |Informatiq|Technologi|

| | |Innovation |Anglais | |Professionne|ue |e de |

| | | | | |l | |production|

|Très Petite |0,67 |  |

|Mauritanienne |Moyenne |147.4 |

| |Ecart-Type |68.6 |

| |Nbre Observations |98 |

|Etrangère |Moyenne |207.9 |

| |Ecart-Type |27.9 |

| |Nbre Observations |19 |

|Localisation | | |

|Nouadhibou |Moyenne |93.1 |

| |Ecart-Type |18.6 |

| |Nbre Observations |3 |

|Nouakchott |Moyenne |158.9 |

| |Ecart-Type |67.5 |

| |Nbre Observations |114 |

|Taille | | |

|5 à 9 employés |Moyenne |107.3 |

| |Ecart-Type |48.7 |

| |Nbre Observations |25 |

|10 à 49 employés |Moyenne |147.5 |

| |Ecart-Type |55.3 |

| |Nbre Observations |62 |

|plus de 50 employés |Moyenne |218.9 |

| |Ecart-Type |59.7 |

|  |Nbre Observations |30 |

Nb. Enquête employés, échantillon manufacturier.

Source : Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Encadre A.4.1. 1. Déterminants des salaires en Mauritanie.

Considérant le niveau assez élevé des rémunérations observé en Mauritanie ainsi que la persistance de différentiels de salaires importants, se pose alors la question des facteurs qui sont à l'origine de la formation des salaires et qui pourraient expliquer ces résultats. Un moyen de mieux comprendre ces résultats est d'estimer économétriquement des fonctions de salaire (Tableau A.4.1. 8). Trois modèles sont estimés, le premier est une variante du modèle de base de Mincer (1974) alors que le second est plus complet et inclut des variables représentant diverses modalités de fixation des salaires (Azam et Ris, 2001). Finalement, le troisième modèle tente, par l’inclusion de nouvelles variables, de palier les problèmes de non significativité de certaines variables clefs. Dans les trois spécifications, la variable dépendante est le logarithme de la rémunération totale des employés.

Le premier modèle (Modèle 1) estimé suppose que les employeurs sont capables de découvrir les différences de productivité entre employés sur la base de leur capital humain, leur origine, leur sexe,… Le modèle est estimé sur un échantillon incluant uniquement des employés d'entreprises manufacturières, mais des variables muettes sont introduites pour tenir compte des différences existant au niveau des sous secteurs manufacturiers. Enfin, sont ajoutées des variables caractéristiques des entreprises telles l'âge de la firme, sa nationalité et sa localisation. L'estimation de cette équation fournit des résultats conformes aux attentes. Les variables de capital humain des employés – éducation, expérience dans la firme - sont significatives et ont un impact positif sur les rémunérations. Notons que la variable « expérience acquise au sein de la firme au carré » est négative et significative, ce qui souligne la concavité de relation entre l’expérience et le salaire. Une année d’expérience supplémentaire conduit donc à une plus forte augmentation de salaire en début de carrière qu’en fin. Par contre, contrairement à ce que l’on peut observer dans d’autres pays de la sous région, le niveau d’expérience professionnelle acquis avant l’arrivée de l’employé dans l’entreprise ne semble pas influencer le niveau des rémunérations. De même, la nationalité des employés ainsi que leur sexe n’influence pas la détermination des rémunérations. Comme on peut s’y attendre, le fait que les employés aient reçus une formation professionnelle influence positivement le niveau de leurs rémunérations. Le caractère significatif des variables muettes concernant les secteurs d’activité confirme l'existence de différentiels de revenus entre les différents sous-secteurs manufacturiers (en défaveur des secteurs agro-industriels et de l’habillement). Enfin, et conformément à ce que l’on a pu observer dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, la variable muette relative à la nationalité des firmes semble influencer le niveau des rémunérations. Les entreprises étrangères apparaissent bien comme plus rémunératrices que les firmes locales.

Ces résultats confirment le rôle des variables de capital humain ainsi que celui de certaines caractéristiques des firmes dans la formation des salaires en Mauritanie. Cependant, ils ne fournissent pas d'indications précises sur la mécanique institutionnelle à l'œuvre dans la fixation des salaires. Le Modèle 2 fournit quelques éléments d'explication supplémentaires. Ce modèle reprend les principales variables explicatives antérieures et ajoute des variables supplémentaires permettant de tester les trois grands modes de formation des salaires distingués par l'analyse économique[85]; la théorie du partage de rente, la théorie du salaire d'efficience ainsi que la théorie du hold-up.

La théorie du partage de rente suggère que les revenus versés aux employés incluent en fait une part des profits de la firme et sont donc un reflet de la performance de l'entreprise (Blanchflower, Oswald et Sanfey, 1996). Cet élément du profit présent dans la rémunération des employés peut avoir son origine dans des comportements d'insider ou des pressions externes aux firmes qui doivent ajuster leur système d'incitations. Le second type de théorie, dite du salaire d'efficience, stipule dans une de ses variantes que les firmes doivent verser des rémunérations supérieures à celles qui équilibreraient le marché du travail sur la base d'un raisonnement assez simple; sachant que la pénalité la plus forte qui puisse être infligée à un employé est la perte de son emploi, le coût de cette perte pour l'employé est d'autant plus élevé si l'on accroît les salaires de manière à ce qu'il travaille plus. Ceci implique que les entreprises doivent avoir une "technologie de contrôle" pour évaluer les efforts réels des employés. Le résultat final dépend de l'arbitrage entre le coût de cette "technologie de contrôle" et le fait de payer des salaires plus élevés qui accroissent l'efficience des employés. Enfin, un troisième moyen d'expliquer la formation des salaires est la théorie du hold-up (Malcomson, 1997). Dans une situation où les contrats de travail sont ouverts à renégociation, lorsque les entreprises investissent dans des actifs spécifiques non transférables et ne peuvent proposer des contrats de travail complets (où toutes les possibilités sont envisagées), un nouvel investissement laisse la possibilité aux employés de renégocier les accords salariaux en leur faveur. Dans ce cas, les employés peuvent obtenir une part supplémentaire du surplus généré par le nouvel investissement spécifique, ceci en fonction de leur pouvoir de négociation.

Les résultats obtenus sont assez clairs. Tout d’abord, et de manière frappante, le nombre d’années d’étude n’a plus d’influence significative sur le niveau de rémunération. On note cependant que les autres caractéristiques des employés demeurent pertinentes. L’expérience préalable à l’embauche dans la firme n’influence toujours pas de manière significative le niveau de rémunération, contrairement à l’expérience acquise au sein de l’entreprise. De même, on retrouve encore la relation concave entre expérience dans la firme et salaire. Par contre, la variable heures travaillées n’est plus significative. On note également que, comme dans le modèle précédent, les variables contrôlant pour le sexe des employés et leur nationalité ne sont pas significative. Ceci tendrait à souligner que, lorsque l’on contrôle pour le niveau d’éducation et d’expérience des employés, il n’y a pas de discrimination à l’encontre des femmes ou des étrangers dans le secteur manufacturier. Par contre, le fait que l’employé soit formé par la firme n’influence plus de manière significative la détermination des salaires lorsque l’on prend en compte des éléments d'explication additionnel. Concernant les caractéristiques des firmes, l’âge de la firme n’influence toujours pas le niveau des rémunérations. De même, le fait que l’entreprise soit de propriété étrangère a encore un impact positif sur les salaires. Par contre, le fait que l’entreprise soit localisée à Nouakchott semble désormais influencer de manière significative le niveau des rémunérations.

Le bloc suivant de variables tente de tester les déterminants d'un modèle de partage de rente, directement en incluant le profit par employés selon leur hiérarchie dans les firmes[86] et indirectement en prenant en compte les pressions qui peuvent s'exercer sur les entreprises. Ces pressions peuvent être internes, la présence de syndicats dans la firme et le statut des employés[87], ou externes de par l'existence de tensions sur le marché du travail[88]. Aucune de ces variables n’est significative à l’exception des variables spécifiques de partage de rente. De plus, il semble exister un impact différencié selon la hiérarchie à l’intérieur de l’entreprise. La variable du profit par employés lorsque le travailleur est "managers/cadre" est significativement positive, ceci traduit le fait que le profit de la firme tend à augmenter le salaire des dirigeants et des cadres. Ils semblent donc profiter des bons résultats de l’entreprise, et ce malgré la faible part des bonus dans les rémunérations des managers et des cadres. La variable de profit par employé lorsque le travailleur est un employé hors fonctions de direction est également positive et significative, mais avec un coefficient inférieur à celui associé aux managers et aux cadres de l’entreprise. Ceci suggère que les employés les plus qualifiés sont à même d’extraire une rente supérieure.

