Intervention de Monsieur Alain JUPPÉ



Discours de S. E. M. Jean LAMY

Ambassadeur de France au Burundi

A l’occasion de la Fête Nationale

14 juillet 2011

C’est un grand honneur et un grand plaisir pour moi que de vous accueillir ce soir à la Résidence de France, pour la première fois en ce qui me concerne en tant qu’Ambassadeur de France au Burundi, pour célébrer avec vous la fête nationale française, en ce 14 juillet 2011.

Puisqu’il y a encore moins d’un an que j’ai commencé ma mission au Burundi, je souhaite à nouveau adresser à vous tous, chers amis burundais, chers collègues partenaires du développement, chers compatriotes, mes plus sincères remerciements pour l’accueil que vous m’avez réservé lors de mon arrivée en août dernier.

Nous sommes réunis ce soir pour célébrer et fêter l’amitié entre la France et le Burundi autour des valeurs inscrites au fronton de notre devise républicaine : la liberté, l’égalité et la fraternité. Des valeurs que la France souhaite partager avec tous ses amis, avec tous ceux qui oeuvrent pour la paix, la démocratie et le développement, objectifs qui ne peuvent être atteints sans esprit de réconciliation, sans justice et sans liberté.

I - Car la France est l’amie du Burundi, de longue date. La France connaît les difficultés qu’a traversées le pays, le courage de ses citoyens, les efforts de ces dernières années pour d’abord rétablir la paix, puis la consolider à travers un processus démocratique et, parallèlement, remettre en place les ressorts de la croissance et du développement.

La France, avec d’autres -plus particulièrement au sein de l’Union européenne et des Nations unies- a accompagné ce mouvement, vous le savez, jusqu’aux élections de l’an dernier. Faut-il le rappeler, nous reconnaissons les résultats de ces élections, comme l’ensemble de la communauté internationale. Les institutions renouvelées permettent aujourd’hui au pays de s’engager dans une nouvelle étape de son histoire, que nous souhaitons accompagner, avec d’importantes réformes, selon la démarche voulue et soutenue par le peuple burundais.

Cette étape essentielle des élections de 2010 nous engage tous. Comme le Président de l’Assemblée nationale française, M Bernard Accoyer – qui connaît bien le Burundi pour y a voir exercé comme médecin-coopérant en 1972- le disait ici même la semaine dernière « L’histoire du Burundi est longue mais le Burundi doit toujours se souvenir qu’il n’y a rien de pire que la violence, que la violence naît de l’incompréhension, et que l’incompréhension naît de l’absence de dialogue ». La France condamne avec force tout recours à la violence, d’où qu’elle vienne et en quelque circonstance que ce soit. Le meilleur garant de la paix et de la sécurité, c’est, toujours et partout, le dialogue, la démocratie et la justice.

Dans cette nouvelle étape ouverte par le renouvellement des institutions l’an dernier, comme le Président de la République française, M. Nicolas Sarkozy, l’a redit récemment dans le message de félicitations et de vœux qu’il a adressé à S.E. M. Pierre Nkurunziza, Président de la République du Burundi, à l’occasion de la fête nationale du Burundi, le 1er juillet dernier : la France est et reste aux côtés du Burundi, dès lors que le gouvernement burundais continue à inscrire résolument son action dans une trajectoire d’ouverture et de bonne gouvernance, respectueuse de l’Etat de droit.  Permettez-moi ici de citer quelques lignes de ce message important du Président Sarkozy au Président Nkurunziza : « L’évolution positive du Burundi, depuis la signature des accords de paix jusqu’aux orientations que vous avez fixées au lendemain de votre réélection, mérite d’être saluée. La France encourage le Burundi à poursuivre sur cette voie, convaincue que les relations apaisées entre les communautés, l’approfondissement de la démocratie et le renforcement de la bonne gouvernance sont les meilleures garanties de la paix et du développement ».

Un an après ces scrutins, alors que de grandes réformes pour le redressement et le développement du pays sont engagées, nous soutenons les grands chantiers que le Chef de l’Etat a annoncés l’an dernier au moment de sa réélection, dans un esprit participatif, de concertation avec tous et de dialogue. S. E. le Président Nkurunziza le disait bien dans son discours d’investiture, lors de sa prestation de serment, le 26 août 2010 : « Il y aura de la place pour chacun, les vainqueurs des élections et les non-gagnants, l'essentiel étant le degré du patriotisme et l'engagement que chacun manifestera pour contribuer au développement du pays. »

La France est donc prête à accompagner ce mouvement et appelle de ses vœux, pour cela, un climat politique plus apaisé à travers un dialogue politique inclusif, cette mobilisation de l’ensemble des forces politiques au service de l’intérêt général. Par « dialogue inclusif » nous entendons un dialogue où chacun débat sur des questions d’intérêt général, apporte sa contribution sur des sujets relatifs à l’organisation de la vie politique économique et sociale, où chacun présente sa vision, fait valoir ses arguments, où chacun s’écoute. Mais il ne saurait bien sûr s’agir d’une « négociation » politique, avec des conditions préalables, qui contournerait le rôle dévolu par la Constitution aux institutions représentatives démocratiquement élues.

