== Titre : == Préparation des élections de 2015 : un début ...



Discours de l’Ambassadeur de France

à l’occasion de la remise des insignes d’Officier de la Légion d’Honneur

à l’Honorable Mohamed Rukara, Ombudsman de la République du Burundi

Bujumbura, Résidence de France, le 21 novembre 2014

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Monsieur le ……., Mesdames et messieurs les……., ….., ….,

Chers invités, tout protocole observé,

Je me sens vraiment honoré d’organiser avec vous, cher Ombudsman, ce moment de reconnaissance que le Président de la République française, François Hollande, a souhaité en vous élevant à la dignité d’officier de la Légion d’honneur. C’est aussi une consécration de l’amitié qui unit la France au Burundi.

Cher Honorable Rukara, depuis votre participation à la vie publique de votre pays, vous êtes illustré par vos initiatives ambitieuses pour la promotion de la paix, de la réconciliation, du dialogue entre les peuples, les communautés et les confessions religieuses. Vous incarnez comme son premier titulaire la fonction d’Ombudsman de la République du Burundi. Mais avant d’évoquer les raisons profondes de cette manifestation de reconnaissance de la part de la France pour votre action, permettez-moi, de retracer brièvement les principales étapes de votre vie et de ses œuvres.

Scolarité

Vous êtes né le 27 juillet 1955 à Bujumbura. Vous avez été scolarisé à l’école primaire de Buyenzi à Bujumbura, de 1963 à 1972, avant de poursuivre votre scolarité dans le secondaire à Médine en Arabie Saoudite jusqu’en 1979, puis à l’Université King Abdul Aziz à Jeddah de 1979 à 1984 pour des études en sociologie. Vous avez poursuivi votre parcours jusqu’au Costa Rica où vous avez suivi les enseignements de l’Université de la Paix des Nations Unies en 3ème cycle de communication. Grâce à ce cursus varié vous avez perfectionné vos connaissances linguistiques, puisque outre le kirundi, sa langue maternelle, vous vous exprimez couramment en kiswahili, français et arabe. N’oublions pas votre maitrise de l’anglais et de l’espagnol.

Vie professionnelle

Votre carrière professionnelle a débuté dans le journalisme, à la Radiotélévision nationale du Burundi, de 1987 à 1991 et, parallèlement, dans l’enseignement supérieur, comme professeur à la Faculté des Lettre de l’Université du Burundi de 1987 à 1993 et à l’école de journalisme du Burundi.

Comme chaque citoyen burundais, vous avez vu alors ensuite le cours de votre vie et de votre carrière bouleversé et contraint par les dramatiques évènements qui ont agité votre pays. Vous avez poursuivi votre parcours professionnel en Tanzanie et, depuis ce pays, continué à œuvrer pour le Burundi et le retour au dialogue. Vous avez exercé les fonctions de Directeur de la Ligue islamique mondiale en Tanzanie, de 1996 à 1998, puis de secrétaire général du Congrès islamique mondial de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique centrale. En 2000 vous avez notamment initié un dialogue interreligieux entre Musulmans et Chrétiens.

Vie politique et mandats électifs

Vous avez regagné le Burundi et entamé en 2005 une carrière politique comme président du conseil communal de Buyenzi et sénateur de la circonscription de Bujumbura Mairie. En 2006, au sein du CNDD-FDD, vous avez été élu Vice-président de son Conseil des sages, fonction que vous occupez toujours. De Sénateur, vous avez été élu en 2010 député de la même circonscription.

Malgré cette carrière politique, votre engament de journaliste et votre vocation humanitaire dans les domaines de la formation, de l’éducation, de la santé et de l’aide aux enfants démunis vous ont conduit à mener de nombreux projets, dont nous connaissons les fruits :

- la Radio Salama en 2007

- la télévision Salama en 2008.

- à Buyenzi, le Centre de santé Salama en 2006, centre polyvalent qui accueille des enfants des rues, des orphelins et des anciens enfants soldats.

- une école paramédicale à Bujumbura en 2010.