On note enfin que la variable de salaire d'efficience[89] n’est pas significative. La part du profit présente dans les rémunérations n’est donc pas décidée délibérément par l’entreprise afin d’augmenter l’effort, et donc la productivité, des travailleurs. Il semble donc plus probable que cette rente soit imposée par les travailleurs aux entreprises grâce à leur pouvoir de négociation. De même, la variable retenue[90] pour prendre en compte le phénomène de hold-up n’est pas significative. Ceci tendrait à montrer que même si les employés ont un certain pouvoir de négociation au sein des firmes en Mauritanie, celui-ci n’est pas assez important pour permettre aux employés de pouvoir renégocier leur contrat de travail après qu’un investissement spécifique ait été réalisé par l’entreprise. On peut également penser que les négociations salariales se déroulent à un niveau trop centralisé pour pouvoir être remis en cause par les employés d’une entreprise après que celle-ci a réalisé un investissement spécifique.

Le Modèle 3 introduit certaines variables supplémentaires afin de pouvoir affiner l’analyse de la détermination des salaires en Mauritanie. Lors de notre précédente analyse, nous avons noté que le fait que l’employé ait suivi une formation n’influençait pas le niveau de sa rémunération. Afin d’affiner le rôle jouer par la formation professionnelle dans la détermination des salaires, nous incluons désormais une variable muette égale à un si l’entreprise déclare offrir un système de formation formel à ses employés. De même, pour mieux capturer la nature des éventuelles pressions internes ou externes s’exerçant sur les firmes, nous prenons en compte le salaire moyen pratiqué dans le même secteur d’activité (pression externe) ainsi que le fait que l’employé soit syndiqué (pression interne). Finalement, nous avons remarqué dans notre précédente étude descriptive qu’une grande partie des entreprises ne déclarait qu’une faible partie de leur main d’œuvre à l’administration. Cette informalité peut avoir des conséquences importantes sur le fonctionnement du marché du travail et donc sur les mécanismes de déterminations des salaires. Afin de contrôler le degré d’informalité des entreprises en Mauritanie, nous incluons le pourcentage des ventes que les entreprises déclarent généralement à l’administration.

On note que le fait que l’employé ait suivi une formation n’influence toujours pas de manière significative le niveau des rémunérations. Cependant, on remarque aussi que le fait que l’entreprise mette à la disposition des employés un système de formation formelle influence positivement les salaires. La formation des travailleurs semble donc avoir un effet global[91] sur l’entreprise plutôt qu’un effet individuel.

En ce qui concerne l’origine des pressions subies par l’entreprise, qui l’obligent à partager son profit avec les travailleurs non qualifiés, on constate que les variables contrôlant pour la présence d’un syndicat dans la firme et pour le fait que les travailleurs soient syndiqués ne sont pas significatives. En revanche, les variables contrôlant pour la variation d’emploi dans le secteur et pour le salaire moyen en vigueur dans le secteur sont toutes deux significatives et présentent des coefficients de fortes amplitudes. Il apparaît donc que les pressions s’exerçant sur les entreprises sont plus d’ordre externe qu’interne. Le salaire moyen en vigueur dans le secteur vient fortement pousser vers le haut les salaires pratiqués dans la firme. Comme on pouvait s’y attendre, l’entreprise doit aligner sa politique salariale sur celle de ses concurrents afin d’attirer la main d’œuvre. Notons ensuite que la variable contrôlant pour l'existence de tensions sur le marché du travail est négative et significative. Plus un secteur d’activité présente une baisse du niveau de l’emploi et plus les salaires sont hauts. On est donc face à une forte pression externe du marché du travail sur le niveau des salaires. En Mauritanie, il semblerait donc que des mécanismes macroéconomiques classiques soient en œuvre. Ainsi, une baisse des salaires se traduira par une hausse de l’emploi. Notons également, que comme dans la spécification précédente, les effets de salaire d’efficience et de hold-up ne semblent pas compter dans la détermination des salaires en Mauritanie.

En ce qui concerne le degré d’informalité de l’entreprise, on constate que plus l’entreprise déclare un fort pourcentage de ses ventes à l’administration et plus les salaires qu’elle pratique sont élevés. En d’autre terme, plus les activités de l’entreprise sont transparentes et plus sa politique salariale est avantageuse, ou en fait conforme aux réglementations.

Les résultats d'estimation sont présentés au tableau ci-après

Tableau A.4.1. 8. Fonctions de salaire.

|Variable Dépendante - Log revenus mensuels |Modèle 1 |  |Modèle 2 |  |Modèle 3 |  |

|Constante |4,765 |*** |2,329 |** |-63,182 |*** |

| |(11,13) | |(2,08) | |(4,81) | |

| | | | | | | |

|Variables par Employé |0,029 |*** |0,017 |ns |0,015 |ns |

|Années d'école | | | | | | |

| |(2,90) | |(1,50) | |(1,30) | |

|Expérience dans la firme (années) |0,041 |*** |0,041 |** |0,030 |** |

| |(3,26) | |(2,60) | |(2,33) | |

|Expérience au carré (années) |-0,001 |** |-0,001 |* |-0,001 |* |

| |(2,70) | |(1,93) | |(1,85) | |

|Expérience antérieure (années) |0,004 |ns |-0,009 |ns |-0,007 |ns |

| |(0,59) | |(1,32) | |(1,16) | |

|Etranger (va muette) |0,114 |ns |-0,012 |ns |-0,094 |ns |

| |(0,82) | |(0,10) | |(0,83) | |

|Sexe Masculin (va muette) |0,021 |ns |-0,064 |ns |-0,086 |ns |

| |(0,16) | |(0,58) | |(0,87) | |

|Heures travaillées |-0,006 |* |-0,006 |ns |-0,019 |*** |

| |(2,00) | |(1,21) | |(6,38) | |

|Formé par l'entreprise (va muette) |1,127 |* |-0,109 |ns |-0,181 |ns |

| |(1,81) | |(0,57) | |(1,40) | |

|Variables Muettes Sectorielles | | | | | | |

|Sous-Secteurs Industrie Manufacturière (va muettes) |Oui | |Oui | |Oui | |

|Caractéristiques de l'Entreprise | | | | | | |

|Age de la firme (années) |0,004 |ns |0,011 |ns |0,002 |ns |

| |(0,90) | |(1,37) | |(0,49) | |

|Firme étrangère (va muette) |0,495 |** |0,437 |* |-0,006 |ns |

| |(2,36) | |(1,87) | |(0,06) | |

|Firme localisée à Nouakchott |-0,021 |ns |0,645 |*** |0,449 |*** |

| |(0,09) | |(3,05) | |(3,14) | |

|La firme offre une formation formelle (variable muette) | | | | |0,411 |*** |

| | | | | |(5,00) | |

|Variables de Partage de Rente | | | | | | |

|Présence d'un syndicat dans la firme (va muette) | | |0,035 |ns |0,140 |ns |

| | | |(0,21) | |(1,20) | |

|Employé permanent (va muette) | | |0,059 |ns |0,180 |ns |

| | | |(0,28) | |(0,97) | |

|Log changement moyen d'emploi dans le secteur | | |-0,155 |ns |-10,488 |*** |

| | | |(0,69) | |(4,99) | |

|Log Profit par employé * (Manager / Cadre) | | |0,162 |** |0,152 |** |

| | | |(2,71) | |(2,32) | |

|Log Profit par employé * (NON Manager / Cadre) | | |0,135 |** |0,129 |* |

| | | |(2,38) | |(1,95) | |

|Log du salaire moyen dans le secteur | | | | |14,738 |*** |

| | | | | |(4,92) | |

|Employé syndiqué (variable muette) | | | | |-0,123 |ns |

| | | | | |(0,97) | |

|Variables de Salaire d'efficience | | | | | | |

|Taux d'encadrement | | |-0,019 |ns |-0,057 |ns |

| | | |(0,13) | |(0,50) | |

|Hold-Up | | | | | | |

|Log Investissement spécifique | | |0,02 |ns |0,009 |ns |

| | | |(1,37) | |(1,02) | |

|Informalité | | | | | | |

|Pourcentage des ventes déclaré à l'administration | | | | |0,005 |*** |

|  |  |  |  |  |(3,58) |  |

|Nombre d'observations |207 | |132 | |129 | |

|R-Carré |0,515 | |0,637 | |0,791 | |

|Nombre de clusters (firme) |39 | |28 | |27 | |

|NB. White Heteroskedasticity-Constent Standard Errors & Covariance, T-statistiques entre parenthèses, |  |  |  |

|*** Significatif à 1%, ** Significatif à 5%, * Significatif à 10% | | | | | | |

ANNEXES AU CHAPITRE 4. Section 4.2. Le financement des entreprises formelles.

Graphique A.4.2. 1. Crédit au secteur privé en Pct. du PIB.

[pic]

Source: Base de données DDP, Banque Mondiale, Mise à jour Sept. 2006.

Tableau A.4.2. 1. Banques de dépôt en Mauritanie en Janvier 2006.

[pic]

Source: Banque Centrale de Mauritanie.

