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Cours sur le Gorgias Entretien avec Gorgias (449 a-461 b)?: pour une définition de la rhétoriqueDe l’art du discours à l’art de convaincre les ignorantsPartie dans laquelle Socrate questionne Gorgias et essaie de parvenir à une définition de la rhétorique (tentative qui n’est pas totalement concluante…). Dans cette grande partie, j’ai isolé 3 textes expliqués de manière plus détaillée.Le début de l’entretien avec Gorgias et la question de la bonne longueur du discours (449 a-449 c) Mise en situation?: La 1ère tentative de définition de la rhétorique dans le prologue a vite échoué?: Chéréphon n’a pas su questionner correctement Polos (il ne s’est pas rendu compte que Polos n’avait pas répondu à sa question) et Polos n’a pas su répondre correctement à Chéréphon (il n’a pas écouté la question de Chéréphon et s’est lancé dans une digression sur le terme d’??art?? tout en faisant l’éloge de Gorgias). Après l’échange entre deux apprentis (qui était – rappel – une fa?on de présenter les personnages et de marquer la différence entre deux pratiques du discours?: rhétorique et philosophie), Platon fait parler les deux spécialistes (Socrate et Gorgias).Nous sommes ici au début de l’entretien avec Gorgias. On peut lire cet extrait comme un prologue au dialogue entre Socrate et Gorgias?: pour 2 raisons…lancement de la discussion (reprise de l’interrogation amorcée dans le prologue sur le nom et la nature de l’art pratiqué par Gorgias)sorte de mise au point avant un véritable échange (puisque Socrate demande à Gorgias de bien vouloir se contenter de répondre brièvement aux questions qu’il va lui poser)Problème essentiel du texte (comme l’indique la demande de Socrate) : comment faire parler un rhéteur sur un mode qui ne soit pas celui de la rhétorique?? Comment faire accepter au rhéteur les modalités de la discussion philosophique?? Principal enjeu?: méthodologique Methodos = chemin?; méthode = voie à suivre pour arriver au butIci, se mettre d’accord sur la manière de parler =? trouver un terrain d’entente pour que le dialogue puisse aboutir à ce que Socrate est venu chercher (i.e. une définition de la rhétorique)DONC, cet extrait = moyen pour Socrate de présenter ses exigences et de prendre certaines précautions méthodologiques avant de s’engager véritablement dans un dialogue avec GorgiasLa réussite de l’entreprise philosophique engagée par Socrate en dépend?! Si Gorgias refuse de jouer le jeu, s’il n’accepte pas les conditions posées par Socrate (réponses brèves) et continue à faire de longs discours, le dialogue va tourner court et on ne pourra pas trouver la définition de la rhétorique… Plan du texte?: 2 parties1ère partie?: reprise de l’interrogation amorcée dans le prologue, la nature et le nom de l’art pratiqué par Gorgias (449 a-449 b?: jusqu’à la réplique de Gorgias ??mais ailleurs aussi bien??)2ième partie?: mise au point méthodologique, la question de la bonne longueur du discours (449 b-449 c)1ère partie?: la nature et le nom de l’art pratiqué par Gorgias (449 a-449 b)Ces deux questions – question sur la nature?et question sur le nom – sont liées.Rappel?: Socrate est à la recherche du ??juste nom?? (expression de Chéréphon, p.126), c’est-à-dire du nom qui convient pour qualifier Gorgias compte-tenu de la nature de l’art qu’il pratiqueAutrement dit, on ne peut savoir comment appeler Gorgias qu’une fois qu’on aura défini l’essence de l’art qu’il pratiqueC’est ce qui se passe ici?: c’est parce que Gorgias conna?t la rhétorique qu’on peut le nommer ??orateur?? (le nom qui revient à Gorgias dépend de l’activité qu’il pratique).Remarque?: C’est la 1ère fois que le terme de ??rhétorique?? est employé et c’est Gorgias qui le prononce = c’est lui qui incarne la rhétorique. Réponse de Gorgias = justification de la démarche de Socrate?: Socrate a raison de venir trouver Gorgias pour savoir ce qu’est la rhétorique car il se présente bien lui-même comme un spécialiste en rhétorique. Pourquoi est-il important d’amorcer la réflexion sur la rhétorique par cette interrogation sur le nom qu’il convient d’adopter pour désigner Gorgias?? Plusieurs intérêts?: Platon indique qu’il est important de se mettre d’accord sur les mots employés avant de commencer à discuter (être s?r que Gorgias se définit bien lui-même comme un rhéteur et voir ce qu’il entend par là afin qu’il n’y ait pas de confusions ou de malentendus dans la suite du dialogue…). Remarque au passage?: Ce souci du ??juste nom??, ce souci de précision terminologique est précisément ce qui définit le philosophe, par opposition au rhéteur qui, comme on l’a vu avec Polos, ne prête pas attention au sens précis des mots mais se contente d’utiliser les mots pour briller ou pour impressionner ses interlocuteurs.C’est une fa?on de compléter la description de Gorgias comme un personnage orgueilleux, s?r de luiGorgias ne souhaite pas qu’on le qualifie simplement d’orateur mais de ??bon orateur??Gorgias adhère à l’image que ses admirateurs (Polos et Calliclès) ont de lui = il se per?oit lui-même comme un orateur talentueux, comme un spécialiste du discours. Cette ma?trise du discours est signalée par la citation d’Homère (Iliade, VI, vers 211) = fa?on pour Platon de rendre compte des procédés utilisés par les rhéteurs pour impressionner l’auditoire (usage de citations et de belles formules qui visent à donner à l’interlocuteur l’illusion d’un savoir = usage purement gratuit, il s’agit simplement de briller car cette citation d’Homère ne nous fait pas avancer dans la définition de la rhétorique…)Socrate répond favorablement à la requête de Gorgias?: oui, on peut bien reconna?tre que Gorgias est un ??bon orateur??Plusieurs manières d’interpréter la réponse de Socrate?: De fa?on ironique?