- A Rugombo en province de Cibitoke,’une école technique (2005), d’un collège (2005) et d’une autre école paramédicale (2008).

- des centres de santé à Kanyosha, Buterere et Kamenge.

- un Institut supérieur médical en cours à Rohero.

Une influence au service du dialogue et de la résolution des conflits

En 2010, vous avez été désigné comme le premier ombudsman de la République du Burundi, chargé de faire vivre cette toute nouvelle institution du pays. C’est à cette occasion que vous avez noué des relations étroites avec l’institution homologue française, à laquelle vous avez rendu visite dès les débuts de votre désignation. Je sais que le défunt défenseur des droits, Dominique Baudis, vous avait prodigué ses meilleurs conseils, et je dois dire que j’ai été très touché par la sympathie que vous avez témoignée à la suite de son décès. Il y a quelques semaines, vous vous êtes rendu en France pour rencontrer son successeur, Jacques Toubon, et les deux institutions sont convenues de poursuivre les mêmes étroites relations qui avaient été nouées depuis l’origine.

Vous incarnez aujourd’hui la fonction de médiateur, et c’est avec simplicité, mais une grande efficacité, que vous aidez les plus humbles et les plus démunis à se voir reconnaître leurs droits dans des situations difficiles. Le plus bel hommage qui est rendu à votre action est certainement celui de ces communautés, parmi les plus déshéritées, qui s’installent devant votre bureau et attendent votre intervention lorsque toutes les portes se sont fermées devant eux. Vous êtes aujourd’hui vice-président de deux associations internationales des réseaux des médiateurs et Ombudsman : celui de la francophonie, et, plus récemment, celui du continent africain. Autant donner un bon conseil à tous les réseaux et associations qui vous accueilleront ; autant accueillir directement leur prochain vice-président.

Dans vos fonctions d’Ombudsman, vous ne négligez pas les impératifs politiques de la réconciliation et du vivre-ensemble. Avant l’été, alors que les heurts suscités par les jeunes des partis politiques suscitaient une réelle inquiétude, tant dans la population burundaise que parmi les amis du Burundi à l’approche du début du processus électoral, vous avez pris les devants en organisant des rencontres entre les protagonistes. Vous avez l’intention de poursuivre ces rencontres sur le terrain, dans les provinces. C’est essentiel que toutes les voix de la modération et de l’apaisement se fassent entendre. Votre voix compte parmi celles-ci.

Enfin, permettez d’insister aussi sur une dimension qui est tout aussi importante : votre engagement en faveur de la tolérance religieuse et du dialogue interconfessionnel. Vous avez organisé avant l’été, ici à Bujumbura, une conférence internationale sur rôle des médiateurs et le dialogue interreligieux pour la paix et la prévention des conflits en Afrique. Le Burundi se caractérise aujourd’hui par une réelle cohabitation respectueuse entre toutes les religions. Il serait inconcevable que dans ce pays les manifestations d’intolérance, et tout simplement de haine et de barbarie, instrumentalisées au nom d’une religion puissent trouver un écho. C’est pourquoi votre action dans ce domaine, qui trouvera un écho avec le colloque que vous souhaitez monter à Dakar, pour toute l’Afrique, est si importante. La voix de la tolérance à la burundaise mérite d’y être entendue.

Honorable Rukara, vous avez acquis une stature d’homme ouvert, modéré, au service des plus déshérités, favorisant le dialogue et respectueux de la diversité culturelle et religieuse. Vous avez mis à profit vos fonctions d’Ombudsman de la République du Burundi pour servir « le respect des droits de la personne humaine, de la chose publique et de l’état de droit » - je vous cite.

Les valeurs qui vous inspirent sont les mêmes valeurs universelles que la France s’attache, partout dans le monde, à défendre. Vous êtes un grand et véritable ami de la France, qui contribue activement au renforcement de la relation franco-burundaise.

Pour toutes ces raisons, Honorable,

Au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons officier de la Légion d’honneur

[Accolade]

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