Tableau A.4.2. 2. Estimation d'un modèle Probit avec comme variable dépendante la perception des entreprises formelles sur la contrainte de financement.

|Va. Dépendante |Accès coût/financement contrainte majeure ou sévère = 1 |

|  |Autre réponse = 0 |

|Nationalité |0.228 |

| |(-1.83)* |

|Exportation |0.027 |

| |-(0.14) |

|Audit |0.123 |

| |-(1.15) |

|Logs Ventes |-0.007 |

| |-(0.21) |

|Age de la firme |0.008 |

| |(-1.58)* |

|Femme comme principal propriétaire |0.075 |

| |-(0.75) |

|Perception de la corruption |0.093 |

| |-(0.98) |

|Observations |187 |

|Absolute value of z statistics in parentheses * significant at 10%; ** significant at 5% |

Tableau A.4.2. 3. Estimation d'un modèle Probit avec comme variable dépendante l'accès aux financements des entreprises formelles.

|Va. Dépendante |Emprunt en cours ou ligne de crédit auprès d’une banque =|

| |1 |

|  |Autre réponse = 0 |

| |Modèle 1 | |Modèle 2 |

|Nationalité |0.314 | |0.198 |

| |-(0.77) | |-(0.54) |

|Comptes audités |0.449 | |0.573 |

| |-(1.55) | |(2.09)** |

|Exportation |0.206 | |0.262 |

| |-(0.50) | |-(0.66) |

|Age de la firme |-0.003 | |0.003 |

| |-(0.24) | |-(0.24) |

|Ventes (log) |0.160 | | |

| |(-1.69)* | | |

|Propriétaire des locaux |0.447 | |0.504 |

| |(-1.78)* | |(2.08)** |

|Commerce |-0.251 | |-0.368 |

| |-(0.72) | |-(1.07) |

|Autres secteurs |-0.628 | |-0.712 |

| |(2.37)** | |(2.77)*** |

|Constante |-4.137 | |-1.288 |

| |(2.34)** | |(2.95)*** |

|Observations |223 |  |228 |

|Absolute value of z statistics in parentheses * significant at 10%; ** significant at 5%, *** |

|significant at 1% |

Graphique A.4.2. 2. Demandes de financements bancaires (Pct.).

[pic]

Nb. Données non pondérées de l'échantillon.

Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

Graphique A.4.2. 3. Raisons du rejet des demandes de financements bancaires (Pct.).

[pic]

Nb. Données non pondérées de l'échantillon. Ensemble des secteurs formels.

Source: Enquête Entreprises en Mauritanie 2006, Banque Mondiale.

6 ANNEXE 5. Echantillon.

Cette annexe présente la constitution de l'échantillon de l'EE en Mauritanie. La base de sondage de l'enquête pour le secteur manufacturier, comme pour les autres secteurs, a été constituée par le contractant EEC car aucune liste d'entreprises véritablement fiable n'a été obtenue, tant pour Nouadhibou que Nouakchott.

5.1. Échantillonnage de l’enquête entreprise dans le secteur formel.

La base de sondage.

Comme toutes les EE depuis 2005, l'enquête en Mauritanie portait sur un univers formel comprenant les entreprises manufacturières (agroindustrie, textile et autres), les services (commerces de détail) ainsi que le reste de l'économie (grossistes, hôtels et restaurants, transport,…). Suite à un décompte sur le terrain des entreprises ayant déclaré avoir employé un minimum de 5 personnes en 2005, une population initiale, ou base de sondage, de 379 établissements a été établie. Les établissements en question étaient localisés dans les villes de Nouakchott et Nouadhibou. La répartition de ces établissements par secteur d’activité est présentée ci-dessous.

Tableau A.5. 1. Base de sondage: entreprises formelles de plus de 5 employés en Juin 2006.

[pic]

Source: EEC Canada.

L'échantillon.

Un échantillon de 237 entreprises a été visité en Juin et Juillet 2006, celles-ci ont été sélectionnées par échantillonnage aléatoire stratifié. Au cours de l’enquête, l'ensemble des 379 établissements a été contacté:

• 99 entreprises n'étaient pas disponibles pour un entretiens lors de la période de l'enquête;

• 43 entreprises ont refusé de participer à l’enquête;

• 237 établissements ont participé à l’enquête donnant ainsi 237 questionnaires complétés.

De ce fait, le taux de participation global des firmes à l'enquête est égal au taux de sondage effectif global: 62,5 pourcent (Tableau A.5. 2).

Tableau A.5. 2. Échantillon de firmes formelles.

[pic]

Source: EEC Canada.

Cet échantillon représente environ 64 pourcent des firmes en activité dans le secteur manufacturier, 56 pourcent dans les services et 64,5 pourcent des firmes des autres secteurs existantes à la date de l'enquête. L'échantillon reproduit correctement les principales caractéristiques de la base de sondage mais surestime quelque peu l'importance de la capitale.

Graphique A.5. 1. Comparaison des distributions de firmes.

[pic]

Source: EEC Canada.

5.2. L'échantillon de l'enquête légère dans le secteur informel.

L’EE en Mauritanie a également couvert les microentreprises et les firmes du secteur informel. Bien qu'il n'existe pas de définition unique pour catégoriser l’appartenance d'une entreprise dans ce secteur, le critère retenu ici a été celui de la taille – c’est-à-dire les établissements ayant employé moins de 5 salariés en 2005.

En l’absence d’une base de sondage fiable, l’échantillon retenu dans les villes de Nouakchott et de Nouadhibou a été défini en prenant en considération la représentativité spatiale des villes. En vue d'une sélection aléatoire des micro-entreprises/firmes informelles, la procédure suivante a été adoptée:

- une sélection de districts et de zones géographiques (au sein de chaque ville) où la concentration de firmes de ce type est forte;

- un décompte des établissements dans chaque zone;

- la création d'une liste de firmes pour chaque zone et la sélection aléatoire d'entreprises;

- sur la base du ratio entre le nombre d'entreprises sélectionnées et leur nombre total dans la zone, la définition d'une règle de saut (skip rule) pour sélectionner les établissements à enquêter.

L’échantillon informel final est présenté dans le tableau ci-dessous.

Tableau A.5. 3. Échantillon de firmes informelles.

[pic]

Source: EEC Canada.

Table des Matières

REMERCIEMENTS 3

AVANT-PROPOS 4

RESUME 6

EXECUTIVE SUMMARY 13

Introduction 20

Chapitre 1. UNE economie en phase de changements structurels. 23

1.1. Developpements economiques recents. 23

1.2. LES réformes economiques EN MAURITANIE. 26

1.3. les defis du futur pour l'economie mAURITANIENNE. 28

1.4. Une evaluation tres contrastee de la Mauritanie en termes de classements internationaux. 30

1.5. conclusion. 32

Chapitre 2. Les PERFORMANCEs des firmes EN MAURITANIE. 33

2.1. productivité pARTIELLE DES FACTEURS et utilisation des capacites de production. 33

La productivité et le coût unitaire du travail. 33

Intensité capitalistique et productivité du capital. 36

L'utilisation des capacités de production. 37

Résultats sectoriels. 38

2.2. La productivité totale des facteurs. 39

2.3. ExportationS. 41

2.4. La rentabilite des firmes. 42

2.5. conclusion. 42

Chapitre 3. L'ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES EN MAURITANIE: LE POINT DE VUE DES ENTREPRISES. 44

3.1. Les contraintes perçues par les firmes DES DIVERS SECTEURS. 44

3.1.1. Les principales contraintes. 44

3.1.2. L'intensité et la classification des contraintes perçues par les firmes. 51

3.2. Le secteur manufacturier: UN ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES Difficile. 52

3.2.1. Une perception différente des contraintes selon les entreprises. 52

3.2.3. La corruption reste encore un problème sérieux. 54

3.2.4. Des limitations au niveau des infrastructures. 56

3.2.5. Les problèmes liés au cadre réglementaire. 60

3.3. L'ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES dans le secteur du Commerce, le reste de l'economie et le secteur Informel. 66

3.3.1. Une corruption de moindre ampleur dans les autres secteurs de l'économie. 66

3.3.2. Les infrastructures posent aussi problème aux entreprises dans les autres secteurs de l'économie. 67

3.3.3. Les réglementations demeurent un problème important. 69

3.4. conclusion. 69

Chapitre 4. Les marchés de facteurs en Mauritanie. 70

4.1. le marché du travail formel. 70

4.1.1. Quelques caractéristiques institutionnelles du marché du travail formel en Mauritanie. 70

4.1.2. L'éducation, la formation et la santé des employés du secteur formel. 74

4.1.3. La rémunération des employés. 79

4.1.4. Conclusion. 82

4.2. Le financement des entreprises formelles en mauritanie: aspects de demande. 84

4.2.1. Un aperçu du système financier en Mauritanie. 84

4.2.2. La perception des problèmes de financement par les firmes en Mauritanie. 85

4.2.3. Un typologie des firmes utilisant les financements bancaires. 89

4.2.4. Le processus d'accès aux financements bancaires. 90

4.2.5. Les conditions des crédits, découverts et crédits commerciaux obtenus. 94

4.2.6. Conclusion. 97

Chapitre 5. Synthèse et recommandations. 98

5.1. Améliorer la perception de la Mauritanie et accroitre la crédibilité du pays en tant que destination d'affaires. 99

5.2. AMELIORATION DU FONCTIONNEMENT DES MARCHES DE FACTEURS POUR REPONDRE PLUS EFFICACEMENT AUX BESOINS DU SECTEUR PRIVE. 101