(Socrate penserait le contraire…)Confirmation de l’opinion?: parce que Socrate conna?t la réputation de Gorgias et que tout le monde, effectivement, tend à dire qu’il est un bon orateur (à commencer par Polos, Calliclès et Chéréphon lui-même qui, au début du dialogue, a dit que Gorgias était son ami, p.123)? titre provisoire?(acceptons cette idée pour l’instant, en attendant de voir s’il parvient à définir lui-même l’art qu’il exerce…)?a n’a pas d’importance de qualifier ou non Gorgias de ??bon orateur?? car de toute fa?on, on n’est pas venu pour l’écouter discourir mais pour ??discuter?? avec lui = ce qui est confirmé par la suite du texte puisque Socrate va clairement demander à Gorgias de laisser de c?té pour un moment ses habitudes et ses réflexes d’orateur (faire de longs discours). Donc, peu importe que Gorgias soit un ??bon orateur?? car Socrate ne veut justement pas que Gorgias parle en orateur…Socrate en tire une conséquence?: si Gorgias est un orateur et, qui plus est, un ??bon orateur??, ?a veut dire qu’il est compétent pour ??former d’autres orateurs??, pour enseigner l’art oratoire à d’autres personnesOn trouvait déjà cette idée que la rhétorique enseigne quelque chose dans la réplique de Socrate p.126?: savoir ? quel est le pouvoir de l’art qu’il exerce, ce qu’il s’engage à faire, et ce qu’il enseigne ? (447 c, p.124). Ici, il s’agit d’une remarque stratégique qui anticipe sur la critique de la rhétorique qui aura lieu dans la suite du dialogue (notamment à la fin de l’entretien avec Gorgias et lors de l’entretien avec Polos)?: en effet, c’est cette prétention de la rhétorique à enseigner quelque chose qui va précisément être remise en cause par Socrate (la rhétorique n’enseigne rien – ce qui supposerait qu’elle possède des connaissances –, elle flatte – et donne ainsi l’illusion savoir certaines choses).Gorgias confirme le propos de Socrate?: enseigner la rhétorique fait partie de ses compétencesRéférence à son statut d’étranger?(??pas seulement ici, mais ailleurs aussi bien ?) : Gorgias est d’origine sicilienne et est simplement de passage à Athènes. Tout comme les sophistes, les orateurs allaient de ville en ville pour vendre leurs services. Remarque qui possède un double intérêt?: permet encore de souligner l’orgueil de Gorgias?: tendance à vanter ses propres talents?(ici, montrer que c’est un orateur réputé et dont la renommée ne se limite pas à Athènes)indiquer sa tendance à la digression (en effet, cette remarque est un ajout superflu, il aurait pu se contenter d’acquiescer…)Précisément, c’est parce que Gorgias manifeste une certaine tendance à la digression que Socrate formule son exigence de brièveté?: s’en tenir à des réponses courtes et précises…2ième partie?: mise au point méthodologique, la question de la bonne longueur du discours (449 b-449 c)Pour que la discussion puisse continuer, Socrate demande à Gorgias de bien vouloir accepter et respecter sa demande?: abandonner les longs discours et répondre brièvement aux questions qu’on lui poseReprise de l’opposition apparue dans le prologue entre deux pratiques du langage?: philosophie et rhétorique (opposition présentée de manière caricaturale à travers le dialogue entre Chéréphon et Polos, dialogue qui n’a conduit à rien…). Ici opposition entre ??discussion?? et ??longs discours?? (ou macrologies).Pourquoi cette mise au point méthodologique est-elle nécessaire?? Quelle est sa fonction??Fonction préventive = éviter que ce qui s’est passé avec Polos ne se reproduise, digression qui ne répond pas à la question et échec de la discussion (on n’avance pas vers une définition de la rhétorique)Poser les conditions d’une discussion véritablement constructive (échange et ≠ simple joute verbale entre des interlocuteurs soucieux d’exposer leurs talents d’orateurs). Pour qu’il puisse y avoir une véritable ??discussion??, il faut que le rhéteur accepte de ne pas se lancer systématique dans de longs discours, sans quoi on va perdre le fil de la recherche?: discussion =? progression étape par étape, chaque question et chaque réponse est une étape supplémentaire dans le cheminement vers la véritéEnfin, enjeu proprement philosophique?: définition de la méthode socratique (dialectique) présentée comme modèle à suivreRappel?: si Platon écrit des dialogues, c’est parce qu’il con?oit la philosophie comme un dialogue. On ne peut atteindre la vérité que par la discussion (cf. ma?eutique). DONC la seule condition pour qu’on puisse philosopher et aboutir à une définition satisfaisante de la rhétorique, c’est précisément qu’on ne fasse pas de