Depuis bientôt un an, nous observons avec attention la façon dont le Burundi se remet petit à petit sur les rails et a engagé un train de réformes pour permettre au peuple burundais de jouir des dividendes de la paix. L’élection de l’Ombudsman, la mise en place d’une Commission nationale indépendante des droits de l’homme – dont je salue la présence des commissaires ici présents-, les avancées dans le processus de justice transitionnelle, la finalisation d’une stratégie nationale de bonne gouvernance pour l’efficacité des politiques publiques et de lutte contre la corruption remettant l’intérêt général au cœur de la politique, sont autant de jalons, que nous saluons à leur juste valeur, sur le chemin de la démocratie au quotidien et de l’Etat de droit.

II- Excellences, distingués invités, mesdames et messieurs, chers amis.

Quel rôle, me direz-vous, pour la coopération franco-burundaise au développement dans tout cela ? Et bien, je vous répondrai que la coopération de la France avec le Burundi s’inscrit précisément dans le cadre de cette vision commune, politique, de ces objectifs de paix, de réconciliation et de développement, que je viens d’évoquer. Il n’y a pas, d’un côté, les relations politiques et, de l’autre, la coopération au développement. Les deux choses sont liées. Ce n’est que si nous avons une même vision de l’avenir et de l’action collective, des objectifs communs et des priorités partagées, que nous pouvons avancer ensemble et organiser notre coopération de la façon la plus efficace.

Sans vouloir ici dresser un inventaire exhaustif de ce que nous faisons ensemble, je souhaite ici donner quelques exemples de belles actions communes, je crois, que nous avons menées en partenariat ces dernières années et ces derniers mois, et que nous allons poursuivre, a) dans le domaine de la sécurité, b) dans celui de l’intégration régionale, c) dans le secteur de l’éducation, e) dans le champ du développement local. Et je ne peux mentionner ici toutes les autres actions de coopération dans lesquelles la France s’implique ici et que vous connaissez : dans le domaine des médias, de la coopération universitaire, de l’enseignement des langues – je parle ici notamment du français, cette langue que nous avons un partage, aux côtés du kirundi- mais encore dans le domaine de l’agro-développement et de l’environnement, de la bonne gouvernance et de la coopération administrative, de la santé et des urgences sociales, de la coopération culturelle et sportive…

A) Dans le domaine de la coopération de défense et de sécurité, je souhaite mentionner ici l’inauguration en mars dernier du grand Amphithéâtre de l’ISCAM, l’école d’état-major, en présence du général de corps d’armée Bruno Clément-Bollée, Directeur de la coopération de sécurité et de défense, qui vient un an après celle de l’Institut supérieur de police de Bubanza. Ces deux équipements vont aider à une professionnalisation toujours plus grande des forces de sécurité au service de la paix, de la réconciliation et de la reconstruction, avec aussi le soutien des autres partenaires du développement engagés avec nous dans cette coopération essentielle pour la sécurité de tous et la promotion de l’Etat de droit – en particulier les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne.

Le Burundi a été aidé par la communauté internationale pour surmonter les obstacles qui lui barraient le chemin de la paix et du redressement. Maintenant que l’horizon s’éclaircit, je souhaite également dire ici, Monsieur le Ministre, que nous apprécions à sa juste valeur que le Burundi contribue à la paix et au rétablissement de la démocratie dans plusieurs pays africains, à la fois par son rôle actif au sein du comité « paix et sécurité » de l’Union africaine, que le Burundi présidera en août prochain, ainsi que par l’envoi de troupes burundaises tout particulièrement en Somalie dans le cadre de la force de maintien de la paix de l’Union africaine, l’AMISOM. La France salue cet engagement et continuera à soutenir les troupes burundaises envoyées en Somalie.

A la mémoire des soldats, burundais et français, tombés au champ d’honneur, en Somalie, en Afghanistan ou sur d’autres théâtres d’opération, au service de la paix et de la démocratie, je vous demande respecter une minute de silence.

B) La France salue également l’engagement du Burundi dans les processus d’intégration régionale, tout particulièrement dans le cadre de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), que le Burundi préside cette année – avec tous nos vœux de réussite-, ainsi que dans le cadre de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL). La France, par sa coopération, soutient ces processus d’intégration régionale, notamment par la coopération interuniversitaire, par les échanges de jeunes au niveau de la sous-région et par l’appui à des projets d’infrastructures intégrateurs, comme le projet de Rusizi III, tant il est vrai que la consolidation de la paix et un développement durable passent, là aussi, par le dialogue, une bonne entente et une bonne coopération avec ses voisins.

C) Dans le domaine de l’éducation, je souhaite évoquer l’action récente de très grande importance à laquelle la France est heureuse et fière de participer, - à travers une contribution forte de l’AFD dans le Fonds commun d’éducation (FCE) aux côtés des autres partenaires dans ce Fonds qui sont la Belgique et le Royaume-Uni - , d’appui à la politique éducative du gouvernement burundais à travers le lancement de la distribution cet été de plus de 2,5 millions de manuels scolaires –en kirundi, en français et en mathématiques – pour les élèves des écoles primaires du Burundi – pour tous les élèves et pour toutes les écoles.