5.2.1. Améliorer l'accès des firmes aux financements bancaires. 101

5.2.2. Améliorer le fonctionnement du marché du travail. 102

5.3. Amélioration des services d'infrastructures. 104

5.4. LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ET POURSUITE DE L'AMELIORATION DU CADRE REGLEMENTAIRE. 105

5.4.1. Lutter plus efficacement contre la corruption, améliorer la gouvernance. 105

5.4.2. Poursuivre l'amélioration de l'environnement réglementaire. 106

ANNEXES 113

ANNEXES AU CHAPITRE 1. 114

ANNEXES AU CHAPITRE 2. 119

ANNEXES AU CHAPITRE 3. 127

ANNEXES AU CHAPITRE 4. Section 4.1. Marché du travail. 130

ANNEXES AU CHAPITRE 4. Section 4.2. Le financement des entreprises formelles. 138

ANNEXE 5. Echantillon. 141

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

Chapitre 1.

Tableau 1. 1. Indice de Facilité à faire des Affaires (Ease of Doing Business). 32

Graphique 1.1. Taux de croissance réel du PIB (1994-2004). 24

Graphique 1.2. Taux de croissance réel moyen du PIB per capita (1994-2004). 24

Graphique 1. 3. Structure du PIB au coût des facteurs (Pourcentage). 25

Graphique 1. 4. Tarifs moyens pondérés à l'importation en 2005/06 (Pourcentage). 27

Graphique 1. 5. Classement selon l'ILE 2007. 31

Graphique 1. 6. Classement selon l'ICG 2006-07. 31

Encadre 1. 1. Les institutions de support en Mauritanie. 30

Chapitre 2.

Tableau 2. 1. Indicateurs de productivité pour les entreprises manufacturières en Mauritanie (médianes). 38

Tableau 2. 2. Indicateurs de productivité pour les entreprises manufacturières par secteurs. 38

Graphique 2. 1. Productivité du travail (USD par employé). 34

Graphique 2. 2. Les coûts unitaires du travail sont élevés en Mauritanie 35

Graphique 2. 3. Intensité capitalistique et productivité du capital. 37

Graphique 2. 4. Utilisation des capacités de production (Pct). 37

Graphique 2. 5. La PTF en Mauritanie est faible (Pct par rapport à l'Afrique du Sud). 40

Graphique 2. 6. Peu de firme Mauritaniennes sont exportatrices. 41

Graphique 2. 7. La rentabilité des firmes en Afrique subsaharienne. 42

Chapitre 3.

Tableau 3. 2. Evaluation des contraintes majeures/très sévères (Pct). 50

Tableau 3. 3. Procédures d'importation et d'exportation (Pct.). 62

Tableau 3. 4. Perception de la corruption. 66

Tableau 3. 5. Etendue de la corruption. 67

Tableau 3. 6. Indicateurs d’infrastructures pour les autres secteurs. 68

Tableau 3. 7. Système judiciaire et réglementations. 69

Graphique 3. 1. Les six principales contraintes des firmes en Mauritanie en 2006. 45

Graphique 3. 2. Intensité des contraintes. 51

Graphique 3. 3. Principaux différentiels de perception (Pct.). 52

Graphique 3. 4. Différentiels de perception entre les firmes ayant une croissance ou un déclin de leur chiffre d'affaire entre 2002 et 2005 (Pct.). 54

Graphique 3. 5. Perception de la corruption. 55

Graphique 3. 6. Coût estimé de la corruption. 55

Graphique 3. 7. Paiement informel demandé/espéré (Pct.). 56

Graphique 3. 8. Part de la valeur des contrats avec l’administration affectée à des paiements informels (Pct.) 56

Graphique 3. 9. Indicateurs d’infrastructures. 58

Graphique 3. 10. Part de routes bitumées dans le réseau routier en 1999 (Pct.). 59

Graphique 3. 11. L’interprétation et l’application par les fonctionnaires des règlements et lois affectant mon établissement sont cohérentes et prévisibles (Pct. d'approbation). 61

Graphique 3. 12. Confiance dans le système judiciaire (taux d’approbation). 61

Graphique 3. 13. Facilité à importer et exporter. 63

Graphique 3. 14. Délais requis pour dédouaner un container à l'importation (jours). 63

Graphique 3. 15. Coût d'importation et d'exportation d'un container (USD courants). 64

Graphique 3. 16. Indicateurs légaux de l’environnement des affaires en Mauritanie en 2006. 65

Graphique 3. 17. Part estimée du chiffre d’affaires annuel consacré aux "paiements informels" (Pct.). 67

Graphique 3. 18. Perception des problèmes d'infrastructure dans divers secteurs. 68

Encadre 3. 1. La pression fiscale sur les firmes formelles en Mauritanie en 2006. 47

Encadre 3. 2. Concurrence dans le secteur manufacturier en Mauritanie. 49

Chapitre 4.

Tableau 4.1. 1. Rémunérations mensuelles des employés en 2006 dans le secteur manufacturier (USD). 79

Graphique 4.1. 1. Comparaison de la réglementation du travail en Mauritanie. 72

Graphique 4.1. 2. Pct. d'employés appartenant à la famille du propriétaire/manager de l'entreprise. 73

Graphique 4.1. 3. Éducation des employés dans le secteur manufacturier dans divers pays. 75

Graphique 4.1. 4. Éducation atteinte par les employés dans le secteur manufacturier (Pct.C). 75

Graphique 4.1. 5. Pct de firmes fournissant une formation professionnelle formelle. 76

Graphique 4.1. 6. Besoins en formation exprimés par les employés (Pct). 77

Graphique 4.1. 7. État de santé des employés. 78

Graphique 4.1. 8. Différentiel de salaire homme-femmes (travailleurs de production non qualifiés). 80

Graphique 4.1. 9. Différentiels sectoriels de rémunération. 80

Graphique 4.1. 10. Rémunération mensuelle des travailleurs de production non qualifiés (USD courants). 81

Tableau 4.2. 1. Raisons pour ne pas avoir demandé de financement pour les firmes en ayant besoin. 92

Tableau 4.2. 2. Caractéristiques des crédits en cours à la date de l'enquête. 94

Tableau 4.2. 3. Caractéristiques des découverts bancaires à la date de l'enquête. 96

Tableau 4.2. 4. Pct. de firmes finançant leurs actifs de court terme avec un crédit commercial. 96

Graphique 4.2. 1. Crédit domestique au secteur privé en 2004 (Pct. du PIB). 84

Graphique 4.2. 2. Ratio M2 sur PIB en 2004 (Pct.) 84

Graphique 4.2. 3. Comparaison des perceptions. 86

Graphique 4.2. 4. Perceptions par catégories d'entreprises. 86

Graphique 4.2. 5. Pct. du financement des actifs de long terme au travers du système bancaire. 87

Graphique 4.2. 6. Financement des actifs de long terme (Pct). 87

Graphique 4.2. 7. Financement des actifs de long terme selon l'appartenance ou non à un groupe. 88

Graphique 4.2. 8. Accès aux financements bancaires (Pct.). 89

Graphique 4.2. 9. Demande de financements par les firmes du secteur formel. 91

Graphique 4.2. 10. Appartenance sectorielles des firmes formelles ayant demandé un crédit ou un découvert en 2005 (Pct.). 92

Graphique 4.2. 11. Pourcentages de demandes rejetées. 93

ANNEXES

ANNEXES AU CHAPITRE 1.

Graphique A.1. 1. Indice de concentration des exportations (3 principaux produits) pour 2003-2004. 114

Graphique A.1. 2. Aide publique au développement (Pct. du PIB). 115

Graphique A.1. 3. Taux de croissance du PIB sectoriel en pourcentage (Prix Constants 1998). 115

Graphique A.1. 4. Composantes de l'indice de Liberté Economique 2007 (première partie). 116

Graphique A.1. 5. Composantes de l'indice de Liberté Economique 2007 (seconde partie). 117

Encadre A.1. 1. Exemples d'institutions de promotion des investissements. 118

ANNEXES AU CHAPITRE 2.