rhétorique?!Symboliquement = audace de Socrate qui demande au rhéteur de se plier aux règles du questionnement philosophique?; Socrate est en territoire ennemi (chez les rhéteurs) et demande à ses adversaires de respecter ses règlesEnfin, derrière cette demande de Socrate, il y a peut-être une thèse philosophique concernant les rapports entre le langage et la pensée?: =? S’il est nécessaire de faire attention à la manière dont on parle, c’est parce que le langage n’est pas un simple instrument extérieur à notre disposition = la manière de parler est révélatrice d’une certaine manière de penser (exemple de Calliclès = parole extrêmement violente au service d’idées et de pensées violentes par leur contenu…)Donc, c’est en demandant à Gorgias de changer sa manière de parler que l’on peut peut-être l’amener à changer sa manière de penser = c’est en incitant Gorgias à laisser tomber ses habitudes de rhéteur qu’on peut le mettre sur la voie de la philosophieDONC, peut-être tentative de conversion?? Mais la demande de Socrate soulève plusieurs difficultés?= Gorgias ne doit pas se lancer, comme Polos dans le prologue (digression sur l’art), dans de ??trop longs discours??. Mais à partir de quel moment un discours devient-il ??trop long???? ??Trop long?? par rapport à quoi?? Qu’est-ce qui doit servir de critère de mesure?? La bonne mesure n’est pas ici mathématique (il ne s’agit pas de compter les mots ou de limiter les réponses à un nombre précis de mots). Mais alors comment évaluer la bonne mesure du discours?? R?le de l’intelligence (?) = adapter la longueur du discours en fonction du sujet et des attentes de l’interlocuteur.DONC = l’exigence de brièveté formulée par Socrate est une recommandation plus qu’un impératif Il vaut mieux privilégier les réponses brèves, ce qui ne veut pas dire qu’on doit répondre brièvement dans tous les cas?!2 remarques sur ce point?: ? comme l’indique justement Gorgias dans la suite ??certaines réponses exigent de longs discours??.Tout dépend du sujet (nécessité de faire des distinctions ou d’apporter des nuances si on est face à un sujet complexe), du contexte et notamment de ceux avec qui on parle (adapter la longueur de notre discours en fonction leur niveau de connaissances?: si on est face à des élèves certaines explications sont parfois nécessaires pour leur faire comprendre une idée, on ne peut pas s’en tenir à un exposé trop synthétique…)? Socrate sera lui-même amené à la fin du dialogue à faire une entorse à ce principe (long monologue après l’entretien avec Calliclès). Socrate se contredit-il?? N’est-il pas lui aussi un rhéteur?? Non, car il s’agit d’un principe de brièveté relative (adapter la longueur du discours en fonction du contexte et du sujet) et non d’un principe de brièveté absolu (faire court dans tous les cas… ce qui serait absurde?!)Gorgias accepte les conditions exposées par Socrate.Il accepte ce principe mais ces interventions sont encore marquées par des longueurs inutiles = difficultés à mettre immédiatement en pratique l’exigence de Socrate. Quelques exemples?: ??Il faut le dire, c’est encore une de ces choses que je prétends faire – personne ne dit ce que je dis en moins de mots que moi?? + ??et il te faudra déclarer que jamais tu n’entendis personne qui parl?t aussi bref que moi?? Dans les deux cas = démonstration d’orgueil de Gorgias + fa?on de violer ou de contourner la règle qu’il vient juste d’accepter (cf. suite du texte, p.129 où Gorgias tourne en dérision la demande de Socrate en se contentant de répondre ??oui?? à ses questions…).Suite du texte?: les grandes étapes de la discussionConformément à ce qu’il a annoncé dans le prologue, Socrate veut savoir ??quel est le pouvoir de l’art qu’il exerce, ce qu’il s’engage à faire, et ce qu’il enseigne?? (447 c, p.124). L’entretien avec Gorgias explore les différents aspects de cet ??art???: son objet, son pouvoir et ce qu’il prétend enseigner.La suite du dialogue embraye donc avec l’objet de la rhétorique. Question qui sert de fil conducteur?: quel est l’objet de la rhétorique?? Difficultés dans le déroulement du dialogue car les réponses de Gorgias manquent de précision = périphrases, généralités, aucun souci d’exactitude…Ainsi, mouvement général de l’entretien => au fil des questions, Socrate incite sans cesse Gorgias à être plus précis dans ses réponses.Réplique de Socrate p.129 // méthode de Socrate, usage d’exemples à visée didactique afin de faire comprendre à l’interlocuteur le sens de sa question (analogie du tissage et de la musique)Si le tissage vise à fabriquer des vêtements (le tissage a pour objet la confection de vêtements)…Si la musique vise à créer des musiques et des chants (la musique a pour objet la composition de musiques)…Alors quel est l’objet de la rhétorique?? Que produit-elle?? Réponse de Gorgias (p.130)?: des discours. La rhétorique serait l’art de produire des discours (1ère définition de la rhétorique).Mais Socrate reproche à Gorgias son manque de précision?: certes, sa réponse est brève (Gorgias s’en amuse?!) mais beaucoup trop générale. Quels types de discours?? Car la médecine produit et élabore elle aussi certains discours (prescriptions que doit