D) S’agissant enfin du développement local, je souhaite ici mentionner une série de petites et moyennes actions qui sont soutenues grâce à un instrument que nous appelons le Fonds social de développement, le FSD, sur des projets de proximité, au plus près des populations, avec une forte dimension sociale et d’intégration. Je citerai ici, à titre d’exemples, des projets dans le domaine de l’agro-développement (comme la pêche à Rumonge et la mise en place d’une filière de poisson sous glace dans tout le pays, en accompagnement de la coopération très efficace et fraternelle de la Région Pays de la Loire, dont je salue ici les représentants), dans le domaine de la santé (le centre antimalaria de Bujumbura, l’hôpital de Buye, l’ANSS…), du secteur social et de la réconciliation (centres de jeunes de Kamenge, de Buyenzi, le foyer Seruka pour les victimes de violences sexuelles…), du sport (championnat intercommunal de football post-conflit pour un développement durable), de l’environnement (reforestation du bassin versant de la rivière Ntahangwa, l’aménagement de la réserve de la Rusizi, des actions sur le lac Rweru, dans la réserve de la Ruvubu)… Ces projets sont menés en général avec des ONG et des communautés locales qui doivent être les bénéficiaires directes des actions, en bonne cohérence avec les autorités et les priorités des pouvoirs publics.

Pour l’avenir, nous devons réfléchir ensemble à la façon dont nous allons continuer à travailler de concert. La coopération, comme les relations entre la France et le Burundi, doit continuer à résulter d’un échange confiant entre égaux. Il va sans dire que tout ce que nous faisons doit être le résultat d’un dialogue et d’une approche commune. Notre coopération s’organise ainsi en fonction de ce que souhaite le Gouvernement burundais, de ses engagements et de ses priorités, sur la base des besoins identifiés, qui seront prochainement répertoriés dans le prochain Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP II), avec les meilleures politiques et modalités d’action possibles, comme celles définies dans la nouvelle Stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.

Mais notre coopération ne peut être mise en oeuvre efficacement que si nous partageons, comme je l’ai dit, ces objectifs et ces priorités, et que nous réaffirmons tout cela ensemble. Dans cet exercice, la bonne gouvernance, la francophonie, qui constitue un atout exceptionnel pour les liens entre nos deux pays et pour le Burundi dans la sous-région, le développement du secteur privé, l’intégration régionale sont des priorités du Gouvernement burundais qui nous paraissent autant de pistes prometteuses pour le renforcement de notre coopération future.

III- Excellences, distingués invités, chers compatriotes, mesdames et messieurs, chers amis

La coopération internationale ne prend corps que par les hommes et les femmes qui la font vivre. Je voudrais saluer également ce soir, en les remerciant de leur présence et de leur action, les partenaires du développement ici présents, les représentants du secteur privé, les coopérants, les professeurs, les volontaires, les agents de l’ambassade et de l’Institut français, tous nos compatriotes qui travaillent ici quotidiennement avec vous, nos partenaires burundais. Quels que soient les fonctions, les intérêts respectifs et, parfois, les difficultés, chacun contribue à renforcer les liens entre nos deux pays.

Qu’il me soit permis de dire à ce moment de mon intervention toute l’importance qui s’attache à ce que chacun puisse vivre et travailler au Burundi dans la sérénité et la confiance, et donc toute l’importance que nous attachons à ce qu’on appelle le climat des investissements, l’environnement des affaires, à tout ce qui favorise la confiance : la prévisibilité, la transparence, le respect des droits, le bon fonctionnement de la justice. A cet égard, je ne peux pas ne pas mentionner ici, avec tout le respect que nous portons à la souveraineté de la justice burundaise, la situation de notre compatriote Patrice Faye, dont nous ne doutons pas que le jugement sera désormais rendu rapidement.

Je souhaite, pour terminer, remercier très sincèrement toutes celles et tous ceux qui nous ont aidé à organiser notre fête nationale.

Un merci tout particulier à la société française Sogea-Satom, du groupe Vinci, et à son directeur général, M. Laurent Brouet, Conseiller du Commerce extérieur de la France, pour avoir accepté de sponsoriser cette réception. Comme vous le savez, la société Sogea-Satom, qui est la première entreprise de travaux publics du Burundi, contribue dans son domaine au développement du pays, par les kilomètres de routes et d’infrastructures qu’elle construit dans le cadre des plans d’aménagement du pays.

Je remercie également tout particulièrement les musiciens et les chanteurs du groupe choral dirigé par Bosco, qui animent ce 14 juillet avec entrain et bonne humeur.

J’émets le vœu que le Burundi chemine d’un pas toujours plus assuré, dans un climat politique ouvert et confiant, vers la réconciliation et le progrès, pour le plus grand bénéfice de tous, à travers le droit, la justice et la liberté.

La France reste aux côtés du Burundi sur ce chemin et continuera à accompagner ce processus, dans toute la mesure de ses moyens, avec confiance et respect.

Vive l’amitié et la coopération entre la France et le Burundi !

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