Tableau A.2. 1. Test de rendements d'échelle constants. 121

Tableau A.2. 2. Les déterminants des niveaux de productivité des firmes manufacturières. 123

Tableau A.2. 3. Différentiels de PTF entre la Mauritanie et les autres comparateurs par items. 124

Graphique A.2. 1. La PTF en Mauritanie est faible (Pct. vs. Afrique du Sud). 121

Graphique A.2. 2. Coûts du travail par employé dans divers pays (USD). 125

Graphique A.2. 3. Pct de firmes exportatrices. 126

Encadre A.2. 1. La productivité totale des facteurs dans le secteur manufacturier en Mauritanie. 119

ANNEXES AU CHAPITRE 3.

Tableau A.3. 1. Calcul du taux d'imposition totale des firmes en Mauritanie en 2006. 127

Tableau A.3. 2. Evaluation par les chefs d’entreprises des contraintes majeures ou très sévères. 128

Tableau A.3. 3. Evaluation par les chefs d’entreprises des contraintes majeures ou très sévères. 128

Tableau A.3. 4. Estimation de l’étendue de la corruption. 128

Graphique A.3. 1. Taux de taxation des firmes en Afrique Subsaharienne (Pct.). 127

Graphique A.3. 2. Nombre de documents requis pour l'importation et l'exportation. 129

ANNEXES AU CHAPITRE 4.

Tableau A.4.1. 1. Présence syndicale. 130

Tableau A.4.1. 2. Circulation de l'information sur le marché du travail formel. 130

Tableau A.4.1. 3. Formation externe des employés. 131

Tableau A.4.1. 4. Déterminants de la formation formelle. 131

Tableau A.4.1. 5. Besoins en formation exprimés par les employés. 132

Tableau A.4.1. 6. Maladies, journées de travail perdues pour cause de maladie. 132

Tableau A.4.1. 7. Rémunération des travailleurs de production non qualifiés. 133

Tableau A.4.1. 8. Fonctions de salaire. 137

Encadre A.4.1. 1. Déterminants des salaires en Mauritanie. 134

Tableau A.4.2. 1. Banques de dépôt en Mauritanie en Janvier 2006. 138

Tableau A.4.2. 2. Estimation d'un modèle Probit avec comme variable dépendante la perception des entreprises formelles sur la contrainte de financement. 139

Tableau A.4.2. 3. Estimation d'un modèle Probit avec comme variable dépendante l'accès aux financements des entreprises formelles. 139

Graphique A.4.2. 1. Crédit au secteur privé en Pct. du PIB. 138

Graphique A.4.2. 2. Demandes de financements bancaires (Pct.). 140

Graphique A.4.2. 3. Raisons du rejet des demandes de financements bancaires (Pct.). 140

ANNEXE 5.

Tableau A.5. 1. Base de sondage: entreprises formelles de plus de 5 employés en Juin 2006. 141

Tableau A.5. 2. Échantillon de firmes formelles. 142

Tableau A.5. 3. Échantillon de firmes informelles. 143

Graphique A.5. 1. Comparaison des distributions de firmes. 142

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[pic]

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[1] - Données macroéconomiques révisées Banque Mondiale/FMI, mise à jour d'avril 2007.

[2] - L’incidence de la pauvreté au niveau national s’est certes réduite, de 51 pourcent en 2000 à 47 pourcent en 2004, mais les inégalités de revenus sont demeurées approximativement constantes (World Bank 2007).

[3] - World Bank 2006a.

[4] - Nicholas Stern “Development as a Process of Change.” 2002a. Keynes Lecture: British Academy; et Stern “A Strategy for Development.” 2002b. World Bank, Washington, D.C.

[5] - Voir l'Annexe 5 pour une présentation de l'échantillon.

[6] - La comparaison avec le Kazakhstan présente un intérêt particulier car il s'agit d'un pays qui est devenu producteur de pétrole très récemment, au début de la décennie actuelle, qui fait face comme la Mauritanie à de fortes contraintes naturelles (large zone désertiques, climat difficile,…) et de faible densité de population (5,5 habitants au kilomètre carré en 2004 contre 2,7 en Mauritanie; pour mémoire la densité de population est de 137,2 en Chine la même année). En outre, de par l'histoire, les traditions nomadiques ainsi que la civilisation musulmane marquent aussi de leur empreinte ce pays.

[7] - Voir Graphique A.1. 2.

[8] - La croissance de l'agrégat M3 a été limitée à 15 pourcent en 2006 alors que le crédit à l'économie s'est accru de 7 pourcent (IMF 2007b).

[9] - Pour plus de détails, voir RIM, UNDP/UNIDO (2003).

[10] - Ainsi, l’élevage et l’agriculture, qui représentaient de 35 à 40 pour cent du PIB dans les années 1960, n’ont jamais pu jamais retrouver leur niveau de production d'avant les sécheresses des années 1968 à 1973.

[11] - Le programme initié en 1985, typique pour l'époque, avait plusieurs objectifs dont i) développer une économie de marché, ii) obtenir une stabilisation de la situation macroéconomique, iii) améliorer la situation financière du pays par un paiement des arriérés accompagné d'un rééchelonnement de dette, et iv) augmenter la productivité de l'économie par une meilleure allocation de ressources résultant de la suppression des activités subventionnées ainsi que la réduction de dépenses improductives.

[12] - Le conflit sénégalo-mauritanien de 1989 ainsi que la première crise du Golfe Persique en 1991.

[13] - Vers la fin des années 1980, le secteur des entreprises publique constituait plus de la moitié de l’investissement public, recevait environ le cinquième du crédit des banques locales et employait environ un quart de la main d’ouvre du secteur moderne. Cependant, ces entreprises étaient largement déficitaires pour la plupart (World Bank 2003).

[14] - Une taxe statistique de 3 pour cent est également appliquée à la plupart des produits importés.

[15] - La Loi 2002-03 du 20 janvier 2002 porte code des investissements et le Décret n° 2002-038 fixe la composition du dossier administratif et la procédure d’agrément au CdI. Le CdI a pour objectif d'encourager les investissements directs effectivement réalisés en Mauritanie, de les sécuriser et de faciliter les démarches administratives afférentes. Les dispositions du CdI s'appliquent à toutes les structures de la vie économique à l'exception i) des activités d'achat pour la revente en l'état sur le marché local, ii) des activités régies par la loi en vigueur portant réglementation bancaire, iii) des activités régies par la réglementation en vigueur sur les assurances ainsi que les activités de réassurance, et iv) les activités relevant des secteurs des mines et des hydrocarbures. Le CdI:

✓ Indique que toute personne physique ou morale désireuse d'installer une activité a la liberté d'établissement et d'investissement de capitaux dans le respect des lois et règlements en vigueur;

✓ Garanti aux personnes physiques et morales réalisant un investissement qu'aucune mesure de nationalisation, de réquisition ou d'expropriation ne peut être prise sauf pour des raisons d'utilité publique, sur une base non discriminatoire et selon une procédure légale, moyennant une compensation prompte, suffisante et effective;

✓ Garanti aux personnes physiques et morales ayant procédé à un investissement de capitaux étrangers le transfert libre en devises convertibles;

✓ Fournit une égalité de traitement entre personnes physiques et morales mauritaniennes et étrangères;

✓ Les différends résultants de l’interprétation ou de l’application du code sont réglés par le droit interne ou par les juridictions mauritaniennes. Toutefois tout différend entre une personne physique ou morale étrangère et la République Islamique de Mauritanie, relatif à l’application ou l’interprétation du code est réglé conformément au choix des parties, conformément à une procédure d’arbitrage et de conciliation qui peut impliquer des instances internationales.

[16] - Le CdI instaure en outre un régime de points francs auxquels sont éligibles les activités de production et de prestations de service destinées exclusivement à l'exportation. Le point franc est constitué par les locaux dans lesquels sont réalisées les activités, ils sont placés sous le contrôle de l'Administration des douanes. Les entreprises sous le régime de points francs bénéficient des avantages suivants (en autres):

✓ Exonérations de tous droits et taxes à l'exportation;

✓ Modalités simplifiées de formalités et de contrôle douanier;

✓ L’importation de matériaux de constructions, de machines, outils et équipements et pièce de rechange ainsi que les engins et véhicules utilitaires en franchise de tous droits et taxes fiscaux;

✓ L'exonération de patente ou de tout autre impôt pouvant s’y substituer;

✓ Les matières premières et produits semi-finis nécessaires à la production ne donnent lieu à aucun droit ou taxe à l’importation;

✓ Le taux de l’impôt assis sur les bénéfices est fixé à 25 pourcent des bénéfices et l’Impôt Minimum Forfaitaire à 2 pourcent du chiffre d’affaires et constitue un acompte de l’impôt assis sur le bénéfice.

[17]- Le secteur pétrolier constitue le secteur usuel de destination des IDE en Mauritanie ces dernières années.

[18]- Source: DDP, mise à jour Avril 2007.