suivre le patient pour retrouver la santé ou pour se maintenir en bonne santé), faudrait-il qualifier la médecine de rhétorique?? De même, la gymnastique produit certains discours concernant les moyens de conserver sa forme physique… Donc, le problème c’est que si on suit la première définition de Gorgias, il faut appeler tous les arts ??rhétorique??. En effet, la rhétorique n’est pas le seul art à produire des discours… Gorgias propose alors une 2nde définition?: il ne s’agit pas d’un discours sur les activités manuelles, mais bien d’une science. La médecine ou la gymnastique produisent bien des discours sur la santé du corps, mais le discours est toujours suivi dans ces deux cas d’une activité manuelle (opération chirurgicale pour le médecin, entra?nement physique pour la gymnastique). La rhétorique a pour objet la production du discours lui-même, ??le discours est seul instrument?? (450b) (alors que le discours médical a aussi besoin du bistouri ou du scalpel pour opérer…)Socrate adopte la méthode de la division ou méthode dichotomique afin de critiquer la définition que vient de donner Gorgias?(schéma de la division des arts au tableau)?: astronomie, géométrie, astronomie sont des arts qui supposent uniquement l’usage du discours (élaboration de théorèmes, de propositions…) et de la réflexion et pourtant ils ne sont pas ??rhétorique???! Il faut donc préciser encore…Changement de perspective?: il ne faut pas simplement envisager la rhétorique comme art ayant les discours pour objet mais se demander quel est l’objet des discours qu’élabore la rhétorique. Autrement dit?: de quoi parle la rhétorique?? Encore une fois, la réponse de Gorgias n’est pas satisfaisante?: périphrase, réponse évasive, la rhétorique a pour objet le bien le plus important… Comme Polos avant lui, Gorgias confond définition et jugement de valeur?: il qualifie l’objet de la rhétorique (superlatif?: l’objet le plus important et le meilleur) sans le nommer précisément.Réponse (et critique) de Socrate en deux temps?: se réfère à une chanson populaire (chanson à boire) + commentaire de cette chanson à travers une énumération d’exemples (le médecin, l’entra?neur de gymnastique, l’homme d’affaires) et une mise en abyme (dialogue dans le dialogue, Socrate s’imagine dialoguer avec les individus cités dans cette chanson). Intérêt de cette mise en scène = montrer que la définition du bien varie d’un individu à un autre, chaque art a tendance à considérer que c’est l’objet dont il s’occupe qui est le meilleur et le plus important des biens (santé, forme et beauté physique, richesse…). Gorgias est encore une fois contraint de préciser sa pensée?: 4ième définition de la rhétorique. La rhétorique vise à produire chez l’interlocuteur un sentiment de conviction.Nouvelle objection de Socrate?: la rhétorique n’est pas la seule pratique visant à donner un sentiment de conviction, donc de quoi la rhétorique cherche-t-elle à convaincre ses interlocuteurs?? Quel est l’objet de ce sentiment de conviction?? Sur quoi porte-t-il?? (question p.138) Puis impatience ou agacement de Socrate (?) => formulation d’une nouvelle exigence après l’exigence de brièveté à savoir demande de précision (à partir de l’exclamation ??Mais quoi?!??, remarque de Socrate sur la nécessité d’être précis dans ses réponses). ? partir de ??Alors?? = reprise du questionnement et exemple pour faire comprendre à Gorgias cette demande/exigence de précision = si on se demandait quel genre de peintre est Zeuxis (très célèbre dans l’Antiquité), il ne faudrait pas se contenter de dire qu’il est peintre d’animaux (même si c’est vrai?!) car il n’est pas le seul peintre à avoir représenté des animaux, il faudrait donc être plus précis (style adopté, quel genre d’animaux, dans quels lieux il exposait ses ?uvres...). Il faut faire de même avec la rhétorique car la rhétorique n’est pas le seul art à produire un sentiment de conviction?: exemple de l’arithmétique.5ième définition de la rhétorique (p.141) : la rhétorique produit un sentiment de conviction concernant les questions du juste et de l’injuste (référence à la pratique de la rhétorique dans les institutions juridiques athéniennes?: Tribunal, Assemblée… + p.137, cf. note 15, pp.318-319).Nouvelle mise au point de Socrate?: pour que le dialogue puisse se poursuivre dans les meilleures conditions…? réaffirmer le sens de sa démarche (entreprise définitionnelle)Mais précision?: la recherche définitionnelle nous conduit à questionner ce que l’on tient pour évident ou allant de soi (l’évidence peut être un obstacle à la réflexion et au questionnement = tenir pour acquis certaines idées mais sans les interroger, sans se demander ce qu’elles sont?; Socrate donne donc une le?on à Gorgias?: ??cesse de te tenir les choses pour évidentes, ce qui est une fa?on de ne pas les définir?! ?)