[19] - La CNUCED classifie dans son rapport 2006 les bénéficiaires d'IDE en Afrique en six groupes pour l'année 2005;

• groupe 1 - IDE de plus de 3 milliards de dollars US, seuls l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Nigeria appartiennent à ce groupe,

• groupe 2 - IDE entre 2 et 2,9 milliards de dollars US, sont inclus le Maroc et le Soudan;

• groupe 3 - IDE entre 1 et 1,9 milliards de dollars US, sont inclus la Guinée Equatoriale, la République Démocratique du Congo et l'Algérie;

• groupe 4 - IDE entre 0,5 et 0,9 milliards de dollars US, sont inclus la Tunisie et le Tchad;

• groupe 5 - IDE entre 0,1 et 0,4 milliards de dollars US. 10 pays appartiennent à ce groupe, tels que la Tanzanie, le Congo, la Namibie, …

• groupe 6 - IDE inférieur à 0,1 milliards de dollars US, 32 pays appartiennent à ce groupe, dont la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, la Sierra Leone,…

Pour des détails, voir le tableau II.2 page 40 du "World Investment Report 2006: FDI from Developing and Transition Economies: Implications for Development" de l'UNCTAD.

.

[20] - UNCTAD (2006).

[21] - L'indice de liberté économique est une moyenne arithmétique de 10 indicateurs (Politique Commerciale, Pression Fiscale, Interventionnisme du Gouvernement, Politique Monétaire, Investissement Etranger, Secteur Bancaire, Salaires et Prix, Droits de Propriété, Réglementations et Corruption) dont la valeur est comprise entre 1 et 100, ce dernier chiffre correspondant à une efficience maximale.

[22] - Pour le détail du calcul de chaque indicateur, se reporter au site:

[23] - Les très petites entreprises sont des firmes ayant entre 5 et 10 employés, les firmes moyennes et grandes ont plus de 50 employés.

[24] - Il faut mentionner que ces différences de productivité du travail selon la taille des firmes peuvent aussi refléter en partie des différences d'intensité capitalistiques entre firmes, les entreprises de grande taille ayant un capital par employé supérieur à celui des entreprises de plus faible taille.

[25] - Bien que ceci puisse suggérer que l'utilisation de l'internet est importante pour la productivité, il faut mentionner que, outre le problème de la causalité de cette relation, la variable d'utilisation de l'internet agit vraisemblablement comme une proxy pour un usage plus général de technologies et de dotation en capital humain. Par exemple, les entreprises ayant un manager de niveau universitaire auront vraisemblablement un accès supérieur à l'internet; ainsi 76 pourcent des entreprises ayant un tel manager utilisent l'internet contre seulement 29 pourcent des entreprises dont le/les dirigeants ont un niveau d'éducation inférieur.

[26] - Un exemple du problème est fournit par les données de productivité de l'Afrique du Sud. Au taux de change de 2002, sur la base des données comptables de cette même année, la productivité du travail en Afrique du Sud s'établit à 14030 dollars dans le secteur manufacturier. Au taux de change de 2005, cette valeur est égale à 27548 dollars, suite à la forte appréciation du Rand par rapport au dollar.

[27] - Le CUT en dollars est défini comme:

ULC = (w.L/Q).(1/e) avec w la rémunération dans le secteur manufacturier

L la quantité de travail

Q une mesure physique de la production

e le taux de change nominal par rapport au dollar

Il peut aussi être approché par le rapport de la rémunération nominale (w) à la productivité moyenne du travail (Q/L). Le maintien d'un CUT à un niveau compétitif (bas) implique soit, des rémunérations faibles, soit un taux de change compétitif, soit un accroissement de productivité ou enfin, une combinaison des trois éléments.

[28] - Le CUT est approché par le rapport des rémunérations à la valeur ajoutée au niveau des firmes de l'échantillon soit (w.L/p.Q), p étant un déflateur de la valeur ajoutée.

[29] - Il est en général plus difficile de mesurer la valeur du stock de capital d'une firme que le facteur travail (effectifs et masse salariale). Ceci rend les comparaisons internationales en la matière relativement difficiles à établir. En effet, la plupart des matériels et équipements tendent à être utilisés sur de longues périodes de temps, ce qui implique une dépréciation. En pratique, la dépréciation du capital est difficile à mesurer car les marchés pour les matériels et équipements usagés tendent à être limités dans la plupart des pays en développement. De fait, les entreprises peuvent ne pas connaître le coût de remplacement de leur matériel par des machines usagées, ou pour combien ils pourraient revendre les équipements et machines qu'ils utilisent. En outre, bien que des règles comptables de dépréciation des équipements existent, elles n'ont qu'un rapport lointain avec la notion économique de dépréciation. Pour ces raisons, il est difficile de mesurer exactement la valeur du stock de capital des firmes. Malgré ses limites, la valeur du stock de capital des firmes utilisée dans ce rapport correspond à la valeur comptable nette des matériels et équipements, il s'agit de la seule série disponible sur l'ensemble des pays ayant réalisés une EE récemment.

[30] - En raison de la petite taille du sous-échantillon, 10 entreprises, ces résultats sont à considérer avec quelques précautions et ne sont pas définitifs. Ce sous-échantillon inclut essentiellement des conserveries et de sociétés d'emballage de poisons.

[31] - Le "reste de l’univers" est une strate résiduelle de la procédure d'échantillonnage du secteur formel. Il comprend les entreprises de l’hôtellerie, la restauration, la construction, le transport et les NTIC.

[32] - Le chiffre de 104.7 pourcent inclue donc aussi bien les impôts payés par l'entreprise sur la base de son activité économique que ceux collectés pour le compte de l'administration fiscale et reversés ultérieurement. Le calcul du taux est basé sur les profits des entreprises et non leur chiffre d'affaires.

[33] - Le système fiscal mauritanien est établi sur la base du code général des impôts et des différentes ordonnances/lois l'ayant modifié au fil du temps (Ordonnance n° 82.060 du 24 mai 1982, portant Code Général des Impôts et Ordonnance n° 90.003 du 6 février 1990 portant création d'une fiscalité communale, …). En septembre 2006, les principales taxes concernant une firme manufacturière en Mauritanie étaient les suivantes:

✓ L'impôt minimum forfaitaire (IMF) est dû par les personnes physiques ou morales soumises au régime réel. Il est établi sur la base du chiffre d’affaires du dernier exercice. Le taux est de 4 pourcent. L’IMF est déductible à hauteur de 100 pourcent de son montant de la cotisation due au titre de l’impôt sur les BIC. Par contre, si le montant de l’IMF dû excède celui de l’impôt sur les BIC, la fraction excédante demeure définitivement acquise à l'Etat.

✓ La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est payée par toute personne physique ou morale relevant d’un régime réel d’imposition. Les taux sont de 0 et 14 pourcent. Le taux zéro s’applique uniquement aux exportations. Il existe certaines exonérations (actes médicaux, recettes de la presse, ventes faites par les services administratifs, opérations de transport, certains produits de consommation,…)

✓ L’impôt sur les traitements et salaires (ITS) s’applique aux revenus provenant de l’exercice d’une activité salariée publique ou privée, ainsi qu’aux pensions publiques ou privées et aux rentes viagères. La base de l’ITS est constituée par les salaires, pensions ou rentes, et avantages en nature. Les taux applicables sont fixés suivant un barème progressif i) pour une rémunération mensuelle imposable inférieure ou égale à 40.000 OM, le taux est de 15 pourcent, ii) pour une rémunération mensuelle imposable supérieure à 40.000 OM, le taux est de 35 pourcent. Cet impôt est payé par les employeurs. Certaines pensions, rentes ou allocations à caractère social sont exonérées.

✓ L’impôt sur les Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC). Il concerne les entreprises qui accomplissent des opérations à caractère industriel ou commercial. La base de calcul du BIC est constituée par le bénéfice réalisé au cours du dernier exercice clos. Le taux sur les BIC est maintenant de 25 pourcent. Les sociétés et organismes à caractère coopératif agréés sont exonérés.

✓ La contribution foncière (CF) est due annuellement par les propriétaires d’immeubles bâtis. La base de l’impôt est constituée par la valeur locative annuelle, après abattement de 20 pourcent. La contribution foncière est calculée par l’application d’un taux voté par les Conseils Municipaux et qui varie entre 3 et 10 pourcent.

✓ La taxe d'apprentissage (TA) est due par les entreprises qui relèvent de l’impôt BIC. La base de calcul de la TA est constituée par le montant total des appointements, indemnités rétributions, salaires et avantages en nature payés par l’employeur. Le taux est de 0,6 pourcent.

✓ L'impôt sur les Revenus de Capitaux Mobiliers (IRCM). L'IRCM est payé par les bénéficiaires i) des produits distribués par les sociétés et autres collectivités assujetties à l’impôt sur les Bénéfices Industriels et Commerciaux et ii) de revenus de créances, dépôts, cautionnements et comptes courants. L’impôt est retenu à la source. Le taux de l’impôt est de 10 pourcent. Les intérêts des sommes inscrites sur les livrets de la Caisse d’Epargne, les intérêts servis sur les comptes ouverts auprès des banques Mauritaniennes par les Mauritaniens résident à l’Etranger (dans la limite d’un million d’ouguiyas) sont exonérés de l’IRCM.

[34] - Pour plus de précisions sur la méthodologie de calcul de cet indicateur, voir Tableau A.3. 1.

[35] - Celui-ci était caractérisé antérieurement par un protectionnisme fort, des tarifs douaniers à tranches multiples, des exonérations étendues et nombre de barrières non tarifaires (World Bank 2003a).

[36] - Une moyenne de 0 indique un caractère majeur, mais non sévère d’une contrainte.

[37] - Les contraintes sur le marché des facteurs incluent les sous-contraintes suivantes: main d'œuvre inadéquatement formée, accès au financement (disponibilité et coût) et accès à la terre.

[38] - Les contraintes liées aux infrastructures incluent les sous-contraintes suivantes: télécommunications, transport et électricité.

[39] - Les contraintes liées aux réglementations incluent les sous-contraintes suivantes: procédures de création d'entreprise, formalités, patentes, licences, etc.; fonctionnement des tribunaux, taux de taxation, administration de la législation fiscale, réglementations douanières et du commerce extérieur ainsi que la législation du travail.

[40] - Discours de Mr. Ely Ould Mohamed Vall, le 21 Avril 2006 à Nouakchott.

[41] - Etant donnée la date de l'enquête, ceci fait référence à une période allant de Juin-Juillet 2004 à Juin-Juillet 2006.

[42] - L'estimation sur l'ensemble des secteurs couverts par l'EE indique que ce chiffre est de 48,5 pourcent.

[43] - L'estimation sur l'ensemble des secteurs couverts par l'EE indique que ce chiffre est de 8,1 pourcent.

[44] - La seule source non thermique utilisée par la SOMELEC est l’hydroélectricité produite par le barrage de Manantali au Mali. La SNIM produit aussi de l'énergie électrique. La production a lieu dans deux centrales, à Zouérate pour l'extraction du minerai de fer et à Nouadhibou et pour des installations de broyage et d'embarquement.

[45] - Données World Bank DDP, Sept. 2006 Update.

[46] - Une réforme de l'organisation des transports est en cours depuis Novembre 2005. Elle implique le démantèlement du Bureau National des Transports qui exerçait un monopole depuis plus de 20 ans. Actuellement en période de transition, la réforme peine à se mettre ne place. En outre, il n'y a pas encore de code de la route défini en Mauritanie. Cependant, le gouvernement a défini une Stratégie Nationale de Sécurité Routière en Août 2006 pour tenter de remédier à cet état de fait.

[47] - Les redevances portuaires sont deux à deux et demi fois plus importantes à Nouakchott que dans la sous région et les frais de manutention sont 4 à 8 fois plus importants (IMF 2007).

[48] - Mauritel SA, l’opérateur historique de téléphonie fixe, détenait plus de 55 pourcent du marché des communications en 2000, date à laquelle les deux premières licences d’exploitation d’un réseau cellulaire ont été accordées. Quatre années plus tard, la part de Mauritel SA se limitait à la portion congrue (moins de 7,5 pourcent) alors que les deux opérateurs de téléphonie mobile connaissaient une croissance manifeste. Ainsi, Mauritel Mobiles (filiale de l’opérateur national historique, détenu à 80 pourcent par Maroc Télécom et possédant plus de 62 pourcent de parts de marché dans la téléphonie cellulaire et 100 pourcent des abonnés Internet) et Mattel se partageaient plus de 92 pourcent du marché. Ceci a permis - dans une certaine mesure - de compenser les limites de la téléphonie fixe. La fin de l’exclusivité accordée à Mauritel SA en juin 2004 a marqué le début d’une nouvelle phase d’ouverture du secteur à la concurrence.

[49] - Dans le cadre de la politique de libéralisation du secteur des télécoms en Mauritanie, l’Autorité de Régulation a lancé récemment des appels d’offres internationaux pour l’attribution de 4 licences:

✓ Une licence d’établissement et d’exploitation d’un troisième réseau de téléphonie mobiles de type GSM (qui vient d’être attribuée fin 2006 à la société mauritanienne Chinguitel SA) ;

✓ Une licence d’exploitation d’une plateforme de cartes prépayées, avec l’établissement et l’exploitation d’une passerelle internationale de télécommunications pour la fourniture au public de services de téléphonie internationale (adjugée fin 2006 à Orange Mauritanie) ;

✓ Une licence d’établissement et d’exploitation d’un réseau de boucle locale ouvert au public et fourniture au public de services télécoms locaux et nationaux, ainsi que la fourniture d’accès à Internet de type WIMAX (octroyée fin 2006 à Watanya Télécom Mauritanie SA) ;

✓ Une licence mobile de type UMTS, avec un réseau 3G et 3,5G, ainsi que la fourniture au public de tous les autres services de télécommunications en complément des réseaux et services de télécommunications couverts par les 3 premières licences.

[50] - Cependant, des circonstances exceptionnelles peuvent se produire et impliquer des délais supérieurs. En 2006, les délais les plus longs reporté pour dédouaner un container sont en moyenne de 15,5 jours pour les importations, de 7,3 jours pour les exportations.

[51] - Pour des détails sur la méthodologie de chaque indicateur, voir:

[52] - Les taux de réponse sur ces questions sont les suivants:

✓ Strate du "Reste de l'univers"/"Autres secteur": 23 entreprises ont déposé une demande de connexion au réseau électrique ces 2 dernières années (soit 20,7 pourcent des firmes de la strate) et ont toutes fourni un délai, le taux de réponse est de 100 pourcent.

✓ Pour la strate du "commerce", en termes de connexion au réseau électrique, 12 entreprises ont déposé une demande ces 2 dernières années (soit 26,1 pourcent des firmes de la strate) et ont toutes fourni un délai, soit un taux de réponse de 100 pourcent.

[53] - Le marché du travail formel a un rôle important en termes de réallocation des ressources entre secteurs et conditionne aussi en partie une amélioration soutenable du niveau de vie des populations. Il reste important à analyser car:

✓ le secteur formel, essentiellement urbain et fortement centré autour de Nouakchott, est un attracteur majeur de population de par les différentiels de revenus existants. Ainsi, Nouakchott regroupe environ 31 pourcent de la population Mauritanienne, son nombre d'habitants étant passé d'environ 20 000 en 1969 à 650 000 en 2005;

✓ le secteur formel génère comparativement des revenus élevés. Par exemple en 2005, les données de l'EE indiquent qu'un travailleur de production non qualifié du secteur manufacturier mauritanien gagne en un peu moins de trois mois l'équivalent du PIB annuel moyen per capita;

✓ indirectement, l'évolution du marché du travail formel affecte aussi l'évolution du secteur informel car ce dernier attire essentiellement les personnes n'ayant pu obtenir d'emploi formel, qu'ils soient des migrants ruraux ou de jeunes diplômés en quête d'un emploi salarié à Nouakchott ou à Nouadhibou;

✓ enfin, le fonctionnement du marché du travail formel conditionne en partie les performances des firmes mauritaniennes et donc l'évolution des secteurs étudiés.

[54] - Ainsi, outre les questions usuelles sur les effectifs des firmes, la formation et les salaires, sont aussi incluses les réponses de 212 entretiens individuels avec les employés des entreprises formelles. Celles-ci fournissent des informations sur les taux de salaire actuels, les emplois occupés dans l'entreprise, l'éducation ainsi que certaines données démographiques.

[55] - Source: Base de données DDP, Banque Mondiale, Mise à jour Sept. 2006.

[56] - Heritage Foundation (2007).

[57] - Les parts d'employés permanents à temps plein au sein des employés à temps plein dans les secteurs manufacturiers, du commerce et les "autres secteurs" sont respectivement de 86,6; 86,7 et 80,9 pourcent.

[58] - L’Union des Travailleurs Mauritaniens (UTM), formée en 1961, a été l’unique centrale syndicale mauritanienne jusque dans les années 1990, lorsque les réformes politiques ont autorisé la création de deux autres confédérations, la Confédération Libre des Travailleurs Mauritaniens (CLTM) et la Confédération Générale des Travailleurs Mauritaniens (CGTM).

[59] - Selon les syndicats, il semble ainsi qu'un accord datant de Janvier 2005 (portant essentiellement sur l'amélioration des salaires et sur l'institutionnalisation du dialogue social) n'est pas respecté par de nombreux employeurs. Des licenciements auraient eu lieu pour punir les travailleurs qui demandaient sa mise en application ou qui cherchaient à assurer des élections syndicales libres. Les syndicats signalent également qu'ils ne sont pas libres de mener normalement leurs activités, car ils rencontrent régulièrement des obstacles et subissent des pressions de la part de l'administration.

[60] -  Un nouveau Code du travail a été adopté au titre de la loi 2004/017 du 6 juillet 2004. Malgré des limitations, ce nouveau texte s'accompagne de quelques avancées en ce qui concerne la prise en compte de l'évolution de la situation socio-économique et les dispositifs de lutte contre le travail forcé.