?? rappeler que Gorgias ne doit pas tenir les questions de Socrate pour des attaques ou des critiques?: la dialectique (??poser des questions?? = questions/réponses) est la seule fa?on de progresser de manière cohérente (étape par étape) vers ce que l’on cherche ? réaffirmer l’exigence de clarté et le souci de précision terminologique propres au philosophe (se mettre d’accord sur les mots employés = éviter les confusions et les malentendus)Après ce rappel méthodologique (la voie à suivre pour arriver à ce qu’on cherche), réflexion sur la distinction entre croire et savoir.Distinction entre savoir et croyance?: croire, savoir et croire savoir (454 c- 455 a)Mise en situation?: Suite aux questions de Socrate, Gorgias en est venu à définir la rhétorique comme une pratique procédant uniquement au moyen de discours, et dont le but est de persuader dans les assemblées ou les tribunaux au sujet du juste et de l’injuste. Socrate en vient alors à la question centrale?: la rhétorique a-t-elle une connaissance véritable du juste et de l’injuste, comme le mathématicien a une connaissance des objets mathématiques et peut donc produire chez son auditeur une conviction fondée sur un savoir?(p.139) ? Dans ce texte, Socrate entend donc proposer une distinction entre savoir et croire. Trois enjeux de ce texte?: définir exactement l’état ??conviction?? auquel conduit la rhétorique. Pur savoir [ce qui supposerait que la rhétorique soit lui-même réellement connaisseur de ce dont il parle] ou simple croyance [ce qui ne nécessite pas une réelle connaissance de la justice]?? Enjeu polémique?= montrer que la rhétorique consiste simplement à savoir bien parler, c’est-à-dire consiste à parler afin de donner l’illusion qu’on sait quelque chose… Le rhéteur peut produire de la conviction mais sans avoir une réelle connaissance de ce dont il parle Autrement dit, bien parler ≠ bien penser (parler d’une chose n’implique pas qu’on sache ce qu’est cette chose)Prévenir des dangers éventuels de la rhétorique = donner l’illusion du savoir, entretenir l’ignorance (sur les implications pratiques?: cf. p.146)Plan du texte?: 2 parties1ère partie?: distinction croire/savoir (454 c-454 d?: jusqu’à la réplique de Gorgias ??Tu dis vrai??)2ième partie?: sur la base de cette distinction, Socrate élabore une nouvelle distinction entre deux formes de conviction (454 e-455 a?: jusqu’à la réplique de Gorgias ??Oui, assurément??)1ère partie?: distinction croire/savoir (454 c-454 d)Comme au début du dialogue à propos de l’art de Gorgias et du nom qui lui revient, Socrate commence par une réflexion sur le sens des mots (??Existe-t-il une chose que tu appelles… Et une autre que tu appelles…????)Réflexion qui caractérise l’approche philosophique = entreprise définitionnelle, souci d’exactitude qui nécessite d’opérer certaines distinctions conceptuelles (réflexion sur la nature des choses + visée préventive car permet d’éviter les malentendus, les confusions au cours de la discussion) ≠ approche rhétorique qui emploie des mots sans se soucier de leur sens mais simplement de l’impact qu’ils auront sur l’auditoirePuis de la différence des noms, Socrate passe à la question à la différence des choses désignées par ces noms (??savoir et croire, est-ce pareil????)En plus d’un souci d’exactitude, distinction à visée polémique = c’est à partir de cette distinction que Socrate va entreprendre de critiquer la rhétorique et de mettre en évidence ses faiblesses (elle appartient au registre de la croyance et non du savoir) Gorgias accepte de reconna?tre qu’il existe une différence entre croire et savoir. Se pose alors la question du critère permettant de distinguer ces deux notions. Critère?: celui de la vérité et de la fausseté.Un savoir est nécessairement vrai, sinon il n’est pas un savoir. Autrement dit, il appartient à l’essence même du savoir de pouvoir être reconnu comme vrai.En effet, un savoir suppose de pouvoir être vérifié ou démontré (quelqu’un qui sait doit être capable de dire pourquoi ce qu’il dit ou pense savoir est vrai), sans quoi il n’est pas un savoir (mais une simple opinion voire une simple croyance). Un ??savoir faux?? est donc une contradiction dans les termes = démontrer qu’un savoir est faux revient à montrer qu’il n’est pas un savoir?! Une croyance peut être fausse, ou vraie par hasard (exemple de l’opinion droite)Cf. cours sur la vérité, la distinction de Platon entre opinion, opinion droite et savoir?: le Ménon.2ième partie?: nouvelle distinction entre deux formes de conviction (454 e-455 a)Ici l’opposition fondamentale croire/savoir se redouble de l’opposition faire croire/instruire. La rhétorique fait croire mais n’instruit pas. Point commun entre savoir et croyance = la convictionL’expression ??être convaincu?? = désigne à la fois le fait de savoir de manière certaine et vérifiable quelque chose et le fait de croire de fa?on peut-être erronée à quelque choseAu-delà de ce point commun (savoir et croyance engendrent un sentiment subjectif de conviction), il faut faire une distinction entre la conviction accompagnée de savoir et la conviction sans savoirPB?: de quelle forme de conviction la rhétorique relève-t-elle?? Autrement dit, la rhétorique, lorsqu’elle parle du juste et de l’injuste, produit-elle une conviction accompagnée de savoir ou engendre-t-elle une conviction sans savoir?? //pb déjà rencontré au début du dialogue?: la rhétorique enseigne-t-elle quelque chose ou se contente-t-elle de produire un sentiment de conviction, de croyance sans rien enseigner?? Aveu (de faiblesse) de Gorgias = la rhétorique n’enseigne rien mais se contente de produire chez l’auditoire un sentiment de conviction-croyanceGorgias reconna?t que l’orateur dans les tribunaux ou les assemblées populaires ne peut que persuader et non instruire (455a). Et en effet, fonction de l’avocat (de la défense) = il n’est pas là pour faire surgir la vérité mais pour obtenir l’acquittement de son client.? partir de là, amorce d’une critique = la rhétorique donne l’illusion de savoir mais n’enseigne rien, ne transmet aucun contenu positif de savoir ≠ contre Gorgias qui,?au début de l’entretien, s’est vanté de pouvoir former d’autres orateurs et d’enseigner sa disciplineElle parle du juste et de l’injuste (elle véhicule des opinions, des idées re?ues sur ces notions) mais sans jamais donner une définition de ces notions, sans jamais faire conna?tre ce que ces notions désignent réellement.??Il ne pourrait pas (…) informer une pareille foule?? = réflexion sur les conditions d’un véritable échange pédagogique ? avoir le temps de développer certains points, d’envisager certaines difficultés, de procéder étapes par étapes (idée que la vérité met du temps à appara?tre ≠ évidence)? un auditoire réduit (quelques individus seulement) et ≠ une foule, il est impossible de dialoguer avec la foule = dans les dialogues platoniciens, Socrate n’échange qu’avec un petit nombre d’interlocuteurs, chacun à leur tour (dans le Gorgias, si on ne compte pas Chéréphon = que 3 interlocuteurs). Idée que la foule (démos = peuple) ne peut pas être instruite mais seulement flattée.PB?: comment amener la foule à philosopher?? La philosophie peut-elle s’adresser à la population?? Socrate semble ici condamner cette possibilité. Mais du coup, est-ce à dire que que la philosophie ne peut pas jouer de r?le politique (apprendre au peuple quelle conception du Bien et du juste il doit adopter)?? La suite du dialogue embraye avec la puissance de la rhétorique. Question qui sert de fil conducteur?: quelle est la puissance de la rhétorique?? Il faut relancer le questionnement car nous ne sommes parvenus à aucune définition satisfaisante de la rhétorique. Justification de l’entreprise socratique?: le principe?du spécialiste = pour définir un art, il faut consulter un spécialiste (pour conna?tre l’art de la construction, il faut consulter des architectes?; pour l’art de la guerre, interroger des chefs militaires, etc.). Autrement dit, quel que soit le sujet qu’on veut traiter, il est évident qu’il faut se tourner vers le meilleur spécialiste de ce sujet pour savoir ce qu’il est et lui demander conseil. Donc, pour savoir ce qu’est la rhétorique, il faut interroger l’orateur. Or PARADOXE?: en quoi l’orateur peut-il bien conseiller qui que ce soit puisque Gorgias vient d’admettre qu’il n’a aucune connaissance de ce dont il parle (du juste et de l’injuste)?? Gorgias se défend et introduit la thématique de la ??puissance de la rhétorique?? (p.145)?: reprenant le principe du spécialiste introduit par Socrate et les exemples qu’il a mobilisés (celui de l’architecte), Gorgias rend compte de l’influence de la rhétorique sur les hommes politiques (Thémistocle et Périclès). Idée que l’orateur a un réel pouvoir dans la mesure où il conseille les chefs politiques ou les hommes au pouvoir (donc = pouvoir d’influence). PB G?N?RAL posé par cette nouvelle partie du dialogue?: comment expliquer l’influence dont jouissent les orateurs/rhéteurs dans la cité, non seulement auprès du peuple mais aussi auprès des hommes de pouvoir?? Remarque (ironique?? stratégique??) de Socrate?: ??elle a l’air divine?? // souligner l’apparente puissance de la rhétorique => toute l’entreprise de Socrate, entreprise critique de dédivinisation La puissance de la rhétorique selon Gorgias (456 a-c)Longue tirade de Gorgias sur la puissance de la rhétorique et réapparition de la macrologie (incapacité de l’orateur à respecter jusqu’au bout les conditions de l’échange philosophique). ??Ah, si au moins tu savais tout?? = remarque moqueuse à l’encontre de SocrateAllusion de Gorgias à la prétention des Sophistes (tout savoir). Doit-on conclure que Gorgias, comme les Sophistes, prétend, lui aussi, tout savoir?? En tout cas, sa ma?trise du discours lui permet de donner l’impression qu’il sait tout?!Mais cette remarque est aussi une allusion à l’ignorance socratique (cf. cours d’introduction de début d’année)?: Socrate est celui qui sait qu’il ne sait pas tout, c’est-à-dire qui ne confond pas savoir et croire. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne sache absolument rien?! Comme semble le croire Gorgias…Remarque qui permet à Platon de bien marquer l’opposition entre deux camps?: la rhétorique (et dans une certaine mesure, la sophistique) et la philosophie (ignorance réfléchie, enseignement critique visant à éprouver les prétendus savoirs)Redéfinition de la rhétorique en lien avec la thématique de la puissance?et réponse à la question de Socrate (comment expliquer le pouvoir d’influence de la rhétorique??) Définition de la rhétorique?: elle ??contient toutes les capacités humaines et les maintient toutes sous son contr?le??Exemple visant à illustrer cette définition?: l’orateur et le malade. RQ?: Gorgias utilise cet exemple comme une ??preuve??. Or un exemple ne peut pas servir de preuve ou d’argument?: il montre, mais il ne démontre rien. En effet, un exemple est toujours un cas particulier dont on ne peut logiquement tirer aucune règle générale. Donc, loin de fournir une raison universelle pour expliquer ou justifier une thèse, l’exemple est un instrument rhétorique de persuasion destiné à frapper l’imagination. Intérêt de cet exemple?? ? Montrer que le langage, pour être ??performatif?? (produire des effets), n’a pas besoin d’être fondé sur des connaissances?: le rhéteur n’a aucune connaissance en médecine, et pourtant, il parvient à soigner le malade simplement par la parole (force de la persuasion). Autrement dit, l’ignorance ne joue pas en défaveur du rhéteur, au contraire, elle semble être un avantage = concrètement, le rhéteur n’est pas soucieux de l’exactitude des termes qu’il emploie (parce qu’il n’en conna?t pas la définition) et peut donc plus librement influencer son interlocuteur… Il ne s’en tient pas, comme le médecin, au strict jargon médical et parvient plus efficacement à influencer son interlocuteur. PARADOXE, donc?: l’ignorance est persuasive, c’est parce qu’il n’a aucune notion de médecine que le rhéteur parvient à persuader le malade de prendre son traitement?!? Exemple stratégique = faire de la rhétorique une puissance positive qui vise le bien-être (santé, et par extension peut-être, bonheur??) de ceux à qui elle s’adresse? Enfin, montrer, comme vient de le dire Gorgias, que la rhétorique contient toutes les autres capacités humaines = la rhétorique contient la capacité à soigner, elle maintient la médecine sous son contr?le. En effet, idée que sans la rhétorique, la médecine est inefficace?: elle ne parvient pas à soigner?le malade ! Gorgias semble donc supposer que les arts (techniques) doivent donc s’appuyer sur la rhétorique pour être pleinement efficaces et pour atteindre réellement à leur but. Suite de la confrontation entre le médecin et le rhéteur à travers une mise en situation?: L’orateur est plus convaincant que le médecin car imaginons qu’ils doivent s’adresser tous les deux à un public (dans une Assemblée ou lors d’une réunion), l’orateur, par sa ma?trise du langage, réussirait à se faire passer pour plus savant que le spécialiste lui-mêmeGénéralisation?: même résultat pour n’importe quel autre spécialiste (y compris le chef d’?tat) // influence de la rhétorique sur les hommes de pouvoirRéponse à la question de Socrate?: la puissance de la rhétorique est une puissance persuasive et réside dans sa ma?trise du discours?; c’est parce qu’il sait ??bien parler?? que l’orateur peut donner l’illusion qu’il sait plus de choses qu’un spécialiste alors qu’il ne sait, en vérité, rien de son art?!CCL sur ce texte?: 3 remarques Dans sa structure même, le texte reflète le pouvoir de la rhétorique?: ce possède procède par généralisation à partir d’un exemple particulier de relations humaines interindividuelles jusqu’à l’affirmation de la puissance de la rhétorique dans la citéProgression du texte?: supériorité de la rhétorique sur la médecine lors d’une consultation privée → échelle de la cité (parler en public) → supériorité de la rhétorique sur tous les autres artsDérive de cette prétention au pouvoir avec Polos et Calliclès?: pour ces deux personnages, ce n’est pas seulement la rhétorique mais l’orateur qui est supérieur à tout autre individu.Texte dans lequel Platon montre qu’il existe dans la rhétorique une indépendance radicale entre pensée et langage = ??bien parler?? ne suppose pas qu’on sache ??bien penser??. Un discours peut être formellement beau et persuasif tout en étant matériellement (du point de vue de son contenu) faux.Gorgias sentant que la rhétorique peut être dangereuse en raison de sa puissance extraordinaire : nuance dans la suite du texte = il faut faire un usage légitime de ce pouvoir (comparaison rhétorique//??art de combat??)Sur cette comparaison entre rhétorique et ??art de combat???: comparaison qui vise à souligner… La puissance de la rhétorique?: elle peut faire mal, produire des effets et peut être un moyen de dominer les autres (la rhétorique comme instrument de pouvoir)La rhétorique suppose une confrontation?: conception de l’échange comme combat où un seul peut l’emporter (≠ dialogue philosophique)Sa nécessaire limitation?: pour ces raisons, on doit en contr?ler l’usage (comme le boxeur limite l’exercice de son art au ring ou à l’autre boxeur qu’il affronte…)Note?: c’est cette définition de la rhétorique que Calliclès adopte = la rhétorique est le moyen pour les plus forts de dominer les plus faibles (exemple d’usage illégitime de la rhétorique)? partir de là, nouvelle phase de la réflexion = phase critique → Socrate entreprend de mettre en évidence les incohérences présentes dans le discours de Gorgiasp.148?: ??j’ai l’impression que ce que tu viens de dire n’est pas tout à fait cohérent, ni parfaitement accordé avec ce que tu disais d’abord au sujet de la rhétorique?? (457 e)Question que pose Socrate?: la rhétorique est-elle un art véritable (tout art suppose l’existence de