[61] - Ces chiffres sont de 11,5 pourcent pour le secteur manufacturier, de 6,4 pourcent pour le commerce et de 8,3 pourcent pour les "autres secteurs".

[62] - Source: Base de données DDP, Banque Mondiale, Mise à jour Sept. 2006.

[63] - La comparaison est menée sur la base d'un questionnaire "employé" administré à des personnels du secteur manufacturier. Ces questionnaires sont uniquement administrés au sein de la région Afrique lors des EE. Pour cette raison, les comparateurs retenus sont différents de ceux mentionnés dans le reste de ce rapport et proviennent exclusivement d'Afrique subsaharienne.

[64] - Cette variable correspond à la question : "selon vous quel pourcentage des ventes les entreprises de votre secteur déclarent généralement à l’administration ?". Par extension, la réponse peut être interprétée comme étant le pourcentage de vente que la firme interrogée déclare véritablement à l’administration.

[65] - La comparaison est menée sur la base d'un questionnaire "employé" administré à des personnels du secteur manufacturier. Ces questionnaires sont uniquement administrés au sein de la région Afrique lors des EE. Pour cette raison, les comparateurs retenus sont différents de ceux mentionnés dans le reste de ce rapport et proviennent exclusivement d'Afrique subsaharienne.

[66] - Cette catégorie inclue des employés tels que les travailleurs de santé, les employés de bureau, les aide-comptables, les secrétaires, les gardes, cuisiniers, … Un certain nombre de ces employés reçoivent des primes spécifiques – par exemple des primes pour le travail de nuit et les week-end pour les gardes – qui constituent une part significative de leur rémunération. Ceci explique que la part de ces primes est très supérieure à celles des autres catégories d'emploi.

[67] - La rémunération mensuelle en dollars courants d'un travailleur de production qualifié était de 80.8 dollars au Burkina Faso et de 88,1 dollars au Niger en 2006. En Ouganda et au Bénin (enquêtes 2003-2004), ce chiffre était respectivement de 57,5 dollars et 76,9 dollars.

[68] - Le Salaire Minimum est fixé à environ 20 000 Ouguiya par mois.

[69] - La théorie du partage de rente suggère que les revenus versés aux employés incluent en fait une part des profits des firmes ("rente") et sont donc un reflet de la performance des firmes (Blanchflower, Oswald et Sanfey, 1996).

[70] - La théorie du salaire d'efficience, stipule dans une de ses variantes que les firmes doivent verser des rémunérations supérieures à celles qui équilibreraient le marché du travail sur la base d'un raisonnement assez simple; sachant que la pénalité la plus forte qui puisse être infligée à un employé est la perte de son emploi, le coût de cette perte pour l'employé est d'autant plus élevé si l'on accroît les salaires de manière à ce qu'il travaille plus. Ceci implique que les entreprises doivent avoir une "technologie de contrôle" pour évaluer les efforts réels des employés. Le résultat final dépend de l'arbitrage entre le coût de cette "technologie de contrôle" et le fait de payer des salaires plus élevés qui accroissent l'efficience des employés.

[71] - Un autre moyen d'expliquer la formation des salaires est la théorie du hold-up (Malcomson, 1997). Dans une situation où les contrats de travail sont ouverts à renégociation, lorsque les entreprises investissent dans des actifs spécifiques non transférables et ne peuvent proposer des contrats de travail complet (où toutes les possibilités sont envisagées), un nouvel investissement laisse la possibilité aux employés de renégocier les accords salariaux en leur faveur. Dans ce cas, les employés peuvent obtenir une part supplémentaire du surplus généré par le nouvel investissement spécifique, ceci en fonction de leur pouvoir de négociation.

[72] - A ce sujet, voir World Bank (2006d).

[73] - En pratique, la part du crédit au secteur privé en Mauritanie n'a jamais dépassé 43,5 pourcent, ce maximum fut atteint en 1990 (Graphique A.4.2. 1).

[74] - L'échantillon manufacturier comprends 80 entreprises dont 12 appartiennent à un groupe.

[75] - A la mi-2006.

[76] - Source: ICA Mali et ICA Sénégal.

[77] - En Mauritanie, en 2006, le taux d'intérêt nominal sur les prêts est aux environs de 24 pourcent et le taux d'inflation estimé est de 11,3 pourcent.

[78] - Les autorités mauritaniennes entamèrent dès 1992 la mise en place de réformes macroéconomiques et structurelles couvrant nombre de domaines importants tels que l'amélioration de l'efficience du secteur public, la politique commerciale, l'amélioration de l’environnement réglementaire, la restructuration du système financier et bancaire, ainsi qu'un appui direct au développement du secteur privé.

[79] - Un rapport sur la gouvernance et la corruption en Mauritanie est actuellement en cours de préparation pour l'année 2007. Il servira de base de travail à la Banque Mondiale pour ses interventions en la matière.

[80] - Cet impôt présente la particularité, si son montant dû excède celui de l’impôt sur les BIC, que la fraction excédante demeure acquise à l'Etat.

[81] - Voir Kumbhakar et Lovell (2000) pour une description des modèles de frontière stochastique. Le modèle estimé suppose que la composante d’inefficience technique est distribuée suivant une loi exponentielle, alors que la composante bruit blanc est distribuée suivant une loi normale. Les outliers en termes de valeur ajoutée par employé et de capital par employé (i.e. les entreprises appartenant aux 5 pourcent extrêmes de la distribution) sont éliminées pour cette partie de l'analyse afin que les résultats ne soient pas essentiellement déterminés par les valeurs extrêmes et pour assurer la convergence du modèle.

[82] - En raisons des problèmes soulevés par la présence d'outliers, les LAD sont plus souvent utilisés pour estimer une fonction de production. Voir, pour exemple, Greene (2000, pp. 449-450).

[83] - Comme toutes les variables sont des log, les variables muettes par pays suppriment les effets du taux de change. En effet, les coefficients seront identiques sur toutes les variables autres que les variables muettes par pays, même si toutes les mesures ont été effectuées en monnaies locales.

[84] - Voir Tybout (2003) et Keller (2003). Deux hypothèses sont avancées pour expliquer ce différentiel :

✓ La première est qu’exporter pourrait avoir comme conséquence d’améliorer la productivité (l’apprentissage par l’exportation). La compétition et la concurrence sur les marchés internationaux pourraient encourager les firmes à améliorer leur productivité ou pourraient les exposer aux technologies et aux modes de production étrangers;

✓ La seconde hypothèse est que puisque les entreprises doivent être efficientes pour être concurrentielles sur les marchés internationaux, il n’y aurait alors que les entreprises qui sont déjà efficientes qui pourront exporter (hypothèse d'auto-sélectivité). Bien que les entreprises inefficientes puissent être protégées contre la concurrence internationale sur les marchés intérieurs par des barrières naturelles (par exemple des coûts élevés de transport) ou des barrières douanières et commerciales (par exemple tarifs douaniers, quotas et administration douanière inefficientes), elles ne peuvent accéder aux marchés internationaux.

Les deux hypothèses ne sont pas mutuellement exclusives. Même si les firmes efficientes ont plus de chance de commencer à exporter, cela n’élimine pas la possibilité que l’exportation puisse les aider à augmenter encore plus leur productivité. Une étude portant spécifiquement sur des pays africains a pu attester de la validité des deux hypothèses (Bigsten et al. 2000).

[85] - Pour une revue de cette littérature, voir Saint-Paul, 1998, chap. 5; Azam et Ris, 2001.

[86] - Variables Log Profit par employé * (Manager/Cadre) et Log Profit par employé * (NON Manager/Cadre). Ces variables sont le résultat de la multiplication du logarithme du profit par employé et de deux variables muettes contrôlant pour le fait que l’employé soit Manager ou Cadre.

[87] - Statut d'employé permanent ou non.

[88] - Ceci correspond à la variable [pic]tyz{³µ¿Á. 1 2 3 4 ; > ôåÖÀ¨å™å?„q„a„Q„AhÙ_B*CJaJmH

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oLog changement moyen d'emploi sectoriel qui est calculée comme la moyenne sectorielle des variations d’effectifs dans les entreprises entre 2005 et 2002 sur l'échantillon.

[92] - Le taux d'encadrement qui est une proxy de la technologie de surveillance de l'effort des firmes, est calculé comme le nombre de travailleurs managers ou cadres sur le nombre d’employés qui ne sont ni managers ni cadres.

[93] - Dans le cadre de la théorie du Hold-Up, si une entreprise se livre à un investissement irréversible, les employés peuvent capturer une grande partie du surplus généré si les contrats sont renégociables. Ce phénomène est capturé dans la régression par l'inclusion du logarithme de la valeur par employé du dernier investissement réalisé par les firmes mauritaniennes en 2005.

[94] - Ceci peut être expliqué par la présence d’un effet de spillover de la formation professionnelle au sein des entreprises.

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