connaissances qui permettent sa mise en application) ou est-elle un simple ??procédé?? de persuasion (qui n’implique pas qu’on sache quoi que ce soit à propos du sujet dont on parle)?? En effet, la dernière phase du dialogue avec Gorgias va conduire au discrédit général de la rhétorique. Il ne restera plus rien des premières définitions de Gorgias.Voyons comment s’organise l’argumentation.Le premier moment de l’argumentation est le suivant? (pp.150-151) :La rhétorique est toute puissante face aux ignorants?: comme on vient de le voir, le rhéteur convainc mieux les ignorants que le médecin.Donc?: gr?ce à la rhétorique, celui qui ne sait pas peut être plus persuasif que celui qui sait.La rhétorique n’a nul besoin de savoir de quoi il retourne. Un procédé de persuasion lui suffit. Elle est la plus belle des sciences justement parce qu’elle dispense de toute science?!D’où cette affirmation de Gorgias?: ??Mais la vie n’en est-elle pas beaucoup plus facile, Socrate?? Il n’y a aucun art à apprendre, sinon un seul, la rhétorique, et on n’est pas moins fort qu’un spécialiste.?? (459c) = donc, pour Gorgias, l’intérêt de la rhétorique est ??économique?? puisque c’est le seul art à apprendre si l’on veut passer pour savant dans tous les autres arts?; elle rend la vie ??plus facile?? dans la mesure où elle nous permet d’être socialement reconnu comme quelqu’un de cultivé ou d’instruit (intérêt social = soigner son image sociale). Pour mettre clairement en évidence les contradictions de Gorgias, Socrate questionne le rhéteur sur sa capacité à enseigner quelque chose?: ??Maintenant, posons-nous d’abord cette question?(…) quand on vient on te trouver pour apprendre la rhétorique, faut-il déjà conna?tre des notions???? (p.152, 459 c-460 a)La critique de Socrate consiste à montrer que Gorgias se contredit lui-même. Résumé de la stratégie argumentative mise en place par Socrate?: raisonnement qui comprend 3 momentsCelui qui appris un certain art est ce que cet art fait de lui (la médecine fait le médecin, la ma?onnerie fait le ma?on, la musique fait le musicien) = p.153, 460bL’orateur qui a appris la justice de son ma?tre est donc juste et ne peut pas agir injustement.Ce qui contredit une des affirmations précédentes qui définissait la rhétorique comme pure technique pouvant servir de manière juste ou de manière injuste (cf. la tirade de Gorgias sur la puissance de la rhétorique et la comparaison avec ??l’art de combat??).Donc, exclamation finale de Socrate?: ? par le Chien ?, on ne sait plus du tout ce qu’est la rhétorique ! = p.156, 461 bCCL générale de cette partie?: intérêts de l’entretien avec Gorgias?? L’entretien avec Gorgias peut para?tre décevant car on a abouti à aucune définition solide de la rhétorique, ce qui était pourtant le but de la discussion (cf. les intentions de Socrate dans le prologue). Néanmoins, entretien intéressant pour plusieurs raisons?: Si on n’a pas de définition de la rhétorique, cet entretien a au moins procéder à la description du rhéteur = le rhéteur est décrit comme quelqu’un qui ne conna?t pas le sujet dont il parle (il est ignorant) mais sa ma?trise du discours lui permet de donner l’illusion qu’il sait. Mais cette illusion ne tient qu’à condition que le rhéteur s’adresse à un public d’ignorants (si le public s’instruisait, il verrait bien que l’orateur ne conna?t rien à son sujet…). La rhétorique est donc le nom d’une ignorance qui entretient l’ignorance de ceux à qui elle s’adresse (à commencer par le peuple, démos). Parce qu’il n’est pas instruit, le rhéteur ne peut pas instruire. Son but n’est donc pas l’instruction mais la reconnaissance (être reconnu par les ignorants comme quelqu’un de savant), voire, comme l’ont suggéré certains passages portant sur la puissance de la rhétorique et son pouvoir d’influence, la domination. La rhétorique constitue donc potentiellement un instrument politique de démagogie (au sens littéral, ??conduire le peuple??). Proposer une nouvelle formulation de l’opposition entre instruire et faire croire (et plus généralement entre savoir et croire)?= celui qui veut faire croire n’a pas besoin d’être instruit parce qu’il n’a pas pour but d’instruire. En d’autres termes, comme l’a montré la confrontation entre le rhéteur et le médecin, le faux savoir (celui que l’on tient pour un savoir véritable) peut être plus persuasif que le vrai savoir (exemple?: le malade aura davantage tendance à suivre les conseils du rhéteur qui ne conna?t rien à la médecine plut?t que ceux du médecin lui-même parce que l’orateur est plus persuasif?!).En ce qui concerne la dramaturgie, on remarquera que si Socrate peut aboutir à ce résultat, c’est d’abord parce que Gorgias n’est pas un pur cynique. Gorgias croit en la justice. C’est pourquoi il cherche à défendre (même maladroitement?!) un usage honnête de la rhétorique tout en reconnaissant qu’on en peut faire un mésusage. Donc Gorgias n’assume pas les conséquences ultimes de sa thèse sur la rhétorique. C’est donc qu’il partage avec Socrate un minimum de valeurs qui rendent possible la discussion. Il n’en va pas de même avec Calliclès. ................
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